Nous avons publié pour débat, le 11 avril dernier, des échos sur le « meeting juif international face au génocide en cours », tenu le 30 mars à Paris sous l’égide de l’UJFP et de Tsedek, dans les locaux du POI.
Le moment présent ne manque pas de pièges : a priori, l’affichage présentant des militants juifs solidaires de la cause palestinienne ne peut que susciter la sympathie. Mais à y regarder de plus près, force est de constater l’absence totale de toute représentation, dans ce meeting, des courants juifs et groupant palestiniens et juifs, qui, en Israël, combattent en ce moment même la guerre de destruction de Netanyahou et luttent contre la répression, comme Standing Together, de même que l’absence, dans les comptes-rendus disponibles (publiés par l’UJFP, Tsedek et dans Informations Ouvrières, journal du POI), de critique du Hamas et de mention de ses otages. C’est que, plus précisément qu’un meeting « juif international face au génocide en cours », il s’agissait d’un meeting « antisioniste » groupant des juifs et des non-juifs sur un thème central : le « sionisme » en tant que tel doit être détruit.
L’UJFP déclare dans son communiqué rendant compte du meeting : « Nous traversons une époque particulièrement dangereuse pour les minorités juives, prises en étau entre l’antisémitisme historique occidental et la fascisation des sociétés occidentales d’une part, et le ressentiment anti-juif provoqué par le colonialisme israélien et le sionisme réellement existant. La place qui nous est accordée dans ce monde est intenable et le sentiment d’isolement et de mal-être qui touche de larges parties des communautés juives est étouffant. »
Le sentiment d’isolement constaté est bien réel. Mais saisissons bien la construction idéologique de l’UJPP dans ce qu’elle suggère et dans ce qu’elle tait. L’antisémitisme « historique » serait, toujours aujourd’hui, « occidental » – seulement « occidental » – de même que la « fascisation ». Russie, Chine, Arabie saoudite, Iran ? Étonnant : les « BRICS+ » comme on dit à présent, ne semblent concernés ni par l’antisémitisme, ni par la « fascisation » !
Et d’autre part, distinct de l’antisémitisme par essence « occidental », il y a ce « ressentiment anti-juif » qui est, lui, même s’il peut sans doute être gênant car violent, bien légitime, puisque « provoqué par le colonialisme israélien et le sionisme réellement existant » …
Voilà pour ce qui est suggéré ; quant à ce qui est tu, c’est le fait massif que c’est le pogrom – le pogrom, je maintiens ce terme, et non pas une quelconque offensive militaire anticoloniale – du 7 octobre 2023 qui a fait exploser parmi les juifs dans leur ensemble, en Israël et dans le monde, un terrible sentiment de solitude, dont la cause immédiate, cette plaie à vif, est ici délibérément tue par l’UJFP.
Ce sentiment d’isolement, dans ces conditions, est pris entre l’union sacrée avec le RN et le gouvernement, qui soi-disant « luttent contre l’antisémitisme » en brandissant le mot « terroriste », et ce silence des « antisionistes », même quand, comme là, ils sont juifs et expriment ce sentiment.
Venons-en maintenant à la manière dont la cause nationale palestinienne est présentée par les principaux intervenants du meeting. Rima Hassan, militante franco-palestinienne et candidate de LFI aux élections européennes, insiste, selon Informations Ouvrières, sur le fait que « la Nakba est le seul cadre opérant pour appréhender la question palestinienne, ce n’est pas seulement un évènement historique, cela renvoie à ce qu’est la réalité palestinienne. »
On ne peut qu’approuver la place faite à la Nakba, au cœur de l’oppression nationale et coloniale que subissent les Palestiniens, et rejeter tout négationnisme et toute minimisation de ce fait historique et de ses prolongements, mais que faut-il entendre par la formule « seul cadre opérant » ?
Que dirait-on de militants sionistes expliquant, comme cela arrive, que la Shoah serait « le seul cadre opérant » pour appréhender la question israélienne, sinon la même chose : qu’en effet c’est tout à fait central, mais que ce n’est pas « le seul » cadre opérant ?
Le cadre opérant ne comporte pas que la temporalité renvoyant à la Nakba, ainsi qu’à la Shoah et à un certain nombre d’autres évènements, dont les expulsions antisémites massives vers Israël commises après 1948 dans les États arabo-musulmans (mais s’agirait-il d’un « ressentiment » bien compréhensible, pour parler comme l’UJPP ?), ainsi que la colonisation de la Cisjordanie, l’annexion de Jérusalem, la concentration de réfugiés à Gaza et leur blocus de fait.
Le cadre opérant, c’est aussi la situation mondiale, les rapports de force entre les classes au niveau mondial, le jeu non seulement de « l’Occident », mais des autres puissances impérialistes et sous-impérialistes comme la Russie et l’Iran. Et bien entendu le rôle actif du Hamas. Faire l’impasse sur la lutte des classes, la situation mondiale et le jeu de toutes les puissances, ce n’est pas saisir la place – essentielle – de la Nakba, c’est en faire un fétiche.
Cette fétichisation est reproduite, hélas, par l’emploi indiscriminé du mot « génocide » à propos du traitement infligé à Gaza. Probablement 30.000 morts sur 2,3 millions de personnes, leur habitat totalement détruit, les bombes, la faim et les maladies, c’est absolument abject. Mais « génocide » signifie destruction d’une nationalité ou d’un groupe culturel entier, destruction physique. La Nakba elle-même n’a pas été, en ce sens, un génocide, mais une opération de « purification ethnique » selon la sordide expression datant des crimes intentionnels commis principalement par les milices grand-serbes et croates en 1992-1995. Employer le mot « génocide » dans un élan d’indignation est une chose, le reproduire systématiquement comme un slogan – répondant au mot « terroriste » dans le vocabulaire des dirigeants israéliens et « occidentaux » – en est une autre, qui ne contribue pas à saisir le traitement infligé aux Gazaouis et donc à le dénoncer efficacement, cela en particulier parce qu’il y a bel et bien risque génocidaire : mais on ne dénonce pas un risque génocidaire, et à plus forte raison on ne combat pas pour en empêcher la réalisation possible, si l’on crie sans arrêt que « le génocide » est là.
