Le bruit de la coupe du monde a permis aux médias français de ne pas trop parler de ce qui s’est passé sur la scène diplomatique mondiale durant la dernière huitaine (dire cela ne vise pas le foot en lui-même, mais bien les choix médiatiques).
Or, il s’en est passé de belles. Pour résumer les choses rapidement : The Donald, Trump, s’est mis à casser la vaisselle, en sautant, en piétinant, et en chantant – disons plutôt en bégayant. Partout – sauf à Moscou.
Retour sur le crépusculaire G8.
Déjà le sommet du « G8 » les 9-10 juin dernier, avait été, avions-nous écrit, « crépusculaire »: effondrement de la « gouvernance économique mondiale », tendances à la dislocation du commerce international en pleine phase de reprise conjoncturelle pourtant, et pour finir retrait de la signature des États-Unis sur le communiqué commun en raison (au delà du caractère trumpien de Trump) des accords commerciaux Canada/UE.
Mais à ce stade, écrivions-nous aussi, « les orientations internationales de Trump, en dépit de ses fausses notes plus ou moins criardes, correspondent bien aux intérêts bien compris du capital financier US »: libéral-protectionnisme, guerre commerciale, main tendue à Poutine en relation avec l’accord notoire Poutine/Netanyahou pour tenir l’Iran et le Hezbollah à l’écart des frontières d’Israël et du Golan occupé, et donc isolement de l’Iran, apaisement en Corée pour écarter le risque de guerre nucléaire à brève échéance, au profit de la guerre commerciale avec la Chine.
Le sommet de l’OTAN : la question budgétaire.
Mais depuis, on a eu le sommet de l’OTAN des 11-12 juillet,« vraiment super »(Trump dixit).
Il était prévisible que Trump ferait son cirque sur le pourcentage de dépenses militaires des États membres par rapport à leur PIB, puisque l’objectif officiel de l’OTAN et donc de ses membres est que tous « s’approchent » des 2% (dont 20% en investissements et recherche-développement), les États-Unis y consacrant 3,6% de leur propre PIB qui comportent 70% du budget de l’OTAN, seuls le Royaume-Uni, la Grèce et l’Estonie étant à 2%, en principe bientôt rejoints par les deux autres pays baltes, par la Pologne et par la Roumanie. La France est à 1,8% et Macron a promis les 2% pour 2025 (loi de programmation militaire), et l’Allemagne est à 1,24%.
C’est là une exigence meurtrière et parasitaire : bien au contraire, c’est le monstrueux budget militaire US qui devrait être liquidé dans l’intérêt général de l’humanité. Mais tel n’est pas l’intérêt du capital et les États-Unis exigent que les autres pays membres militarisent leur budget le plus possible. Et ce n’est pas Trump qui a inventé ça.
Gronder tout le monde et surtout l’Allemagne entrait donc dans la défense des intérêts impérialistes nord-américains, que ce soit Trump ou un autre qui le fasse. La guerre commerciale est, de plus, à l’œuvre ici aussi, le marché des armements en est un front important.
Au delà du budget : Trump saga.
Mais les choses sont allées plus loin : Trump a tout de suite mis l’ambiance en annonçant que si les « progrès » ne vont pas plus vite, son pays quittera l’OTAN, autrement dit y mettra fin !
Même à titre de rodomontade « trumpienne », ces propos sont tout de même ceux du président des États-Unis. Et il a ajouté qu’on pourrait y faire entrer la Russie ou la Chine.
De quoi déboussoler ceux qui sont convaincus qu’en toute circonstance un président yankee ne peut qu’être « atlantiste » puisque par définition le chef de l’atlantisme, c’est lui !
Cela, c’était juste avant le sommet. Juste après, ce furent les tweets sur « les ennemis ». Le monde du chef d’entreprise Trump, faisant fonction du capital, n’est composé que d’ennemis, la concurrence commerciale et militaire étant la seule relation possible, entre États comme entre individus.
Mais certains sont plus ennemis que d’autres. Ce qui ressort de cette bouillie, c’est que l’ennemi le moins « ennemi » est la Russie (« ennemi par certains aspects ») et l’ennemi le plus ennemi l’UE (« l’Union Européenne est très difficile »), et particulièrement l’Allemagne, attaquée d’ailleurs sur ses accords avec la Russie en matière de gazoducs. Entre les deux, la Chine (« ennemi économique »).
