Présentation

A l’approche de ce rendez-vous politique crucial, non seulement aux USA mais aussi au niveau mondial, qu’est l’élection présidentielle américaine de novembre prochain, nous publions cette contribution de John Reimann, animateur du blog OaklandSocialist et membre de l’USSC (Ukraine Socialist Solidarity Campaign).

Bien entendu, cette publication n’épuise pas le débat sur l’appréciation de la situation politique aux USA et ses répercussions sur la politique mondiale.

Contribution de John Reimann

Nota : the original english text is available after the french text.

Les prochaines élections américaines seront les plus importantes depuis l’élection d’Abraham Lincoln en 1860. Ces élections ont déclenché la guerre civile aux États-Unis. Étant donné l’énorme influence du capitalisme américain à travers le monde, cela signifie que les résultats auront une dimension mondiale. C’est pourquoi il est important que les travailleurs et les socialistes du monde entier comprennent ce qui se passe ici.

Nous devons commencer par quelques caractéristiques historiques générales de la culture américaine, spécificités qui résultent de la manière unique dont le capitalisme s’est développé ici.

  • Premièrement : la société américaine a depuis longtemps une forte tendance au pragmatisme et à l’anti-intellectualisme. Les résultats immédiats sont tout ce qui compte, c’est le mode de pensée dominant.
  • Deuxièmement : même s’il n’est pas vrai qu’il n’y a pas de conscience de classe aux États-Unis, celle-ci est plus faible ici que dans d’autres pays industrialisés.

L’une des conséquences de ces tendances est que les États-Unis sont le seul pays du monde industrialisé à n’avoir jamais eu de parti de masse de la classe ouvrière. Tout cela combiné avec le rôle du stalinisme après la Seconde Guerre mondiale. Il y a eu une guerre de 75 ans pour effacer toutes les meilleures traditions de la classe ouvrière américaine et du mouvement syndical américain. Ces traditions comprenaient le rôle dirigeant des socialistes, la défiance massive à l’égard de la police et des tribunaux, les occupations d’usines et la lutte pour rompre avec le Parti démocrate et construire un parti de la classe ouvrière. Chaque composante de la direction syndicale a participé à cette guerre largement victorieuse.

La mondialisation du capitalisme a également joué un rôle important. Aux États-Unis, les travailleurs, en particulier ceux de l’industrie, se sont retrouvés dans une concurrence de plus en plus aiguë avec les travailleurs du Mexique, de Chine et d’ailleurs, à celui qui travaillerait le moins cher. C’est ce qu’on a appelé le « nivellement par le bas » et cela a entraîné ici la perte de millions d’emplois industriels. Les médias capitalistes n’ont cessé de prétendre qu’après une période de réajustement, la situation irait mieux que jamais. « Une marée montante soulève tous les bateaux », tel était le refrain. Des dizaines de millions de travailleurs l’ont accepté à contrecœur pendant des années, mais il est ensuite devenu clair que cela n’arriverait pas. Le résultat a été une méfiance massive à l’égard des médias. « Les médias grand public mentent » est devenu l’opinion générale, et cela s’est appliqué non seulement à l’analyse des médias mais aussi aux faits réels rapportés par les médias.

En conséquence, les partis dominants de la classe capitaliste américaine ont perdu une grande partie de leur capacité à influencer la masse des électeurs américains. Par exemple, en 2016, ils ont favorisé Jeb Bush comme candidat républicain. Sa candidature s’est effondrée comme un château de cartes dès que Trump a fait feu sur lui.

Alors que Trump a fait d’importants cadeaux aux capitalistes, notamment d’énormes réductions d’impôts, la majorité de cette classe ne l’a pas soutenu. L’une des raisons principales était sa politique étrangère. Trump a une longue histoire de blanchiment d’argent pour le compte des oligarques russes. Cela l’a rapproché de Poutine, et de toute façon, Trump a une affinité naturelle pour les dirigeants autoritaires. En conséquence, Trump a fait à de nombreuses reprises des concessions à Poutine, la plus importante étant l’affaiblissement de l’OTAN.

Sur le plan intérieur, Trump s’est orienté vers l’établissement d’une dictature personnelle – le bonapartisme, en d’autres termes. L’exemple le plus clair était sa volonté d’instaurer la loi martiale lors des manifestations contre le meurtre de George Floyd, puis à nouveau après sa défaite aux élections de 2020. Ce qui l’en a empêché, ce n’est pas un soulèvement de la classe ouvrière ; c’étaient les représentants les plus directs de la classe capitaliste, les hauts gradés militaires. Le plus haut commandant militaire de Trump, Mark Miley, président des chefs d’état-major interarmées, a déclaré publiquement que l’armée américaine était loyale à la Constitution américaine, et non à n’importe qui, et que les commandants obéiraient à tous les « ordres légaux ». Cela impliquait qu’ils désobéiraient à un ordre illégal, comme déclarer la loi martiale ! D’autres ailes de la bureaucratie gouvernementale ont également résisté aux tendances plus autoritaires de Trump.

Incapable de rester au pouvoir grâce à la loi martiale, Trump a tenté d’y parvenir en contestant les élections en justice. Ces recours étaient si fragiles et auraient dû réussir [pour avoir un effet] dans tant d’États américains que même la Cour suprême nommée par Trump ne pouvait pas se prononcer en sa faveur. Alors Trump s’est mis à essayer de réparer le « collège électoral ». Pour ceux qui vivent hors des États-Unis : Selon la Constitution américaine, les électeurs ne votent pas directement pour un candidat à la présidentielle ; ils votent en fait pour l’une ou l’autre liste d’« électeurs » qui se sont engagés à voter pour leur candidat. Donc, ce que Trump et son équipe ont fait, c’est essayer de faire en sorte que les électeurs de Trump deviennent les électeurs officiellement reconnus dans plusieurs États que Biden avait lui effectivement remportés.

L’équipe de Trump a d’abord échoué dans cette tentative. Alors lui et son équipe ont joué la montre. Le 6 janvier 2021 était le jour où les votes seraient comptés au Congrès, faisant de Biden le vainqueur officiel. Trump & Co. ont pensé que s’ils pouvaient retarder la procédure de trois ou quatre jours, ils pourraient exercer suffisamment de pression sur certains membres du Congrès pour annuler le vote officiel. Tel était le but de la journée d’émeute du 6 janvier.

