Voici un billet bien senti de Nathalia Fontanot. Merci à elle :
TROTSKY REVEILLE-TOI, ILS SONT DEVENUS FOUS !
Je me souviens d’avoir vu le film, l’Aveu, de Costa Gavras, sur les procès staliniens en, 1951, en Tchécoslovaquie. Les accusés étaient des dirigeants communistes dont la majorité avait combattu au côté des républicains espagnoles. La quasi-totalité était d’origine juive. Presque tous furent condamnés à mort et exécutés, pour haute trahison, trotskysme, titisme, et sionisme.
Je me souviens du dernier plan du film, ce slogan écrit sur un mur :
« Lénine réveille-toi, ils sont devenus fous ! »
Aujourd’hui, j’aurais envie d’écrire sur un mur, concernant Lutte Ouvrière, le Parti Ouvrier Indépendant et le P.O.I.Démocratique :
« Trotsky réveille-toi, ils sont devenus fous ! ».
Je me souviens que pour chacune des tendances trotskystes, la lutte et la dénonciation de l’horreur stalinienne, était, avant la fin de l’URSS, leur ADN commune.
Je me souviens du soutien en 1953, du mouvement trotskyste français, quelle que soit sa tendance, à la révolte des travailleurs d’Allemagne de l’Est, en particulier à Berlin Est, contre l’augmentation des cadences et pour des augmentations salariales.
Je me souviens, qu’à l’époque, les staliniens traitaient les travailleurs allemands en lutte, légitime pour leurs conditions de vie, de nazis.
Je me souviens du soutien en 1956, du mouvement trotskyste français, quelle que soit sa tendance, aux révoltes des ouvriers polonais, puis de l’insurrection hongroise.
Je me souviens du soutien du mouvement trotskyste français, quelle que soit sa tendance, des dissidents soviétiques, dont celle, du mathématicien ukrainien, Léonid Plioutch, grâce à la campagne internationale d’un collectif initié et soutenu, entre autres, par l’OCI, avec le soutien du mathématicien, ancien trotskyste, Laurent Schwartz.
Je me souviens de la condamnation sans équivoque, du mouvement trotskyste français, quelle que soit sa tendance, de l’invasion de la Tchécoslovaquie par les armées du « Pacte » de Varsovie.
Je me souviens de la première page du journal, Lutte Ouvrière, sur laquelle était écrit, en 1970 : « Il n’y a pas de socialisme sans liberté », lors de la première insurrection ouvrière dans les chantiers navales de Gdansk et Gdynia en Pologne.
Je me souviens qu’à la manifestation pour le centenaire de la commune en 1971, organisée conjointement par la Ligue Communiste et Lutte Ouvrière que l’un des slogans était : « Mai 68, Indochine, Pologne, Non la commune n’est pas morte ».
Je me souviens que lorsque la Ligue Communiste avait édité « La lettre ouverte au Parti Ouvrier Polonais » de Kuron et Modzelewski », Lutte Ouvrière avait salué ces militants anti-staliniens, en écrivant dans le premier numéro de « Lutte de Classe » : « il s’agit d’un texte sérieux, d’une prise de position sans équivoque en faveur de la révolution socialiste et du prolétariat et comme tel, il est la preuve qu’il existe de l’autre côté du rideau de fer, des révolutionnaires qui se sont sérieusement attelés à la tâche de donner au prolétariat des perspectives de combat claires ».
Je me souviens du soutien de la Ligue Communiste à Rudolf Bahro, philosophe marxiste d’Allemagne de l’Est persécuté par Honecker et la Stasi.
Je me souviens du soutien, du mouvement trotskyste français, quelle que soit sa tendance, au militant trotskyste tchécoslovaque Peter Uhl, initiateur de la charte 77 dont était partie prenante le futur président Vaclav Havel.
Je me souviens du soutien du mouvement trotskyste, en 1980, à la grève générale des travailleurs polonais, en particulier, ceux des chantiers navals. Les militant.e.s trotskystes étaient, alors, dans leurs syndicats les plus résolu.e.s pour soutenir la création de Solidarinosc.
Aujourd’hui, face à l’agression/invasion de l’Ukraine par Poutine, hormis, le NPA, issu de la Ligue Communiste, et APLUTSOC (Arguments pour la Lutte Sociale) les autres organisations se prétendant héritières du combat politique de Léon Trotsky ont adopté des positions en rupture avec le trotskysme et se retrouvent à défendre des slogans pacifistes ambigus, dans un front commun avec des campistes sans principes et des néostaliniens.
