Le secrétaire de l’Union Départementale de la CGT du Nord, Jean-Paul Delescaut (après avoir été kidnappé chez lui par un commando d’hommes en armes commandités par la préfecture de police – a été condamné à un an de prison avec sursis pour « apologie du terrorisme ». On notera le ridicule d’une peine avec sursis pour quelque chose d’aussi lourd qu’est censé être l’« apologie du terrorisme ». Suite aux provocations du Hamas (dont l’Iran vient de reconnaître officiellement la paternité dans un communiqué du « Conseil de la coalition des forces de la révolution islamique »), l’UD CGT du Nord avait, temporairement, mis en ligne un texte, le 10 octobre, comportant la phrase : « Les horreurs de l’occupation illégale se sont accumulées. Depuis samedi, elles reçoivent les réponses qu’elles ont provoquées. »

Le fait de penser que cette phrase est politiquement erronée, et exige une discussion sans concession sur ce qui s’est réellement passé le 7 octobre, n’a rien à voir avec la solidarité la plus élémentaire contre la répression, qui n’a rien d’impartial et qui opère au compte d’un État lui-même incapable de qualifier ce qui s’est passé alors. « Terrorisme », exigent que l’on récite les sbires du pouvoir en France, avec Macron et Netanyahou. « Crime de guerre », veulent s’en tenir à dire ceux pour qui il n’y aurait eu que des excès dans le cadre d’une guerre légitime contre un occupant colonial. On peut aussi considérer qu’il ne s’agissait pas d’un acte de guerre anticoloniale, mais de tout autre chose inspirant le mot « pogrom », et ayant ouvert la voie à la destruction de Gaza par l’armée israélienne.

Quoi qu’il en soit, Darmanin-Macron et leurs préfets n’ont aucune légitimité, aucun droit, pour dire ce que l’on a ou pas le droit de dire et d’arbitrer cette discussion dont ils ne font pas partie. Solidarité totale avec Jean-Paul Delescaut contre la répression : exigeons la levée de cette condamnation inique !

De même, Rima Hassan, candidate franco-palestinienne pour LFI aux élections européennes, est convoquée par la police judiciaire pour être entendu « librement » (mais l’on sait que l’on peut se retrouver en garde à vue, c’est-à-dire séquestré, à l’issue de telles convocations) sur « des faits d’apologie publique d’un acte de terrorisme ».

La confusion politique sur la nature des évènements du 7 octobre 2023 et de ce qui a suivi est saisie cyniquement par le pouvoir, en France, pour accuser militants de toutes tendances d’apologie du terrorisme, une accusation grotesque, infamante et démesurée.

Cette convocation fait suite aux évènements ayant eu trait à l’interdiction d’une conférence de Rima Hassan et de Jean-Luc Mélenchon dans les locaux de l’université de Lille, conférence qui a finalement eu lieu, mais pas à l’université. Cette interdiction, au motif de risque de trouble à l’ordre public, relève des manœuvres politiques de la préfecture du Nord, en relation avec l’exécutif Darmanin/Macron, qui a aussi visé l’UD CGT.

Dans cette situation, Aplutsoc applaudit des deux mains au message diffusé depuis quelques jours par Philippe Poutou et Olivier Besancenot :

« Pourquoi ne pas organiser ensemble un grand meeting unitaire de la gauche sociale et politique contre le cours répressif qui nous menace tous ? Pourquoi ne pas afficher cette large unité même dans une période électorale ? Le sursaut ou la routine qui risque de nous engloutir ? »

Oui, cela aurait de la gueule, l’unité « même en période électorale » pour la défense des libertés démocratiques. Et, naturellement, il s’agirait alors bien de l’unité pour la liberté et pour les libertés, pour la liberté d’expression, de manifestation et d’organisation, et contre la dénonciation calomnieuse comme « apologue du terrorisme » de quiconque pense autrement.

Il s’agirait de gagner contre Macron et Darmanin, pas de se faire valoir ni de gloser quant au fait de savoir si le président de l’université de Lille est le successeur d’Eichmann, comme l’a proclamé J.L. Mélenchon, répondant ainsi délibérément aux provocations du pouvoir par d’autres provocations tout aussi grotesques, et n’indiquant par là qu’une seule chose : que sa préoccupation n’est pas de gagner contre Macron ici et maintenant, n’est pas de faire valoir la défense de la démocratie contre l’arbitraire policier.

Oui, unité pour la levée de toute poursuite à l’encontre de Jean-Paul Delescaut, de Rima Hassan et de toutes et tous les autres, unité sans préalables ni conditions pour la défense de la liberté d’expression et de la démocratie !

La rédaction, le 22/04/2024.