La réélection de Jair Bolsonaro aurait constitué une défaite des opprimés et des exploités. C’est en ce sens que la victoire de Lula est leur victoire.
Lula est donc gagnant avec seulement 50,9% des voix, Bolsonaro en a donc 49,1%, avec 20,6% d’abstentions et 4% de blancs et nuls. Le caractère serré du résultat est bien entendu une donnée fondamentale. « Droitisation durable » de la société, comme il est souvent convenu de le dire ?
Bolsonaro a été, à la base de la société, le candidat choisi par les classes dominantes et par l’appareil d’Etat, et il a eu les voix des classes dites « moyennes », victimes de la crise économique depuis 2008 et engagées dans les mouvements anti-corruption du début des années 2010, ainsi que des voix populaires drainées par les églises évangéliques. Lula est historiquement le fondateur et leader du Pari des Travailleurs, le PT ; mais ses 16 années de pouvoir ont sapé la base initiale, industrielle et salariée, du PT dans les grandes villes du Sud comme Sao Paulo. Le vote Lula et le vote PT sont largement décrochés l’un de l’autre, et si Lula est élu, c’est grâce au vote massif des Etats pauvres, ruraux et catholiques du Nordeste, auquel s’ajoute la réaction anti-Bolsonaro d’un électorat sans grandes illusions sur Lula, dans tout le pays.
Plutôt que de spéculer sur la « droitisation » du pays ou la « modernisation » de ce qui fut sa gauche, mieux vaut prendre les réalités dans leur dynamique – celle des affrontements sociaux. Or, la manière dont s’est déroulé le scrutin lui-même et ce qui se passe depuis est, pour cela, décisive.
Les rumeurs de coup d’État ont balayé le pays le jour du scrutin. La Police fédérale et la Police fédérale autoroutière ont multiplié les opérations et les provocations, allant jusqu’à des violences graves dans le Nordeste, pour intimider l’électorat de Lula, empêcher des centaines de milliers d’électeurs de se rendre aux bureaux de votes souvent éloignés de leurs domiciles, en créant des bouchons et soit en supprimant, soit en perturbant gravement sa mise en œuvre, la gratuité des transports en commun qui est coutumière les jours d’élections dans les régions pauvres et les grandes banlieues. Et, depuis l’annonce des résultats, les « camionneurs », c’est-à-dire les patrons des entreprises de transports aidés d’une partie de leur personnel, d’hommes de main et de policiers, continuent à bloquer des centaines d’axes routiers dans tout le pays. Bolsonaro n’a fait aucune déclaration pendant deux jours pour finalement dire qu’il « autorise la transition » (sic !), sans reconnaître explicitement la victoire de Lula.
Très clairement, nous assistons à une version « décentralisée », et plus rapide, de la tentative de coup d’État de Trump au Capitole. Le coup d’État trumpiste cependant, était battu d’avance car le rapport de force lui était beaucoup moins favorable en raison, tout d’abord, de la vague de manifestations ayant suivi l’assassinat policier de Georges Floyd, depuis des mois, et des menaces de grèves en cas de coup de force, et, en conséquence, de l’écart en voix beaucoup plus important qui le séparait de Joe Biden, lequel ne résultait donc pas des mérites propres de Biden et du Parti démocrate.
Un pronostic est toujours risqué mais le golpe dispersé des bolsonaristes a sans doute de fortes chances d’échouer (d’où la déclaration prudente de Bolsonaro), mais non en raison des appels de Lula à l’unité nationale et à s’en remettre à la police qui a elle-même été la force ayant initié les opérations factieuses, mais parce qu’il apparaît que si un coup d’Etat se dessinait vraiment, alors les forces sociales qui ont besoin de démocratie, paysans, ouvriers, jeunesse, se réveilleraient et se dresseraient, comme, et plus encore, elles s’étaient dressées aux Etats-Unis, mais ici avant le scrutin. Et ce faisant, on peut parier qu’elles regrouperaient autour d’elles une grande partie des larges masses pauvres aliénées et déboussolées qui ont voté Bolsonaro, car la force sociale commencerait à redessiner une perspective.
La politique de Lula n’est pas orientée vers cela. Au sommet, les principaux partis bourgeois sont avec lui et il n’envisage en rien de former un gouvernement « de gauche », pour ne pas parler d’un gouvernement structuré par le PT, mais un gouvernement d’union nationale. Cette union nationale qu’il veut mettre en place pour la passation de pouvoir en janvier 2023, il l’anticipe par une sorte d’union sacrée internationale allant de Biden à Poutine en passant par Macron, faisant mine de célébrer son élection comme si elle venait de sauver la planète, ce qui est totalement illusoire même pour l’Amazonie.