Les principaux dirigeants républicains, y compris le principal sénateur républicain américain Mitch McConnell, ont d’abord été horrifiés par cet événement et ont dénoncé Trump. Mais grâce au soutien de la base du Parti républicain, Trump a pu rapidement mettre les dirigeants du Congrès au pas. Il consolide alors son emprise sur l’ensemble du Parti républicain de haut en bas. Quelques républicains de premier plan n’ont pas suivi le mouvement. Il s’agissait notamment de l’ancien candidat républicain à la présidentielle et sénateur américain Mitt Romney et de la principale Représentante républicaine Liz Cheney. Trump a organisé la destitution de Cheney et Romney sera le prochain à l’expiration de son mandat. D’autres Républicains moins connus ont également été démis de leurs fonctions ou ont pris leur retraite à la fin de leur mandat. Pour y parvenir, Trump a utilisé sa base fanatique de militants de base au sein du Parti républicain. Bien que cette base puisse être minoritaire parmi l’ensemble des électeurs, elle représente plus des deux tiers des électeurs Républicains. À ce jour, la base de Trump refuse de reconnaître qu’il a perdu les élections de 2020.

Biden

Biden a fait campagne sur le thème de la restauration de « l’âme » de l’Amérique. Ce qu’il entendait par là, c’est son vœu de revenir à l’époque où les partis républicain et démocrate travaillaient main dans la main et où le racisme, le nationalisme, l’homophobie et la suprématie masculine étaient sous contrôle. Une fois au pouvoir, il s’est éloigné des politiques économiques néolibérales de ses prédécesseurs démocrates. Au lieu de cela, il a fait adopter environ « 19 programmes de politique industrielle explicitement locale, totalisant quelque 80 milliards de dollars de dépenses autorisées » pour reconstruire l’industrie américaine. À cela s’ajoutaient des milliards de dollars en chantiers de nettoyage environnemental. Il l’a fait pour deux raisons : premièrement, il reconnaissait que la destruction des emplois industriels américains dans le passé avait été à l’origine de la confusion qui a créé le soutien à Trump & Co. Deuxièmement, la rivalité avec l’impérialisme chinois ; Biden a compris que pour rivaliser, et éventuellement pour mener une véritable guerre avec la Chine, la capacité industrielle américaine devrait être reconstruite.

L’augmentation de l’inflation de 2023 en est en partie le résultat, car l’augmentation de la demande s’est heurtée à des goulots d’étranglement dans l’approvisionnement et la distribution. (Il y a eu aussi d’autres causes à l’inflation.)

Biden continue cependant de vivre dans le passé. Il pense pouvoir revenir à l’époque où les Républicains et les Démocrates dirigeaient ensemble le capitalisme américain. C’est ce qu’on appelle le « bipartisme ». Il lui a fallu trois ans pour se rendre compte que le Parti républicain d’aujourd’hui ne reviendra jamais à ce qu’il était autrefois – une voix conservatrice raisonnable pour le capitalisme américain – et il recule toujours devant les conclusions. La faiblesse de l’administration Biden s’illustre dans l’homme que Biden a nommé procureur général, Merrick Garland.

Depuis que Biden a pris ses fonctions, il était clair que Trump avait été au centre de tous les efforts visant à renverser le résultat des élections de 2020. Il y avait eu aussi le scandale de la fuite de Trump avec des centaines de documents classifiés, dont certains étaient hautement secrets. Non seulement Trump a pris ces documents illégalement, mais il s’est rendu coupable d’entrave. Il a menti aux agents du FBI et a défié les ordonnances du tribunal lui ordonnant de restituer les documents. Pourtant, Garland a été si lent à agir contre cette violation flagrante que même les membres de son propre parti au Congrès – les Démocrates du Congrès – ont commencé à le critiquer ouvertement pour son inaction. Finalement, deux ans après son entrée en fonction, Garland a cédé et a nommé un procureur spécial pour enquêter sur les actions de Trump et, si cela se justifiait, engager des poursuites pénales. Ce retard de deux ans signifie qu’aucune de ces affaires ne sera conclue le jour du scrutin et que les plus graves d’entre elles ne seront même probablement engagées qu’après les élections. Si Trump gagne, elles seront toutes arrêtées.

Cela nous amène donc à la campagne électorale, qui démarre désormais sérieusement. En 2020, Biden avait déclaré que cette fois il garderait la place pour un candidat plus jeune. Alors à 81 ans, pourquoi se présente-t-il à nouveau ? Bien sûr, l’ego doit jouer un rôle, mais il y a probablement plus que cela. À mon avis, cela a probablement beaucoup à voir avec une probable crise au sein du Parti démocrate qui s’ouvrirait s’il démissionnait. Et ne vous y trompez pas, Biden et l’écrasante majorité de la classe capitaliste américaine sont extrêmement inquiets d’une seconde présidence Trump.

Une future présidence Trump

En 2022, la Fondation Heritage, d’extrême droite, s’est associée à d’autres groupes encore plus à droite pour produire ce qu’elle a appelé le « Projet 2025 ». C’est un plan d’action pour Trump s’il revient à la Maison Blanche. En tête de liste, Trump devrait prendre le contrôle personnel et direct du ministère de la Justice (DOJ), y compris du FBI (le corps national chargé de l’exécution des lois). Comme dans l’armée, le DOJ et le FBI sont dotés de fonctionnaires formés à l’application de la Constitution américaine. Cela signifie en fait maintenir la démocratie capitaliste dans toutes les circonstances, sauf les plus extrêmes. Il est largement admis que Trump utiliserait un tel contrôle personnel pour poursuivre et éventuellement emprisonner les principaux dirigeants démocrates, ce qui est du jamais vu dans l’histoire des États-Unis.

