Nos lecteurs, lectrices et ami.es sont invités à se servir abondamment de ce matériel, à le faire connaître pour élargir le soutien au peuple ukrainien en lutte contre l’impérialisme russe. Un excellent antidote pour démonter toute la propagande poutinienne qui, encore trop souvent, infecte certaines franges de la gauche, même celle qui se voudrait la plus radicale.

Document en téléchargement gratuit sur le site des éditions Syllepse :

L’éditorial de ce numéro : L’esprit de Haymarket Square

Par Romain Descottes, Patrick Le Tréhondat, Christian Mahieux, Mariana Sanchez, Patrick Silberstein (Membres des Brigades éditoriales de solidarité)

En cette veille de 1er Mai, alors que nous bouclons la 29e édition de Soutien à l’Ukraine résistante, une question, futile sans doute, nous taraude : y aura-t-il un défilé du 1er Mai à Moscou ? On le sait, cette journée de lutte internationale pour la défense des droits des travailleurs a été pendant des décennies l’occasion pour les maîtres du Kremlin de montrer leur puissance militaire destinée à la fois à réjouir les zélateurs de ladite « patrie des travailleurs » et à montrer les muscles à l’« impérialisme », le seul à leurs yeux. Tombée en désuétude – on comprend aisément pourquoi – après la chute de l’« empire » stalinien, la célébration du 1er Mai a été remise au goût du jour en 2014 par Vladimir Poutine. Celui-ci avait alors convoqué le peuple sur la place Rouge pour célébrer ce grand moment d’internationalisme prolétarien que fut le « rattachement » de la Crimée à la Fédération de Russie.

Peu nous importe de savoir si les nostalgiques des temps stalino-brejnéviens battront le pavé, avec ou sans l’appui du Kremlin. Peu nous importe que la Fédération des syndicats indépendants (sic !) de Russie appelle à manifester. Qu’est-ce qu’une telle fédération peut avoir à dire aux peuples du monde, elle dont l’invité d’honneur lors de son 12e congrès, le 4 avril dernier, était Vladimir Poutine.

Lequel a salué la « contribution active » du syndicat à l’« opération militaire spéciale » et sa « participation à la restauration des territoires historiques du Donbass et de Novorossiya ». Cette même fédération que notre ami et syndicaliste catalan, engagé avec la résistance ukrainienne, Alfons Bech a qualifié de « fascisme déguisé » en rappelant que le « syndicalisme international doit aller au-delà des approches prétendument pacifistes qui donnent carte blanche à ceux qui agissent de manière armée et sans respect du droit international contre les travailleurs, les syndicats et le peuple d’un autre pays ».

Dans les villes d’Ukraine soumises au feu de l’armée russe peut-être n’y aura-t-il pas de défilé… Peut-être le mouvement social ukrainien célébrera-t-il le 1er Mai dans les tranchées ou en manifestant sa résistance sociale à sa façon, compte tenu des circonstances… Nous n’en savons rien. Mais qu’importe.

Le 1er Mai c’est sur le front intérieur et sur la ligne de démarcation séparant l’Ukraine libre de l’Ukraine occupée que soufflera l’esprit de Haymarket Square. Il rôdera aussi dans les territoires occupés eux-mêmes, que certains osent considérer comme des territoires « disputés », tout comme il murmurera, évidemment, dans les rues des villes de la Fédération de Russie en bravant le talon de fer du régime.

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