Dans le cadre de ses positions de gouvernement pour le capital et d’union nationale avec les classes dominantes brésiliennes et internationales, se situent d’ailleurs ses positions pro-impérialistes, c’est-à-dire pro-russes, contre l’Ukraine, analogues à celles de Bolsonaro. De quoi ont besoin les déshérités, les paysans, les sans-terres, les ouvriers, les jeunes, les Indiens, les femmes … au Brésil ? D’indépendance, d’indépendance envers Lula et toutes les forces politiques, églises comprises, qui leurs chantent la petite musique de l’union et de l’inaction. Bolsonaro menace encore : c’est leur action indépendante qui est nécessaire. La police est complice des bolsonaristes bloqueurs de routes. La meilleure chose qui puisse arriver, tout de suite, serait que des secteurs populaires confirment la défaite de Bolsonaro en les affrontant, pour exiger ensuite leur dû : échelle mobile des salaires et d’un revenu minima pour les miséreux, démocratie à tous les niveaux, préservation de l’Amazonie. Mais la réalité incontournable, c’est que le plus petit pas en ce sens requiert de poser la question de l’État, c’est-à-dire, au Brésil comme au Chili, la question de la police et de l’armée qui doivent être démantelées.
Les peuples sont divisés en Ukraine,au Brésil , en France , dans toute l’Europe et aussi aux Etats-Unis sans parler de l’Afrique ou du continent indien . Sur cette division le fascisme construit son nid avec l’aide de la grande bourgeoisie internationale . Que faire ? comme dirait Lénine … Je ne sais pas mais je crains de nombreuses guerres civiles comme en Ukraine-Afrique et Moyen-orient. Les trotskistes vous n’avez pas de solution car vous êtes trop loin du peuple dans votre militance pseudo-révolutionnaire qui aide plutôt la bourgeoisie dans son pouvoir sans partage . En tant que communiste dit « conservateur » je pense que le combat révolutionnaire se joue dans les entreprises avec les salariés exploités. Quand à la police et l’armée de répression de la bourgeoisie il faut l’infiltrer comme a fait Chavez au Vénézuéla et cela demande du temps . La crise du capitalisme dans sa phase terminale peut aider les peuples à prendre conscience de leurs forces et de chercher une voie autre que le fascisme pour leur avenir avec bien sûr des communistes ancrés dans le peuple comme des poissons dans l’eau comme le dit si bien Mao . Alors restons plongés dans la classe ouvrière en attendant la révolution communiste que les nouvelles générations devront construire un jour ou l’autre.
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Merci pour toutes ces révélations fracassantes sur la place des salariés dans le processus révolutionnaire ! Révélations dont la chute se limite à « restons plongés … en attendant… ! » Y’a pas à dire ou à redire, tu es bien un conservateur tout court., cher lecteur !
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Il ne faut pas être vexé sur ce que je dis qui est d’une réalité flagrante . Combattre la bourgeoisie n’est pas un jeu d’enfant gâté de petit bourgeois comme le sont souvent les militants trotskystes. Pour abattre le capitalisme il ne suffit pas de manifs ,de blocages d’autoroutes ou de bassines d’eau , il faut des militants trempés et durs au combat y compris physique contre les exploiteurs au pouvoir . La grève générale insurrectionnelle des travailleurs est la seule solution pour renverser la grande bourgeoisie aux affaires . Et cela demande un travail de fond révolutionnaire dans les entreprises . La théorie marxiste-léniniste l’explique en long et en large . Face au fascisme au pouvoir il n’y a que la force pour le déloger , ce que fait le régime Poutinien en Ukraine avec un certain succès …Mais je sais que je serai contredit par vous , ce qui sera tranché par les évènements à venir et peut-être aussi par l’histoire .Amitiés révolutionnaires quand même !!!!!!!!!!
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Il y a urgence à (re)construire une organisation communiste révolutionnaire, seul outil, au vu du caractère systématique de la trahison des appareils (faussement) réformistes (syndicats et partis), qui soit susceptible d’aider les travailleurs à défendre leurs intérêts à court, moyen et long terme. Si on se repose sur le spontanéisme (type GJ), on n’est pas rendus. Sans structure et perspective, conscience profonde, bref, sans l’éducation politique qui peut se développer grâce à une organisation révolutionnaire, les mouvements spontanés ont une portée très limitée (cf hirak, ou même, grandes révoltes paysannes d’Inde depuis 2020).
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