Trump a déclaré qu’il purgerait le FBI et les agences similaires. Cela place les socialistes dans une situation extrêmement étrange car il faudrait s’opposer à une telle purge. Parce qu’il les remplacerait par des agents qui lui sont personnellement fidèles. Nous devrions voir cela dans le contexte où Trump a qualifié ceux qui ont été emprisonnés pour leur rôle dans les émeutes du 6 janvier de « grands patriotes » et d’« otages ». Il a dit qu’il gracierait la plupart d’entre eux. Trump aurait prévu d’organiser une veillée devant la prison de Washington DC, où sont emprisonnés 97 de ces émeutiers. Sur les 97 émeutiers, 92 ont été reconnus coupables d’agression contre un agent des forces de l’ordre. Trump soutient ces émeutiers en même temps qu’il se pose en candidat de « la loi et l’ordre » ! Trump ne se limiterait pas non plus au contrôle des forces de l’ordre fédérales. Des manifestations massives contre lui et sa politique suivraient inévitablement son entrée en fonction. En 2019 et 2020, Trump a voulu utiliser l’armée américaine et déclarer la loi martiale. Il a appris quelque chose de la résistance des hauts officiers militaires. Il est largement admis qu’il purgerait leurs rangs et élèverait les vrais fanatiques au sein de l’armée, y compris peut-être même le fasciste nationaliste chrétien Michael Flynn.

Tout cela renvoie au rôle général de la bureaucratie fédérale. La grande majorité des fonctionnaires fédéraux sont protégés de toute ingérence politique. Un plan qui est proposé au sein de l’équipe Trump porte le nom de « Programme F ». Dans le cadre de ce plan, Trump pourrait licencier jusqu’à 50.000 fonctionnaires fédéraux. Il n’aurait pas besoin de les licencier presque tous pour placer toutes les branches de la fonction publique sous son contrôle direct et personnel. Il suffirait de licencier un ou deux fonctionnaires dans un bureau particulier pour mettre le reste des travailleurs de ce bureau au pas.

La politique étrangère de Trump est bien illustrée par l’activité de son ancien directeur par intérim du renseignement national, Richard Grenell. Grenell a parcouru le monde et rencontré différents dictateurs, notamment un groupe de l’extrême droite dure au Guatemala qui tentait d’annuler les résultats des élections dans ce pays. Cela se passe aussi dans le contexte d’une réunion privée de Trump avec Viktor Orbán. En d’autres termes, Trump s’efforce de saper la politique étrangère de Biden. C’est sans précédent dans la politique américaine bourgeoise. Selon une pratique admise, « nous parlons d’une seule voix ; la politique s’arrête à la frontière américaine ; il n’y a qu’un seul président ». En d’autres termes, tout candidat bourgeois à la présidence cède la politique étrangère au président en exercice aussi longtemps que celui-ci est en fonction. La violation par Trump de cette pratique est liée à sa préférence pour les dictateurs du monde entier.

En ce qui concerne l’Europe, Trump a déclaré qu’il dirait à Poutine de « faire ce qu’il voulait » en ce qui concerne l’invasion d’autres pays et il ne fait aucun doute qu’il mettrait fin à toute aide américaine à l’Ukraine. En fait, les informations d’aujourd’hui rapportent que Biden envisage de placer toutes les armes destinées à l’Ukraine sous le contrôle de l’OTAN, pour empêcher une présidence Trump d’arrêter cette livraison d’armes. Ce serait une mesure sans précédent aux États-Unis.

Trump est resté plutôt silencieux en ce qui concerne Israël/Palestine parce qu’il sent qu’il a l’opportunité de saper le soutien de Biden sur cette question. Alors qu’il était le président le plus pro-israélien durant son mandat. C’est son administration qui a élaboré l’accord d’Abraham en vertu duquel l’Arabie saoudite et d’autres régimes arabes allaient conclure un accord avec Israël. C’est sous son administration que l’ambassade américaine a été transférée à Jérusalem. Et il a encouragé la poursuite de la construction de colonies. En ce qui concerne l’avenir, son gendre, le promoteur immobilier Jared Kushner, a déclaré que Gaza offrait un très bon potentiel immobilier et que les résidents actuels pourraient être déplacés. De plus, sa base se situe parmi les chrétiens évangéliques, qui comptent parmi les partisans les plus fanatiques d’Israël. Il pourrait donc esquiver et se dérober maintenant, mais il est pratiquement certain qu’il serait encore plus pro-israélien que Biden.

En ce qui concerne les autres questions politiques : nous pouvons prédire la mort imminente de la protection de l’environnement et des politiques climatiques déjà faibles, une augmentation des attaques contre les personnes LGBTQ, une augmentation des attaques contre les immigrants (en particulier ceux d’Amérique latine), une privatisation accrue de l’éducation publique et une guerre culturelle intensifiée en particulier dans les campus universitaires. Cela inclurait probablement également des attaques contre des groupes universitaires pro-palestiniens. Il y a sûrement d’autres aspects similaires d’une seconde présidence Trump auxquels je ne pense pas ou qui ne peuvent pas être prédits, ou les deux.

Attitude de la classe capitaliste

Jusqu’à récemment, l’écrasante majorité de la classe capitaliste américaine soutenait Biden. Pourquoi, après tout, voudraient-ils avoir affaire avec un cinglé instable à la Maison Blanche, cela menace sérieusement la méthode avec laquelle ils gouvernent depuis plus de 150 ans ? Leur attitude se reflète dans le fait que Niki Haley, la principale rivale de Trump pour l’investiture républicaine, a continué à récolter de l’argent même après qu’il est devenu clair qu’elle ne pourrait pas vaincre Trump. Non seulement cela, mais la campagne de Biden dépasse de loin celle de Trump en termes de financement de campagne. Cependant, tout n’est pas à sens unique.

Biden a été quelque peu poussé vers la gauche, par exemple en ce qui concerne la taxation des sociétés et également en ce qui concerne la protection de l’environnement. Le New York Times a récemment résumé les attitudes de la classe capitaliste américaine dans un article intitulé Biden and Corporate America ? C’est « compliqué ». Ils ont écrit : «La relation de M. Biden avec les entreprises américaines est une relation compliquée », a déclaré Neil Bradley, vice-président exécutif et directeur des politiques à la Chambre de commerce des États-Unis… qui a ajouté « Vous pouvez envisager une administration Trump avec beaucoup plus d’incertitude, mais du point de vue de son orientation, l’effort de régulation visait à alléger les coûts réglementaires », « Ici, dans l’administration Biden, nous avons une assez bonne idée de la direction qu’ils vont prendre – la seule question c’est à quel point cela va être écrasant en termes de niveau réglementaire ? » Et donc, chose intéressante, beaucoup de gens disent : « Le chaos, c’est mieux. » Ceci est en partie destiné à faire pression sur Biden, mais c’est aussi en partie exact.

