Belaruskali est un grand complexe de mines de potasse, d’usines, de laboratoires et de centres techniques. Il se situe à Salihorsk, dont il est la principale activité avec un hôpital spécialisé pour asthmatiques, au centre-sud de la Bélarus.
Nous donnons ici la traduction du russe d’un reportage consistant en un entretien avec le comité de grève de Belaruskali, le jeudi 3 septembre, dont voici la source :
A partir de ce reportage, nous proposons une analyse de certains aspects de la situation au moment présent.
Le reportage
La première conférence de presse du comité de grève du Belaruskali se tient aujourd’hui au bureau du syndicat indépendant biélorusse.
Rappelons que les choses à Belaruskali avaient démarré promptement et joyeusement : les mineurs ont appelé à la grève et ont bloqué les mines, ils ont régulièrement tenu des réunions sur la place de la ville (Maria Kolesnikova leur a rendu visite). Mais la direction de l’entreprise a exercé une très forte pression pour rétablir l’ordre. Cela a partiellement fonctionné : la production fonctionne. Mais l’esprit rebelle des gens ne s’est pas éteint.
La grève est toujours là et reprend régulièrement : nous n’abandonnons pas mais beaucoup sont intimidés et cela se comprend. Le coprésident du comité de grève, Anatoly Bokun, a déjà été arrêté à deux reprises, et un autre militant, Dmitri Kudelevich, a même quitté le pays après avoir été cuisiné par les « autorités compétentes » (vraisemblablement le KGB bélarusse).
Aujourd’hui, il y a environ 50 personnes dans le comité de grève, dont 23 sont en grève continue depuis le 17 août. La masse des gens dans l’entreprise les soutient, mais a peur d’être plus active, optant pour la dite « grève italienne ».
En fait, ils assurent le minimum de sécurité des installations, mais comme les normes de sécurité au travail souvent n’existent pas – manque de ventilation adéquate et outils défectueux – il n’y a, en réalité, pas ou très peu de production. Aucune des 6 mines ne tourne à pleine capacité, loin s’en faut. Les objectifs de production ne sont donc absolument pas réalisés, ce que confirme Vitaly Dyadyuk du comité de grève.
Ce jour [jeudi 3 septembre, NDR] ils sont une trentaine rassemblés devant le local du syndicat indépendant. Tout le monde est dans l’attente. On espère une deuxième vague plus puissante que la première.
– «Les Bélarusses sont mûrs pour que des changements aient lieu dans le pays. La majorité des citoyens proteste contre le trucage des élections et la violence avec laquelle les autorités ont réagi aux actions pacifiques. Le chef de l’État doit assumer la responsabilité de tout ce qui se passe et démissionner. Malheureusement, nous ne voyons aucune volonté d’entamer un dialogue avec les gens. Nous voyons le sabre claquer et monter des menaces militaires, avec mouvement de troupes, contre les mineurs» a déclaré le coprésident du comité de grève du Belaruskali, Sergueï Tcherkasov.
– Les employés de Belaruskali ont présenté leurs revendications (d’abord tenue de nouvelles élections et démission de Loukachenka, etc.), avec 5000 signatures. Elles ont été portées aux responsables de l’entreprise et aux autorités locales. Chaque subdivision de l’entreprise a désigné ses représentants au comité de grève, qui représente leurs intérêts. Plusieurs dizaines de personnes sont en grève effective. Malheureusement, tout le monde ne peut pas exprimer ouvertement sa protestation et refuser de travailler sous la pression de l’administration. Par conséquent, beaucoup ont dû retourner à leur travail, – a poursuivi Sergey Cherkasov.
La pression, selon le coprésident, est essentiellement psychologique. L’une d’elles est une enquête (non anonyme !) sur les préférences politiques des employés. Selon la loi, un employeur ne peut pourtant pas mener des sondages sans rapport avec le travail.
Bien sûr, il y a plus de vrais leviers d’influence.
À l’heure actuelle, les syndicats de Belaruskali ont reçu un préavis de licenciement d’environ 20 personnes. Les licenciements ne sont pas effectifs à ce jour mais la décision de l’employeur est claire.
« Nous exigeons que le directeur général Ivan Golovaty retire tous les ordres de punition des employés, tant disciplinaires et matériels »,a déclaré S. Cherkasov. – Nous demandons également au président du comité exécutif régional de Soligorsk, Zhaylovich Andrei, et au président du conseil régional des députés de Soligorsk, Anna Kaleeva, de prendre toutes les mesures nécessaires pour que les membres détenus du comité de grève soient libérés de prison, ainsi que pour donner aux citoyens la possibilité de se rassembler pacifiquement sur la place de la ville et d’exprimer leurs opinions.
La conférence de presse a également été suivie par des représentants du Syndicat indépendant du Bélarus, de l’association des syndicats formant le « Congrès bélarussien des syndicats démocratiques » [le BKDP] et du Syndicat indépendant des mineurs «Belaruskali».