L’Alliance n’est plus une alliance.
Les échos officieux des services diplomatiques européens ne prennent pas cela comme de pures rodomontades. Bien au contraire, ces tweets ne sont pas isolés, non seulement si on les met en regard de la logorrhée trumpesque, mais aussi en regard du malaise croissant entre puissances impérialistes.
En clair, l’interprétation pessimiste dans les chancelleries prévaut. La base de l’OTAN est l’article 5 du Pacte atlantique de 1949, qui prévoit que « Les parties conviennent qu’une attaque armée contre l’une ou plusieurs d’entre elles, survenant en Europe ou en Amérique du Nord, sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties ».
Or déjà la déclaration adoptée par le sommet de l’OTAN de Varsovie en juillet 2016, en avait de facto réduit la portée pour les situations de « guerre hybride » type Donbass : son alinéa 72 dit que le conseil de l’alliance « pourrait » décider d’invoquer l’article 5 dans de telles situations, la « responsabilité » d’y répondre incombant « au premier chef au pays pris pour cible ». Dés avant Trump la double logique de l’OTAN combinait donc la course aux armements et les dépenses militaires publiques au service de l’accumulation du capital, avec l’absence de garanties réelles d’entraide militaire entre pays membres.
Mais si l’on ajoute à cela la « Trump touch », alors c’est clair : l’application de l’article 5, c’est-à-dire tout simplement le fait que l’alliance soit bien une alliance, est incertaine. Il n’y a pas de garanties (à qui objecterait qu’au fond il en fut toujours ainsi, on répondra que certes, mais que cette fois-ci, il n’y a ouvertement plus de garanties). De plus en plus coûteuse, et à ce titre nécessaire à l’accumulation capitaliste, l’Alliance n’est plus vraiment une alliance. C’est cela, l’interprétation pessimiste officieuse des chancelleries.
Or, cela se produit alors que les armes de destruction s’accumulent, National Missile Defense US et rotations des troupes de l’OTAN, d’une part, puis missiles Iskander et SS 400 russes d’autre part (la Turquie ayant commencé à acheter des SS 400, incompatibles avec les équipements de l’OTAN dont elle est membre), et surarmement de l’enclave russe de Kaliningrad. Un effet spectaculaire de cette situation, bien peu commenté en France, a été le réarmement et le retour de la conscription en Suède, non membre mais « pays associé » de l’OTAN.
Donc, les propos de Trump marquent ici le franchissement d’un seuil : l’OTAN n’est plus vraiment une alliance.
L’Allemagne en situation difficile.
L’Allemagne a encaissé, tout en prenant bonne note de la nécessité pour elle de développer à la fois ses relations économiques fortes avec la Russie et son influence dans tous les pays situés entre elle-même et la Russie, c’est-à-dire d’une part le groupe de Visegrad, zone de sous-traitance allemande et de gouvernement nationalistes et réactionnaires à posture « anti-européenne », et d’autre part les pays baltes et l’Ukraine où non seulement les États, mais les populations, se sentent menacés par l’impérialisme russe.
Traitement spécial pour le Royaume-Uni.
Trump a au passage réservé un traitement spécial à Theresa May et au Royaume-Uni, survenant juste au lendemain de la crise politique ayant vu la démission-scission d’une partie du gouvernement de celle-ci.
Ingérence directe et grossière, ce fut du coup la seconde phase de cette crise politique, celle qui a vu un début d’intervention directe des masses avec les puissantes manifestations anti-Trump de Londres à Glasgow.
C’est dans le tabloïd The Sun qu’il a appelé le Royaume-Uni à faire un « procès » à l’UE et à littéralement casser la ligne politique dite du « Brexit mou » de Theresa May, menaçant de ne pas faire d’accord de libre-échange dans ces conditions. Le lendemain, il a fait son gentil en disant que cet accord finalement devrait pouvoir se faire. T. May, défendant les intérêts de la City, voudrait en effet à la fois d’un « Brexit mou », faux Brexit en fait sauf sur les facilités faites à la City, et d’un accord avec les États-Unis.