L’absence quasi totale sur une longue période de la classe ouvrière américaine en tant que force politique indépendante influe également sur la pensée de la classe capitaliste américaine. Cela encourage les tendances réactionnaires les plus agressives de capitalistes tels que Tim Mellon, héritier de la fortune du banquier Andrew Mellon, et également de certains membres du secteur des technologies. Ce secteur relativement jeune est aux mains de quelques capitalistes qui ont une vision complètement anhistorique ; tout ce qu’ils voient, c’est le présent. Peter Thiel, entrepreneur de la Silicon Valley, en est un exemple. De plus, maintenant que Trump a pratiquement verrouillé l’investiture républicaine et qu’il semble avoir de très bonnes chances de remporter les élections générales, certains capitalistes font des dons à sa campagne simplement pour attirer les faveurs d’une nouvelle administration Trump sur leurs intérêts individuels.

Attitude de la classe ouvrière

La classe ouvrière américaine est tellement fragmentée et confuse qu’on ne peut même pas vraiment parler de l’attitude de la classe ouvrière en général à l’égard des élections. Un aspect majeur de toute élection présidentielle est l’image physique que présente le candidat. Biden a un problème de bégaiement depuis longtemps. Cela donne l’impression qu’il rencontre des difficultés à enchaîner des phrases complètes, ce qui ajoute à son image de personne ayant perdu une certaine acuité mentale. Trump peut déclamer, s’extasier et dire des choses absolument absurdes, mais il n’a tout simplement pas cette image d’avoir dépassé la limite d’âge.

En outre, la campagne démagogique de Trump attise encore davantage l’ambiance réactionnaire. Pour donner un exemple : récemment, un énorme cargo a perdu de la puissance alors qu’il quittait le port de Baltimore. Le navire a heurté l’un des piliers d’un pont immense et a provoqué l’effondrement du pont. Les chaînes d’information qui soutiennent Trump sont immédiatement passées à la vitesse supérieure. Certains ont laissé entendre que cela était dû à une sorte de complot terroriste. D’autres ont réussi, d’une manière ou d’une autre, à imputer l’effondrement au fait que le maire de Baltimore est noir. Juste des trucs absolument fous – et racistes – et la base de Trump les a avalés. Autre exemple : chaque agression verbale que Trump prononce contre un juge qui a statué contre lui, ou contre un procureur ou un témoin à charge, est suivie de centaines de menaces de mort contre l’objet de sa colère. Cela dure depuis des années et Trump n’a jamais dit un seul mot pour décourager ça. Il y a eu quelques attaques contre les bureaux locaux du FBI, mais cela ne me surprendrait pas si des agressions graves, y compris des meurtres, résultaient de comportements de cette sorte. Bien sûr, si cela se produit, Trump niera toute responsabilité.

Biden espère que la relance de l’économie américaine lui fera gagner des voix dans la classe ouvrière, en particulier chez les travailleurs de l’industrie et des secteurs similaires. Jusqu’à présent, cela ne se produit pas. Parmi eux, les partisans de Trump sont tellement prisonniers de la spirale du déni scientifique, du sectarisme et de la politique d’intimidation qu’ils sont pratiquement aveugles au rapport entre l’amélioration de leur situation économique et la politique économique de Biden.

Lors du vote primaire démocrate dans l’État du Michigan, plus de 100.000 électeurs ont voté « sans engagement » plutôt que de voter pour Biden. Cela a inspiré un individu du Texas à changer légalement son nom en « Literally Anybody Else » – Littéralement n’importe qui d’autre-, et il tente d’inscrire ce nom sur le bulletin de vote pour participer au vote primaire dans plusieurs États. S’il réussit, il est certain qu’il obtiendra des dizaines de milliers de voix, voire plusieurs fois plus.

Résultat possible des élections

Il est impossible de prédire avec certitude le résultat des prochaines élections. Si elle avait lieu aujourd’hui, Trump remporterait probablement la majorité des voix des électeurs (c’est tout ce qui compte). Mais cela s’inscrit dans le contexte où Biden est celui qui est vraiment dans la ligne de mire, en particulier en ce qui concerne Israël/Palestine. Dans les mois à venir, Trump sera probablement contraint de s’exprimer ouvertement sur cette question.

Une dynamique similaire est à l’œuvre concernant le droit à l’avortement. Dans le passé, Trump s’était vanté d’avoir nommé les juges de la Cour suprême qui ont supprimé le droit garanti des femmes à l’avortement. Après cela, les Républicains ont subi une défaite électorale après l’autre, dans un État après l’autre, sur cette question. Aujourd’hui, Trump reste silencieux là-dessus, mais s’il est forcé de s’exprimer (à nouveau), cela sera certainement à son désavantage.

Prenez la Floride, par exemple. Cet État détient l’un des plus grand nombre de votes d’électeurs et est devenu républicain ces dernières années. Mais l’année dernière, le gouvernement républicain a adopté deux lois extrêmement répressives contre l’avortement. La deuxième loi interdit fondamentalement l’avortement après six semaines de grossesse. Aujourd’hui, une initiative électorale vient d’être qualifiée pour le scrutin qui consacrerait le droit à l’avortement dans la constitution de l’État. Dans d’autres États, y compris ceux dirigés par les Républicains, de telles propositions ont été facilement adoptées. Cette initiative produira davantage d’électeurs de tendance démocrate en Floride. Non seulement cela, mais Trump (et le sénateur républicain américain, candidat à sa réélection) sera contraint de prendre position sur cette initiative électorale. Cela les placera dans une position très difficile car, compte tenu de leur histoire passée, ils ne peuvent pas la soutenir. Si Biden remporte la Floride, ce qui est désormais possible bien que cela reste un peu improbable, il serait très difficile pour Trump de gagner au niveau national.