« Nous serons toujours du côté des travailleurs et défendrons leurs droits, y compris le droit de grève. Après tout, ce n’est que par des actions collectives que nous avons atteint nos objectifs – une journée de travail de 8 heures, un congé de travail, etc. de « Naftan ». Chaque jour, de plus en plus de personnes nous rejoignent »,– a déclaré le président du BNP Maxim Poznyakov.
« Nous sommes confrontés au fait que des centaines de personnes souhaitent adhérer à des syndicats indépendants, mais ce ne sont pas toutes les entreprises qui en ont. Par conséquent, nous prévoyons de créer un chatbot qui collectera les candidatures, et nous analyserons à quel syndicat elles peuvent être envoyées »,– a déclaré Sergey Antusevich, vice-président du BKDP.
Lors de la conférence de presse, ils ont également parlé de la grève à l’échelle de tout le pays. Quelles actions spécifiques seront prises par la grève « Belaruskali » ou les syndicats indépendants, cela reste flou. L’humeur des militants est peut-être mieux décrite par les paroles de l’une des grévistes, nommé Nina :
« On fait circuler des rumeurs selon lesquelles les grévistes prépareraient leur départ du pays et j’aurai soi-disant acheté un billet pour le Canada et fait mes valises. Mais nous resterons ici jusqu’à la victoire ! Les travailleurs qui se sont inscrits à la grève et ceux qui ont désigné leurs représentants au comité de grève ne les ont pas abandonnés et font tout leur possible pour les soutenir. Ils sont avec nous, ce sont des Bélarusses et les Bélarusses n’abandonnent pas les leurs. »
Commentaire et analyse.
Avec l’usine Azot de Hrodna, et les grandes usines de Minsk, Belaruskali à Salihorsk est l’un des « épicentres » de la grève générale industrielle en Bélarus.
Certaines particularités de cette grève générale sont utilisées pour semer la confusion: ainsi, en France, les réseaux FSM dans la CGT diffusent l’« info » selon laquelle « le travail a repris » (on admirera au passage ce travail anti-grève de prétendus « lutteurs de classe »!)(1), et le sociologue ukrainien, basé à Dresde, Volodomyr Ishchenko, repris par le Guardian, Jacobin, et en langue française Mediapart et les sites Contretemps et A l’Encontre, affirme qu’il n’y a pas vraiment de « grève générale »(2). Ces rumeurs anti-grèves, d’une part, et ces savantes confusions, d’autre part, se gardent bien d’analyser le mouvement réel. Celui-ci présente des caractéristiques que ce reportage éclaire bien.
En premier lieu, comme à Hrodna, la grève a démarré massivement et très fort le 11 août. Le 9 août c’était le scrutin présidentiel. L’annonce-bidon des 80% de Loukashenka et la répression violente ont commencé le soir même. Tous les gouvernements espéraient alors le « retour au calme » par la répression – aucun communiqué « européen » à cette date. C’est la circulation du mot d’ordre de « grève générale » dans la journée du lundi 10 août, puis son démarrage au petit matin du 11 à Hrodna, Belaruskali, dans les deux usines géantes de Minsk et sans doute bien d’autres endroits, qui a interdit tout retour en arrière, et mis la révolution démocratique à l’ordre du jour en Bélarus. La grève a démarré, massivement.
Dans un second temps, comme il était évident que Loukashenka, désormais étayé par Poutine, n’allait pas partir tout de suite mais devra être chassé par une longue lutte qui ébranlera aussi Poutine, le rythme de la grève a rapidement évolué. C’est là une première raison politique de fond, mais deux autres facteurs très importants interviennent.
La répression : elle est réelle et quiconque fait des commentaires légers doutant de la nature révolutionnaire des évènements ferait bien de réfléchir à ce que cela signifie pour les individus, pour les familles, pour les collectifs de travail, pour la nation bélarusse, que de savoir qu’à tout moment vous pouvez être kidnappé et séquestré pendant 5 à 20 jours d’où vous sortirez le corps couvert d’ecchymoses et de brûlures, et vraisemblablement violée ou violé. 7000 y sont passés, vous vous rendez compte ? Et 80 ont disparu, sans doute tués.
C’est une donnée politique fondamentale que cette résistance et cette montée, permise par les mots « grève générale » sur lesquels les manifestations ont repris, répression affirmée face à laquelle la grève, les manifestations, et les expressions de joie collective, se poursuivent !
Autre facteur, les relations de travail très défavorables aux salariés dans ce paradis capitalistes que chantent la FSM et bien des jaunes peints en rouge. Les contrats sont individuels et ce sont des CDD, en général d’un an. Se mettre en grève dans ces conditions n’est possible qu’avec un sentiment très fort de solidarité collective, qui va totalement à l’inverse de l’individualisation des relations de travail voulue par le régime.
Ceci peut prendre deux formes : celle de la grève de masse insurrectionnelle avait éclaté le mardi 11 août et a été à l’origine de la crise révolutionnaire à l’échelle du pays depuis.
Mais l’autre forme possible est celle de ce qui se passe dans les entreprises où, de l’avis des travailleurs eux-mêmes, la grève générale s’est installée dans la durée alors même qu’il y a cette répression et ces contrats de travail individuels. C’est la situation qui transparaît dans ce reportage : un état de grève générale sans qu’il y ait toujours grève effective.