Un fait précis montre que les éructations du Donald sont prises tout à fait au sérieux : ses premières déclarations ont ait baisser la Livre Sterling par rapport à l’euro, les suivantes l’ont faite remonter. Pathétique.
Trump et l’extrême-droite : le banc d’essai britannique.
Mais les manifestants dans les rues des villes britanniques, eux, ne réagissent pas comme la Livre Sterling. Or Trump en a aussi après eux.
Un chapitre important des pressions US sur le Royaume-Uni touche, en effet, directement, à l’extrême-droite.
Le 2 mai dernier, était arrêté à Leeds une « figure » de l’ultra-droite britannique, issu du hooliganisme « blanc », Tommy Robinson alias Stephen Yaxley-Lennon (pour tentative provocatrice de filmer un procès dans une affaire de viols impliquant des musulmans). Steve Bannon, l’ancienne âme damnée de Trump, a orchestré une campagne internationale pour la libération de T. Robinson, soi-disant menacé d’être lynché par des « musulmans » dans sa prison. Son organisation, l’English Defence League, draine une partie de l’UKIP suite au Brexit, et a des connexions avec les milieux d’où sortait l’assassin de Joe Cox, députée travailliste de Leeds tuée quelques jours avant le Brexit.
En France, des secteurs du RN et les groupes types Riposte « laïque » et Valeurs actuelles sont associés à la campagne internationale de Bannon.
Or, des secteurs de l’appareil d’État US y prêtent la main : cela ne s’invente pas, « l’ambassadeur des États-Unis pour la liberté religieuse » (une création du Congrès ultra-réactionnaire de 1998), Sam Brownback, républicain catholique et élu du Kansas, s’est rendu à l’ambassade britannique aux États-Unis pour intervenir en faveur de Tommy Robinson !
Et Donald Trump junior y est allé de son message de soutien !
La polarisation sur cette affaire n’est pas négligeable : la soi-disant victime aurait eu 500 000 signatures pour sa défense. L’ultra-droite sort dans la rue sur ce thème, avec la bénédiction tacite de Trump via son fils et son « ambassadeur ». Le 9 juin ils ont réuni 15 000 manifestants à Londres. Ils ont à nouveau manifesté le 14 juillet, en soutien à Trump, voulant contrer les plus de 100 000 manifestants anti-Trump, bien plus nombreux qu’eux. Les deux fois, ils ont fait en sorte d’affronter la police. Mais le samedi 14, une contre-manifestation les a défiés, drainant une partie des manifestants anti-Trump.
Peu après, le pub Westminter Arms a fait l’objet d’une attaque ciblée et ultra-violente visant l’un des organisateurs de la contre-manifestation, le dirigeant du syndicat RMT (National Union of Rail, Maritime and Transport Workers) Steve Hedley, apparu ensanglanté sur de nombreux médias, et sa camarade Bridget Power. La bande de nervis fascistes venait des abords de l’ambassade US où les pro-Robinson and Trump s’étaient donnés rendez-vous.
La connexion Trump-Bannon aboutissant à l’agression physique d’un dirigeant syndical « lutte de classe », nous devons prendre cela très, très au sérieux.
Une manifestation centrale de protestation est prévue à Cambridge ce samedi. Steve Hedley et Bridget Power ont reçu le soutien de Jeremy Corbyn, mais c’est tout le Labour et le syndicalisme qui devraient, et pourraient, écraser la vermine renaissante.
Montée globale des enchères et crise au sommet.
Suite au sommet de l’OTAN était prévue la rencontre Trump/Poutine à Helsinki. Trump n’avait d’ailleurs pas manqué de dire que, question ambiance, elle serait plus cool que le sommet de l’OTAN.
Parvenir à s’entendre avec la Russie sur le dos de l’Iran (avec la Chine dans le viseur), généraliser la guerre commerciale, calmer le jeu en Corée : ces objectifs, disions-nous, s’accordent avec les intérêts généraux de Wall Street. Liquider l’OTAN et même faire exploser l’UE, c’est autre chose : se reflète ici la crise au sommet de l’impérialisme US, incarnée dans le personnage Trump.
