Discussion du « Mémorandum » de Gilbert Achcar et proposition d’orientation concrète.

Il ne faut pas confondre les deux niveaux de l’affrontement actuel. Il y a d’abord une guerre d’agression impérialiste de la Russie contre l’Ukraine. Tout véritable internationaliste est inconditionnellement pour la défaite de la Russie, le retrait de ses troupes, la défense de l’Ukraine. Et il y a un affrontement global où l’impérialisme nord-américain a pris la direction de l’isolement économique et financier de l’impérialisme russe, potentiellement livré à l’impérialisme chinois, qui toutefois, ne souhaite pas un tel « cadeau » dans ces conditions explosives là. Cette dernière « guerre » n’est pas notre guerre. La guerre de la nation ukrainienne contre l’impérialisme russe est notre guerre.

En cela, nous pouvons nous inspirer de la célèbre formule de Lénine : « transformation de la guerre impérialiste en guerre civile » (Situation et taches de l’Internationale socialiste, 1° novembre 1914). Les voies de cette transformation peuvent passer par l’opposition à la guerre comme telle, par le défaitisme révolutionnaire (actuellement en Russie), par le défensisme révolutionnaire (actuellement en Ukraine et envers l’Ukraine). La combinaison de ces formes relève de l’analyse concrète de la situation concrète et pas de l’application de recettes préétablies.

C’est ainsi que les « révolutionnaires » en peau de lapin qui croient ou font semblant de croire que réciter « Non à la guerre, non à l’OTAN » est « la » position internationaliste de l’heure ne se font ni plus ni moins que les petits fourriers de l’impérialisme russe et de l’union sacrée avec celui-ci et, dans leur pays, avec les secteurs bourgeois et étatiques souhaitant cette alliance. Un bilan sera à faire des positions des uns et des autres.

D’autres entreprennent de discuter concrètement sur la base du réel. Le réel, en ce samedi matin 5 mars 2022, c’est l’aggravation de la pression impérialiste russe : armes thermobariques dans les rues de Kharkiv, danger nucléaire majeur à la central de Zhaporijia-Enherodar, où le pire a été évité par la population groupée devant les chars et par les admirables techniciens ukrainiens restés à leur poste, prise de Kherson où 11 femmes ont été violées et 6 tuées ensuite, la population poursuivant une résistance passive généralisée et souvent active, siège de Marioupol, mais aussi désertion et passivité de milliers et de milliers de jeunes soldats russes, pratiquement une grève sur le tas, et troubles probables sur plusieurs navires de la flotte russe de la mer Noire dans la journée du jeudi 3 mars, ayant empêché sa pleine utilisation contre Odessa et contre Marioupol. En outre, Poutine a commencé à menacer les pays baltes et la Moldavie.

Un important article de Gilbert Achcar circule largement, qui tente de donner une « ligne de conduite » aux internationalistes sérieux et pas aux faussaires et menteurs pro-Poutine dans les faits sinon dans leurs esprits. Cet article, Mémorandum sur une position anti-impérialiste radicale concernant la guerre en Ukraine, est à relier à la position prise par la IV° Internationale-Secrétariat Unifié, qui s’est extrait du campisme de l’époque de la guerre froide, sans pour autant avoir adopté la méthode consistant à chercher la pointe révolutionnaire dans les situations concrètes, à élaborer une stratégie révolutionnaire pour l’époque de guerres et de révolutions dans laquelle nous sommes entrés de plain-pied, où va se jouer la survie même de la civilisation et peut-être du genre humain.

Je résume cet article. Dans un préambule extrêmement critiquable, G. Achcar qualifie l’agression contre l’Ukraine de « deuxième moment déterminant de la nouvelle guerre froide » après l’invasion US de l’Irak en 2003. Cette caractérisation est triplement malheureuse. Premièrement, elle renvoie à la « guerre froide » qui était une situation en fait très différente, et peut renvoyer par là même aux mauvais réflexes « campistes » de choix d’un camp de la guerre froide. Deuxièmement, elle n’intègre pas à l’analyse mondiale globale la poussée révolutionnaire et notamment les « révolutions arabes » depuis 2011, le Maidan ukrainien suivi des grèves bélarusses et de l’explosion kazakhe, et la vague mondiale engagée fin 2019 avec notamment le mouvement paysan indien et le processus constituant au Chili. Troisièmement : la guerre n’est pas froide, tout simplement. Elle est chaude et elle est là.