Il est aussi difficile d’imaginer que des millions d’électeurs ne vont pas commencer à prendre davantage conscience de la menace extrême qu’il représente pour les droits démocratiques. D’un autre côté, nous ne devrions jamais sous-estimer l’extrême myopie et l’égoïsme de la population américaine. Par exemple, un candidat démocrate au Congrès a récemment déclaré que la plupart des électeurs avec lesquels il s’entretient sont principalement préoccupés par le fait de pouvoir se permettre d’acquérir ce qu’ils souhaitent acheter. Ça ressemble à « Néron joue du violon pendant que Rome brûle ».

Et puis il y a la candidature de Robert F. Kennedy Jr., qui se présente en tant que candidat individuel (et non sur une affiliation de parti particulière). C’est un théoricien du complot. C’est essentiellement du Trump Lite. Il a récemment déclaré dans une interview que c’était Biden qui mettait la démocratie en danger et non Trump. Kennedy obtient un soutien d’environ 20 % selon les sondages, et ce chiffre pourrait augmenter, en particulier dans certains États. Il n’est pas exclu qu’il obtienne une majorité de voix dans un ou deux États. Dans le cas d’élections serrées, cela pourrait signifier qu’aucun candidat n’obtient la majorité (plus de 50 %) des voix du collège électoral. Selon la Constitution, dans cette situation, la Chambre des représentants des États-Unis choisit le prochain président. Mais ils votent sur la base d’une voix pour chaque État, quelle que soit la taille relative de sa population. Étant donné que la plupart des États les plus petits (en termes de population) sont sous contrôle Républicain et que le nombre de ces États est supérieur à celui des États plus grands, cela signifie que la Chambre des représentants nommera définitivement Trump, quel que soit le faible nombre de voix qu’il obtient.

Pouvez-vous imaginer le tollé qui s’ensuivrait, surtout si Biden obtenait plus de votes populaires ou encore plus de votes au collège électoral ?

Et c’est ici que les plans de Trump prennent toute leur importance. Il a récemment déclaré que s’il gagnait, il serait un dictateur, « mais seulement pour un jour ». Cela lui suffirait pour déclarer la loi martiale même s’il était accueilli par d’énormes protestations le jour de son investiture.

La position socialiste ouvrière

À une époque révolue, les différences entre les Républicains et les Démocrates étaient largement éclipsées par la nécessité d’exiger que les syndicats rompent avec les Démocrates et ouvrent la voie à la construction d’un parti politique de masse pour la classe ouvrière. C’est pourquoi pratiquement tous les socialistes sérieux, y compris cet auteur, ont refusé de voter pour un quelconque Démocrate. Cette situation a changé, même si de trop nombreux « révolutionnaires » refusent de le voir. Aujourd’hui la différence entre les deux partis est la différence entre la dictature populiste d’extrême droite et la démocratie bourgeoise (ou capitaliste). Bien entendu, cette dernière est coupable de toutes sortes de crimes historiques et le sera encore davantage à l’avenir. Mais quiconque refuse de voir à quel point il sera plus difficile de s’organiser sous la dictature démagogique d’une seule personne n’est tout simplement pas sérieuse. Cette conclusion doit se résumer dans la façon dont nous votons, ce qui signifie voter pour Biden et les autres démocrates.

Des millions d’opposants à la participation de Biden à la guerre génocidaire d’Israël se sentiront révulsés à l’idée de voter pour lui. Ils veulent le punir pour son rôle criminel. Pour être tout à fait direct, c’est comme se tirer une balle dans le pied. Après tout, qui souffrira réellement si Trump revient au pouvoir ? Son gendre Jared Kushner a été son principal envoyé auprès du monde arabe pendant le premier mandat de Trump. Kushner est désormais officiellement en faveur du nettoyage ethnique à Gaza et du développement de colonies israéliennes haut de gamme le long de la côte de Gaza. Ce n’est pas un hasard si Kushner et Trump sont tous deux des promoteurs immobiliers.

Mais voter simplement pour Biden et rentrer chez soi n’est pas du tout une solution. Biden et les démocrates ont prouvé qu’au mieux tout ce qu’ils pouvaient faire était de freiner temporairement la marée MAGA/QAnon. Pour commencer à inverser cette tendance, les débuts d’un mouvement de masse dans au moins un secteur significatif de la classe ouvrière et de la jeunesse ouvrière est nécessaire – un mouvement dans les rues, les écoles et les communautés ouvrières et au sein des syndicats eux-mêmes. Il est impossible de prédire comment et dans quelles circonstances un tel mouvement pourrait se développer. Cela pourrait être dû à un scandale choquant dans les mois à venir. Cela pourrait l’être si Trump est installé à la présidence. Quelles que soient les circonstances, les socialistes sérieux doivent être à l’affût, même des prémices d’un tel mouvement. Ils – nous – trouveront sûrement des occasions de lier les questions spécifiques du mouvement à une campagne pour l’indépendance de la classe ouvrière, les débuts d’un parti de masse de la classe ouvrière, la solidarité internationale de la classe ouvrière et pour le socialisme.

JR, avril 2024.

Traduction par nos soins.

The upcoming U.S. elections, by John Reimann

The upcoming U.S. elections will be the most consequential since Abraham Lincoln was elected in 1860. That election touched off the US Civil War. Given the enormous influence that U.S. capitalism has throughout the world, this means the results will be global. That is why it is important for workers and socialists internationally to understand what is happening here.

We must start with a couple of general historic tendencies in U.S. culture, tendencies that result from the unique way in which capitalism developed here.

  • First: U.S. society has long had a strong tendency towards pragmatism and anti-intellectualism. Immediate results are all that matters is the thinking.
  • Second: While it is not true that there is no class consciousness in the United States, it is weaker here than other industrialized countries.

One result of these tendencies is that the U.S. is the only country in the industrialized world that has never had a mass working class political party.

All of these combined with the role of Stalinism following WW II. There was a 75 year war to erase all the best traditions of the US working class and the US union movement. Those traditions included the leading role of socialists, mass defiance against the police and the courts, factory occupations, and the struggle to break from the Democratic Party and build a working class party. Every wing of the union leadership participated in this largely successful war.

