08/12/24, 8h heure française.
Photo illustrant cet article : foule en liesse à Salamiya, ville sunnite et ismaélienne dans la région de Homs.
Hier, les forces nationales de la révolution syrienne, dans leur diversité, convergeaient sur Damas alors même que la bataille de Homs n’était pas terminée. Au HTS (organisation islamiste qui administrait Idlib avec des contradictions majeures) et à l’Armée Syrienne Libre, venus du Nord, se sont ajoutés, de manière décisive et massive, les insurgés venus du Sud, de Deraa et des régions druzes, ainsi que les tribus arabes de l’Est et du désert palmyrénien. Et ces trois forces ont vu la population de la Ghouta, de toute la grand banlieue, se porter à leur rencontre et prendre l’initiative de l’insurrection. Ainsi, la nation syrienne se constituait dans la révolution.
Par ailleurs, les kurdes dans le grand quart Nord-Est du pays, en raison de l’orientation catastrophique du PKK/PYD (alliance avec les Assad et pas de revendication d’un Kurdistan unifié et démocratique), craignent de se trouver isolés de ce processus révolutionnaire et, alors qu’à Alep HTS et ASL ont garanti la sécurité des Kurdes, sont confrontés aux attaques de l’ANS, inspirées par la Turquie. Les réseaux campistes « pro-Rojava » contribuent à piéger le peuple kurde en racontant que la révolution syrienne est coachée par Erdogan (ainsi que par : la CIA, le Mossad, etc., en réalité terrorisés et sur le qui-vive). Le PYD vient de saluer la chute de Bachar comme un évènement historique : là est la seule voie pour la protection et la liberté des Kurdes.
En effet, dans la suite de la nuit, était, d’abord, libérée la prison de Sednaya. C’est un évènement majeur; comparable à la libération d’Auschwitz, il faut le dire. On pouvait s’inquiéter de ce que l’état-major de l’armée de Bachar el Assad avait annoncé hier : qu’une ligne de défense ferme protégeait le centre-ville. En fait, les soldats se débandaient déjà dans ce même centre-ville. Vers 3h du matin heure française, l’état-major a lâché les Assad. De manière globalement pacifique, Damas est tombée -Damas est libérée.
Bachar el Assad avait mis sa famille à l’abri à Moscou dès la libération d’Alep, qui fut le signal de la fin. Car le martyre d’Alep, qui annonçait et préparait et Marioupol et Gaza, par l’aviation russe et le Hezbollah, avait signifié la défaite de la révolution syrienne. Sa libération a immédiatement signifié la reprise de la marche en avant de l’histoire. Bachar el Assad serait à Abu Dabi, on ne sait pas où se trouve son frère, le boucher Maher el Assad.
L’armée des Assad s’est liquéfiée. Non pas parce qu’elle serait alaouite et sans intérêt pour agir en zone arabe sunnite (cette explication par le critère sectaire-communautaire, qui tente d’ignorer l’intervention directe des larges masses qui s’appelle révolution, a été notamment celle de Gilbert Achcar, dont le campisme géopolitique est mis à mal par la réalité), mais parce qu’elle était corrompue et en même temps issue d’une population qui n’avait plus rien. Elle s’est liquéfiée, et à la fin de cette nuit, les statues de Bachar tombaient aussi à Tartous, où les soldats russes ne sont plus les bienvenus, et dans tout le pays alaouite.
La chute de Bachar renoue avec les révolutions arabes et la révolution tout court. C’est la meilleure nouvelle possible pour le peuple palestinien, pour Gaza, alors que les professionnels de l’exploitation du martyre de Gaza, comme J.L. Mélenchon, crachent leur dépit – leur peur de la révolution, du peuple, des femmes et des hommes qu’ils traitent d’islamistes. C’est aussi la meilleure nouvelle possible pour les Ukrainiens et les Géorgiens car c’est, très directement, une défaite de Poutine. Et pour les Iraniens et les Libanais … La chute de Bachar n’est pas une fin, mais un commencement.
Elle contrecarre toute la dynamique réactionnaire mondiale de Poutine, de Netanyahou et de Trump. Gloire au peuple syrien. Mais quel contraste entre cette vie et ce réel et ce que médias et personnel politique ont pu en dire, c’est-à-dire RIEN ou des calomnies, en France, depuis une semaine ! Il est vrai que Macron recevait Trump à Notre-Dame. Mais ce n’est pas ce petit évènement que retiendra de ce jour l’Histoire …
Toutes les leçons devront être tirées, en soutenant le mouvement réel pour la démocratie, le pain et l’émancipation.
Rassemblement de la victoire du peuple syrien, Paris, Place de la République, à partir de 14h 30.