Cela d’autant plus qu’il faut bien dire que pour une bonne partie des forces politiques intervenant à ce meeting, il a toujours été là, avant les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité massivement commis par Tsahal depuis le 8 octobre 2023 : l’invocation du « génocide » à Gaza était déjà un topos équivoque.
Et il faut bien dire aussi que les mêmes, généralement, n’ont jamais dénoncé et nommé les risques génocidaires présentés par l’armée et l’État russe en Ukraine, par les forces azerbaïdjanaises au Karabagh/Artsakh, par les crimes de masse du régime syrien, envers les Ouïghours en Chine, les Rohingyas au Myanmar, les Tigréens en Éthiopie : pour la plupart des adeptes de la « Nakba » et du « génocide » amalgamés et fantasmés de toute éternité à Gaza, les menaces génocidaires réelles, du moment qu’elles ne sont pas « occidentales » et, surtout, « sionistes », n’existent pas.
Il y a une cohérence entre la fétichisation de la « Nakba » et du « génocide » et l’assignation à un prétendu « Occident » de l’antisémitisme et de la « fascisation ». Cette cohérence est celle d’une vision du monde ne reposant pas sur les luttes sociales, nationales et féministes pour l’émancipation, mais sur l’union sacrée avec les régimes capitalistes non « occidentaux », avec pour drapeau la dénonciation du « sionisme ».
Ainsi, le combat contre « le sionisme » passe devant le combat effectif pour les droits démocratiques et nationaux effectifs des Palestiniens, et la dénonciation ritualisée du « génocide » à Gaza passe devant le combat effectif pour stopper la menace génocidaire contre les Gazaouis, ainsi que la menace d’épuration ethnique en Cisjordanie.
C’est dans ce cadre idéologique, plus ou moins explicite ou implicite selon les intervenants, que se place la conception de la rupture avec le sionisme telle que la présente le dirigeant de Tsedek, Simon Assoun, d’après Informations Ouvrières : « rompre avec l’État d’Israël, avec la honte de l’exil qui fonde le sionisme ».
Simon Assoun se réfère ici à un débat ancien dans la judéité, sur la possibilité d’une judéité non liée à un foyer national juif. Ceci est possible, l’existence de juifs non israéliens et non liés à Israël en atteste. Mais cela ne permet pas d’occulter le fait tout bête que ce foyer national existe aujourd’hui avec un groupe national judéo-israélien en son sein, et depuis un certain temps déjà : la rupture avec le sionisme implique-t-elle sa destruction ? Et, pour le moins, le renvoi de sa population juive à « l’exil », par expulsion dans le meilleur des cas ?
Simon Assoun tait pudiquement ce risque … génocidaire, possible, et les comptes-rendus du meeting affirment vouloir la vraie et bonne cohabitation et coexistence judéo-palestinienne, faisant ainsi l’impasse et sur le fait que deux nations appellent deux États (laïques et démocratiques), et sur la question du, ou d’un, refuge contre l’antisémitisme. De plus, il semble ne pas avoir noté que l’onde de choc du 7 octobre – du pogrom du 7 octobre – a concerné aussi bien « l’exil » que les judéo-israéliens.
Le supposé rassemblement historique de juifs rompant leur sentiment d’isolement en s’alliant aux forces voulant « en finir avec le sionisme » montre bien ses limites : incapacité à aborder la question du fait national judéo-israélien autrement que par l’invocation d’un lendemain chantant où tous cohabiteront, incapacité à pousser l’empathie qu’ils ressentent certainement eux aussi, dans leur sentiment d’isolement, jusqu’à partager l’horreur juive, et l’horreur humaine, à la fois envers la destruction et le risque génocidaire à Gaza et envers le pogrom du 7 octobre 2023 …
Ceci doit aussi conduire à faire justice de cet autre fétiche plus spécifique qu’est l’invocation permanente, dans ce meeting, du Bund, le mouvement socialiste juif non sioniste que la Shoah, le stalinisme et la politique israélienne ont occulté, avec la plus grande partie de la culture yiddish. Certains des courants (pas tous) se réclamant de la tradition du Bund était représentés à ce meeting, mais si l’on veut restaurer la mémoire et l’histoire, il convient de comprendre que le Bund, conjointement avec le sionisme, a été l’expression de l’émergence, par la lutte contre l’oppression et contre l’antisémitisme, du fait national juif, et qu’on ne saurait l’en dissocier.
Alors, bien entendu, tous disent et pensent sans doute sincèrement qu’il convient de « lutter contre l’antisémitisme ». Mais, outre que l’UJFP nous explique qu’il n’est d’antisémitisme qu’ « occidental », cette lutte est cadenassée par l’obligation d’être, systématiquement, associée à la dénonciation, non pas du colonialisme et du racisme, mais bien spécifiquement du « sionisme » et du « génocide » qui lui serait consubstantiel.
Ici s’éclaire l’intervention de celle qu’ Informations Ouvrières présente comme la « militante décoloniale » Houria Bouteldja. Auteure d’essais à double sens, passant pour les idiots utiles pour des dénonciations de l’islamophobie tout en étalant une haine antisémite, antiféministe et homophobe explicite, celle-ci donne ce qui est en fait l’axe politique central de ce meeting, dont l’importance n’a pas échappé à Informations Ouvrières, qui donne cette citation en exergue :
« … faire bloc contre les sionistes de gauche ».
