Une politique militaire prolétarienne n’a de sens et ne peut finalement exister qu’orientée sur la question du pouvoir, comme Trotsky le notait, quelques heures avant son assassinat : il ne s’agit pas de s’autocongratuler dans le rôle de l’opposition d’extrême-gauche de l’ordre existant, il s’agit d’être candidats au pouvoir, c’est-à-dire d’aider le mouvement réel du prolétariat à s’emparer du pouvoir. Lorsque ce mouvement en vient à réclamer des armes, à s’en procurer, à imposer qu’on lui en distribue, cette question est à l’horizon. C’est pourquoi, la grande leçon de la PMP est aussi la mise en relation de la question des armes avec celle de la démocratie, des mots-d’ordre démocratiques posant la question du pouvoir, de quelle classe dirige, tel que l’assemblée constituante.
Le présent cahier revient sur cet impensé, ce refoulé, ce dénié, de toute l’histoire du trotskysme qui, très largement de ce fait, n’a jamais été ce qu’il prétendait être – l’Internationale de la victoire révolutionnaire : la « politique militaire du prolétariat ». Envers la guerre, le révolutionnaire qui s’honore de son abstentionnisme en disant « voyez comme c’est horrible la guerre, contre le capital, ses guerres et ses nationalismes, nous ferons la révolution en nous tenant, pour commencer, en dehors de tout cela », n’est sûr que d’une seule chose : jamais il ne permettra à une révolution de gagner. De même qu’il faut entrer dans la lutte des classes pour y mettre un terme, il faut entrer dans son expression concentrée, la guerre, pour en sortir.
A l’heure où sont écrites ces lignes, un camarade, Maksim Butkevitch, est dans les griffes de l’armée de Poutine pour être entré dans l’armée ukrainienne en s’affirmant antimilitariste et partisan de la fraternité des peuples, et pour cela même. Ceux qui croient que tout cela n’est que frénésie, littérature ou emballement la fleur au fusil, peuvent passer ici leur chemin. Celles et ceux qui veulent changer le monde ont par contre besoin de se ressaisir de cette histoire parce que c’est maintenant son heure, notre heure.
Politique militaire prolétarienne : le cadavre sort du placard. Tant mieux !,
par V. Présumey
Arguments pour la lutte sociale, Les cahiers d’APLutSoc n°3, septembre 2022,
110 pages, format 21×15 / prix : 5 €, + frais de port: 5 €
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Est-ce que nous sommes dans une situation analogue à celle de 1940, ou bien est-ce que la technique militaire est aujourd’hui tellement « raffinée » qu’il faudrait devenir soldat de métier pour la maîtriser? En d’autres termes, cette stratégie est-elle de nouveau valable aujourd’hui, ou vaut-il plutôt mieux se concentrer, exclusivement, sur la conscientisation des « masses »?
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On ne conscientise personne si on n’a pas de stratégie et d’action – au mieux, on recrute des disciples, qui seront un poids mort de plus opposé au mouvement réel. Cela dit, les analogies ont leur nécessité et leur limite. Mais l’argument en faveur d’une incorporation sérieuse des questions militaires dans la politique révolutionnaire aujourd’hui ne découle pas principalement de questions techniques, même si elles ont leur importance, mais des réalités politiques. Et il ne s’agit pas du tout de préconiser des armées de métier, c’est plutôt le contraire.
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Des choses intéressantes dans cet article :
https://reporterre.net/Megabassines-les-ingredients-d-une-lutte-efficace
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