Le congrès du NPA se tient de demain, vendredi 9 décembre, à dimanche. Le devenir de cette organisation semble ouvert et ne peut laisser indifférents les militants ouvriers. La lecture des trois textes d’orientation proposés – plate-forme B de la « majo » englobant P. Poutou et O. Besancenot, plate-forme C groupant plusieurs « fractions oppositionnelles », la confrontation principale concernant ces deux-là, la plate-forme A, d’une autre « fraction » pour qui il faut écrire un programme de transition du monde contemporain (certes, certes …) étant un peu à l’écart-, nous inspire les brèves réflexions qui suivent et qui les concernent toutes les trois.

Premièrement, on ne semble pas être dans un pays où, il y a trois ans, des centaines de milliers de prolétaires sous l’habit et le nom de « Gilets jaunes » ont tenté, littéralement, de prendre d’assaut la présidence de la V° République. Que la tonalité soit plutôt pessimiste (plate-forme B : la crise du capitalisme menace la vie sur terre, le racisme monte, le fascisme rampe, ça sent mauvais …) ou optimiste-tressautante (plate-forme C : partout des révoltes, des soulèvements, des insurrections, mais ce ne sont pas des révolutions car elles ne disposent pas des idées révolutionnaires que nous détenons !), une analyse de ce mouvement réel comme socle semble manquer, et du coup toute perspective relative à la question du pouvoir en France partant des mouvements sociaux réels est non seulement absente, mais nullement pensée et envisagée comme pouvant être ne serait-ce qu’une question à se poser. Il ne reste dès lors comme perspectives possibles que le soutien interne et/ou externe à la NUPES et surtout à LFI, et/ou un imaginaire « pôle révolutionnaire » préconisant « les luttes, les luttes », mais la centralisation de celles-ci contre le pouvoir, qui s’est déjà produite plusieurs fois et que la faiblesse actuelle de l’exécutif tentant sa « réforme des retraites » va soulever à nouveau comme une possibilité, n’est pas envisagée. Un petit effort encore pour être des révolutionnaires concrets et les pieds sur terre semble ici nécessaire.

Deuxièmement, le NPA dans son ensemble se situe, sur la question-clef de l’Ukraine, dans le bon camp internationaliste, malgré les effluves rémanentes de campisme que nous avons ça et là (en particulier du côté de la plate-forme C et du courant « Démocratie révolutionnaire » chez qui l’invocation rassurante de « l’OTAN, l’OTAN » veut suggérer entre les lignes qu’il ne faudrait pas armer les Ukrainiens), mais il semble que le fait que cette question est un axe de ruptures et de regroupements en grande partie nouveaux, au plan international, qui ont commencé à se réaliser dans la pratique avec le Réseau Européen de Solidarité avec l’Ukraine, l’Ukraine Socialist Solidarity Campaign et maintenant leur regroupement et leur extension vers l’Asie, n’est pas encore saisi.

Par conséquent, la surface des choses qui préoccupe les militants du NPA avec ce congrès se rabat sur deux questions liées : quelles relations avec et/ou dans la NUPES et LFI, et que faire des « fractions » ? Arborons un profil « attractif » pour pouvoir mettre le pied dans la NUPES et LFI, dit la plate-forme B, et pour cela que les fractions se soumettent ou se démettent. Arborons un profil « combatif » pour pouvoir être « le » pôle des révolutionnaires dans les luttes, dit la plate-forme C. Les composantes de celle-ci n’ont pas envie de se soumettre et de fermer leur gueule, ce qui se comprend, et s’attendent donc à être sorties, à sortir ou les deux en même temps ; attendant la chose avec satisfaction, le CCR (Courant Communiste Révolutionnaire dirigé par le PTS argentin, sorti-sortant du NPA avant les présidentielles) a donc placé une embuscade sous la forme d’un « congrès de fondation d’une nouvelle organisation révolutionnaire » les 16-17 décembre prochains, ayant la mirifique ambition de constituer un 5° « gros » pas-de-porte « trotskyste » en France en plus des 4 existant déjà, sans plus de clarté sur le mouvement réel du prolétariat et la question du pouvoir en France, et encore moins sur la guerre impérialiste de Poutine contre l’Ukraine.

Disons-le franchement : les « contradictions de la LFI » comme dit la plate-forme B, et les allées et venues de fractions autour d’un « pôle des révolutionnaires », comme dit la plate-forme C, ne nous empêchent pas de dormir car elles ne permettent pas d’aller de l’avant dans la lutte des classes réelle. Par contre, on voit bien qui se mobilise et qui ne se mobilise pas en solidarité avec le peuple ukrainien, qui ergote sur « l’OTAN, l’OTAN » et qui n’ergote pas, et ceci opère une sélection de fait qu’il va bien falloir saisir, exprimer et acter, que cela plaise ou non, qu’on en soit chagriné ou pas.

De même, les prochaines luttes de classes en France, bien avant toute convergence d’appareils grands et petits, qu’elles soient électorales ou micro-fractionnelles, vont opérer de telles sélections dans la pratique et, surtout, des regroupements. Et les deux processus, international et français, vont se combiner de plus en plus.

Nous aimerions nous retrouver dans un tel regroupement – réellement internationaliste et agissant réellement pour la centralisation des combats de classe en France contre l’exécutif – avec la grande majorité des camarades du NPA, quel que soit leur positionnement interne d’aujourd’hui, cela ne fait aucun doute.

Nous leur souhaitons donc un bon congrès, c’est-à-dire un congrès qui se saisisse plus des questions politiques soulevées dans ce petit article, que ses plates-formes préparatoire ne le permettent !

La rédaction, le 08-12-2022.