Golem, qui est allé affronter le RN dans le rassemblement d’union nationale du 10 novembre 2023, est particulièrement dénoncé. Affleure ainsi le socle idéologique du rassemblement d’union sacrée avec les classes dirigeantes « décoloniales », qui a effectivement une petite saveur historique, que fut en réalité ce meeting.
Pour finir, trois organisations de la gauche française ont eu leurs orateurs.
Une seule d’entre elle, par ailleurs, ne tombe pas sous le reproche fait plus haut de n’avoir dénoncé aucun autre « risque génocidaire » que celui du « sionisme » éternel, notamment en prenant position pour le soutien à la résistance ukrainienne (une position combattue énergiquement par toutes les autres composantes du meeting et sur laquelle il a naturellement été fait silence, alors que le contexte mondial réel du 7 octobre 2023 et de ses suites, et donc la défense des Palestiniens, ne saurait faire l’impasse dessus ) : le NPA, représenté par Manon Boltansky, qui a par ailleurs animé une « formation » du NPA « sur l’antisémitisme » dont la présentation donne l’impression qu’elle a consisté surtout à expliquer que l’accusation d’antisémitisme est une arme des « dominants ». Le NPA, fourgué dans ladite « gauche de rupture », est là dans un piège campiste menaçant envers ses traits authentiquement internationalistes.
Les deux autres sont les députés Jérôme Legavre (POI et LFI) et Thomas Portes (LFI). Dans le résumé publié par l’UJFP faisant le bilan politique de ce meeting, ces trois organisations, LFI, POI et NPA, sont présentées comme constituant la « gauche de rupture ».
Il convient, pour conclure, de s’interroger sur cette notion de « gauche de rupture » telle que ce meeting semble vouloir la dessiner. Indépendamment de sa tenue, l’idée qu’il y aurait une gauche « plus à gauche » et une autre qui le serait moins ou pas du tout, est banale dans bien des couches militantes, sans que cela ne change rien au sentiment, dans les larges masses, que tous se valent et les ont pareillement laissés tomber.
Le problème est que si l’on décrypte l’orientation mondiale de ladite « rupture » telle qu’elle s’est clairement montrée à qui veut voir, dans ce meeting, alors il s’agit de … de réaction, de réaction sur toute la ligne : la « rupture » vise le « sionisme » et « l’Occident » et conduit à l’union sacrée avec la pire réaction. Laquelle a pointé son nez en la personne de Houria Bouteldja, qui leur a donné clairement l’axe central : le sionisme, voilà l’ennemi, et plus il est à gauche, plus il faut le détruire !
Tous (mais pas elle !) se récrient sincèrement à l’idée qu’on puisse les traiter d’antisémites. Subjectivement, ils ne veulent pas l’être. Et, bien entendu, les menaces macroniennes et darmaniennes contre la liberté d’expression, qu’il faut combattre, les confortent dans leurs certitudes d’être purs et sans taches.
Mais que penser d’une idéologie dans laquelle seul « l’Occident » se fascise et garde encore quelques traces résiduelles d’antisémitisme, alors que le « ressentiment » antijuif des opprimés est, somme toute, bien compréhensible, étant donné « le génocide » perpétré par essence par « les sionistes », lesquels seraient l’expression concentrée de ce mal qu’est « l’Occident » auquel tout le capitalisme est ramené, sans être lui-même compris comme rapport social ?
La réponse, vous la devinez je pense. Qu’elle fasse grincer des dents ne change rien au problème …
VP, le 19/04/2024.
Merci pour cette dissection de l’idéologie UJFP et de son bloc avec le nationalisme bourgeois arabe.
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Merci pour cet article. Je l ai partagé sur ma page fb
Pierre Merejkowsky
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https://blogs.mediapart.fr/marc-daniel-levy/blog/210424/comprislennemi-ce-serait-donc-les-sionistes-de-gauche
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Cher VP,
Cela fait quelques temps que je n’ai pas pris le soin de saluer vos contributions toujours aussi enrichissantes, et de contribuer à la discussion.
Je reprécise pour éviter tout malentendu que je suis d’accord avec l’essentiel, c’est pourquoi j’interviens rarement, ayant déjà indiqué mes divergences (et remerciements).
J’y reviens tout de même, car si on ne discute plus, on meurt.
Où en sommes nous du « risque d’embrasement régional » et de la « guerre mondiale » en gestation ? Je récuse toujours ce paradigme d’analyse car il ne me semble pas correspondre à ce qui se joue réellement dans les plus hautes sphères de pouvoir. Aux niveaux ultimes, on tend plutôt à s’unifier, même si on s’entretue dans le même temps aux étages inférieurs.
Aux dernières nouvelles le big stick est toujours entre les mêmes mains, celle du chef d’orchestre américain et des ses assistants (Otaniens et Israéliens). Rien ne valide l’hypothèse, très à la mode (et il m’étonne qu’elle vous ait tant contaminé) d’un monde multipolaire ou les US seraient devenus une puissance parmi d’autres, bien que la plus forte. Le constat de la toute puissance américaine, incontestable depuis plus d’un siècle reste la thèse historique la plus solide. Si dans 40 ans, le monde est toujours occidentalo-centré et la gouvernance mondiale de type étasunienne, il n’y aura rien de surprenant pour les historiens du futurs. Le défi pour nous, pour y voir clair, est de se placer dans la position d’un historien de 2100. L’anglais va continuer de progresser, et c’est bien cela qui est décisif. Le reste, c’est de la poudre aux yeux, pas de la poudre à canons. Oui, il y aura des guerres, et des morts, violentes, mais une augmentation, c’est déjà moins sûr (par rapport à quand ?), et des guerres dont on ne connait pas le gagnant, ça non. « La fragmentation multipolaire » est une illusion d’optique de court terme, à l’inverse le processus d’unification est plus rapide que jamais : les humains se ressemblent, s’assemblent et font tous la même chose (regarder des écrans). La planétarisation du monde, chère à Braudel, se termine et les crises inter-nationalistes actuelles sont des moments de se processus profond de l’espèce humaine. Le Covid a démontré une capacité de synchronisation qui marque un inédit anthropologique, la confrontation au climat va renforcer cette coordination interhumaine, sous l’égide du capitalisme finissant, dont les US restent le sommet. Les affrontements actuels sont des sous-phénomènes, des ressacs internes, atroces, mais inférieurs à la grande marée qu’il ne faut pas perdre de vue sinon on rate toute la perspective.