Pour la majorité exploitée, il n’y a d’issue ni d’un côté ni de l’autre, mais force est de constater que les trumperies commencent à redorer le blason des accords commerciaux multilatéraux, tout aussi menaçants pour le prolétariat que son propre libéral-protectionnisme : ainsi le CETA Europe-Canada, et cette semaine l’accord de libre-échange UE/Japon, en viennent à être présentés comme des actes de « résistance à Trump » : voici bientôt le libre-échange anti-impérialisme yankee, et là encore les prétendus « anti-impérialistes » vont en perdre leur latin !
La fuite en avant de Trump est parvenue à la limite où elle dessert les intérêts de Wall Street, ce qui ne saurait se réduire au personnage : c’est bien l’impasse du Make America great again, que Wall Street partage, mais qui est désormais impossible, qui se manifeste là.
Idem en politique intérieure américaine, et les deux se combinent directement. La vague de grève des instituteurs et la percée de candidats socialistes, réels ou affichés, dans beaucoup de primaires démocrates, manifestent plus qu’une résistance, le début d’une contre-offensive. L’exécutif trumpien semble en même temps se renforcer, parachevant son contrôle de la Cour suprême. Il est tenté par le recours à la force et expérimente des « tests de barbarie », comme celui séparant enfants et parents de migrants, enfermant et jugeant, de manière infâme et grotesque, les enfants, qui a soulevé un tollé, produit un recul partiel, mais créé un précédent de masse.
C’est dans ce double contexte, intérieur et mondial, que le juge Mueller, procureur spécial en charge de l’enquête sur le Russiagate, a lâché une bombe, sans aucun doute à une date volontairement choisie puisque trois jours avant le sommet d’Helsinki, en faisant inculper 12 hauts fonctionnaires russes, membres des services d’espionnage et de contre-espionnage, 11 étant convaincus de piratage de mails relatifs à la campagne d’Hillary Clinton en 2016 et un de piratage du système de vote électronique. Le texte d’inculpation est tout à fait solide.
Précisons que nous n’expliquons pas, et n’avons jamais expliqué, l’élection de Trump par l’ingérence russe. C’est le rejet de Clinton et la crise déjà ouverte de tout le système politique nord-américain qui l’a fait élire (cf. nos nombreux articles). Dans ce cadre l’ingérence russe, qui ne fait aucun doute, résulte elle-même de la crise interne US qui a fonctionné envers elle comme une pompe aspirante. Nous ne croyons pas, que ce soit pour le diaboliser ou pour le vénérer, à Poutine deus ex machina de tout et son contraire. En fait, l’impérialisme russe, assis sur un État bonapartiste récemment restauré et rongé par la corruption, sur le gaz et les armes, est largement sur–dimentionné par les « responsabilités » contre-révolutionnaires que le trou d’air définitif à Washington l’a conduit, ou parfois contraint, à assumer, tout en en profitant largement. Il est assis sur plusieurs barils d’explosifs et il explosera. Ce ne sont pas les flics en chef qui font l’histoire, ce sont les classes en lutte.
Cette précision étant faite, ramener le Russiagate a une crise d’hystérie « anti-russe » est aussi stupide que de tomber dans le complotisme sur le « pouvoir russe ». L’ingérence fut réelle, ses racines sont américaines et Trump était caricaturalement le sujet idéal, capitaliste de l’immobilier mafieux, dépourvu de tout principe, et probablement tenu par les coglioni, comme diraient les Italiens.
Quand le procureur Mueller, trois jours avant le sommet Trump/Poutine, fait inculper les 12 du GRU et du FSB, il ne se contente pas de faire progresser son enquête, il pose un ultimatum à Trump : fatalement celui-ci sera questionné en conférence de presse sur ce sujet à l’issue de la rencontre, il n’aura donc d’autre choix que d’attaquer Poutine ou de désavouer son propre appareil d’État et d’apparaître comme « agent d’une puissance étrangère hostile ». Et si le procureur Mueller peut faire cela, c’est aussi parce que le cassage de la la vaisselle dans l’OTAN et dans l’UE va trop vite, trop loin, trop fort du point de vue des intérêts du capital financier US, qui ne parvient plus à avoir un exécutif étatsunien cohérent et efficace de son point de vue.
