Quelques pistes de réflexion sur le livre de Claude Serfati, « L’État radicalisé, la France à l’ère de la mondialisation armée » (1)
Par Robert Duguet
« La chaîne s’est rompue en son maillon le plus faible ». Lénine
Historiquement la gauche officielle, qu’il s’agisse de la social-démocratie ou du PCF, considérait les institutions de la Vème République comme antidémocratiques, en ce sens qu’elles retiraient au parlement ses prérogatives républicaines pour concentrer tous les pouvoirs, à la faveur de l’affaire algérienne, dans les mains d’un seul homme, Charles De Gaulle. Mitterand avait même écrit un essai polémique, qui reprenait la caractérisation de Karl Marx lui-même à propos du coup d’état bonapartiste de Napoléon III : « le coup d’État permanent ». Or la gauche s’installa dans le respect des institutions de 1958, Mitterrand enfila la défroque de Charles De Gaulle dès 1981 : il alla même, ajouterais-je à l’analyse de Serge Serfati, jusqu’à célébrer en grandes pompes le millénaire des capétiens, c’est-à-dire la permanence du principe monarchiste.
En fait, dans l’histoire de notre génération depuis 1968, du moins celle des militants qui se situaient dans une perspective révolutionnaire, nous nous sommes contentés de la critique classique d’institutions qui retirent l’essentiel des pouvoirs aux élus du peuple. Comme s’il pouvait y avoir un rééquilibrage des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif, fondant une 6ème République parlementaire. Le livre de l’auteur fait le lien avec la méthode de Marx dégageant l’essence du bonapartisme et la situation actuelle. En fait, depuis l’instant où Charles De Gaulle remet les pieds sur le territoire national, dans son premier discours de Bayeux le 14 juin 1944, il trace, dans la tradition du nationalisme intégral de Charles Maurras, les contours de ce que devront être les nouvelles institutions du pays. Hostile à la Constituante, il doit renoncer à son projet et laisser les partis ouvriers endiguer la montée prolétarienne. L’incapacité des majorités parlementaires à régler la question coloniale, lui assigne de nouveau la place du « Sauveur », au-dessus des classes. Toutefois des institutions ne sont pas des données abstraites, elles traduisent sur le plan juridique les rapports de force entre les classes ; De Gaulle est allé jusqu’au point où il ne pouvait plus avancer : globalement les libertés démocratiques ont été respectées. Ce dont il s’agit maintenant, et en particulier depuis Sarkozy, c’est d’en achever dans le contexte de la « mondialisation armée » le cours autoritaire.
Claude Serfati nous invite à revenir à la méthode de Marx face aux révolutions de 1848. Il écrit :
« Marx considère que la concentration du pouvoir de l’exécutif entre les mains du prince Louis Napoléon Bonaparte est pour lui un marqueur de la nature de son régime : le bonapartisme s’est imposé en raison de l’incapacité des partis à s’accorder au Parlement sur les réponses susceptibles de contrer la république sociale exigée par le peuple en 1848. Louis Bonaparte est porté au pouvoir par le jeu des rivalités politiques et des intérêts différents des classes dominantes (grands industriels, propriétaires fonciers, banque) dont il constitue la force résultante – au sens donné par les lois de la physique d’une force unique obtenue par l’addition de plusieurs forces appliquées à un point donné. Bonaparte apparaît alors comme le « sauveur » qui s’élève au-dessus des luttes de classe. »
Ainsi se trouvent balayées un certain nombre d’idées fausses, notamment portées par les partis en direction de l’opinion de gauche. De Gaulle aurait dans l’affaire algérienne cassé les prétentions de la hiérarchie militaire à continuer la politique coloniale de la France. C’est exactement l’inverse. Il a au contraire conforté la place de l’armée dans le dispositif du pouvoir bonapartiste en défendant la détention de l’arme nucléaire, en mettant une grosse partie de l’innovation technologique à son service et en redéployant une politique néo-coloniale. Ainsi depuis la chute de l’URSS en 1991 la France a mené, sous des majorités de gauche ou de droite, 115 interventions militaires de type néo-colonial.
