Ségolène Royal a déclaré que « le vote utile à gauche, c’est J.L. Mélenchon ». Notons en passant que ceci n’est pas surprenant de sa part. Les complicités entre ces deux personnalités ne datent pas d’hier : S. Royal doit une fière chandelle à J.L. Mélenchon, qui, juste après la campagne tonitruante, et victorieuse, du Non au référendum de 2005 sur la « constitution » européenne, s’était immédiatement retourné, de concert avec Laurent Fabius, en faveur de la candidature Royal aux présidentielles de 2007, assurant ainsi le blocage des perspectives nouvelles qui étaient apparues alors à la base du PS, qu’il devait quitter, mais en veillant au contrôle total de sa « base », quelques années après. Cela dit, là n’est pas le plus important ; le propos de S. Royal est loin de n’être que le sien et mérite bien entendu d’être examiné et discuté.
« Vote utile », cela veut en l’occurrence dire quoi ? L’espoir de ses partisans les plus enthousiastes est que J.L. Mélenchon gagne, ce pour quoi il lui faut d’abord être au second tour. Or, il n’existe aujourd’hui aucune dynamique comparable à celles qui l’avaient porté non seulement en 2017, mais en 2012. Il fait certes de gros meetings, mais rien de comparable aux rassemblements-manifs de la campagne unitaire de 2012. Celle-ci, dont la conséquence avait été la défaite de Sarkozy, lui avait donné un capital politique sur lequel il a fait fond en 2017 en changeant en profondeur d’orientation. Au lieu d’une candidature de front unique, un candidat césarien au rôle de Chef suprême de la nation, et au lieu d’un front commun de partis susceptible de se développer en comités locaux, une ligue plébiscitaire verticale vouée au culte du Chef (le PCF a sa responsabilité dans cette évolution, mais le choix de la nouvelle ligne est entièrement celui de J.L. Mélenchon).
Pourquoi ce changement ? Justement parce qu’il pouvait gagner, et se voyant président de la V° République. Quelle en fut la conséquence ? Justement qu’il a loupé l’occasion, et nous avons eu Macron. 19% c’était beaucoup, mais il manquait ce qu’aurait apporté une ligne unitaire jusqu’au bout, groupant l’électorat historique dit « de gauche » qui, depuis, est passé majoritairement à l’abstention. Le résultat fut donc Macron, et la campagne actuelle de Mélenchon suscite certes une dynamique militante, mais pas de dynamique populaire.
D’ailleurs, il n’existe aucune connexion entre les mouvements sociaux, la vague de grève pour les salaires, la grève explosive de l’enseignement du 13 janvier, la réapparition d’une montée des GJ sur Paris le 12 février, avec la campagne des présidentielles en général comme avec la campagne Mélenchon en particulier. Bien au contraire, c’est l’absence perçue de perspective dans le cadre du vote aux présidentielles, et le caractère assez répugnant du « débat public » par exemple sur les chaines d’info en continu, ainsi que la perspective d’un Macron minoritaire mais réélu, qui nourrissent les mouvements sociaux, amenant les directions syndicales (CGT, FSU, Solidaires, UNSA) à appeler à une nouvelle « journée pour les salaires » le 17 mars, à trois semaines du premier tour. Le mouvement principal est là, et l’expression politique de cette réalité, très petite au plan organisationnel, mais pas inexistante, c’est notre campagne pour le boycott.