Là n’est toutefois pas l’essentiel. Après cette caractérisation trop hâtive, G. Achcar a l’immense mérite de formuler 6 positionnements très concrets.

Premièrement, ne pas se contenter de demander l’arrêt de l’attaque mais exiger le retrait immédiat et sans condition des troupes impérialistes russes.

Deuxièmement, cette exigence s’applique à tout le territoire ukrainien de 2014 donc aussi à la partie occupée du Donbass cette année-là et à la Crimée, car les conflits frontaliers ne sauraient être résolus que par « l’autodétermination démocratique ».

Je reproduis entièrement le troisièmement : « Nous sommes opposés aux appels à l’intervention militaire directe d’une force impériale [pourquoi « impériale » et pas « impérialiste » ? passons] contre une autre, que ce soit par des troupes au sol ou par l’imposition d’une zone d’exclusion aérienne à distance. Par principe, nous sommes contre l’intervention militaire directe de toute force impérialiste, où que ce soit. Demander à l’une d’entre elles d’affronter une autre équivaut à souhaiter une guerre mondiale entre puissances nucléaires. De plus, il est impossible qu’une telle intervention puisse s’effectuer dans les limites du droit international puisque la plupart des grandes puissances impérialistes disposent d’un droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU. Même si l’on peut aisément comprendre que les victimes ukrainiennes de l’agression puissent lancer, par désespoir, de tels appels, il s’agit néanmoins de demandes irresponsables. »

Quatrièmement, il faut par contre appuyer sans conditions (et même exiger) la livraison d’armes défensives. G. Achcar rappelle qu’au temps de la lutte contre la guerre du Vietnam, il ne venait pas à l’esprit des manifestants de s’opposer à l’aide militaire soviétique et chinoise envers le Vietnam, et l’on pourrait ajouter à cela l’exemple de Cuba, proche en fait de l’exemple ukrainien, car là aussi il s’agit d’une nation opprimée confrontée à un oppresseur impérialiste puissant et proche.

Cinquièmement, disant « ne pas avoir de position de principe générale sur les sanctions » G. Achcar conclut qu’étant à la fois opposé à l’agression russe et méfiant envers « les gouvernements occidentaux » il vaut mieux n’avoir … aucune position …

Sixièmement, il faut défendre le droit d’asile total pour les réfugiés et y compris une aide humanitaire allant à l’intérieur de l’Ukraine.

Dans ce tableau, étant d’accord avec tous les autres, je discuterai les points 3 et 5 qui sont, franchement, inconsistants voire incohérents. Mais ces problèmes se situent dans un cadre plus large : G. Achcar tente de définir une position concrète complète à partir de principes, certes, mais il le fait dans une démarche qui n’est pas consciemment orientée vers la formulation d’une stratégie révolutionnaire globale, posant la question du pouvoir et celle de la transformation des affrontements impérialistes en guerre civile. Par conséquent, manque à ce tableau ce qui devrait le surplomber : DEHORS POUTINE, entendu comme une tache prolétarienne et démocratique, concernant au premier chef les peuples russe et ukrainien, par le défaitisme en Russie et en Bélarus et par la défense nationale en Ukraine, et concernant les manifestants et adversaires véritables de la guerre dans le monde entier.

Ceci posé, venons-en maintenant au point 3 qui dit : surtout pas de troupes au sol mais pas même de No Fly zone. De fait, Joe Biden et tous les chefs d’État de l’OTAN sont sur cette ligne qu’ils avaient annoncé avant même l’attaque. G. Achcar avance trois sortes d’arguments, disparates voire contradictoires : celui des « principes », à savoir, si l’on comprend bien, que des révolutionnaires ne doivent jamais demander à des puissances impérialistes d’intervenir ; celui du danger : ceci allumerait le feu nucléaire par Poutine ; et celui du « droit international » et notamment du droit de veto russe (et chinois) au conseil de sécurité de l’ONU à supposer que telle soit (ce qui n’est pas le cas !) la position des EU, du Royaume-Uni et de la France. Et en conclusion : on comprend les Ukrainiens mais ce sont des irresponsables !