Il semble que, comme en 17, comme en 40 et comme en 62, les humains aient besoin de croire qu’il y a challenge historique, interrogation. Alors que l’histoire suit tranquillement son cours : celui du processus de Civilisation, et donc de la gouvernance globalisée. La domination américaine n’est qu’une étape dans ce mouvement multi-millénaire : le monde entier tend à devenir américain, et l’Amérique à devenir mondiale, cosmopolite. Rien ne pourra arrêter le processus naturel d’hybridation humaine (à part la destruction des possibilités de la vie humaine, évidemment). L’hypothèse d’une contestation ou d’une chute de l’hégémonie américaine n’a pas donc beaucoup d’intérêt et empêche l’analyse.
Nous aurons j’espère l’occasion d’en rediscuter, et j’attends de voir le moment où la Californie ne sera plus l’une des pointes avancées de cette dynamique qui drive le monde entier. A ce propos, votre reconnaissance de la mutation enclenchée par l’IA était bienvenue, tant nos rangs sont animés par une technophobie pathologique. A noter qu’aucune puissance n’arrive pour l’heure à la cheville américaine, sur ce terrain-là non plus (pas plus que dans l’espace, décisif). La Chine (vacillant toujours plus) essaie, mais on demande encore à voir. En réalité, malgré les affrontements futurs en mer de Chine (visant à détourner l’opinion publique d’une potentielle révolte contre le Parti) il n’y aura pas d’opposition profonde, mais à l’inverser un syncrétisme entre les brillants Indiens, les puissants Chinois, et la houlette américaine, qui est déjà hybride. L’affrontement multipolaire, c’est pour occuper les pauvres, à la classe supérieure, celle qui pilote le navire, ils sont déjà cosmopolites : post-nationaux. Il n’y aura pas de découplage structurel, juste du nationalisme émotionnel pour occuper les peuples en attendant que la technologie progresse assez pour encaisser le défi climatique. Qu’ils s’énervent en faisant quelques morts (rien comparé au XXe), mais surtout que tout continue pour que le reste continue d’avancer en tache de fond. Voilà, comme toujours, le défi du Capital.
Sur l’IA, vous pêchez néanmoins par trop d’anthropomorphisme et imaginez peut-être trop candidement la possibilité d’une singularité consciente dans la machine, topos des humains (Pygmalion, Golem, etc.). Là aussi, c’est une mode, de se faire peur à imaginer que l’IA accèdera à une forme d’autonomie subjective. Or, c’est un contre-sens philosophique. Pas de chair, pas de conscience. Cela fait dix ans que les Californiens, dans leur délire habituel (mais qui participe de leur efficace), annoncent la voiture autonome. Or, on n’est toujours pas prêts de voir circuler une voiture sans pilote place de la Concorde ou dans les rues de Bombay. Cela n’arrivera JAMAIS, acceptez cette vérité moins rigolote que Pinocchio (qui s’anima). Ce qui se passera, c’est le remplacement du mode de circulation automobile actuel par un autre (celui des campus américains, un peu comme des trams: un flux régulé), ce qui n’a rien à voir avec la voiture autonome de niveau 5 que Google a promis aux gogos, sans trop y croire (car ils ont des logiciens sérieux, eux), mais pour toucher l’argent des actionnaires. Pendant qu’on parle de la conscience des machines, impossible, on ne parle pas de ce que les nouvelles machines font à notre conscience.
La révolution de l’IA n’est pas du tout dans le mirage de la singularité (une machine restera toujours une machine, bon sang !) mais dans les mutations civilisationnelles qu’elle va engager. La science, la médecine, la sécurité, tout ce qui fait notre rapport au monde vont muter. Et les révolutionnaires sont à la ramasse pour penser ce qui se joue là, vu qu’ils en sont encore à l’étape anti-vax, anti-ARN, achevant leur dégénérescence et leur découplage des « masses ». (Car les masses, pas folles, s’arrachent les vaccins ARN.)
J’ai été bien déçu de ne pas lire dans un article dédié à l’IA par vous-même le nom de l’algorithme ALADDIN. Si Marx pouvait penser notre temps, il écrirait un tome complet la mutation du capitalisme (et je l’espère sa fin) qu’ouvre ALADDIN. Je vous laisse vous renseigner dessus, on en reparle dans quelques années, et en attendant, vous pouvez rentrer dans n’importe quelle banque et demander au directeur s’il connait ALADDIN : en tant qu’expert et praticien du capitalisme il saura, lui, de quoi il s’agit, et reconnaîtra que, ça change un peu la donne et pose de grosses questions ! C’est toute la différence entre la classe dirigeante mondiale (cosmopolite) et le reste du bateau, les uns s’affairent activement autour d’Aladdin, les autres n’en ont jamais entendu parler, mais prétendent pouvoir prendre les commandes du bateau. Évidemment, en haut, ils rigolent plus qu’ils paniquent, n’en déplaisent aux gauchistes, toujours persuadés que le pouvoir tremble devant l’insurrection imminente qui se profile.