Dans cette situation, la possibilité, faible mais pas nulle, d’un Mélenchon au second tour, n’est pas liée à la dynamique de sa campagne ni à ses vertus oratoires bien connues et rebattues, mais à la crise du régime. Expliquons-nous : fin juin 2021, après les 67% d’abstentions aux Régionales, Macron n’était absolument pas sûr d’être au second tour s’il se présentait. Macron est et reste le président le plus impopulaire de l’histoire de la V° République. Il a alors monté l’opération de division de la population entière au nom du « passe sanitaire » puis « vaccinal », et il a pu le faire en raison de la protection apportée par les directions syndicales nationales qui s’en sont tenues à la « grande » journée d’action du 5 octobre prévue début juillet, même quand des manifestations de masse ont éclaté en pleines vacances. Toute la « gauche », du centre-gauche à l’extrême se voulant la plus extrême, préparait ses candidatures et non pas l’affrontement social général et central qui pourtant se cherchait, qui affleurait. Dans le même délai, le candidat Xavier Bertrand, bien oublié depuis, était obligé de faire appel à LR comme à un vulgaire parti politique, et la candidature Zemmour était mise en route pour avoir un épouvantail plus efficace que Marine Le Pen et faire voter Macron au second tour voire au premier. La crise de LR se poursuit depuis. De sorte qu’il y a trois candidats de droite plus ou moins « extrême » contre Macron qui se dévorent mutuellement, Le Pen, Zemmour, et Pécresse. L’option consistant à remplacer Macron par une figure plus « dure », car il n’est pas arrivé à briser la lutte sociale d’en bas pendant son quinquennat, pouvait sembler s’imposer à des secteurs du capital et de l’Etat, mais ils n’ont pas d’« homme fort » suffisamment fort. Dans ces conditions sa position présidentielle assure à Macron un plancher de 20% des voix et les trois autres se disputent dans un mouchoir de poche, à 14-16%. Le seuil d’accessibilité au second tour a baissé : Mélenchon, étant à 8-13%, a quelques chances, faibles (on va dire une sur trente …) de monter lui aussi jouer dans le mouchoir de poche d’accessibilité au second tour.
Telle est la combinaison qui ouvre cette possibilité. Avant de sauter sur sa chaise comme des cabris devant elle, les militants feraient bien de comprendre d’où elle vient vraiment : entièrement de la crise du régime et de l’éclatement de la représentation politique directe de la classe dominante. Ce qui ouvre cette, petite, possibilité, correspond donc entièrement à l’analyse que nous avons faite sur la crise du régime et la coupure montante entre les plus larges masses et le scrutin présidentiel.
Cela étant, Mélenchon est Mélenchon, c’est-à-dire qu’il a choisi, depuis 2017, Boulanger contre Jaurès, la ligue plébiscitaire contre le front unique ouvrier, la constituante octroyée par César contre le processus constituant par en bas. Le paradoxe, dans une certaine mesure la tragédie, même si elle confine parfois à la comédie, de cette situation, est que les larges masses ont intégré, elles, ces données sans les analyser – elles font donc autre chose, elles sont en mouvement malgré la présidentielle et au fond contre elle – alors que les « larges » couches militantes la vivent souvent exactement dans les termes de Ségolène Royal : Mélenchon est perçu par elles comme ce qu’il ne veut pas être, un candidat traditionnel « de gauche » ou du « mouvement ouvrier », le seul apparemment, réserve faite des reculs et rebonds toujours possibles, à pouvoir arriver au second tour même si c’est très, très dur.
« Même si Jean-Luc Mélenchon s’affirme à ce jour comme le candidat le mieux placé, même s’il progresse encore à 13 ou 14% dans les sondages, une dynamique est nécessaire pour dépasser ce plafond. Et cette dynamique peut venir d’un débouché politique tel qu’un pacte de législature constitutif d’un gouvernement commun. Le candidat de l’Unité populaire a donc une responsabilité décisive. », écrivent les camarades de la Gauche Démocratique et Sociale, dans un édito du 16 février. Notons que c’est là prendre les choses seulement par les sommets : mais ni par les sommets, ni par la base, J.L. Mélenchon ne veut mener une campagne « unitaire », de front commun ou de front unique.
