Monsieur David Lisnard, maire LR de Cannes et président de l’Association des maires de France, annonce parrainer la candidature de J.L. Mélenchon aux présidentielles. J.L. Mélenchon aura donc ses parrainages et l’on sait pourquoi : ce qui reste le premier « parti » de la V° République a fait savoir qu’il faut qu’il les obtienne, ayant constaté que la fin du soutien du PCF et la faiblesse de celui du POI ne permettent plus au candidat concerné d’en être assuré, loin s’en faut. L’originalité est que ce soit public : sans doute cela aurait-il été trop voyant si ça s’était fait officieusement, comme d’habitude.
500 signatures d’élus validées par le Conseil constitutionnel : ceci constitue une assurance pour la V° République. Seuls les candidats ne présentant aucun risque pour le régime, ou seuls les candidats dont l’absence constituerait un facteur de déstabilisation, sont validables. Les militants qui postent sur les réseaux sociaux des photos de cours de ferme dans la France profonde pour attester de leur valeureuse chasse aux parrainages feraient bien de se rendre compte que l’attribution ou pas du lot de signature à leur candidat ne dépend au final pas d’eux …
Dans le cas de J.L. Mélenchon, le message du baron LR est, certes, que son élimination par cette procédure produirait un choc dangereux par les réactions qu’il pourrait à juste titre susciter. Mais c’est aussi un rappel de qui fait partie du club de la V° République. Voici quelques jours, le maire d’une petite commune lié au POID, Serrières-sur-Ain, faisait savoir qu’il envoyait son parrainage à J.L. Mélenchon tout en déplorant que, dans le programme « l’Avenir en Commun », la constituante soit annoncée comme en partie tirée au sort et comme devant cogiter pendant deux années au minimum, et que pendant ce temps le président compte bien présider façon V°. Ce camarade maire peut savoir maintenant qu’il n’a en fait pas de souci à se faire concernant les parrainages de ce candidat, et que, en précisant en quoi il est en désaccord avec lui sur ce qu’est une véritable assemblée constituante, il montre aussi pourquoi.
Le verdict du président LR des « maires de France » est public et pas du tout discret, c’est là un signe. Signalons deux autres signes : celui du président du MEDEF Roux de Bézieux qui déclarait à J.L. Mélenchon qu’il serait un président « sérieux » mais que le programme de son mouvement produirait la fuite des capitaux, ce à quoi le sérieux présidentiable lui répondait que bien au contraire, il remplirait ses carnets de commande. Le troisième signal vient de J.L. Mélenchon lui-même et, à vrai dire, c’est plus qu’un signal car c’est une position centrale : « Sur l’Ukraine, on doit tenir bon sur les principes. Je suis pour une France non-alignée. Ni la Russie ne doit entrer en Ukraine, ni les USA ne doivent annexer l’Ukraine dans l’OTAN. »
La Russie est entrée en Ukraine et y entretient la guerre depuis 8 ans. Il n’y a pas d’intervention de l’OTAN en Ukraine, dont l’éventuelle adhésion ne serait d’ailleurs pas une annexion. Ces propos ne sont donc en rien non alignés : ils sont alignés sur Poutine. Ce qui n’induit assurément pas que leur auteur est un agent russe. Plus banalement, il est sur la position la plus traditionnelle des tenants de l’impérialisme français : affirmation la plus autonome possible, néo-gaullienne, par la dissuasion nucléaire, et la recherche d’une alliance franco-russe équilibrant Washington et entourant Berlin remis à sa place de partenaire de la Grande nation-guide de l’Union Européenne. Ces rêves de grandeur ne correspondent plus, de longue date, à la puissance réelle de la France, mais on les retrouve non seulement au fondement des orientations politiques de Zemmour, Le Pen et Pécresse, mais aussi dans les velléités macroniennes d’affirmation propre de la diplomatie française et ses zigzags envers Poutine.
Idéologie de politique extérieure et posture véritable, indépendamment d’un magnifique « programme » dont le président-Chef entend bien faire ce qu’il voudra, en politique intérieure, se rejoignent. La France insoumise a été lancée sur des fondements populistes (c’est le terme de Mélenchon et pas du tout une calomnie ! ) en 2017, comme rupture avec la « forme-parti », en fait avec les traditions politiques et syndicales du mouvement ouvrier comme avec la volonté d’auto-organisation par en bas des mouvements sociaux : une ligue plébiscitaire. Nous en avons déjà subi depuis cinq années la conséquence principale : elle s’appelle Macron.
Alors, certes, il y a une poussée dans les couches militantes en faveur d’un « vote utile » qui serait le vote pour le « candidat de gauche le mieux placé », voire pour le « candidat issu du mouvement ouvrier le mieux placé ». Mais César n’en a cure. Et c’est pour cela que le baron des maires LR assure à tous que sa candidature est nécessaire au régime. Et c’est aussi là la raison de fond pour laquelle il n’y pas de dynamique sociale envers une telle candidature.
Il n’y a donc plus de vote utile. L’intervention utile dans ce scrutin est possible et nécessaire mais elle ne passe pas par le vote !
VP, le 21/02/2022.
La question des cinq cent signatures de maires est au centre de toutes les magouilles de la cinquième république depuis au moins vingt ans. Attendons le 4 mars, ce n’est pas la fin de l’histoire et nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Grosso modo, les leaders des grands partis de droite donnent des consignes secrètes pour la multiplication des candidats de gauche et réciproquement.
Par rapport à la question de l’Ukraine, tout est faux. Poutine fait des grands discours et menace d’une intervention militaire car il serait contre l’élargissement de l’OTAN et contre l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Par contre la Turquie est dans l’Otan depuis soixante-dix ans et il y a les meilleures relations du monde entre Poutine et Erdogan, cherchez l’erreur.
Bernard Fischer
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Que de signes ! Les milliardaires sont tout à fait rassurés. Que Mélenchon soit au second tour, qu’il gagne l’élection, cela ne leur créera aucun souci. La maire de Cannes l’a promis.
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