Les travailleurs par unités de production ont élu des membres du « comité de grève », lesquels sont les grévistes effectifs en somme délégués par les autres – une cinquantaine qui en représente des milliers : leurs journées sont occupées à parcourir les sites, à s’exprimer, à organiser, à se cacher aussi. Ils sont les représentants de tous les autres.
Que fait la masse ? Elle fait la « grève à l’italienne », terme qui a été soufflé le second jour par les cadres et bureaucrates de l’entreprise – comme nous l’a expliqué un ouvrier de Belaruskali lors de la visio-conféfence organisé par le Workers International Network le 23 août. Les gens se rendent à leur travail. Mais celui-ci consiste surtout à entretenir la – toute relative – sécurité des installations, ce qui aurait également été fait en cas de grève de masse avec occupation. La production s’est effondrée.
Nous avons là une forme spécifique de grève générale politique. Lui refuser cette qualification, comme cherchent à le faire certains articles diffusés dans la presse et les sites de « gauche radicale » en Occident à partir de la source « sociologique » de V. Ishchenko, est tout aussi politique !
La vraie-fausse grève perlée de la masse n’exclut pas des interventions massives efficaces mais ponctuelles : par deux fois, le premier président du comité de grève de la Belaruskali, Anatoli Bokan, a été libéré suite à des manifestations ou des menaces de manifestations se dirigeant vers les locaux de la police. Mais en même temps, on voit qu’un membre du comité de grève est toujours emprisonné et qu’un autre s’est expatrié après avoir subi des « pressions ».
Bien entendu, cette situation ne peut pas durer éternellement. Les contrats de travail sont renouvelés à l’année et les menaces de licenciements arrivent, comme l’indique ce reportage. La recherche d’une issue et la volonté de se protéger se traduisent notamment par la vague d’adhésions aux syndicats indépendants.
A ce propos, plusieurs syndicats indépendants sont nommés, mais il faut savoir que tous sont fédérés dans le Congrès bélarusse des syndicats démocratiques (BKDP) qui est une structure lâche, dont l’importance stratégique vient de l’histoire : elle est l’acquis, elle est ce qui reste (comme, en plus puissant, la KTR en Russie) des grèves des années 1989-1995.
Dans le cas de Belaruskali comme sans doute à Hrodna, il semble y avoir un lien organique entre les syndicats indépendants et le comité de grève, qui n’aurait sans doute pas tenu sans leur aide et leur soutien. Par centaines et par centaines, les travailleurs demandent à adhérer aux syndicats indépendants.
Très significative est l’ambiance décrite dans ce reportage lors de la conférence de presse. Une ambiance d’attente, d’espoir en une seconde vague, ou plus exactement d’espoir dans la sortie d’une guerre d’usure qu’à terme les travailleurs ne peuvent pas gagner, et dont une échéance est constituée par le renouvellement prochain des CDD annuels ou pluriannuels.
Comment passer de la guerre d’usure temporaire à la guerre de mouvement?
On voit que sur ce plan, le comité de grève de Belaruskali ne semble pas avoir de perspective précise ou du moins il ne les formule pas ici. Car il ne s’agit de rien de moins que de régler la question du pouvoir : chasser l’exécutif et mettre en œuvre les élections libres.
C’est dans ce sens que le Congrès bélarusse des syndicats démocratiques a eu l’immense mérite de mettre en avant le mot d’ordre d’un Comité national de grève, seul à même de diriger de facto le pays pendant une phase de transition (voir sur notre site l’interview d’Alexandre Iaroshukdu 17 août dernier).
La répression d’une part – signalons l’arrestation de la militante syndicaliste de Hrodna, Lizavieta Merliak, dans la soirée du 30 août, et sa libération à la suite d’un « assaut téléphonique » international du poste de police, mais suivie de son inculpation -, et la formation d’un comité national qui n’est pas un comité de grève, d’autre part (je vais y revenir), peuvent expliquer ce tâtonnement.
Mais plus fondamentalement, un comité national de grève se réunissant publiquement à Minsk suppose le passage à la troisième phase de la grève générale politique, à savoir la reprise de la « guerre de mouvement ».
A propos du Conseil de coordination.
La structure nationale qui cherche à se former actuellement est le Conseil de coordination. Il a été lancé par la candidaté réellement élue le 9 août et réfugiée en Lituanie, Svetlana Tikhanovskaia. Sa figure la plus connue est Svetlana Alexievitch, grande écrivaine – très grande écrivaine : elle porte sur elle la continuation de la grande littérature russe (très) mise à mal par le libéralisme oligarchique depuis les années 1990 …
Le président du comité de grève de l’usine de tracteurs de Minsk, Sergueï Dilevski, en est membre mais a été arrêté le 24 août, en même temps que sa coordinatrice, Olga Kovalkova, qui a fait savoir qu’elle est privée de sommeil et de soins médicaux en détention. Deux partis sont officiellement représentés dans ce conseil : le Parti civil uni de Biélorussie, qui est affilié au Parti Populaire Européen représentant les partis de droite à l’échelle européenne, et le Parti démocrate-chrétien, dont Olga Kovalkova est la représentante. Dans la pratique, ce Conseil de coordination ne s’est jamais réuni à ce jour.