En ce qui concerne le « droit international », au point où il en est, la défense des institutions onusiennes, d’origine impérialiste, qui peut certes se discuter dans la pratique, ne relève absolument pas d’un « principe ». Écartons donc cet argument ici pour nous concentrer sur la position de principe et sur l’argument du danger.

Toute l’argumentation esquissée ici par G. Achcar est biaisée malgré lui par le fait qu’elle pose comme préalable qu’une aide militaire ne pourrait qu’avoir une origine « impérialiste ». Est donc écartée d’emblée, même pas mentionnée et peut-être impensée, l’aide prolétarienne directe, et si elle l’est, ce n’est pas parce que G. Achcar refuserait en soi d’envisager l’envoi de volontaires internationaux – je pense qu’il en est tout à fait capable – mais parce que la méthode politique suivie ici n’est pas révolutionnairement active, dirigée sur « Dehors Poutine », mais consiste seulement à voir comment réagir sans se tromper – ce qui conduit justement, fatalement, à se tromper !

D’autre part, est posé implicitement le fait qu’une aide militaire directe venant d’États ne peut pas être en tout ou en partie imposée par les « opinions publiques » mobilisées et avoir par conséquent une nature plus complexe, demandant certes la plus grande vigilance, mais pouvant relever d’une pression populaire démocratique qui l’exige – à l’instar de la demande adressée par des milliers de manifestants en 1936, non seulement au gouvernement français de Front populaire, mais au gouvernement britannique de droite, de « Des avions, des canons, pour l’Espagne ».

On sait d’ailleurs que le gouvernement Blum, avec le radical bourgeois Cot, a fourni des armes, de façon tout à fait insuffisante, à l’Espagne républicaine dès 1936 de façon semi-clandestine, alors même que les staliniens appelaient encore à la non-intervention. C’était des armes « impérialistes » ? Je ne pense pas. Même si d’autres considérations diplomatiques entraient en ligne de compte pour Blum, elles étaient imposées par la pression des masses – et elles ont fait moins de dégâts contre-révolutionnaires en Espagne que les conditions posées aux livraisons d’armes soviétiques !

Je propose donc sur cette question de l’aide armée, une autre position « active », en trois points – je reviendrai ensuite sur l’argument le plus grave, que nous partageons tous, celui du danger de guerre atomique.

Premier point : les internationalistes appellent à l’aide armée à l’Ukraine par le mouvement ouvrier lui-même. Ils soutiennent l’appel du gouvernement ukrainien à la venue de volontaires internationaux et mettent en débat dans les organisations ouvrières l’envoi d’armes et de volontaires formés. Quand bien même les possibilités concrètes sont faibles, en raison de l’état des organisations et de la politique de leurs directions, ceci doit être fait et dit. Et, disons-le clairement, ceci conduit à la confrontation politique avec les dirigeants, courants et organisations qui feront tout pour ne pas armer les Ukrainiens, qui prétendront que toute aide armée est « impérialiste », bref, ceux pour qui les bons Ukrainiens sont les Ukrainiens morts tout en étant contraints depuis le 24 février de condamner Poutine.

La faiblesse des possibilités concrètes ne doit d’ailleurs pas être surestimée. En Ukraine, c’est la Défense territoriale qui doit être armée et aidée, plus encore que l’armée et que la Garde nationale (dans laquelle sont incrustés les éléments de l’ancien bataillon Azov). Dans la Défense territoriale sont engagées plusieurs jeunes camarades du Mouvement social, dans la Défense territoriale on a 20% à 30% de femmes combattantes, dans la Défense territoriale figurent plusieurs unités anarchistes s’affirmant comme telles, c’est à la Défense territoriale que Zelensky a dit vouloir agréger les volontaires internationaux, l’un d’eux, ancien du Rojava, a twitté depuis Marioupol assiégée, et c’est la Défense territoriale qu’ont rejoint les volontaires bélarusses, comme Ilya Livin, tué au combat vendredi 4 mars.

Deuxième point : nous exigeons des gouvernements en place, dont aucun n’est « notre » gouvernement, une aide armée dans la transparence et inconditionnelle. Inconditionnelle, cela veut dire sans poser de conditions aux ukrainiens, mais aussi sans conditions politiques liées aux choix stratégiques et diplomatiques des gouvernements, de l’OTAN ou de l’UE.