Défendre les intérêts français dans la mondialisation capitaliste implique de mettre la plus grande partie des acquis scientifiques et technologiques au service de l’armement. Or ce processus ne peut déboucher que sur un seul objectif, celui de la guerre. Il a pour conséquence l’appauvrissement du tissu industriel au détriment des besoins réels de la population. Le fait d’accentuer la militarisation et d’intégrer dans ce processus tout ce que la science et la technologie peuvent lui apporter, développe une industrie qui est complètement parasitaire et qui engloutit des sommes colossales. L’auteur écrit :
« La France est, avec les États-Unis, le pays occidental où les capacités militaires et les performances économiques sont le plus profondément imbriquées dans leur positionnement mondial. Cette caractéristique fait partie du code génétique de la Ve République. Le général De Gaulle considérait que pour maintenir le rang de la France dans le monde, la compétitivité économique et la « projection de puissance » militaire était indissociable. Si la politique de la France n’a pas empêché la poursuite du déclin industriel, elle a en revanche sous Macron pleinement assumé l’autre objectif avec la loi de programmation militaire (2019 – 2025) et le renforcement souhaité de la présence militaire française à l’étranger. »
En 2019, face aux difficultés des polices de contenir l’insurrection des gilets jaunes, le gouverneur de Paris pose la question de l’intervention de l’armée qui pourrait « aller jusqu’à l’ouverture du feu. Si [la vie des militaires] est menacée ou celle des personnes qu’ils défendent ». Suit un appel d’une vingtaine de généraux en retraite, traité comme affaire négligeable par le journal Libération comme celui de « 20 vieilles ganaches ». Il demandait l’application des lois d’exception, notamment l’article 16 de la constitution pour écraser une insurrection populaire. En fait, cet appel des chefs militaires est tout à fait bien perçu par le corps des officiers. De plus, lors de l’épidémie de Covid, c’est le conseil de défense formé de généraux autour de la personne « sacrée » du chef de l’État qui prend toutes les décisions. Rappelons que dans cette gestion de crise sanitaire, ce n’est pas moins de 6000 lits d’hôpitaux qui ont été fermés. Entre autres… La hiérarchie militaire a encore davantage de libertés dans l’État, dès lors où l’armée de conscription républicaine a été remplacée par une soldatesque de mercenaires, c’est-à-dire en capacité de tirer sur le peuple si on lui demande de le faire.
Sur la protection de l’environnement, l’auteur rappelle que les classes dominantes, parce qu’elles ont à leur disposition les rapports scientifiques, savent depuis longtemps que la catastrophe climatique est à l’ordre du jour. Marx expliquait déjà à l’heure du développement de l’industrialisation :
« Le capital, qui a de si « bonne raisons » pour humilier les souffrances de la population ouvrière qui l’entoure, est aussi peu ou tout autant influencé dans sa pratique par la perspective de la pourriture de l’humanité et finalement de sa dépopulation, que par la chute possible de la terre sur le soleil.… Chacun sait que la débâcle viendra un jour, mais chacun espère qu’elle emportera son voisin après qu’il aura lui-même recueilli la pluie d’or au passage et l’aura mise en sûreté. Après moi le déluge ! Telle est la devise de tout capitaliste et de toutes nations capitalistes. » (2)
Venons-en à la police. Dans la République bourgeoise depuis la Révolution française, la police était sous le contrôle des maires : la Commune étant considérée comme la cellule de base de la démocratie. L’action policière y relevait plus d’une police de proximité, encadrée par les élus politiques. C’est Pétain, « ce grand soldat » salué par Macron, qui étatise les polices municipales par la loi du 23 avril 1941 et la place sous le contrôle des préfets. Depuis la fin de la guerre on peut dire que cette dérive n’a jamais cessé, les événements récents le confirment : l’action policière est de plus en plus violente. Le corps de la police n’a pratiquement pas subi l’épuration, malgré son soutien au régime de Vichy. La police contribua avant le putsch du 13 mai 1958 au retour au pouvoir de De Gaulle. Les policiers appellent à manifester contre le parlement le 13 mars 1958 aux cris de « A bas les députés » et « mort aux juifs ! »
L’auteur cite ces propos d’un policier de Seine Saint Denis :
« Ceux qui nous attaquent ne comprennent que la violence, mais nous ne pouvons pas exercer la violence légitime de manière sereine car nous nous exposons à des sanctions judiciaires. »
Les policiers demandent, notamment le « syndicat » Alliance, le renforcement du pouvoir administratif et la suppression des sanctions judiciaires encourues par les policiers dans le cadre de leurs fonctions.