Respectables sont les militants qui affichent ce faible espoir. Comme ceux qui se prennent à rêver d’un gouvernement Ruffin d’ « union de la gauche » en attendant la constituante … Respectable aussi, la position d’un Jacques Weber appelant au meeting de Mélenchon à Montpellier après avoir signé l’appel au boycott – j’ignore s’il a réellement changé d’avis à ce sujet. Mais il est logique que des tentations, des espoirs et des craintes se superposent, que les velléité s’entrechoquent, c’est normal. Les partisans du boycott sont aussi, viscéralement, des partisans du débat et du respect mutuel. La question en l’occurrence est : J.L. Mélenchon lui-même éprouve et éprouvera-t-il un tel respect ? Hum …
C’est peu probable. En fait, J.L. Mélenchon n’a à l’évidence pas envisagé jusque là sa présence au second tour, le but étant d’écraser les autres forces à « gauche » pour après, c’est tout. Et une fois passé l’ambiance d’un meeting, il est suffisamment réaliste pour ne pas s’en griser. Mais l’appareil et les forces les plus actives de la France insoumise, s’ils sentent qu’il y aurait quelques points à gagner, vont le traduire dans des termes diamétralement opposés à ceux de l’édito de la GDS, et le font déjà. « Ils manque quelques points ? Dénonçons les abstentionnistes et haro sur la concurrence ! » Dans ce registre, comme Fabien Roussel semble tutoyer les 5%, il devient soudain un ennemi quasi « fasciste » à dénoncer. Soyons sérieux : nous n’avons jamais nourri la moindre illusion dans la candidature Roussel, mais de là à en faire l’ennemi n°1 …
J.L. Mélenchon lui-même va peaufiner sa posture « présidentielle » néo-gaulliste à chaque dixième de point pris dans les sondages. Le 10 février dernier, il s’est entretenu avec Geoffroy Roux de Bézieux, dirigeant du MEDEF, qui lui a décerné un satisfecit : vous êtes « sérieux » et « prêt à gouverner ». Mais le programme de vos troupes n’est pas bon, poursuit le patron des patrons : il nous empêcherait d’investir et d’embaucher. Pensez- donc, poursuit le présidentiable sérieux, nous remplirons vos carnets de commandes !
Cette stature « gaullienne » signifie en politique étrangère combinaison entre UE et alliance franco-russe et prétendu non alignement reposant sur le nucléaire militaire (indissociable du nucléaire civil soit dit en passant).
La seule orientation de Mélenchon est celle-ci : césarisme à l’intérieur et néo-gaullisme à l’extérieur. Le programme « l’Avenir en commun » peut être discuté sur tel ou tel point mais là n’est absolument pas l’important. Et cette orientation prend à rebrousse-poil les forces militantes mêmes qui, au moment présent, pourraient en désespoir de cause vouloir pousser un « vote utile ».
Ainsi donc, le seuil du second tour a baissé mais reste hors d’atteinte, la possibilité théorique de l’atteindre ne dépend pas de la dynamique propre de la campagne Mélenchon mais de la crise du régime et des incertitudes générales qu’elle engendre, et la logique du « vote utile pour le candidat de gauche le mieux placé » est contrebattue par l’absence totale de respect, qui n’est pas une question personnelle, mais politique, de J.L. Mélenchon, envers tout ce qui ressemble de près ou de loin à un reliquat d’ « unité à gauche » (et j’ai traité ici de la « possibilité théorique » du second tour, pas de la victoire à l’élection !). La rupture avec les racines du mouvement ouvrier de 2017 demeure et va ressurgir brutalement en relation avec toute progression du candidat …
J’ai donc commencé cet article en envisageant une possibilité que le contenu de son développement a pratiquement annulé. La démonstration rationnelle tombe donc en faveur du boycott. Et du débat, car il y a de ce côté-là encore un certain nombre de militants qui ont besoin de réapprendre à ne pas faire que rire ou pleurer, mais aussi, mais d’abord, à comprendre pour agir.
VP, le 17/02/22.
L’analyse est rationnelle,. et la conclusion doit l’être tout autant. Nous sommes dans une situation dramatique pour les quartiers populaires.
En reprendre pour 5 ans de Macron avec les chiens racistes hurlants jour après jour où une hypothétique manif monstre balayant l’ordre établi.
Car le rapport de force est faible; le terrain est pourtant propice avec l’abstention populaire énorme, le passé récent gilets jaunes les grèves et les manifs diverses du samedi. Mais à ce jour je ne vois aucune perspective ne serait ce que rssembleuse
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Il n’y a pas à ce jour de pôle même petit palpable de regroupement montrant que l’affrontement à l’état est incontournable pour établir une société humaine où le profit n’est plus le moteur de l’économie.