Il y a aussi l’ordinateur quantique (dont les anti-experts disaient que c’est un mirage, alors que tous les militaires passent au cryptage post-quantique, eux), Bitcoin (dont les attardés n’ont jamais su mesurer la potentialité révolutionnaire), ou encore la fusion nucléaire, qui dans 40 ans, pourrait bien pulvériser la notion de ressource et donc de capital, et refroidir, espérons-le, la bombe climatique.
L’IA va accélérer ces dynamiques, et on n’est pas prêts dans nos têtes. Voilà les vérités qu’il faut partager dans les cales du navire.
Voici donc pour les quelques réactions à vos articles portant sur l’horizon global.
Venons-en plus directement à cette autre crise des gauches que révèle ce retour de l’antisémitisme (ou de la complaisance à son égard). L’affaire Buttler étant la cerise sur pompon. Pour qui dénonce les arnaques foucaldiennes depuis longtemps, il n’y a pas grand chose de surprenant dans l’actuel décadence gauchiste. On peut même dire, il était temps que les masques tombent, que les crises révèlent l’incurie intellectuelle à gauche.
Rappelons les deux précédents bugs qui ont révélé la dégénérescence : la crise du covid (refus bête de la science, du positivisme, de l’universalisme par une bonne partie de la gauche), l’invasion de l’Ukraine (incapacité à percevoir les USA comme meilleur défenseur de la liberté, aussi pourri soit-il, et ceci depuis longtemps, et pour longtemps), et enfin donc, le carnage en cours au Proche Orient, comme nouveau révélateur du recul de l’intelligence humaniste.
Cher VP, je suis en désaccord avec votre choix d’employer le mot pogrom. Il ne me semble pas aider : au contraire, il me semble abîmer, le langage et l’histoire.
Déjà nous foutre une majuscule, ça sent pas bon : ça ramène une sacralité dans les mots qu’on a mis des siècles à libérer un tant soit peu.
Surtout, il y a un problème de définition. Les pogroms, depuis l’Egypte des Pharaons, c’est l’attaque des minorités juives dominées, dans un processus émotionnel de bouc-émissaire, qui sert toujours l’Empire (ou l’Etat). Un pogrom, c’est lorsque la population majoritaire, en proie à une fièvre (rumeurs, pénuries, impôts, maladies, etc.) défonce le quartier juif (ou le village en Europe de l’Est), minoritaire. Si on considère Israël comme un ghetto juif minoritaire au sein de l’ensemble Arabe, votre emploi du mot pogrom pourrait tenir, mais étant donné qu’Israël est la super-puissance locale, ça ne colle pas avec l’histoire. Un pogrom, c’est quand on écrase le Juif qui est déjà plus faible, on lui marche encore une fois sur la tête, on lui prend tout et sans raison. L’opulence israélienne, sa toute-puissance militaire et sa domination écrasante (accaparement de l’eau par exemple) ne permettent pas d’inscrire le 7 octobre dans cette histoire longue des pogroms. Le dernier des pogroms fut exponentiel : c’est le génocide des Juifs pendant GM2, il n’y en aura plus. L’histoire a cliqué vers autre chose et heureusement.
Je parlerai donc plus clairement de « massacre antisémite ». Pogrom n’ajoute rien, sinon du cafouillage à des fins polémiques, inutiles. Les faits suffisent largement.
J’étais d’ailleurs ravi de vous lire dénoncer clairement le cafouillage sémantique autour du mot génocide, puis j’ai été immédiatement douché par la suite de votre paragraphe. Je vais donc redire ce que j’ai déjà écrit : parler de « risque de génocide », pour l’Ukraine ou pour Gasa, et à la fois absurde et indécent. Absurde car, pour les historiens du siècle prochain, il apparaitra évident qu’à aucun moment les Ukrainiens ou les Palestiniens n’ont été exposés à ce que désigne historiquement le terme génocide dans son premier usage (Arméniens, Holodomore, Juifs). Les proportions sont sans commune mesure, et oui, parfois les chiffres brutes, ça compte pour y voir clair dans l’expérience humaine. Là, il manque des zéros. Indécent car c’est tuer les réelles victimes de génocides une deuxième fois que d’abîmer ainsi le langage en écrasant la singularité du fait génocidaire. Votre formule « risque de génocide » est la variante soft du même processus linguistique et politique à l’œuvre chez LFI. Daignez sortir de ces restes d’outrances, notre pensée collective en sera grandie.
On peut parler sans problème de crime contre l’humanité (par la Russie de Poutine, par Israël et évidemment par le Hamas), ça veut déjà tout dire. Pas besoin de ramener l’affect du mot génocide, qui doit être réservé à autre chose.
« Epuration ethnique » est aussi tout à fait justifié, pour certaines dynamiques sionistes. De la même façon qu’on peut parler d’épuration ethnique commise par l’Algérie indépendante, ce qui devra être dénoncé clairement, quand les historiens auront enfin le courage de la vérité.
A ce propos, je vous sens encore bien timide pour parler de l’antisémitisme non-occidental. J’ai hâte de vous entendre identifier comme tel l’antisémitisme consubstantiel à l’islam.
Au plaisir
solidairement,
R.
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En ce jour, particulier où l’islam parade dans la capitale mondiale de la révolution, quelques évidences historiques.
Les inventeurs et défenseurs du concept d’islamophobie (CCIF, Abdelaziz Chaambi, etc.) sont des antisémites notoires (en plus d’avoir activement milité contre le mariage pour tous). Ce soir, ils auront la voix cassée après une si belle journée pour eux, aux côtés de la gauche. Pourquoi, comment une telle catastrophe ?