Il compte aussi d’anciens ministres et diplomates et Olga Kolesnikova, qui semble y jouer un rôle croissant, et qui vient de lancer un nouveau parti dénommé « Ensemble ». Notons que dans Informations Ouvrières, journal du POI, Daniel Shapira se félicite du refus de l’aide de l’UE par Olga Kolesnikova au nom du Conseil de coordination, qu’il qualifie de « forme d’organisation » « cherchant les voies d’une véritable représentation des masses en mouvement. »
Il faut être plus précis : ce Conseil cherche surtout à coopter par en haut des représentants divers mis sur le même plan, allant de petits partis bourgeois aux comités de grève des plus grandes usines. Ceci est autre chose que la démarche appelée par le Congrès des syndicats démocratiques, d’un Comité national de grève, lequel peut s’adjoindre, certes, d’autres représentants, mais une fois véritablement constitué.
De plus, le programme assigné dans la déclaration initiale de Svetlana Tikhanovskaia à ce Conseil est d’assurer un « transfert pacifique et ordonné » du pouvoir de Loukashenka à lui-même afin d’organiser de nouvelles élections présidentielles libres et transparentes sous contrôle international. Ce qui est revendiqué par les manifestants et les grévistes est déjà un peu différent : chasser Loukashenka, dissoudre les services de « sécurité », et organiser des élections libres à tous les niveaux et pas seulement présidentielles, le mouvement de rappel des députés ayant d’ailleurs largement commencé dans le pays.
Ce que dessine S. Tikhanovskaia, dont il n’est pas question de nier le courage et le rôle de symbole qu’elle a joué, mais qui parait soufflé par les conseillers politiques qui l’entourent à Vilnius, c’est une tentative de transition pacifique préservant l’essentiel de l’État. Ce à quoi tend l’action démocratique spontanée de la majorité, c’est à la destruction de cet État pour réaliser la pleine et entière démocratie.
Ajoutons que le refus de l’aide européenne par Olga Kolesnikova se veut, certes, un gage d’indépendance, mais que celle-ci intervient dans le Conseil comme porte-parole du candidat invalidé et emprisonné à la présidentielle, Victor Babaryka, banquier lié à des banques russes et ancien directeur de la banque de l’entreprise gazière de l’État, Belgazprombank, intérêts gaziers liés à la Russie. Le refus de l’aide de l’UE accompagnerait-il d’autres liaisons tournées, elles, vers l’Est, ce qui ne les rend pas moins « libérales », au sens économique du mot ?
En résumé : les différentes forces sociales essaient de s’organiser. La grève générale a seule permis ce processus. Deux formes d’organisation sociale se dessinent et peuvent se mélanger mais il faut savoir les distinguer : la poussée vers le Comité national de grève (et la croissance des syndicats indépendants), et le Conseil de coordination. Ni l’une, ni l’autre n’a abouti à une forme nationale claire en raison de la répression et de la faiblesse initiale d’organisation démocratique des masses.
Mais le comité de grève de Belaruskali a bien le sentiment, ce 3 septembre, qu’une nouvelle étape doit advenir. Tous les dimanches, des centaines et des centaines de milliers manifestent. Les marches de femmes surtout depuis le samedi 22 août marquent aussi la situation. Surtout, depuis la rentrée scolaire et universitaire le 31 août, la jeunesse étudiante et lycéenne est sortie en masse – et elle paie le prix fort de la répression, car les brutes Omon tapent sur les jeunes. Rappeler les députés, marcher en masse sur Minsk, assiéger les bâtiments du pouvoir, élire des délégués dans les lieux de travail et les localités … voila sans doute ce qui se discute sous le silence affiché dans ce reportage.
Nous avons un devoir : organiser bien sûr la solidarité mais en faire une solidarité politique, agissante. Aplutsoc est un tout petit « centre politique » mais comme il reconnaît l’odeur de la révolution, il a à son niveau pas mal fait pour informer et analyser, ce qui est essentiel. Nous appelons maintenant à passer à l’action et nous entendons peser en ce sens !
VP, le 05-09-2020.
(1) Selon Bruno Drweski, largement diffusé par le PRCF et dans les milieux pro-FSM de la CGT, « les manifestations actuelles sont pain béni pour les capitalistes ». Ce défenseur des chefs à poigne « national-soviétique » se pique d’avertir que ce sont des « oligarques russes » qui pourraient tirer les marrons du feu ! Le tout sans rien dire de la réalité sociale qui n’a rien des traits légendaires que recouvre (à l’Ouest) le mot « soviétique », et tout de la précarité capitaliste. La grève est l’arme des trusts : vieille musique, petit violon !