Troisième point : cette exigence ne change en rien notre opposition aux gouvernements impérialistes, par exemple au gouvernement Macron en France, bien au contraire. Si nous avions des députés, ils voteraient toujours contre toute confiance et donc contre les crédits militaires. En France, il est possible d’opposer les interventions néocoloniales africaines et la soi-disant « politique de la mer » (chère à J.L. Mélenchon !), au besoin d’aide et d’armes de la résistance anti-impérialiste ukrainienne.

Aider concrètement l’Ukraine, cela veut dire militairement. Cette exigence doit être brandie de façon explicite, transparente et démocratique. Cela ne veut pas dire prendre des mesures économiques conduisant à affamer la population russe, dont rien ne permet d’ailleurs d’affirmer qu’elles peuvent l’opposer à Poutine, car cette opposition dépend du cours de la guerre et de la lutte engagée en Russie même. En ce sens, s’il n’y pas lieu d’en faire un mot d’ordre de manifestations, il convient d’expliquer que cette guerre économique là, et ses prolongements militaires éventuels, n’est pas notre guerre. Certes, le fait qu’on peut voir qu’il est possible d’exproprier des biens bancaires et immobiliers d’oligarques est un excellent signal anticapitaliste, et les fortes manifestations à Genève, Berne ou Lausanne ont contribué à contraindre la confédération suisse à prendre quelques mesures allant dans ce sens. Mais le plan global de sanction, qui pour Joe Biden était le corollaire de la non-intervention visant à laisser l’Ukraine se faire saigner, fait partie des rivalités inter-impérialistes que nous rejetons avec le système de domination qui les fonde et qui les aggrave. Voila pour le point 5 de G. Achcar.

J’en viens maintenant à la question du risque nucléaire. Une No Fly Zone serait le casus belli le déclenchant, donc ce serait exclu ? Mais le risque nucléaire est déjà là.

Poutine ne cesse d’en menacer. Il y a risque immédiat en Ukraine d’attaque nucléaire stratégique, ou/et d’attaque nucléaire « tactique » et « sale », ou/et d’attaque au gaz dont des sous-produits du nucléaire, ou/et d’ « accidents » dans une centrale. La fuite en avant de Poutine menace le monde entier de l’arme atomique, c’est la réalité.

Son renversement s’impose donc aussi pour cela, et la voie de son renversement c’est la résistance ukrainienne et le défaitisme russe et bélarusse. Mais c’est bien contre cela qu’il menace de jeter la Bombe. L’argument, qui se comprend, de la peur, est donc extensible : si Poutine ne doit pas être « provoqué », alors ce ne sont pas seulement les armes et la No Fly Zone qui peuvent être estimées comme le « provoquant », c’est, à la limite, toute attitude pouvant être interprétée comme menaçante par l’embusqué dangereux du Kremlin.

Il faut se retenir par peur ? Mais alors ne faudrait-il pas aussi ne même plus demander de livraisons d’armes antichar et antiaériennes défensives (ce qui n’est pas la position de G. Achcar) ? Tout militaire ayant combattu, tout milicien populaire, tout guérillero, mais aussi tout militant ouvrier ayant un minima de pratique de la grève de masse, sait en effet que « défensive » et « offensive » sont des catégories poreuses l’une envers l’autre, et qu’il est logique et imparable de passer de l’une à l’autre. Pour le coup on peut citer Napoléon (à titre exceptionnel ! ) : « La meilleure défensive c’est l’offensive ». Quand des commandos ukrainiens attaquent la pointe de l’armada de chars qui est au Nord de Kyiv, ils sont offensifs. Poutine peut très bien dire – et il le dit – que l’utilisation de missiles antiaériens (fournis à ce jour surtout par la Turquie, pour ses raisons propres), par l’armée ukrainienne, constitue une attaque « aérienne » contre ses forces. Et ainsi de suite.

Si l’objectif immédiat du prolétariat mondial est de chasser Poutine pour arrêter la guerre, alors il est nécessaire et légitime non seulement d’exiger une aide militaire à l’Ukraine, mais il est également impossible de déterminer une casuistique de ce qui peut être exiger et de ce qui ne doit pas l’être pour cause de risque de « riposte » nucléaire de Poutine. L’exigence ukrainienne de No Fly Zone est vitale et légitime et doit être soutenue.