A l’heure où un film grand public (qui entend encore vainement faire la part des choses entre le bon musulman et l’intégriste) oblige Attal à parler enfin de l’islamisme à l’école, il faudrait se souvenir de ce qu’est l’islam à l’origine et donc ce qu’il restera toujours.
Pour n’importe quel historien honnête, c’est une évidence : l’antisémitisme est natif dans l’islam. S’il y a de l’antisémitisme en dehors de l’islam (avant par exemple), il n’y a pas d’islam sans une forme d’antisémitisme, et il n’y en aura jamais : c’est incompatible avec le credo. Mahomet a voulu être le nouveau prophète des Juifs dont il avait embrassé la religion, les Juifs ont rigolé, il les a donc massacrés et chassés : en quelques décennies, les Juifs qui étaient présents depuis des siècles en Arabie, ont disparu. Depuis, il n’y a plus de Juifs à Médine, qui a connu une nettoyage ethnique.
On peut dire que les Musulmans ont ensuite veillé à protéger les Juifs, car premier peuple élu, mais c’est toujours en les maintenant dans un statut inférieur, explicitement antisémite, et le nom de l’attaque du 7 octobre porte celui de cette mosquée construite par le sabre, au cœur de la civilisation juive multimillénaire. Cette mosquée est le symbole de l’imposition matérielle, physique, d’un culte sur un autre, par la force brute, militaire. Pas étonnant donc, que des Juifs veuillent la faire sauter : ils ont les fouilles archéologiques qui plaident pour eux. On peut rependre le film dans n’importe quel sens, la création de cette mosquée est un geste antisémite, par essence, comme sa défense aujourd’hui. Ce que n’arrivent pas à comprendre les décoloniaux car ils ne voient pas qu’il y a aussi autre chose qui se joue dans l’affaire en cours, un vieux compte non soldé. Le cadre opérant d’analyse, ne commence pas à 1948. Les slogans hurlés le 7 octobre n’ont rien à voir avec 1948, mais tout à voir avec la naissance historique de l’islam (et aussi avec sa transmission fantasmée dans le Coran ce qui n’empêche pas l’histoire réelle d’avoir son vrai poids). De la même façon, VP, lorsque vous recourrez au cadre géopolitique global de 2024, vous contribuez à l’occultation répétée du vrai cadre historique, celui de cette fameuse mosquée, sa date de création : où, comment ?
Pourquoi un des trois lieux reconnu comme saint par 1,2 milliard de musulmans se situe sur un sol qui était dédié au culte juif depuis plus de 1 000 ans ? Il y a là un petit problème, et ne pas parler de ce petit problème est un symptôme grave, qui indique une déconnexion totale de ce que vivent les musulmans dans leur chair. Eux, ils s’en foutent du lien avec l’Ukraine, ils font le lien intime avec cette mosquée, leur prophète et leur prière du vendredi. Ou bien on s’en fiche et on accepte que de ce fait, les musulmans risquent de prendre une balle, d’où qu’ils soient, ou bien on essaie de déplier le problème, la bobine du film et on allume la lumière pour regarder en face ce qui s’est gravé dans notre inconscient collectif à tous.
Le 7 octobre, des Arabes musulmans ont déferlé une fois de plus chez les Juifs pour trancher des gorges et violer, aux mêmes cris qu’il y a 1 500 ans. Car oui, ils l’avaient déjà fait. C’est même un gimmick islamique, n’en déplaisent aux islamologues bons teints qui essaient de bidouiller un islam des Lumières autant que je pourrai vous sortir un maoïsme des Lumières. La violence antisémite est un motif interne essentiel au principe de l’islam. Ça fait peur à dire, et pourtant c’est une simple vérité historique.
Si on ne raconte pas l’histoire de Mahomet, on ne peut pas comprendre pourquoi les Juifs mettent Gaza au supplice devant les caméras du monde. C’est un spectacle sordide fait pour durer, pour être vu et su. C’est une infra-communication dans l’interlocution historique. C’est aussi pour cela que les Israéliens mettent et remettent des grandes baffes à l’Iran, le bon client chiite, servant d’exemple à tous les voisins sunnites, Emiratis, Turques, Egyptiens ou Saoudiens. Les peuples arabes sont toujours inconsciemment antisémites, c’est à eux que s’adressent les coups, pour attaquer cet inconscient. Si Israël torture des Musulmans devant les caméras c’est parce que les Musulmans sont antisémites, par le simple fait de se réclamer de Mahomet et de cette mosquée.
L’infra-communication est claire : « on sait que vous êtes tous, les Musulmans, des antisémites par essence, depuis 1 500 ans vous nous pourchassez parce qu’on récuse votre prophète armé. Mais les temps ont changé, depuis 1945. Ce que vous refusez d’admettre, c’est qu’un Juif est désormais un humain comme les autres : nous sommes sortis de l’enfer, vivants. Désormais nous sommes libres et avons droit à la citoyenneté pleine et entière (ce qu’induit la nouveauté inédite de l’Etat d’Israël, inconsciemment refusé pour cela.) Il n’y aura donc plus jamais de pogrom. Vous avez tuez nos enfants quand nous étions faibles, reconnaissez-le, excusez-vous, récusez les crimes de votre prophète et après nous pourrons pardonner et avancer ensemble. Au lieu d’excuses, vous glorifiez Mahomet l’assassin et vous récidivez son crime régulièrement depuis 1 500 ans, sans cesse. Nous allons donc vous empaler lentement sur votre sabre tordu, un par un s’il le faut, enfants compris, et votre démographie ne pourra rien face à notre technologie. Tant que vous éduquerez vos enfants dans l’islam et donc dans l’antisémitisme, on n’aura aucun scrupule à les tuer et les affamer car on sait ce dont ils seront capables demain : depuis 1 500 ans, vous n’avez jamais arrêté de nous écraser, tant que vous ne changerez pas votre religion, vous continuerez à nous haïr, alors on vous tue d’avance. »
Les massacres de Juifs ne résultent pas de la domination israélienne, ils ont commencé bien avant, ils sont au principe de l’islam. Ce monothéisme se créé dans et par l’opposition intrinsèque au judaïsme, car il le plagie. Il fallait tuer l’original, sinon le risque qu’on comprenne que ce n’est qu’une nouvelle pale copie, allait se voir.