The globalization of capitalism also played a powerful role. Workers in the United States, especially industrial workers, were thrust ever more deeply into competition with workers in Mexico, China and elsewhere for who would work more cheaply. It was called the “race to the bottom” and it resulted in millions of lost industrial jobs here. The capitalist media continually claimed that after a period of readjustment things would get better than ever. “A rising tide lifts all boats,” was the refrain. Tens of millions of workers grudgingly accepted that for years, but then it became clear it was not going to happen. The result was a massive distrust of the media developed. “The mainstream media lies” was the thinking, and this was applied not only to the media’s analysis but to the actual facts the media reports.

As a result, the mainstream of the US capitalist class lost a major part of its ability to influence the masses of US voters. For example, in 2016, they favored Jeb Bush as the Republican nominee. His candidacy collapsed like a house of cards as soon as Trump trained his fire on him.

While Trump made major gifts to the capitalists, especially huge tax cuts, the mainstream of that class did not support him. One of the main reasons was his foreign policy. Trump had a long history of laundering money for the Russian oligarchs. This brought him close to Putin, and anyway Trump has a natural affinity for authoritarian rulers. As a result, time and again Trump made concessions to Putin, the greatest one of which was weakening NATO.

Domestically, Trump moved towards establishing a one person dictatorship – Bonapartism, in other words. The most clear example was his desire to establish martial law during the protests against the murder of George Floyd and then again once he lost the 2020 election. What prevented him from doing so was not an aroused working class; it was the most direct representatives of the capitalist class – the military tops. Trump’s top military commander, Mark Milley, the Chairman of the Joint Chiefs of [Military] Staff, went on record as saying that the US military is loyal to the US Constitution, not to any individual and that the commanders will obey every “lawful order”. The implication was that they would disobey an unlawful order, such as declaring martial law! Other wings of the government bureaucracy resisted Trump’s more authoritarian tendencies also.

Unable to remain in power through martial law, Trump tried to do so through court challenges to the elections. These challenges were so flimsy and they would have had to succeed in so many states that even the Trump-appointed Supreme Court could not rule in his favor. So Trump then turned to trying to fix the “electoral college”. For those living outside the United States: By the U.S. Constitution, voters do not vote directly for a presidential candidate; they in effect vote for one or another slate of “electors” who are pledged to vote for their candidate. So what Trump and his team did was try to get the Trump electors’ to become the officially recognized electors in several states which Biden had actually won.

Trump’s team initially failed in that effort. So he and his team played for time. January 6, 2021 was the day the electoral votes would be counted in congress, making Biden the official winner. Trump & Co. figured that if they could delay the proceeding for three or four days they could put enough pressure on some members of congress to reverse the official vote. That was the purpose of the January 6 riot.

The mainstream Republican leaders, even including the top Republican US Senator Mitch McConnell, were initially horrified at that event and denounced Trump. But because Trump has the support of the base of the Republican Party, he was able to quickly bring the congressional leaders into line. He then consolidated his hold over the entire Republican Party from top to bottom. A few top Republicans didn’t fall in line. These included former Republican presidential candidate and US senator Mitt Romney and top Republican Representative Liz Cheney. Trump engineered Cheney’s removal from office and Romney will be next when his term expires. Other lesser known Republicans were also removed or retired when their terms were up. In order to accomplish this, Trump used his fanatical base of rank and file activists within the Republican Party. While that base may be a minority among voters as a whole, they are over ⅔ of Republican voters. To this day, Trump’s base refuses to recognize that he lost the 2020 election.

Biden
Biden campaigned for office on the theme of restoring the “soul” of America. What he meant was returning to the days when the Republican and Democratic Parties worked hand in hand and when racism, nationalism, homophobia and male supremacy were kept under control. Once in office, he moved away from the neo-liberal economic policies of his Democratic predecessors. Instead, he pushed through an estimated “19 explicitly place-based industrial policy programs—adding up to some $80 billion of authorized spending” to rebuild US industry. Added to that was billions in environmental clean ups. He did this for two reasons: First was that he recognized that the decimation of US industrial jobs in the past had been a basis for the confusion that created the support for Trump & Co. Second was the rivalry with Chinese imperialism; Biden saw that to compete, and possibly to fight an actual war with China, US industrial capacity would have to be rebuilt.

The increased inflation of 2023 was a partial result of this as increased demand met bottlenecks in supply and distribution. (There were also other causes of inflation.)

Biden continues to live in the past, though. He thinks he can return to the days when the Republicans and Democrats jointly steered US capitalism together. “Bipartisanship” it’s called. It has taken him three years to realize that today’s Republican Party will never return to what it once was – a reasonable conservative voice for US capitalism – and he still shrinks from the conclusions.

The poster child for the weakness of the Biden administration has been the man Biden appointed as attorney general, Merrick Garland. From the time Biden took office, it was clear that Trump had been at the center of all the efforts to overturn the 2020 election. There was also the scandal of Trump having absconded with hundreds of classified documents, some of which were highly, highly secret. Not only did Trump take these documents illegally, he was guilty of obstruction. He lied to FBI agents and defied court orders to return the documents. Yet Garland was so slow in moving against this blatant scofflaw that even members of his own party in congress – congressional Democrats – started openly criticizing him for his inaction. Finally, two years after taking office, Garland relented and appointed a special prosecutor to investigate Trump’s actions and, if warranted, bring criminal charges. This two year delay means that none of those cases will be concluded by election day and the most serious of them probably won’t even be started until after the election. If Trump wins, they all will be thrown out.

And so that brings us to the election campaign, which is now starting in earnest. In 2020, Biden had said that he would be a “place holder” for a younger candidate this time around. So at 81 years old why is he running again? Of course, ego must play a role, but there’s probably more than that. In my opinion, it probably has a lot to do with a likely crisis within the Democratic Party that would follow if he stepped down. And make no mistake, Biden and the overwhelming majority of the US capitalist class have been extremely worried about a second Trump presidency.