(2) Volodomyr Ishchenko, sociologue à K’yiv et maintenant à Dresde, avait déjà été une sorte de tarte à la crème lors du Maïdan ukrainien, car il était ukrainien et en même temps expliquait que tout ce qui se passait était bien ambigu, bien compliqué, suggérant qu’il ne fallait pas se risquer à soutenir les manifestations parce qu’on ne sait pas ce qui peut en sortir, etc. Il est soudain réapparu sur la Bélarus. Ainsi le site A l’Encontre, plein d’intérêt sur bien des pays, mais qui s’est gardé de publier quoi que ce soit sur l’Ukraine, n’a consenti à toucher vraiment à la Bélarus qu’une fois protégé, en somme, par le rideau de fumée « sociologique » des analyses d’Ishchenko ou inspirées par lui. En bonne place du Guardian à Mediapart, celui-ci explique qu’on ne peut pas savoir ce que fut vraiment le résultat des élections, que la grève générale n’en est pas vraiment une, qu’il y a de tout là-dedans, etc, etc. Exactement ce qu’il faut pour cultiver le scepticisme affecté des « révolutionnaires » pour qui la révolution est une plante d’appartement qu’ils arrosent à l’abri, mais qui ne doit pas les déranger en ouvrant soudain leur fenêtre !
Les deux principaux obstacles empêchant le peuple biélorusse à dégager Tchoukanchenko sont:
– l’incapacité des grévistes à étendre la grève, ou l’idée de faire grève, au delà de la frontière de leur pays.
– Le manque de perspective politique.
Ce blog à raison d’insister sur la grande importance d’aller vers l’élection d’un Comité National de la grève :
« …C’est dans ce sens que le Congrès bélarusse des syndicats démocratiques a eu l’immense mérite de mettre en avant le mot d’ordre d’un Comité national de grève, seul à même de diriger de facto le pays… »
» … pendant une phase de transition… » ??? je laisse la responsabilité de cette idée à qui de droit ??? Parce que personnellement je ne vois pas pourquoi un prolétariat donné, arrivant de haute lutte à prendre le pouvoir, devrait au nom de qui, au nom de quoi , considérer ce pouvoir comme « transitoire » et l’abandonner à peine l’avoir conquit ??? Passons !
Ce blog a raison d’appeler de ses vœux à la mise en place d’un Comité National de type soviétique, il fait preuve d’une grande confusion lorsqu’il écrit :
« …Deux formes d’organisation sociale se dessinent et peuvent se mélanger ( sic ) mais il faut savoir les distinguer : la poussée vers le Comité national de grève (et la croissance des syndicats indépendants), et le Conseil de coordination… »
NOUS N’AVONS PAS A NOUS MÉLANGER AVEC CE CONSEIL DE COORDINATION.
C’est parce que les délégués des comités de grève se font vampirisés par lui, que les travailleurs à présent restent l’arme au pied. Ils n’ont aucune confiance dans ce conseil de coordination libéral.
Que ces comités de grève décentralisés avec l’appui de ce syndicat indépendant, forment un Comité Central de la grève, un Organe Central Ouvrier, que ce comité central appelle à l’armement du prolétariat, et pour sûr cette initiative politique provoquera la grève générale, sera entendu au delà des frontière de la Biélorussie. La grève des mineurs explosera en Russie !
Le prétexte de la répression, comme quoi elle serait responsable de l’inertie relative des travailleurs, c’est du bidon. Ou et quand avons nous vu un mouvement insurrectionnel qui pourrait se développer sans danger et sans répression ???
Le blocage immédiat de la propagation de la révolution en Bielorussie se réduit aux fautes et aux atermoiements de la direction de ce syndicat soit disant libre, le BKDP !
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Suite, en fait, de la discussions sous l’article précédent. Je reprends tes points :
1) tu en demandes beaucoup à ces grévistes, d’ « étendre la grève au delà de leur propre pays » ! De fait, les travailleurs russes sont probablement passionnés par ce qui se passe en Bélarus, contraignant les syndicats officiels à dénoncer la répression. C’est déjà beaucoup.
2) oui il faut un comité national de grève, mot-d’ordre du syndicat indépendant. Et oui, nous pensons en effet que l’objectif ce sont des élections libres, garanties par le comité national de grève engageant la destruction de l’appareil d’État. Concrètement il s’agit de la révolution, « réalisation de la démocratie ». Cela ne produira pas une idéale dictature du prolétariat avec les milices, le parti et les soviets, mais une situation dont la dynamique continuera à avancer, à affronter l’ordre existant. La conscience réelle des larges masses et des secteurs ouvriers les plus avancés n’est pas ici « le pouvoir aux soviets » mais « élections libres garanties par l’organisation des travailleurs ». Je suis pour appuyer cela à fond.
3) Nous ne préconisons pas le « mélange » des deux formes (Conseil de coordination et comité national de grève), nous appelons au contraire à bien les distinguer, mais leur « mélange » est tout à fait possible dans la réalité. C’est un développement concret. Dans le Conseil de coordination, on a « l’ombre de la bourgeoisie », et nous sommes contre l’association organique avec l’ombre de la bourgeoisie, mais ceci peut éclater. Au moment présent, ni le Conseil de coordination ne parvient à se réunir, ni le Comité national de grève appelé par les syndicats indépendants ne parvient à exister, car la force capitaliste principale, l’Etat et la présidence, est toujours au pouvoir et qu’elle tape comme une bête blessée.