Pas besoin d’être chercheur pour voir et éprouver le lien entre les sabres de l’actuel drapeau saoudien et ceux de Mahomet. Tant que l’islam sera ce qu’il est, les musulmans auront une arme braquée sur la tempe, et bien souvent la tête qui explose, car se dire musulman c’est toujours automatiquement brandir un sabre, quoiqu’en disent les tentatives de dénégations et contorsions.
L’histoire a sa mémoire. La planète entière est prête à s’unir dans une folie contre l’islam : Chine, Inde, Russie, Otan.
A cause de cette amnésie, cette incapacité et ce refus du langage historique, les musulmans risquent d’être les martyrs de demain – le réchauffement favorisant de nouvelles transes barbares dont l’humanité a hélas l’habitude. La responsabilité des musulmans éclairés est de dire la vérité sur leur prophète. Tant qu’ils n’auront pas changé de pavillon, ils s’exposent à des massacres généralisés.
Il faut dire l’histoire, la reconnaître, pour la stopper. Renoncer (à l’islam, pas à forcément à la spiritualité) et en face pardonner.
Sinon, des catastrophes se profilent partout, Gasa étant le coup de semonce de cette nouvelle ère. Nous disons donc aux musulmans « Reconnaissez l’histoire en face, et cessez toute proclamation ou revendication guerrière, reculez sur cette foutue mosquée, avant que les foudres de la folie collective ne s’abattent sur vous ». Pas sûr que ce sera entendu.
C’est ballot, quand on sait à quel point l’islam a contribué au processus mondial de civilisation. Nous ne serions rien sans certains musulmans (algorithme étant bien sûr un mot arabe, comme zéro, sans qui le capitalisme ne serait pas). Mais tant que les musulmans refuseront l’histoire complète pour ne retenir que quelques beaux siècles, le réel leur fera sauter le crâne. C’est pas sur l’Amérique ou Israël qu’ils se cognent, mais bien sur le réel : ils se réclament d’un assassin, voilà la réalité.
Et l’IA sécuritaire saura vite étouffer dans l’œuf le terrorisme et la « résistance ».
Quant aux révolutionnaires, ils se doivent de dire ce qu’est l’islam : antisémite, sanguinaire, négrophobe, homophobe, sexiste, dans son principe. (L’islam civilisationnel étant un moment minoritaire de l’islam, qui fut positivement décisif pour toute la civilisation humaine.)
Evidemment, ça ne va pas plaire aux décoloniaux, qui nous détestent déjà car ils détestent la vérité. Mais les faits sont têtus, l’histoire c’est l’histoire, et il se trouve que Jésus, lui, n’a pas massacré des tribus juives, avec femmes vieillards et enfants. Il se trouve aussi que l’Eglise, qui de toute façon n’a rien à voir avec Jésus, a reconnu son crime antisémite et purgé son crédo (c’est pas parfait, mais le geste est réel).
Mahomet, a tué des Juifs parce qu’ils étaient Juifs (et des polythéistes aussi, ce dont la Kaaba est le symbole affreux, autour duquel tournent 1 humain sur 8 !). Mahomet n’est pas un héros, c’est un meurtrier. Mahomet a commis le mal, et ce n’est pas une question de croyance ou de point de vue. C’est un fait. Tant qu’on ne pourra pas dire ces vérités qui habitent encore pleinement l’inconscient collectif, on ne comprendra pas que le 7 octobre ne s’inscrit pas dans l’histoire des pogroms européens, mais dans celle des razzias relatées dans le Coran et apprises par cœur par des millions d’enfants.
La simple vérité, c’est que se dire musulman c’est se réclamer d’un chef de guerre polygame qui a chassé et tué des personnes pour le simple fait qu’elles étaient juives, donc c’est endosser son geste, même si on récuse tout antisémitisme. On peut être bêtes ou ignorants, mais les mots ont un sens et une puissance qui nous dépassent, de toute façon. Se dire musulman, ce n’est pas assumer une origine (arabe, palestinienne, berbère, sénégalaise) c’est revendiquer une identité religieuse : c’est une proclamation politique dans la cité et le monde (qu’on en ait conscience ou pas n’y change rien).
Prenons l’exemple de ceux qui se disent nazis mais pas antisémite, ils aiment et arborent la croix gammée mais disent qu’il ne faut plus détruire les Juifs et qu’Hitler s’est trompé sur ce point, car il n’est qu’humain et a donc pu se tromper, bichette (comme Mahomet évidemment). Des gens peuvent le ressentir sincèrement, comme pour les musulmans non antisémites, mais cela ne nous empêchera pas de dire qu’ils le sont néanmoins, par essence, car le nazisme est intrinsèquement antisémite, tout comme l’islam. Parfois, les sciences humaines, ça revient justement essentialiser. Il faut essentialiser le nazi, même le nazi contemporain, qui se voudrait écologiste végétarien islamophobe pro-israélien et pour la protection des Juifs. Nous devons l’essentialiser, l’enfermer dans la catégorie qu’il revendique délibérément. Il se revendique nazi, alors nous allons le ramener sans cesse à la racine du nazisme. C’est pareil pour quelqu’un qui s’énonce dans le monde comme incliné devant l’œuvre de Mahomet. Il sera sans relâche ramené à cette œuvre précise, et donc essentialisé, enfermé dans la catégorie antisémite qu’il affiche hélas volontairement, de façon plus ou moins consciente. Si on avait fait cela dès le départ avec les Black Panthers qui ont viré Black Muslim, on serait moins atterrés devant les actuels accointances antisémites du mouvement décolonial américain et européen. Cet islam soit disant révolutionnaire était déjà antisémite et conspirationniste.