A future Trump presidency
In 2022 the far right Heritage Foundation combined with other even further right wing groups to produce what they called “Project 2025”. That is a plan of action for Trump if he gets back into the White House. On top of the list is for Trump to take direct personal control over the Department of Justice, including over the FBI (the national law-enforcement body). Like with the military, the DOJ and the FBI are staffed with civil servants who are schooled in enforcing the US Constitution. This means in effect maintaining capitalist democracy in all but the most extreme of circumstances. It is widely thought that Trump would use such personal control to go after and possibly imprison top Democrats, something that is unheard of in US history.

Trump has said he would purge the FBI and similar agencies. This places socialists in an extremely strange situation because we would have to oppose such a purge. That’s because he would replace them with agents who are personally loyal to him. We should see this in the context of Trump’s calling those who were imprisoned for their role in the Jan. 6 riot “great patriots” and “hostages”. He’s said he would pardon most of them. Trump is reportedly planning on holding a vigil outside the Washington DC prison where 97 of these rioters are imprisoned. Of the 97 rioters, 92 were convicted of assault on a law enforcement officer. Trump supports these rioters at the same time as he poses as the “law and order” candidate!

Nor would Trump confine himself to control over federal law enforcement. Mass protests against him and his policies would inevitably follow his taking office. In 2019 and 2020 Trump wanted to use the US military and declare martial law. He learned something from the resistance of the top military officers. It is widely thought that he would purge their ranks and elevate the real fanatics within the military, possibly even including the Christian nationalist fascist Michael Flynn.

All of this gets to the general role of the federal bureaucracy. The great majority of federal bureaucrats are protected from political interference. A plan that is being floated in Team Trump goes under the name of “Schedule F”. Under this plan, Trump would be able to fire up to 50,000 federal civil servants. He would not have to fire anywhere near all of them to bring all wings of the civil service under his direct, personal control. All it would take would be the firing of just one or two civil servants in a particular office to bring the rest of the workers in that office into line.

Trump’s foreign policy can best be seen by the activity of his former acting director of national intelligence, Richard Grenell. Grenell has been traveling the world, meeting with different dictators including a hard line far right group in Guatemala that was trying to overturn the election results there. This comes in the context of Trump having a private meeting with Viktor Orbán. In other words, Trump is working to undermine Biden’s foreign policy. This is unprecedented in US bourgeois politics. According to accepted practice, “we speak with one voice; politics stops at the US border; there is only one president”. In other words, any bourgeois contender for the presidency cedes foreign policy to the sitting president as long as that individual is in office. Trump’s violation of this practice is related to his preference for dictators around the world.


Regarding Europe, Trump has said he would tell Putin to “do whatever the hell he likes” as far as invading other countries, and there is not the slightest doubt that he’d end all US aid to Ukraine. In fact, in today’s news it’s being reported that Biden is considering placing any arms set to go to Ukraine under NATO control to prevent a President Trump from stopping that arms flow. That would be an unprecedented step by the US.

Trump has been pretty silent regarding Israel/Palestine because he senses his chance to undercut Biden’s support there. But when he was the most pro-Israel president during his term. It was his administration that engineered the Abraham Accord under which Saudi Arabia and other Arab regimes were going to make a deal with Israel. It was under his administration that the US embassy was moved to Jerusalem. And he encouraged the continued building of settlements. As for a hint to the future, his real estate developer son-in-law Jared Kushner has said that Gaza offers some really good real estate potential and that the present residents could be moved away. Not only that, but his base is among the evangelical Christians, who are some of the most fanatical supporters of Israel. So he might duck and dodge right now, but it’s virtually certain he’d be even more pro-Israel than is Biden.

As for other policies: We can predict the near death of environmental protection and already weak climate policies, increased attacks on LGBTQ people, increased attacks on immigrants (especially those from Latin America), increased privatization of public education and stepped up culture war especially on college campuses. This last would probably also include attacks on pro-Palestine college campus groups. There are probably other similar aspects of a second Trump presidency that I’m either not thinking of or can’t be predicted in advance or both.

Attitude of the capitalist class
Until recently, the overwhelming majority of the US capitalist class has been supporting Biden. Why, after all, would they want an unstable nut case in the White House, one that seriously threatens the method through which they have ruled for over 150 years? Their attitude is seen in the fact that Niki Haley, Trump’s main rival for the Republican nomination, continued to rake in the big bucks even after it became pretty clear that she could not defeat Trump. Not only that, but Biden’s campaign is far outpacing Trump’s in campaign cash.

However, it is not all one way.

Biden has been driven to the left somewhat, for example in regard to taxing corporations and also regarding environmental protections. The New York Times recently summed up the attitudes of the US capitalist class in an article entitled Biden and Corporate America? It’s ‘Complicated’They wrote: ‘Mr. Biden’s relationship with corporate America “is a complicated one,” said Neil Bradley, the executive vice president and chief policy officer at the U.S. Chamber of Commerce…. “You can look at a Trump administration with a lot more uncertainty, but directionally, the regulatory effort was moving to lighten the regulatory costs,” [Bradley] said. “Here in the Biden administration, we have a pretty good idea where they’re going to go — it’s just how crushing is it going to be in terms of the regulatory level? And so, interestingly, there’s a lot of people saying, ‘The chaos is better.’” This is partly meant to pressure Biden but it also is partly accurate.

The long term near total absence of the US working class as an independent political force also affects the thinking of the US capitalist class. It encourages the most aggressively reactionary tendencies of such capitalists as Tim Mellon, heir to the Andrew Mellon banking fortune and also some members of the tech sector. That relatively young sector is composed of some capitalists who have a completely ahistorical outlook; all they see is the present. Silicon Valley entrepreneur Peter Thiel is an example of this.

Additionally, now that Trump has all but locked up the Republican nomination and since he seems to have a very good chance of winning the general election, some capitalists are donating to his campaign simply to curry favor for their individual interests in a new Trump administration.

Attitude of the Working Class

The US working class is so fragmented and confused that one cannot really even talk about the attitude of the working class in general towards the election. A major aspect in every presidential election is the physical image the candidate presents. Biden has a long term problem with stuttering. This makes him seem to have difficulty stringing full sentences together, which in turn adds to his image of having lost some mental sharpness. Trump can rant and rave and say absolutely nonsensical things, but he simply doesn’t have that image of being past his prime.