Voici donc ces quelques pistes de réflexion inspirées par le livre de Claude Serfati et invitant à le lire attentivement. Fini d’écrire en juin 2022, la crise de régime qui s’ouvre avec la première manifestation à l’appel de l’intersyndicale en janvier 2023 contre la réforme des retraites, confirme la démarche de l’auteur, notamment cette affirmation : dans le cadre de la mondialisation, la France est aujourd’hui le maillon le plus faible des pays historiquement fondés sur l’État de droit. On ne peut que rappeler la citation célèbre de Lénine que j’ai mis en exergue de cet article : « La chaîne s’est rompue en son maillon le plus faible ». La situation décrite du fait de cette course à l’abîme a mis des millions d’hommes dans une situation de précarité, économiquement incapables de satisfaire à leurs besoins élémentaires et à ceux de leurs familles. A cela s’ajoute une déréglementation climatique qui passe aujourd’hui à un stade qualitativement supérieur. La question pour Macron est d’aller au bout et de continuer à « défaire méthodiquement le programme du conseil national de la résistance », comme le revendiquait Denis Kessler, ancien vice-président du MEDEF, après l’élection de Nicolas Sarkozy.
Où est l’alternative du point de vue du mouvement ouvrier ? On peut regretter que cette question soit seulement esquissée dans les conclusions de l’ouvrage. L’auteur écrit :
« La proposition d’une sixième république et l’évocation de la révocabilité des élus à l’Assemblée nationale inspirent en revanche un débat où transparaissent la frayeur et la condescendance envers le peuple. Ces élus feignent de ne pas comprendre les mouvements souterrains qui animent la société française. Pourtant la révocabilité, inscrite dans la proposition de constitution de 1793, a été discutée tout au long du XIXe siècle. Elle fut mise en œuvre par la commune de Paris lorsqu’elle a instauré une république sociale, féministe et internationaliste. » (page 218)
Je me permets d’ajouter, au grand étonnement de Marx lui-même, qui après et seulement après l’écrasement de la Commune- comme quoi la pensée, même celle du grand Karl, est toujours en retard sur le mouvement réel – y discerne « la forme enfin découverte de l’émancipation du travail ». Un État à bon marché, sans police ni armée permanente. Y avons-nous renoncé ? Ou est-il inscrit dans la logique même de la lutte des classes ?
La question du pouvoir constituant, aucune force politique ne la pose réellement aujourd’hui. Mélenchon n’en parle même plus, d’autant que sa constituante du temps du Front de Gauche (2008) était octroyée au peuple sous la forme d’une désignation par tirage au sort. Aujourd’hui, il se terre dans la continuité des institutions de la Vème République. Pourtant la nécessité du démantèlement du pouvoir des préfets, le mouvement réel actuel l’a posé, non devant l’assemblée nationale, mais à travers les manifestations devant les sièges des préfectures et des sous-préfectures en province…
En conclusion on peut souligner des considérations sur l’image du président dans la Vème République qui ne manquent pas de saveur : s’appuyant sur Max Weber qui observe la dérive des régimes politiques modernes vers la « démocratie plébiscitaire », l’auteur dit que le vote des citoyens peut transformer un piètre personnage élu en « personnage hors du commun ». Et il ajoute :
« De Gaulle était d’ailleurs désireux de consolider la légitimité de ses successeurs, conscient qu’ils ne bénéficieraient pas du même crédit personnel dans la population : « j’ai rétabli la monarchie en ma faveur mais après, il n’y aura personne qui s’imposera au pas.… Aussi convient-il d’instaurer un régime présidentiel… il faut que le président soit élu au suffrage universel : ainsi élu, il aura, quelles que soient ses qualités, quand même un semblant d’autorité et de pouvoir durant son mandat ». (3)
A gauche, ils ont tous accepté, y compris bien sûr Mélenchon, de jouer le rôle du larbin de service en continuant de se plier au respect des institutions de la Vème République.