Se dire musulman n’est pas anodin, ne l’a jamais été et ne le sera jamais (comme pour toute religion évidemment, se revendiquer de l’Hindouisme, c’est un crime en soi), cela veut toujours dire qu’on se réclame de la geste de Mahomet qui a consisté à purger l’Arabie des croyances polythéistes et des autres monothéismes, puis à imposer le culte de sa personnalité au delà de la zone arabophone, via des mosquées, pour coloniser des régions entières, à grands renforts d’esclaves. Les autres n’ont pas fait mieux, certes, et on ramène tout autant des Japonnais fiers de leur drapeau à leur histoire affreuse, et tant que ce drapeau existera on le dénoncera pour ce qu’il est : un symbole de mort. On peut être japonnais et détester ce drapeau, on peut être arabe et abjurer l’islam, même si c’est plus dangereux.
Un musulman qui n’est pas antisémite, qui militerait pour la réinstallation de Juifs à Médine et la Mecque, ça n’a plus aucun sens, ça voudrait dire que peut se dire musulman quelqu’un qui affirme que Mahomet s’est gravement trompé et qu’il faut réparer le mal qu’il a commis, ce qui est antinomique avec le fait musulman qui est justement indexé, depuis le départ, sur la reconnaissance du génie total, ultime et unique de Mahomet, puisque c’est précisément cela que les juifs on refusé de faire. Se dire musulman c’est précisément dire « je pense que Mahomet est le dernier prophète, et les juifs, en particulier parce qu’ils disent le contraire, doivent être tués, chassés ou maintenus sous domination ».
Rappeler cela paraît totalement scandaleux occidentaux, mais dans n’importe quel pays musulman ce rapport au prophète et aux juifs est une évidence ressentie comme telle.
On va rétorquer, au mieux, que rappeler de telles vérités c’est jeter de l’huile sur le feu. Au contraire, il s’agit de découvrir grâce au langage, les braises qui couvent et nous brulent régulièrement sans qu’on comprenne pourquoi.
La vérité est désagréable, la nier est dangereux.
Autant vous dire que j’ai renoncé à ma carrière de prof d’histoire en collège et lycée. Ce n’est pas un hasard si les profs d’histoire sont des cibles privilégiées pour les lames islamiques.
Ceci m’amène pour finir à vous interroger sur un point : que pensez-vous de l’expulsion, par l’autoritariste Darmanin dont vous parlez, d’imams (antisémites, cela va de soi). Est-il islamophobe, Darmanin, quand il fait fermer un lycée islamique (et donc antisémite) ? Ou bien défend-t-il, trop tard, ce qu’il nous reste des Lumières, après que la gauche, engluée dans sa culpabilité dégoûtante, se soit auto-aveuglée de bonne conscience, au point de ne plus pouvoir la vérité « Mahomet est un meurtrier et qui s’en réclame est soit ignorant soit méchant » ?
Pour ou contre l’expulsion de ces imams ? (Pour ou contre la fermeture de Russia TV et l’expulsion de pseudos journalistes russes ?)
L’époque invite à clarifier les lignes et c’est tant mieux.
Enfin et au passage, je vous inviterai à ne pas trop fétichiser le concept de fétichisme.
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Un nouveau billet sur mon blog à Mediapart décryptant la transformation en slogan.. génocidaire contre « Israël » du terme de « génocide », inondant les réseaux sociaux et hélas les tribunes de « la gauche de gauche » pour qualifier la guerre d’Israël à Gaza et en Cisjordanie…
https://blogs.mediapart.fr/marc-daniel-levy/blog/270424/rayer-israel-de-lhistoire
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« alors que le « ressentiment » antijuif des opprimés est, somme toute, bien compréhensible »
Propos imaginaires que les organisations précitées n’ont jamais tenu. Tout cela se passe dans votre imagination. Avec des sous-entendus lamentables et hors-sol.
D’autre part, je constate que vous n’avez jamais établi, ce fait pourtant évident, que l’accusation d’antisémitisme portée envers quiconque s’oppose à la politique d’apartheid israélienne est un moteur de l’antisémitisme.
Ce n’est pas la critique de cette ignoble accusation qui serait « antisémite », c’est cette manipulation grossière de l’opinion, qui est à caractère potentiellement antisémite.
De même, ce n’est pas la dénonciation, à gauche, de l’instrumentalisation par les forces réactionnaires de la lutte contre l’antisémitisme, qui suivrait une logique potentiellement « antisémite » (si j’ai bien compris votre rhétorique ailleurs), mais ces accusations ignobles d’une bourgeoisie réactionnaire qui cherche ainsi non seulement à laver son passé (et pour une part, son présent) antisémite, mais à en charger la gauche antiraciste et anticoloniale (comptant des personnes juives ou d’origine juive parmi elle) de cet affect. Ces campagnes calomnieuses sont de même nature que celles qui clament que les antiracistes seraient « racistes » ou « wokes » (version médias dominants etc.).
Inversion idéologique comme la « camera obscura » dont parlait Marx.
La dénonciation de ces accusations, comme relevant d’une diffamation constitutive d’une propagation de l’antisémitisme, fait aussi partie de la lutte contre l’antisémitisme. Et non pas d’un prétendu imaginaire « antisémite ». Affirmer cela serait abonder dans ces grossières manipulations de l’opinion publique, être hors-sol.
Vous n’écoutez pas vraiment ces juifs anticoloniaux.
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