Arguments pour la lutte sociale 
Et voilà ce qu’en dit , dans le local du POI, le grand tribun, roi de la géo politique et fin stratège !!! Il réunit là honte, bétise et déshonneur : https://x.com/BMoon_bee/status/1865404542726144364?fbclid=IwY2xjawHCKwlleHRuA2FlbQIxMAABHbdmd7n36enDiycBwg7wEL3rEnKWw010B-C-yEJHhLNUNcAaqns8bWt7eA_aem_cIZkmpfqfcwth0ob2TKFMQ
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On peut saluer la chute de Bachar (excellente nouvelle), sans écrire des propos pareils, et cela ne concerne pas seulement Mélenchon, au vu de l’expression: « alors que les professionnels de l’exploitation du martyre de Gaza ». Expression lamentable, insultante pour nombre d’anticolonialistes dans le monde. Presque une logorrhée de journal conservateur. En cela, notamment, vous vous vous faites alliés objectifs du néocolonialisme bourgeois occidental.
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Ce qui est insultant pour les « anticolonialistes dans le monde », c’est de les confondre avec Mélenchon. Dans ses propos sur la Syrie, on a d’ailleurs aussi ceci : « Les désordres dans ces pays finissent toujours par nous retomber dessus. », que tout « journal conservateur » pourrait reprendre à son compte. Et si votre énervement envers nous, suscitant vos propos fielleux, était dû au fait que la chute d’Assad, vous ne la souhaitiez et ne l’attendiez pas vraiment, cher Julien « décolonial », tant elle bouscule votre weltanschauung dans laquelle il est de bon ton de pleurer sur les Palestiniens sommés de rester les seuls bons martyrs ?
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Parce que je n’entre pas dans le « cadre » de votre vision, je devrais être « déçu » de la chute de Bachar ? C’est insultant ce genre de propos.
Ben non, il vous faudra comprendre que l’on peut être en opposition avec vos insinuations contre nombre de décoloniaux, content de la chute du dictateur syrien, contre l’impérialisme Russe en Ukraine etc.
Cela vous dérange ? Ben, cela s’appelle être de gauche, c’est tout.
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Vous changez de position d’un message à un autre. Lors de l’antépénultième, il s’agissait bien de défendre Mélenchon, défenseur du régime de Bachar jusqu’à ce matin vers 7h, et avec lui l’ensemble des valeureux « décoloniaux », contre nos « insinuations », n’est-ce pas ?
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(NB : Vous ne cessez de dire que les « grands médias » désinforment ou veulent faire peur quant à cette révolution, mais au contraire, France Info partage la joie syrienne et n’a eu de cesse de contextualiser les « islamistes », de préciser qui ils étaient, qu’ils n’étaient pas seuls, que la question kurde était brouillée, etc. Attention à la pente « média-bashing », façon Chastaing, qui n’aidera en rien. A l’inverse, il faut saluer le travail des journalistes du service publique. On devrait s’estimer heureux d’en avoir encore plutôt que de les vouer sans cesse aux gémonies, avec une forme de démagogie souvent trop facile.)
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Pour toutes celles et ceux qui ont milité depuis plus de 10 ans pour le peuple syrien, souvent dans le désert, c’est un vrai jour de fête, que le spectre de l’islamisme ne doit pas assombrir.
Restons attentifs, certes, mais fêtons cette chute !
Car c’est d’un symbole historique qu’il s’agit : ce qui vient de sauter, c’est un verrou de l’inconscient politique mondial. Abandonné par Obama, martyrisé par la Russie, l’Iran, les religieux, le peuple syrien renaît de ses cendres et danse aujourd’hui sous la pluie à Paris, dans toute l’Europe et dans une partie du si proche Orient. N’oublions pas que la sauvagerie d’Assad avait traumatisé tous les Arabes et tous les humanistes. Nous pouvons enfin sortir de ce trauma, de la tétanie politique : voilà ce que signifient les dansent partout dans le monde.
Tous les dictateurs vont mal dormir ce soir, car l’histoire vient de rappeler que toute dictature est condamnée à sa chute lamentable.
Poutine et Xi vont échanger un coup de fil angoissé, préparant leur ultime carte : le chaos. Ils voudront démontrer au monde que sans dictature, c’est le chaos. Voilà ce qu’ils vont fomenter : favoriser tous les conflits intestins pour créer la nostalgie du pouvoir fort et psalmodier leur « on vous l’avait bien dit, la démocratie est un fléau ». Voilà donc ce qu’il faut combattre et conjurer dès aujourd’hui.
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Cet article repris in extenso en billet sur mon blog à Mediapart a ensuite été publié « à la Une » du « Club » de ce site le 8 Décembre. Lien ci-dessous avec le billet et sa discussion :
https://blogs.mediapart.fr/marc-daniel-levy/blog/081224/la-formidable-revanche-de-la-revolution-syrienne/commentaires#comment-12664425
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