La situation aujourd’hui est-elle différente ? Oui !
Aujourd’hui, l’alignement/soutien camouflé ou carrément assumé des campistes avec la politique criminelle de Poutine est bien plus grave que le soutien inconditionnel à la bureaucratie stalinienne de ceux.celles qui, au siècle dernier, par aveuglement politique, pensaient, à tort, que dénoncer les dictatures staliniennes affaiblissait le « camp progressiste et anti-impérialiste », sous prétexte que la bureaucratie soviétique soutenait empiriquement, pour ses intérêts propres, les luttes légitimes de mouvements révolutionnaires, anticoloniaux et les luttes de libération nationales.
Qu’y-a-t-il de progressiste, de rempart à l’OTAN, d’anti-impérialisme dans la politique actuelle de la Russie de Poutine ?
Comment la direction politique de Lutte Ouvrière peut-elle dans un article du dernier Lutte de Classe faire croire à ses militants et sympathisant que la Russie serait toujours un Etat Ouvrier dégénéré que les trotskystes devraient soutenir contre l’OTAN.
Les oligarques et la mafia russe, ces milliardaires avec leurs yachts à plusieurs millions d’euros, leurs comptes dans les paradis fiscaux, seraient, selon leur analyse, des bureaucrates, un peu benêts et incompétents qui n’ont pas su devenir de vrais capitalistes.
Comment peut-on comme le Parti Ouvrier Indépendant Démocratique, manifester au cri de « Pas une arme pour l’Ukraine », entérinant de fait l’annexion de région ukrainiennes entières par une Russie crypto-fasciste dont les services secrets, les offices de propagandes et de désinformation soutiennent et(ou) initient tous les réseaux complotistes et d’extrême droite à travers le monde ?
Comment le Parti Ouvrier Indépendant peut-il appeler à un cessez le feu et à la paix, sans conditions, alors que cela signifiera, en l’Etat actuel du rapport de force militaire, même avec la libération de Kherson, l’annexion, de fait de 20 % du territoire ukrainien sous le joug de la dictature poutinienne et ses mercenaires nazis du groupe Wagner ?
Trotsky écrivait que le régime nazi et le régime stalinien était deux planètes jumelles.
Aujourd’hui les Bolsonaros, les Trumps, les Poutines et leurs avatars habitent la même planète, celle du totalitarisme crypto-fasciste qui est un danger mortel pour le mouvement ouvrier, les libertés et acquis démocratiques et sociaux, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, le droit des femmes et des LGTB (la liste n’étant pas exhaustive).
Notre solidarité avec la lutte pour la démocratie et le socialisme des peuples du bloc soviétique contre la dictature stalinienne doit se prolonger aujourd’hui par le soutien à leur lutte pour l’auto-détermination nationale, la démocratie et le socialisme. Ces positions contre la lutte des Ukrainiennes et Ukrainiens aujourd’hui renient tout ce passé.
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ACCORD TOTal
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Accord total et….. désastre total! Cette partie de la gauche internationale qui défend ces position liées à la paix maintenant devraient discuter sérieusement avec les camarades en Ucraine. Sauf s’ils ne pensent, eux aussi, que là bas il n’y a que des nazi…..
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Au vu des attaques profondes de la Rada contre les droits des travailleurs et la Sécurité Sociale en Ukraine à la faveur de la guerre, la question qui se pose pour moi est : comment armer directement le mouvement social (la partie la plus consciente des classes laborieuses ukrainiennes) pour qu’il puisse se défendre, à la fin de la guerre contre l’occupant fasciste, contre le gouvernement et le parlement ultralibéraux d’Ukraine, voire, si le rapport de force le permet, le renverser? Ma crainte : que le gouvernement Selenksi s’appuie après la guerre sur une partie de l’armée qui lui resterait fidèle pour contenir ou réprimer le mouvement social. Comment agir pour prévenir ce scénario?
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Je pense que cette question est dans la tête de beaucoup de nous et la réponse réside en partie dans notre capacité de les soutenir maintenant, en guerre. Plus on les soutient maintenant, plus ils auront des cartes à jouer après. Plus on a la capacité, ici en Occident, de convaincre cette espèce de gauche avec laquelle on est confrontés, que pour vaincre après il faut avant tout refouler les soldats russes chez eux maintenant, plus on va augmenter les chances pour l’après guerre. Pas facile, mais c’est notre devoir ici.
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Cette question est discutée dans le Sotsialny Rukh, dont la position est d’ailleurs de combattre ces mesures sans attendre la fin de la guerre, et en soulignant qu’elle vont contre la victoire.
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