Nous savons pourtant le chemin : l’objectif c’est l’égalité pour tous dans les faits avec comme moteurs la solidarité populaire, la gratuité et le partage, l’auto organisation populaire.
Mener la campagne pour un boycott majoritaire et constituant c’est bien , mais faut,il encore y donner un contenu positif et mobilisateur. Battons nous » pour » , plus que » contre » même si la dénonciation des désordres macroniens restent nécessaires à faire. Pour le moment je vais aller à l’urne et j’y mettrais les photos des eborgnes mais il me reste à décider quel texte accompagnera ces tristes souvenirs. J’aimerais mettre un texte d’espoir, un but mobilisateur. Biens sur la dissolution immédiate des B A Cs, le licenciement immédiat de tous les flics impliqués dans des violences policières mortelles et autres, l’épuration de la police sont des éléments importants du mieux vivre des quartiers populaires, mais ça reste insuffisant ! La suffisance alimentaire, que dit’on ? un toit c’est un droit, que dit’on ? Les dettes accumulées des factures de chauffage, d’énergie, que dit’on ? La prise en charge gratuité de la santé des quartiers populaires, on dit quoi ? Ce n’est pas seulement les urgences et l’hôpital c’est aussi les généralistes et autres professionnels de santé dont beaucoup ne sont que des commerçants abreuvés par le fromage pour libéraux qu’est aujourd’hui la Sécu ? les assistantes sociales on fait quoi ? les maisons de retraite et les EPHAD on dit quoi ?
Si on a comme objectif de’aider à construire un pôle à partir des expériences gilets jaunes et autres, il serait temps de provoquer une ou des réunions au moins régionales ( attention l’essence est chère ) pour débrouiller des propositions positives , non ?
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Je n’ai pas les idées claires sur la façon d’appeler à de telles réunions, pourtant Célé me semble indispensable aujourd’hui. Sinon nous risquons à court terme la sectarisation, ce qui n’est pas ce que nous voulons. Ne serait ce que après le premier tour et les illusions qui s’envolent il y aura le second tour où nous aurons un rôle à jouer capital, à mon avis ?
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Pour risquer la sectarisation il faudrait que nous ayons produit une organisation. Ce que nous avons produit avec le boycott, c’est un réseau, des contacts qui s’élargissent. Faut en effet réfléchir à des rencontres régionales.
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Je me suis dit en lisant les premières lignes : « c’est l’article à ne pas écrire ».
Si j’essaie de synthétiser ce qui, selon moi, ne va pas dans ce mode de pensée je dirais qu’il y manque l’acharnement qu’avaient Lénine et Trotski à trouver un chemin pour aller de l’avant.
Vous avez beau dire, le « boycott » est, dans les circonstances présentes une lubie, la proposition de la passivité.
Peut-être que V.P. a lu mon « …Ni Tribun » et que ce n’est pas la peine que je détaille ici tout ce qu’il dit sur Mélenchon, avec quoi je suis bien d’accord.
J’ai bataillé deux ans pour un large front uni, contre la candidature de JLM qui, comme elle a été posée par lui, s’y opposait.
Ce temps est passé, l’opportunité aujourd’hui c’est l’union autour de cette fichue candidature.
Mais pour le reste, tout est faux, dans l’analyse de VP, par manque de nuance et de complexité.
« Il n’y a pas de dynamique dans la candidature Mélenchon ». Oui, il y en a.
Les meetings sont bons, les passages télé aussi. Beaucoup de gens ont tourné comme moi. La recherche de l’unité, maintenant, c’est forcément autour de JLM.
En dehors du « ressenti subjectif » qu’y a-t-il ? Les sondages.
sur ce site : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_sondages_sur_l%27%C3%A9lection_pr%C3%A9sidentielle_fran%C3%A7aise_de_2017
on peut voir que le 18 mars 2017, Mélenchon et Hamon étaient à égalité à 11,5%. Le 21 Mars, JLM : 13%, BH 10.5. On connaît la suite.