RD, 11/04/2023
Notes :
(1) Éditions La fabrique, juin 2022
(2) Citation extraite dans la section du Capital portant sur la journée de travail.
(3) Cité dans Abramovici Pierre « De Gaulle contre l’armée 1958-1961». Fayard page 351.
Cette excellente analyse mérite un complément. La phrase suivante est juste mais insuffisante: « Il a au contraire conforté la place de l’armée dans le dispositif du pouvoir bonapartiste en défendant la détention de l’arme nucléaire, en mettant une grosse partie de l’innovation technologique à son service et en redéployant une politique néo-coloniale. » Le développement gigantesque du « nucléaire (soi-disant) civil » en est une expression, ainsi que celui de l’ « exploration spatiale », des satellites « de communication et commerciaux » et la base de Kourou en Guyane. L’ensemble constitue un tout, qui utilise en la déclinant la même technologie, au service en définitive de l’armée et du pouvoir. Un grand nombre de secteurs de la recherche, y compris dans des domaines qui peuvent lui apparaître comme étrangers comme la biologie, sont au service de ce « complexe politico-militaro-industriel », de sa préparation à la guerre et à la guerre civile.
La macabre plaisanterie du « nucléaire décarboné » invoqué par Macron pour relancer le nucléaire en France, pour le faire classifier comme « écologique » au niveau européen, où il a été immédiatement suivi par tous les pays de l’UE sauf l’Allemagne, qui ont relancé ou lancé des programmes de construction de centrales, en est une expression. Les menaces que l’existence même de cette industrie dans toute l’Europe fait planner sur les populations sont sans commune mesure avec ce qu’elles ont été jusqu’à présent. L’aveuglement, l’inaction et le silence de la plupart des organisations du mouvement ouvrier sur cette question sont une honte et une trahison. L’effondrement sociétal prévisible à moyen terme, en raison du dérèglement climatique et des autres agressions multiformes contre la biosphère du capitalisme dans sa phase de déliquescence, risque fort d’être précédé d’un cataclysme nucléaire mondial, si des accidents nucléaires dus à des erreurs humaines, des évènements « naturels » comme des séismes, tsunamis ou sécheresses, ou à des sabotages ou des agressions militaires, sont suivis du déclenchement non maîtrisé de cette « guerre qui ne peut avoir lieu », par l’un des pays dotés d’un armement nucléaire.
Alain Dubois, 13 avril 2023
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Je pense que l’avis de M. Sarfati sur l’évolution de la police mérite d’être quelque peu nuancé. S’il était exact que le contrôle de la police avant le régime de Vichy était exercé par les maires, comment analyser les très nombreuses répressions policières qui ont précédé ledit régime ? De mémoire, c’est sous l’autorité du sinistre préfet Chiappe que certaines d’entre elles ont eu lieu dans les années 30, sans parler de celles commanditées par Clémenceau contre les viticulteurs en 1908.
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Sans doute – cela demanderai à être examiné- mais en ce qui concerne Paris et Chiappe, il n’y avait justement pas de maire à Paris entre la Commune et 1977 (quand la mairie de Paris est rétablie avec toutes garanties bourgeoises), et ses pouvoirs étaient exercés, par exception, par le préfet. Et, en ce qui concerne Clemenceau dans le midi, il a justement envoyé l’armée par dessus les municipalités et contre elles.
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Oui, vous avez raison, en effet, mes exemples ne contredisent pas C. Sarfati sur ce sujet. Cependant, je ne parviens pas à me représenter la police de la 3ème république comme une force modérée par des maires parfois débonnaires. La répression féroce des luttes se faisait sur leur territoire et même s’il ne la commanditaient pas directement eux-mêmes (ce qui devait quand même arriver assez fréquemment), ils la laissaient faire par les jaunes du potentat local…
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« L’État radicalisé » s’attaque à des questions depuis toujours brûlantes pour les communiste révolutionnaires : la question centrale de l’État, la conquête du pouvoir d’État, le socialisme. L’exigence impérative de réponse à la mesure de ces questions déborde par tous les pores de la peau de l’impérialisme contemporain.