Furthermore, Trump’s demagogic campaign is whipping up the reactionary mood even more. To give one example: Recently a huge cargo ship lost power as it was leaving the port of Baltimore. The ship hit one of the towers of a major bridge and actually caused the bridge to collapse. Trump supporting news channels immediately went into overdrive. Some implied it was due to some sort of terrorist conspiracy. Others somehow managed to blame the collapse on the fact that the mayor of Baltimore is black. Just absolutely crazy – and racist – stuff, and Trump’s base ate it up. Another example: Every verbal assault he makes on a judge who’s ruled against him, or a prosecutor or a witness against him is followed by hundreds of death threats to the object of his ire. This has gone on for years, and Trump has never said a single word to discourage it. There have been a few attacks on local FBI offices, but it would not surprise me if some serious assaults including murders resulted from this sort of thing. Of course, if it happens, Trump will deny all responsibility.

Biden is hoping that the revival of the US economy will win him working class votes, especially of industrial and similar workers. So far, it is not happening. The Trump supporters among them are so caught up in the spiral of science denialism, bigotry and the politics of bullying that they are nearly oblivious to the connection between their improved economic fortunes and Biden’s economic policies.

In the Democratic primary vote in the State of Michigan, over 100,000 voters voted “uncommitted” rather than cast a vote for Biden. This inspired a character in Texas to legally change his name to “Literally Anybody Else”, and he is trying to get on the ballot for the primary vote in several states under that name. If he succeeds, it is certain he will get tens of thousands of votes, if not many times more than that.

Possible outcome of elections
It is impossible to predict the outcome of the coming election with any degree of certainty. If it were held today, Trump would probably win the majority of the elector votes (which is all that counts). But that is in the context of Biden being the one who’s really in the cross hairs, especially regarding Israel/Palestine. In the coming months, Trump will likely be forced out in the open on this issue.

A similar dynamic is at work regarding abortion rights. In the past, Trump had bragged that he had appointed the Supreme Court judges who eliminated women’s guaranteed right to an abortion. After that, the Republicans suffered one election defeat after another in one state after another around that issue. Now, Trump is silent on the issue, but if he is forced out into the open (again) this will definitely be to his disadvantage.

Take Florida, for example. It has one of the highest number of electoral votes and in recent years it has gone Republican. But in the last year, the Republican state government passed two extremely repressive laws against abortion. The second such law basically prohibits abortion after six weeks of pregnancy. Now, a voter initiative was just qualified for the ballot which would enshrine abortion rights in the state constitution. In other states, including Republican-run ones, such initiatives have passed easily. This initiative will bring out more Democratic leaning voters in Florida. Not only that, but Trump (and the Republican US senator, who is running for reelection) will be forced to take a position on this voter initiative. That will place them in a very difficult position since given their past history they cannot support it. If Biden wins Florida, which is now possible although still a bit unlikely, it would be very difficult for Trump to win nationally.

Also, it is hard to imagine that millions of voters won’t start to become more conscious of the extreme threat he poses to democratic rights. On the other hand, we should never underestimate the extreme short sightedness and selfishness of the U.S. population. For example, one Democratic candidate for congress recently reported that most voters he speaks with are mainly concerned about being able to afford what they want to buy. This is like “Nero fiddles while Rome burns.”

Then there is the candidacy of Robert F. Kennedy Jr., who is running as an individual candidate (vs. on any particular party line). He is a conspiracy theorist. He is basically Trump Lite. He recently said in an interview that it is Biden who places democracy at risk, not Trump. Kennedy is polling about 20% support and that could go up, especially in some individual states. It is not ruled out that he could win a plurality of votes in one or two states. In a close election, that could mean that no candidate receives a majority (over 50%) of the electoral college votes. According to the Constitution, in that situation the US House of Representatives chooses the next president. But they vote based on one vote for each state, no matter the state’s relative population size. Since most of the smaller (in population) states are Republican controlled, and since the number of these states is greater than the larger states, this means that the House of Representatives will definitely appoint Trump, no matter how few votes he gets.

Can you imagine the uproar that would ensue, especially if Biden gets more popular votes or even more electoral college votes?

And here is where Trump’s plans come into focus. He recently said that if he wins, he’ll be a dictator, “but only for one day”. That would be enough for him to declare martial law if and when he is greeted by huge protests on the day of his inauguration.

The working class socialist position

In a bygone era the differences between the Republicans and the Democrats were vastly overshadowed by the need to demand that the unions break from the Democrats and lead the way towards building a mass working class political party. That is why virtually all serious socialists, this writer included, refused to vote for any Democrat. That situation has changed, although all too many “revolutionaries” refuse to see it. Now, the difference between the two parties is the difference between far right populist dictatorship and bourgeois (or capitalist) democracy. Of course the latter is guilty of all sorts of historic crimes and will be guilty for more in the future. But anybody who refuses to see how much more difficult it will be to organize under one person, demagogic dictatorship simply is not serious. That conclusion must be encapsulated in how we vote, which means voting for Biden and other Democrats.

Millions of opponents of Biden’s participation in Israel’s genocidal war will feel repulsed at voting for him. They want to punish him for his criminal role. To be quite blunt, that is like cutting off one’s nose to spite one’s face. Who, after all, will really suffer if Trump gets back in? His son-in-law Jared Kushner acted as his main envoy to the Arab world during Trump’s first term in office. Kushner is now on record as advocating ethnic cleansing in Gaza and the development of high-end Israeli settlements along Gaza’s coast. It is no accident that both Kushner and Trump are real estate developers.

But simply voting for Biden and then going home is no solution at all. Biden and the Democrats have proven that at best all they can do is temporarily hold back the MAGA/QAnon tide. To start to reverse that tide the beginnings of a mass movement of at least a significant sector of the working class and working class youth is necessary – a movement in the streets, working class schools and communities and inside the unions themselves. How, under what circumstances such a movement could develop is impossible to predict. It could be from some shocking outrage in the coming months. It could be if Trump is installed as president.

Whatever the circumstances, serious socialists must be on the lookout for even the beginnings of such a movement. They – we – will surely find opportunities to link up the specific issues of the movement with a campaign for working class independence, the beginnings of a mass working class party, international working class solidarity, and for socialism.

JR