Il y a eu deux temps en 2017: un succès d’estime, le même qu’en 2012 : unification de la « gauche radicale » qui se voit d’un coup « gauche de gouvernement ». Et cette fois un second temps : le vote utile qui fait presque doubler le score. Pourquoi ? A cause du rejet de Hollande, bien sûr.
En 2022, je vois se dessiner le même scénario. JLM est à la même date au même niveau qu’en 2017, malgré la concurrence du PCF !!! Parce que, en effet, le rejet de Macron et la crise du régime sont encore plus forts. D’autre part l’accentuation du phénomène extrême-droite et sa division a pour effet de faire baisser le prix du « ticket d’accès » au second tour.
Jacques Weber a appelé au meeting de Montpellier parce qu’il est porté par ce vent : le vote utile. Un phénomène très important, très réaliste, la volonté acharnée des masses de faire échouer les différents calculs (ou fautes de calculs) qui mènent à une nouvelle période de misère et de régression sur tous les terrains.
Il y a une dynamique. Mélenchon, se met moins en avant, son « parlement populaire » n’est pas ridicule et le soutien militant du POI est, de leur part, intelligent.
Comment cela va-t-il tourner ? Personne ne peut le dire mais la possibilité que JLM soit au second tour n’est pas, pour moi, 1/30, mais plutôt 1/3 soit 33%.
Le rôle du PCF en soutien de Macron ne me parait pas du tout négligeable. L’hypothèse de base affirmée de Roussel c’est : gagner cette élection est impossible, faisons « avancer nos idées ». Ian Brossat est plus explicite : l’arrivée au second tour de JLM serait une mauvaise opération : il perdrait contre Le Pen. En résumé : voter Mélenchon c’est voter Le Pen. Cette petite crapule est tout de même d’une perversité remarquable !
Parlons du second tour dans l’hypothèse où JLM y participe. Nous savons bien que ce serait un tremblement de terre, même si JLM s’efforce de « modérer », d' »apaiser le débat » sur tous les plans. Même s’il jure de « remplir les carnets de commande des patrons ».
Ce serait un tremblement de terre avec deux effets envisageables : faire sortir les abstentionnistes de leurs cavernes. Et faire revenir « à gauche » les salariés et les couches populaires séduites par Le Pen.
C’est là que l’on retrouve ce qui fait que Mélenchon est dix fois plus dangereux pour les classes dirigeantes que n’a pu l’être par exemple Mitterrand : c’est que le courant qui porte JLM n’est ni le PCF, ni le PS ces deux vieux partis que la bourgeoisie connaît par cœur et qu’elle adore haïr.
Ce qui atténue cette particularité, c’est le fait que Mélenchon n’a pas voulu donner une vraie forme à ce courant. Pas par hasard. Mais là non plus, rien n’est clos.
Tout est ouvert.
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Il manque un détail dans ce que tu dis, Jean-Pierre : nous sommes en 2022, pas en 2017. Ce qui fait que tu ne perçois pas le point principal de cet article : si la dite hypothèse théorique n’est pas d’une probabilité nulle, c’est précisément en raison de l’analyse qui fonde le boycott. Par ailleurs, des « articles à ne pas écrire », ça n’existe pas : celui-ci est bien entendu suscité par les évènements récents.
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J’ai voulu dire, avec cette remarque, qu’affirmer « il n’y a pas de dynamique » c’est risquer d’être clairement démenti dans les semaines qui viennent.
En outre, Mélenchon est en prise (sur ce point, même dans mon « …Ni tribun » je ne le dément pas) avec le mouvement social, tout le temps. Il a « accompagné » (autant que peut le faire un politicien qui n’est pas un leader révolutionnaire) le mouvement des Gilets Jaunes. Il a accompagné les travailleurs en lutte : toujours ! Il s’est opposé à l’obligation du pass, même en Guadeloupe, il s’est déclaré « attentif » au mouvement « convoi de la liberté ». Ruffin a également pris une bonne position.
Il faut également noter le soutien du POI à qui on peut reprocher des tas de choses, mais qui est bien implanté dans le mouvement syndical.
Je dis que pour une part (qui, je l’espère, peut augmenter) la DYNAMIQUE de sa candidature est PORTÉE par le mouvement social qui aggrave la crise de régime.