« Oui mais le danger nucléaire, l’irresponsabilité, le docteur Folamour », etc., etc. Camarades, voyons les choses en face : ce danger EST là et son utilisation par Poutine peut aussi bien être activée que bridée par tout recul qui lui serait infligé, sur le terrain militaire en Ukraine comme sur le terrain de la lutte sociale et démocratique en Russie et en Bélarus. La menace EST là. Se retenir d’agir ou de préconiser une action – en l’occurrence la No Fly Zone – ne l’amoindrit PAS. Oui, nous sommes à la merci des sirènes annonçant l’arrivée de la bombe ou des radiations. Oui. C’est pour cela justement qu’il faut agir maintenant contre la guerre, contre l’impérialisme, contre Poutine !

Les militants internationalistes se basent sur les intérêts du prolétariat qui expriment ceux du genre humain. Par conséquent, ils sont contre tout emploi d’une arme de destruction massive, donc d’une arme nucléaire. Une bombe atomique « rouge » n’existe pas et ne peut exister, pas plus que qu’une bombe atomique « verte » d’ailleurs. Nous sommes pour la destruction de toutes les armes nucléaires et si la France avait un régime démocratique au service de la majorité, il l’engagerait de façon unilatérale. Cette arme ne peut jamais servir à l’émancipation car elle est d’un impact destructeur immédiat et durable (radiations) qui menace civilisation et existence humaines, y compris si elle était utilisée de manière soi-disant « limitée » sur un champ de bataille, car ce serait le précédent conduisant à l’escalade. Nous sommes donc pour appeler à l’aide militaire à l’Ukraine, No Fly Zone comprise, mais nous sommes opposés à toute riposte nucléaire à Poutine, et a fortiori à toute attaque nucléaire contre la Russie. Les états-majors nord-américain, britannique et français qui refusent d’aider le peuple ukrainien et perpétuent de fait son désarmement, ont des dispositifs stratégiques de réponse AUTOMATIQUE en cas d’attaque nucléaire de Poutine. A cela nous disons NON. C’est, pour nous, un interdit, politique, moral, réaliste, internationaliste. Il n’est d’autre bombe nucléaire que des bombes nucléaires contre-révolutionnaires.

Cette position là n’est en rien une position de faiblesse par rapport à la nécessité de mettre en avant la nécessité de battre et de chasser Poutine, bien au contraire elle en fait partie. La riposte à une attaque nucléaire ne saurait consister à compléter la destruction qu’elle produirait par une destruction plus étendue encore, voire une destruction totale. Que toute l’opprobre de l’humanité retombe sur le seul Poutine, comme tombe déjà sur lui l’opprobre de ses menaces – mais si d’autres commettent le même crime ils partageront le même opprobre.

En résumé, je préconise donc les positions suivantes.

Avant tout : pour arrêter la guerre il faut chasser Poutine. Par la défense nationale armée en Ukraine, par l’action démocratique défaitiste en Russie et en Bélarus, par les manifestations et les pressions sur les gouvernements dans le monde entier, et donc, il doit y avoir :

Premièrement, bataille dans le mouvement ouvrier pour l’envoi d’armes et de volontaires en Ukraine.

Deuxièmement, exigence aux gouvernements de l’envoi d’armes, de l’aide à l’Ukraine et de la mise en œuvre d’une No Fly Zone.

Troisièmement, cette exigence ne vaut aucun soutien politique, aucune union sacrée, aucun vote de confiance, aucun blanc-seing.

Quatrièmement, pas de soutien à l’isolement économique et financier de la Russie. Exproprier les oligarques, oui, affamer le peuple russe, non.

Cinquièmement, la peur de la « riposte » nucléaire de Poutine qui est de toute façon là et bien là, ne justifie pas mais motive l’ensemble des orientations précédentes.

Sixièmement, en toute circonstance nous condamnons l’emploi d’armes nucléaires par qui que ce soit et où que ce soit.

VP, le 05/03/22.

Annexes :

– Pour consulter le texte de Gilbert Achcar, au choix :

– Pour consulter la déclaration du Bureau exécutif de la IVème Internationale (ex Secrétariat Unifié) :