4) Il est dévastateur de clamer que la répression, c’est bidon. Cela ne l’est jamais, qu’il s’agisse de délégués CGT sanctionnés dans le métro ou de manifestants défoncés à la matraque par milliers en Bélarus. Impossible de passer là-dessus. Ce n’est en rien un prétexte : il s’agit de l’État, du pouvoir du capital. La question centrale est : comment l’affronter pour le battre.
5) C’est à cette question que le BKPD a apporté l’élément de réponse le plus avancé en Bélarus avec le mot-d’ordre du comité national de grève et en impulsant les comités de grèves particulièrement à Hrodna et à Bélaruskali. Ramener la situation à une vision dans laquelle l’ « appareil traitre » serait ce syndicat st, je le dis franchement, criminel devant la répression qui le menace, et totalement erroné en fonction de son rôle réel. Le traiter de « syndicat soi-disant libre », quel service rendu aux flics et aux staliniens ! Il faut l’aider, y compris politiquement en discutant des perspectives comme nous essayons de le faire. La révolution, c’est le mouvement réel, dénoncer celui-ci comme toujours insuffisant (et il le sera jusqu’à la victoire universelle !) fait le jeu … de la contre-révolution.
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Camarade Vprésumey , quand bien même je vous félicite chaleureusement d’avoir réussi à tisser des liens avec nos camarades biélorusse du BKDP, je peux t’assurer que si je devais blâmer quelqu’un ici ce serait toi et personne d’autre.
Tu restes complètement engoncé sur ta ligne de la démocratie, et c’est cette ligne qui est d’aucune utilité dans notre volonté commune et non feinte d’ aider du mieux que nous pouvons nos camarades au front à vaincre notre ennemi commun Tchoukanchenko.
Maintenant je ne blâme personne, dans le cadre d’une discussion ouverte, j’essaye d’avancer des arguments et je nourris un débat, un débat sans concession, que nous devons avoir entres nous français, et avec les camarades de ce syndicat soit disant libre.
Ce syndicat veut être libre, alors plutôt que d’insister sur sa nature indépendante, qu’il devienne vraiment un syndicat ouvrier révolutionnaire, et dès maintenant qu’il se convainc d’une chose, de fait il est la direction politique du prolétariat biélorusse.
Ce syndicat le BKDP nous dit qu’il peut créer des comités de grève et pas un comité central de la grève ? Simple sophisme de la part de ces camarades, qui peuvent parfaitement proclamer ce comité central, mais qui ne le font pas, parce que pour l’instant ils considèrent comme bien suffisant le conseil de coordination bourgeois existant. Ils y siègent depuis le début de son existence et ils considèrent que créer un deuxième centre de commandement de la révolution serait absolument contre productif.
En étant partie prenante de ce Conseil de coordination, qui entre parenthèse, lui ne s’est pas gratté à sortir du néant par une auto proclamation de fait, le BKDP non seulement doit en assumer toutes les conséquences politiques, mais fondamentalement à travers ce choix, nos camarades sont entrain d’isoler dangereusement la grève en Biélorussie, alors même que la solution à notre problème est je crois, de réussir à propager la grève jusque sous les fenêtres du Tsar Poutine !
Dans les mains de Poutine, Tchoukanchenko est un pion, et ce pion Poutine le garde et il va le garder, d’autant qu’il verra dans cette révolte à Minsk la main de ses ennemis occidentaux.
Pour Poutine la Biélorussie est à la Russie ce que pour Clemenceau la Belgique était à la France.
Il ne veux pas voir se promener des troupes de l’OTAN à sa frontière.
Que cela plaise ou non, ce sentiment de citadelle assiégée chez Poutine, de stratégie de défense nationale, est largement partagé dans l’ensemble de la population et donc aussi parmi les ouvriers russes.
Le prolétariat russe hait Poutine, mais jamais il ne se solidarisera d’avec un syndicat qui se dit indépendant, mais qui va se réfugier en Pologne, qui entretien des liens traîtres avec les chancelleries allemande et américaine. Jamais !
Camarade Vprésumey, ne sous estime surtout pas les effets dévastateurs de ce type de déclaration venant de Varsovie :
« …De son côté, Michal Dworczyk a assuré que Varsovie accorderait son soutien à toutes les victimes de la répression en Biélorussie qui craignent pour leur santé et leur vie. «En vertu d’une décision du Premier ministre Mateusz Morawiecki, toute personne victime des répressions politiques au Biélorussie peut compter sur le soutien et l’aide de l’État polonais» … »
https://www.lefigaro.fr/international/une-responsable-de-l-opposition-bielorusse-trouve-refuge-en-pologne-20200905
Lorsque les ouvriers russes lisent ça, leur sang ne fait qu’un tour ! On parle beaucoup de la haine des polonais pour les russes, mais l’inverse est vrai aussi !
Nos camarades du BKDP ont dans leurs mains tout le nécessaire pour amener le joueur d’échecs Poutine à considérer que le pion Tchoukanchenko doit être sacrifié au service de la reine.