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Les messages de Vincent Presumey sont de plus en plus nerveux. C’est dommage. Pour une analyse pertinente de l’actuelle crise politique française, il faut, au contraire, le plus grand calme.
La perspective d’un deuxième tour entre Macron et Mélenchon est une perspective sérieuse, même si elle n’est pas bien évidemment la plus probable. Le pourcentage de chance, ou de risque, de l’élection de Mélenchon comme successeur de Macron est par contre beaucoup plus faible, pour une raison simple. Tous les autres candidats au premier tour appelleraient bien évidemment au vote pour Macron contre Mélenchon.
Entre 2017 et 2022, Mélenchon avait un boulevard pour la construction d’une grande organisation politique de masse, il n’en voulait absolument pas, précisément pour des raisons électoralistes et de contrôle de son petit appareil politique, mais c’est une autre histoire.
Il n’y a finalement aucun rapport non plus entre, d’une part, la question de la qualification de Mélenchon au deuxième tour et, d’autre part, d’autres questions importantes comme la stratégie des confédérations syndicales, les forces et les faiblesses du véritable mouvement social pour la liberté vaccinale ou bien l’existence ou la non existence d’une campagne pour le boycott, dont j’attends toujours la première réunion en présentiel.
Cela n’implique pas non plus de caractérisations radicales relatives à Jean Luc Mélenchon et à sa campagne. Nous le savons tous, le père spirituel de Jean Luc Mélenchon est François Mitterrand et les idées de la troisième candidature de Jean Luc Mélenchon et son éventuelle qualification pour le deuxième tour font leur chemin, comme le socialisme, selon le célèbre slogan de 1981, pas seulement, si je comprends bien, dans les éditoriaux de la Gauche Démocratique et Sociale (GDS) et dans les déclarations de Ségolène Royal.
Bernard Fischer
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Je pense que la spéculation sur le résultat du second tour, dans le cas possible mais non probable aujourd’hui, d’un affrontement Mélenchon/Macron, n’a pas de sens. Ce serait faire des plans pour construire un immeuble APRES le tremblement de terre. Si Mélenchon va au second tour, ce sera une situation toute différente.
Je crois qu’il est également non pertinent de rappeler l’attachement que Mélenchon avait pour Mitterrand. Cela relève davantage de la psychanalyse, que de la politique.
Mélenchon est un fils d’immigrés espagnols, de situation sociale modeste, très loin du grand bourgeois Mitterrand.
Il a rompu avec le PS c’est à dire qu’il a ouvert des potentialités peu contrôlables. Oui, c’est par peur, à la fois une peur humaine (il a été tellement « roulé dans la farine » au PS) et une peur politique qu’il a refusé d’organiser un grand parti politique démocratique. Mais la « chose à faire », non faite, reste là, à faire…
Admettons avec simplicité que les dès roulent encore. Nous ne savons pas ce que sera la nouvelle période. Un grand risque de violences politiques chaotiques, si Macron est réélu, ou une période aussi tendue et dangereuse que passionnante si c’est JLM.
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JLM au second tour, au vu des précédentes remarques écrites, avec toutes leurs nuances, est une hypothèse à ne pas exclure. La dynamique des meetings est, même non identique à 2021 ni 2017, présente.
Rappelez-vous que le premier mot de JLM au soir des présidentielles de 2017 a été : « nous avons perdu » au lieu « nous avons 19 % des voix exprimées, utilisons-les pour aller de l’avant ». Il pouvait avoir plusieurs dizaines de députés et n’a rien fait pour les avoir. 17 députés lui convient parfaitement. Leur travail, pour nombre d’entre eux, est incontestable mais inaccessible à de nombreux citoyens qui ne suivent pas les réseaux sociaux. Même si le nombre de vues de ces vidéos peut atteindre plusieurs dizaines de milliers.
JLM ne veut qu’être « le premier opposant à Macron » et il veut le rester. Il parle au demeurant aux participants à ses meetings « vous les gens ». Ah bon, nul n’est plus un citoyen mais un gens, soit une masse informe de personnes. C’est aussi un signe.
