Face à la possibilité réelle d’une agression nucléaire de l’Ukraine ou d’autres pays par la Russie, la logique mortifère de la « riposte automatique », héritée de la guerre froide, ne peut mener qu’à une catastrophe mondiale, et peut-être à l’extinction de l’humanité, sinon de toute vie sur terre. Il est urgent que les peuples se mobilisent pour faire abandonner cette perspective à leurs gouvernements et exigent la destruction sans délai de tous les arsenaux nucléaires existants.
L’agression russe sur l’Ukraine est la pleine responsabilité du président et du gouvernement russes, et doit être caractérisée comme telle par le mouvement ouvrier international et les démocrates du monde entier. Elle doit susciter les mêmes mots d’ordre tout autour de la planète : A bas Poutine ! Troupes russes hors d’Ukraine ! Résistance ukrainienne appuyée par les travailleurs du monde entier !
La réalisation de ces mots d’ordre exigera l’action conjointe de la lutte armée et de la résistance ukrainiennes, de la mobilisation des travailleurs et démocrates russes, bélarusses, kazakhs, géorgiens, et du soutien des peuples du monde entier. Elle peut être le prélude à la révolution en Ukraine, en Russie et dans les pays voisins. La seule perspective pour l’humanité aujourd’hui ne peut être que la sortie du capitalisme, porteur de guerres, de surexploitation, de misère, de maladie, de destruction de l’environnement, du climat et de la biosphère. La seule perspective est le socialisme mondial, unique alternative à l’effondrement de la civilisation humaine.
Certes, plus elle se poursuivra, plus la résistance des peuples à l’invasion de l’Ukraine, aux massacres et aux destructions sera forte et inflexible, et plus elle sera susceptible d’aboutir au recours par le gouvernement russe à l’emploi du feu atomique, soit en suscitant un accident majeur dans une centrale nucléaire ukrainienne, soit par l’emploi direct d’armes nucléaires, qu’elles soient « tactiques » ou « stratégiques ». Cette dernière distinction est entièrement artificielle, car, dans la logique de la doctrine de la « dissuasion nucléaire » imposée, avec la complicité des dirigeants du mouvement ouvrier mondial et de tous les « démocrates », aux peuples du monde entier lors de la guerre froide, et qui lui a survécu (cherchez l’erreur), toute agression nucléaire d’un pays vis-à-vis d’un autre doit aboutir « automatiquement » à une riposte elle-même nucléaire. Cette fausse logique de « la guerre qui ne peut avoir lieu » n’a jamais fait l’objet d’une mobilisation massive des travailleurs et des peuples, prisonniers et otages de leurs gouvernements, qu’ils soient « occidentaux » ou staliniens, et de leurs organisations syndicales et politiques qui n’ont jamais fait de cette exigence une question centrale et incontournable. Face à Poutine aujourd’hui, cette menace n’a plus aucune pertinence (si elle en a jamais eu) et la stratégie de la dissuasion nucléaire est devenue obsolète. Si les USA, l’Angleterre et/ou la France réagissaient à une attaque nucléaire russe par une riposte nucléaire, suscitant une nouvelle réponse russe (depuis la terre, la mer ou l’espace), l’engrenage irréversible menant à l’apocalypse nucléaire mondiale serait enclenché.
Une telle perspective reviendrait à sceller définitivement le sort de l’humanité, car l’hiver nucléaire et l’irradiation massive de l’ensemble de la planète qui en résulteraient auraient de grandes chances d’aboutir à l’extinction d’une grande partie de la vie sur le globe.
Il est certes fort possible que Poutine mette ses menaces à exécution et procède à une attaque nucléaire de l’Ukraine ou d’autres pays. C’est alors lui qui serait responsable d’un crime inqualifiable contre l’humanité, qui jusqu’à présent n’a eu qu’un seul précédent historique, celui de Truman à Hiroshima et Nagasaki en 1945.
Ce n’est pas après la première frappe nucléaire russe que les peuples pourront empêcher leurs gouvernements de riposter à celle-ci par d’autres frappes nucléaires et d’enclencher cet engrenage irrévocable : c’est aujourd’hui.
C’est dès aujourd’hui que le mouvement ouvrier et toutes les forces démocratiques et humanistes devraient se dresser massivement (par des pétitions, des manifestations, des grèves, jusqu’à la Grève Générale) et exiger de leurs gouvernements de s’engager à ne pas répondre à une attaque nucléaire russe par des ripostes nucléaires et à démanteler sans délai leurs arsenaux nucléaires. Contrairement à ce que certains ne manqueront pas de dire, ce n’est pas cela qui amènera Poutine à décider d’appuyer sur le bouton rouge : cette décision, il l’a sans doute déjà prise ou il la prendra de lui-même sans avoir besoin de cet encouragement, comme il l’a fait pour l’agression de l’Ukraine.
En revanche, que les peuples, y compris en Ukraine et en Russie, s’emparent de ces exigences (aucune riposte nucléaire à Poutine, démantèlement des arsenaux nucléaires) ne pourrait que contribuer à souder les forces de résistance à son agression et à préparer les révolutions qui pourraient en être la conséquence.
Bien entendu, l’unanimité se fera pour dire que le présent texte est l’expression d’une naïveté et d’un utopisme hallucinants et inexcusables. Rien n’est plus vrai. Mais croire que notre civilisation pourra survivre à la guerre d’Ukraine de 2022 si le conflit devient nucléaire est celle d’un aveuglement encore plus criminel.
A bas Poutine ! Troupes russes hors d’Ukraine ! Résistance ukrainienne ! Non à toute riposte nucléaire ! Destruction sans délai de tous les arsenaux nucléaires ! A bas tous les impérialismes ! Révolution socialiste ou barbarie !
Alain Dubois, le 6 mars 2022.