Autre montée aux enchères à la veille de ce sommet : la publication par le New Yorker des éléments sur une pression organisée sur Trump, notamment par Mohamed ben Zayed, prince d’Abou Dabi, associé à l’Arabie saoudite … et au premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, pour un deal consistant à lever toutes les sanctions envers la Russie prises suite à la crise ukrainienne et l’annexion de la Crimée, en échange de l’engagement – incertain et pas si facile à réaliser – de Poutine pour sortir l’Iran de Syrie.
L’apothéose.
Ce lundi 16 juillet, la réponse est venue telle qu’on pouvait l’imaginer : Trump a tranché, en termes certes incohérents mais ne laissant aucun doute, en faveur de Poutine et sous sa surveillance directe, contre son propre appareil d’État (« Ils ont dit qu’ils pensent que c’est la Russie, moi j’ai le Président Poutine, il vient de dire que ce n’est pas la Russie. Je vais dire ceci : je ne vois aucune raison pourquoi ce serait le cas. J’ai grande confiance dans mes gars du renseignement, mais je vous dirai que le Président Poutine a été très affirmatif et convaincant quand il a nié ça aujourd’hui. » Difficile traduction française du jargon visqueux trumpien ! )
Cette conférence de presse restera dans les annales, par le côté spectaculaire et ridicule des postures trumpiennes, et le rictus poutinien semblant par moment se retenir de rire. On notera que Poutine n’a à aucun moment démenti clairement, mais manié parfaitement la plus froide langue de bois – quand il dit que, président, il n’était pas au courant des voyages du multi-milliardaire à Moscou il est gentiment permis de n’en pas croire un mot.
On notera aussi que c’est Poutine qui a rappelé qu’il y a un « désaccord » sur l’annexion de la Crimée, sujet non abordé par Trump qui en semblait bien incapable. Le deal du prince ben Yazed n’a pas été annoncé – c’est peut-être là un effet collatéral de l’attaque du procureur Mueller- et a seulement été rappelé l’accord pour protéger les zones frontalières d’Israël et du Golan, ce qui se traduit concrètement par le refoulement des réfugiés syriens fuyant massacres, tortures et viols, près de Kuneitra.
Ce fut donc l’apothéose, et pour la base trumpiste une vision démoralisante, celle de leur idole en caniche servile et confus. Laquelle idole est le chef de l’exécutif de ce qui est encore la première puissance impérialiste du monde …
Et maintenant ?
Le choc a été direct et massif aux États-Unis. De John Mac-Cain à Michael Moore, un seul cri : « Trahison ».
Le lendemain, Trump a encore aggravé son cas en racontant, de manière outrancièrement contraire à ce que tout le monde a vu et entendu, que là où il avait dit « would » il fallait entendre « would’nt » et que donc son « je ne vois aucune raison pour que ce soit la Russie » voulait dire exactement le contraire. Cette manière de fuir la queue basse en piaffant devrait ajouter une couche de démoralisation dans sa fameuse « base populaire » …
La perspective de l’impeachment pour haute trahison se précise, et bien entendu l’espèce d’union nationale contre le « bad president » ne signifierait en rien, si elle triomphait, une transformation démocratique de l’État, mais concrètement, l’accession à la présidence du vice-président dont personne ne parle, Mike Pence, lié au lobby chrétien évangélique et au Tea Party, climato-sceptique et adversaire … du préservatif. Mais la chute de Trump serait un immense coup porté au cœur de l’État, même si elle se fait en son nom. Et l’on pourrait ajouter que son maintien prolonge son affaiblissement.
Les grèves de masse dans les écoles et la percée de candidates comme Julia Salazar tracent l’issue démocratique – la révolution aux États-Unis.
De ce point de vue, Poutine aussi peut être inquiet, et Macron, Merkel, May, et tous les autres. Sembler triompher en manipulant un caniche de cette taille institutionnelle va se retourner contre le Bonaparte russe, dont le propre pouvoir est totalement sur–dimentionné par rapport à ses moyens et sa base réels, pour lui aussi.
18-07-2018, VP.