Pour cela comme je le dit il doit faire sortir de terre au plus vite un Comité Central de la grève en Bielorussie.
Ce Comité Central doit s’il veut se rapprocher des syndicats ouvriers russes prendre ses distances avec le Conseil de coordination, simple outil au service des chancelleries occidentales.
Ce Comité Central doit puiser son énergie révolutionnaire -exclusivement- dans le prolétariat biélorusse et russe, pour commencer et dans le but de maintenir à distance les nervis de Tchoukanchenko, il doit au plus vite mettre en place des milices ouvrière, des détachements d’autodéfense.
« … Ce n’est pas un révolutionnaire, mais un parasite impuissant, qui capitulera demain devant le fascisme et la guerre, celui qui peut passer sous silence la tâche de l’armement des ouvriers. La tâche de l’armement en elle-même, comme en témoigne l’histoire, est parfaitement soluble. Si les ouvriers ont vraiment compris qu’il y va de leur vie, ils trouveront des armes. Leur expliquer la situation politique sans rien leur cacher, sans rien atténuer, en bannissant tout mensonge consolant, est le premier devoir du Parti révolutionnaire. Comment se défendre en effet contre un ennemi mortel, si l’on n’oppose pas à chaque couteau fasciste deux couteaux, et à chaque revolver deux revolvers ? Il n’existe pas et il ne peut pas exister d’autre réponse… »
Accessoirement nos camarades du BKDP ( vous devriez les encourager ) seraient très avisés de faire circuler dans les usines de Minsk ce type de littérature trotskyste » la IV Internationale et la guerre « , s’ils ne veulent pas vivre rapidement leur propre Berezina .
https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1934/06/34061000.htm
Si les ouvriers ont vraiment compris qu’il y va de leur vie, ils trouveront des armes et un armement théorique chez Trotsky, et certainement pas chez les petits bourgeois démocrates du Conseil de Coordination !
Nos camarades du BKDP ne vont pas nous tourner les talons, parce qu’ils savent que la vraie camaraderie, c’est d’ expliquer une situation politique sans rien leur cacher, sans rien atténuer, en bannissant tout mensonge consolant, que c’est le premier devoir du groupe révolutionnaire français : » arguments pour la lutte sociale » .
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Ton message est démesuré et repose largement sur des erreurs factuelles. Le BKPD ne nous dit pas » qu’il peut créer des comités de grève et pas un comité central de la grève », il aide à la formation de comité de grève et en a impulsé plusieurs, d’autres s’étant formés sans lui, et il ne nous « dit’ pas qu’il ne peut pas créer un comité central de grève, il appelle à en former un. Il ne participe pas au Conseil de coordination – c’est le président du comité de grève de l’usine de tracteur de Minsk (non membre ni responsable du BKPD) qui en est membre, du moins jusqu’à son arrestation … « se rapprocher des syndicats ouvriers russes » ne veut rien dire si on ne précise pas desquels et en l’occurrence le BKPD est en relation avec la KTR c’est-à-dire les syndicats indépendants.
Tu reconstruis la réalité. C’est cela notre divergence, pas sur « la démocratie » qui serait contre-révolutionnaire ou révolutionnaire. Une seule citation devrait ici suffire : « analyse concrète d’une situation concrète ». Si on fait cela on saisit que l’aspiration à des élections libres est le contenu révolutionnaire du mouvement réel. « Ne rien cacher, ne rien atténuer », ne saurait consister à imaginer, inventer, et lâcher toutes sortes de mots, tantôt élus traitres des travailleurs, tantôt révolutionnaire qui s’ignore, sur ce pauvre BKPD …
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Bonjour camarade Vprésumey.
Tout en m’excusant si je commets quelques erreurs factuelles sur qui contrôle des comités de grève ici ou là, qui siège directement dans le conseil de coordination, je ne peux te laisser écrire que » notre divergence » ne serait pas ta ligne démocratique et ma ligne communiste, mais ma propension à délirer et à » reconstruire » une réalité.
« Tu reconstruis la réalité. C’est cela notre divergence, pas sur « la démocratie » qui serait contre-révolutionnaire ou révolutionnaire »
Camarade ta ligne de la démocratie est contre révolutionnaire, et c’est toi qui le montre à chacune des lignes que tu écris. Une seule citation devrait ici suffire :
« …Nous ne préconisons pas le « mélange » des deux formes (Conseil de coordination et comité national de grève), nous appelons au contraire à bien les distinguer, mais leur « mélange » est tout à fait possible dans la réalité. C’est un développement concret. Dans le Conseil de coordination, on a « l’ombre de la bourgeoisie », et nous sommes contre l’association organique avec l’ombre de la bourgeoisie, mais ceci peut éclater… »
Première erreur de ta part : dans ce conseil de coordination ce n’est pas l’ombre de la bourgeoisie qui est entrain d’asphyxier la révolution mais la bourgeoisie libérale biélorusse.
Deuxième erreur : parfaitement conscient comme tu es que des représentants du prolétariat siègent dans ce conseil bourgeois, tu es bien obligé d’admettre que « leur « mélange » est tout à fait possible dans la réalité ( tu vois juste ), mais tu ne t’en formalises pas plus que ça, car cette association capital-travail peut théoriquement selon toi » éclater » !