Il faut dire que le mouvement révolutionnaire souffre, entre autres, d’un manque criant d’analyses théoriques et politiques enracinées dans l’analyse concrète de « la France à l’ère de la mondialisation armée ». L’absence de « théorie de l’État », dans la lutte pour la démocratie et la révolution, imprègne les tâtonnements de l’extrême gauche et, en corollaire, bien des indécisions du mouvement ouvrier à l’égard du pouvoir d’État.
Claude Serfati étudie l’évolution de l’impérialisme français et les liens tissés entre le Militaire, le pouvoir politique et son appareil d’État hérité de la colonisation. L´étendue de ses d’études fouillées, en font aussi l’un des rares marxistes militants à s’être plongé sérieusement dans ces questions de fond, depuis une vingtaine d’années maintenant : « La Mondialisation armée » (2001), « L’industrie française de défense » (2014), « Le Militaire » (2017), etc.
Dans la conclusion de cet excellent bouquin, on peut regretter quand même certaine remarques à propos de la caractérisation du fascisme et, surtout de la « fascisation ». Dans le même ordre d’idées, pourquoi tant de prudence à qualifier l’État macronien d’État militaro-sécuritaire ? Il me semble pourtant que cela saute aux yeux dans cette Vème République qui n´en finit pas d´être au bout du rouleau. In cauda venenum ! Les leçons politiques sont souvent les plus difficiles à s’imposer.
Une dernière remarque sur la police de Vichy et les exactions de Chiappe (cf. Cordova). Il me semble qu’on peut en trouver la réponse dans les prérogatives démesurée accordées au corps préfectoral, du Consulat à Vichy, puis à la Vème.
Christian Lavault
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Les réflexions de Robert Duguet prolongent de manière très pertinente ce dernier bouquin de Claude Serfati.
« L’État radicalisé » s’attaque à des questions depuis toujours brûlantes pour les communiste révolutionnaires : la question centrale de l’État, la conquête du pouvoir d’État, le socialisme. L’exigence impérative de réponse à la mesure de ces questions déborde par tous les pores de la peau de l’impérialisme contemporain.
Il faut dire que le mouvement révolutionnaire souffre, entre autres, d’un manque criant d’analyses théoriques et politiques enracinées dans l’analyse concrète de « la France à l’ère de la mondialisation armée ». L’absence de « théorie de l’État », dans la lutte pour la démocratie et la révolution, imprègne les tâtonnements de l’extrême gauche et, en corollaire, bien des indécisions du mouvement ouvrier à l’égard du pouvoir d’État.
Claude Serfati étudie l’évolution de l’impérialisme français et les liens tissés entre le Militaire, le pouvoir politique et son appareil d’État hérité de la colonisation. L’étendue de ses d’études fouillées, en font aussi l’un des rares marxistes militants à s’être plongé sérieusement dans ces questions de fond, depuis une vingtaine d’années maintenant : « La Mondialisation armée » (2001), « L’industrie française de défense » (2014), « Le Militaire » (2017), etc.
Dans la conclusion de cet excellent bouquin, on peut regretter quand même certaine remarques à propos de la caractérisation du fascisme et, surtout de la « fascisation ». Dans le même ordre d’idées, pourquoi tant de prudence à qualifier l’État macronien d’État militaro-sécuritaire ? Il me semble pourtant que cela saute aux yeux dans cette Vème République qui n´en finit pas d´être au bout du rouleau. In cauda venenum ! Les leçons politiques sont souvent les plus difficiles à s’imposer.
Une dernière remarque sur la police de Vichy et les exactions de Chiappe (cf. Cordova). Il me semble qu’on peut en trouver la réponse dans les prérogatives démesurée accordées au corps préfectoral, du Consulat à Vichy, puis à la Vème.
Christian Lavault
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