Depuis le 11 août 2020 une grève générale politique est engagée en Bélarus/Biélorussie sur les revendications suivantes : départ du président-dictateur Loukatchenko, libération de tous les prisonniers politiques, élections libres.

Des comités de grève ont été élus dans les plus grandes usines et mines du pays. Ils cherchent à se fédérer nationalement mais leurs membres sont souvent arrêtés. Les syndicats indépendants se développent cependant que les syndicats officiels sont désertés par les travailleurs.

Appuyées sur ce mouvement de grève, les manifestations pour le départ de Loukatchenko ont repris depuis le 11 août et entraînent tous les dimanches autour d’un million de manifestants dans ce pays de 10 millions d’habitants, dont des centaines de milliers dans sa capitale, Minsk.

Depuis la rentrée scolaire le 31 août, la jeunesse étudiante et lycéenne est elle aussi dans la rue.

Les revendications démocratiques ont pour contenu social l’exercice du pouvoir par la majorité, et donc la fin des CDD obligatoires et des contrats de travail individuel de ce paradis capitaliste qu’est en réalité la Bélarus.

Les femmes, depuis le début, occupent une place particulière, affirmée et puissante, dans ce mouvement sous toutes ses formes.

La répression a causé officiellement 3 morts, et environ 80 « disparus ». 10.000 personnes ont été kidnappées par les Omon et condamnées à des peines le plus souvent de quelques jours de prison, durant lesquels se produisent coups, tortures, viols …

Les dirigeants politiques européens n’ont pris de position pour appeler à la « fin des violences » que fort tardivement au vu d’une situation qui les inquiète, car le peuple veut chasser un président !

La sympathie des peuples voisins est très puissante, particulièrement celle du peuple russe. Poutine soutient Loukatchenko depuis que celui-ci l’a appelé à l’aide et s’est engagé à se plier à ses conditions. L’intervention de l’État, de l’armée et des « organes » russes ne fait aucun doute. Mais elle est impopulaire en Russie, où même les syndicats officiels doivent se prononcer contre l’envoi de troupes comme de briseurs de grève.

Soyons clairs : la révolution ouverte en Bélarus, qui vise à la démocratie réelle et dont la classe ouvrière, les femmes et la jeunesse sont le fer de lance, qui s’inscrit à la fois dans une histoire longue renvoyant aux luttes des peuples d’Europe centrale et orientale au temps de l’URSS, et dans la vague actuelle de crises politiques et d’insurrections dans le monde entier, est un fait d’une importance centrale.

On ne saurait parler de solidarité, d’Europe et d’internationalisme sans se prononcer en faveur de la défense, de la protection, du soutien actif au peuple bélarusse et à la grève générale bélarusse.

Ceci est un test pour le mouvement ouvrier et pour les partisans conséquents des libertés démocratiques.

C’est pourquoi, les premières prises de position de centrales syndicales françaises, à savoir Solidaires, la FSU, et tout particulièrement la CGT qui s’est prononcé le 17 août en solidarité avec les syndicats indépendants bélarusses, doivent être saluées et constituent un point d’appui pour la lutte. Mais cela ne suffit pas.

Où sont les appels à se rassembler devant les ambassades bélarusse et russe (toutes deux situées dans la même zone de Paris XVIème …) ?

La défense du Hirak en Algérie, des manifestants anti-corruption en Bulgarie, du droit à l’auto-détermination catalane, des manifestants contre la corruption et le népotisme au Liban … exigent que la solidarité envers la plus importante crise révolutionnaire et le plus grand mouvement ouvrier européen du moment présent soit mise en avant !

Où sont les organisations se réclamant du trotskysme ou de l’anarchisme ? Où sont les organisations étudiants et lycéennes ?

Il est temps et plus que temps d’imposer l’ACTION.

  • Dehors Loukatchenko !

  • Libération de tous les prisonniers politiques ! Liquidation de la police politique et jugement des tortionnaires !

  • Élections libres ! Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ! Démocratie jusqu’au bout : tout le pouvoir aux élus mandatés et révocables du peuple souverain !

Prenant nos responsabilités, Argument Pour la Lutte Sociale appelle les organisations et les militants à signer cet appel à organiser un rassemblement devant les ambassades, à ce que tous les syndicats prennent position. Bas les pattes devant les ouvriers bélarusses ! Protection de la révolution !

Nous discuterons de ces enjeux et des mesures qu’ils nécessitent à notre réunion-débat du 13 septembre.