En d’autre terme, inutile d’avoir un » conseil national de grève « , une structure ouvrière, la structure d’organisation bourgeoise suffit. Dans ce conseil de coordination, il faut lutter de l’intérieur, pour que dans le « développement concret » de la révolution, les représentants du prolétariat fassent « éclater » la contradiction existante entre les proclamations de foi révolutionnaires de la bourgeoisie biélorusse dite démocratique, et la réalité de sa politique de simple valet comprador aux ordres de Berlin Varsovie et ou Washington.
Troisième erreur chez toi et pas la moindre :
« …La conscience réelle des larges masses et des secteurs ouvriers les plus avancés n’est pas ici « le pouvoir aux soviets » mais « élections libres garanties par l’organisation des travailleurs ». Je suis pour appuyer cela à fond… »
La négation chez toi du rôle avant gardiste d’un parti (syndicat) ouvrier révolutionnaire, d’un parti communiste. Un parti communiste n’ayant pas à venir troubler le sommeil des prolos avec cette histoire de » … dictature du prolétariat avec les milices, le parti et les soviets… »., puisque de toute façon, ces concepts révolutionnaires sont pour eux hors de portée. Le processus du développement de la démocratie réelle doit suffire à nos affaires.
Alors certes ta politique sur la ligne de la démocratie et de l’unité de fait avec les démocrates bourgeois ne peut pas produire « une idéale dictature du prolétariat avec les milices, le parti et les soviets », mais de là à affirmer comme tu le fais, qu’elle est de nature cette politique à nourrir: « …une situation dont la dynamique continuera à avancer, à affronter l’ordre existant… », à mon avis là, ce n’est pas moi qui rêve, mais bien toi qui construit une réalité qui n’existe pas.
Conclusion : La révolution, c’est le mouvement réel, dénoncer les camarades communistes jamais content, comme je peux l’être et comme tu le fais, certes cela à court terme doit pouvoir faire le jeu … des démocrates, mais à terme et ne te fais aucune illusion là dessus, cela fait toujours et partout, le lit de la contre-révolution et de la réaction, le lit de Tchoukanchenko aussi.
Il faut au plus vite que nos camarades du syndicat BKPD proclame un Comité National de la Grève.
C’est par exemple ce qui a le plus manqué à la SNCF et à la RATP en début d’année !
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Dans le monde réel, il y a des classes composées elles-mêmes d’individus vivants, et pas des incarnations de la « ligne de la démocratie » que combattent de valeureuses incarnations de la « ligne communiste ».
Dans la Bélarus réelle, ce n’est pas la « bourgeoisie libérale » (libérale, la bourgeoisie ? … passons) qui est en train d’ « asphyxier la révolution », c’est l’État capitaliste de Loukatchenko qui la combat férocement. La « bourgeoisie biélorusse » a un dirigeant n°1, Loukatchenko.
La contradiction principale au moment présent oppose les manifestants aux Omon, les travailleurs aux directions et aux « syndicats » officiels, la nation au pouvoir. C’est cela la forme et le contenu réels de la lutte de classe en Bélarus.
Je suis tellement selon toi convaincu qu’il est « inutile » d’avoir un comité national de grève que si tu es en mesure d’en parler, c’est parce que tu as appris l’existence de cette bataille dans nos articles !
Je te signales d’ailleurs que tu te contredis : tu nous explique qu’il faut « lutter de l’intérieur » du Conseil de coordination. Camarade Eninel, est-ce à dire que tu appelle au front populaire et à l’union sacrée en entrant dans l’organe que dirige la « bourgeoisie libérale » ? Gare !
Dire que ce que veulent les masses ce sont des élections libres à tous les niveaux, avec destruction de l’appareil d’État depuis l’Omon de base jusqu’au président Loukatchenko, ne signifie pas que les prolos sont endormis et qu’il faut (ce dont tu m’accuses) les bercer, ou (ce que tu prétends) « troubler leur sommeil », mais que le mouvement réel de la révolution, hé bien ce sont justement les élections libres à tous les niveaux et la destruction de l’appareil d’État qui les interdit. Le mouvement vers les comités de grève et vers le comité national de grève se développe dans cette perspective et pas autrement. S’opposer à « la démocratie » soi-disant incarnation de la « bourgeoisie libérale » conduit très logiquement à s’opposer au mouvement réel du prolétariat vers la révolution.
Tu devrais aller au bout de ta logique : ne pas exiger, par mon intermédiaire, que le BKPD « proclame » un comité national de grève, mais le proclamer toi-même ! Avant comme après la « proclamation », la question concrète de la marche en avant du mouvement réel demeure.
Tu réajuste effectivement la réalité ( dans ce cas-là, à partir des infos que nous donnons) en fonction de catégories abstraites. Loin d’être endormis, les ouvriers de Belaruskali et d’autres, tout en ignorant ces catégories, sont engagés, pour la démocratie, dans la révolution, parce qu’ils ont un axe : « Dehors Loukatchenko, élections libres ».
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