Sinon, il est un autre sujet : les parrainages. Certes, JLM n’a plus ceux ni du PCF ni du PS. Mais il n’a rien sur, selon les termes de la presse bourgeoise, « sur ses terres ». Aucun parrainage ne lui est, à ce jour, accordé dans les Bouches du Rhône. Il semble être à la peine même, si vraisemblablement, la bourgeoisie fera en sorte qu’il obtienne les 500 parrainages nécessaires.
Son mouvement est gazeux, très gazeux. Il envoie de jeunes générations chercher les abstentionnistes des « quartiers difficiles » au lieu d’aller chercher les parrainages. Ces nouvelles générations sont enthousiastes, en l’absence de toute formation politique sérieuse, suivent le propos du chef « si nous perdons, ce sera à cause des abstentionnistes ». Les plus vieilles générations veulent y voir « un espace de ciel bleu ».
De même, Roussel après la déconvenue de Taubira, semble être l’« idiot utile » à la bourgeoisie. Je connais nombre d’adhérents communistes qui sont perdus et ils se partagent entre JLM, Roussel et l’abstention. Roussel n’est pas l’ennemi, il est le résultat attendu de la politique de JLM depuis 2012.
Quant à moi, je pense, au jour d’aujourd’hui, aller voter, non par adhésions à JLM et son « programme » qu’il s’empressera de ne pas mettre en application. Je vais voter pour que la bourgeoise acte que nous sommes là. Bismarck n’a mis en place les premières lois sociales (plutôt des lois d’assistance publique soumises à conditions) que parce qu’il était effrayé des scores électoraux du jeune parti socialiste allemand et de son extension parmi les couches ouvrières.
Pour quelques milliers de manifestants « convoi de la liberté » dont chacun peut penser ce qu’il veut, le gouvernement a sorti les chars. Alors, à nous de sortir notre détermination : nous sommes là.
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Bonjour Carola, ton argumentation en faveur du fait d’aller voter est très proche de notre argumentation en faveur du fait d’organiser consciemment le fait que beaucoup n’y iront pas, en fait. « Nous sommes là » et cette majorité de la jeunesse et probablement du prolétariat qui n’ira pas voter est là, mais il faut le manifester pour aller de l’avant.
Par ailleurs, la question des parrainages en effet n’est pas une mince affaire, cf. ce précédent article : https://aplutsoc.org/2022/02/08/remarques-sur-le-moment-actuel-de-la-campagne-officielle-de-la-presidentielle/
Vincent.
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Commentaire reçu par mail
L’idée que Mélenchon « pourrait être au second tour », « vient de sortir ». Elle est pourtant hautement improbable, vu l’ensemble de la situation actuelle. Pourtant elle est actuellement « poussée en avant » par certains médias, qui pourtant sont peu suspects d’avoir la moindre sympathie pour Mélenchon, et plus exactement pour les illusions que sa candidature suscite dans les masses, et même (ou surtout) dans la sphère militante.
Pourquoi donc cette « découverte »? Une hypothèse : elle constitue un contre-feu superbe à l’idée du boycott-abstention active qui commence à faire son chemin… Son but pourrait être simplement de « ramener aux urnes » ces mauvais esprits, sans toutefois que cela fasse courir trop de risque aux quatre candidats Macron-Zemmour-Le Pen-Pécresse que Jean-Luuuc vienne se placer en deuxième ligne.
Pour cette raison, à mon avis, nous ne devons pas lui donner trop d’écho, mais au contraire montrer que c’est encore un coup tordu du régime et de ses médias.
Alain
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Une remarque générale sur plusieurs commentaires : un article que beaucoup jugent inopportun est généralement un article nécessaire. Bien sûr qu’il fallait traiter la question abordée ici. Hier soir, dans la réunion publique organisée à Commentry nous avons, avec Pierre Goldberg, « civilisé », c’est-à-dire conduits à accepter la discussion à égalité, tout un groupe d’insoumis initialement convaincus que le boycott était un coup monté pour que Jlm n’aille pas au second tour ! Bien des questions qui relèvent plus ou moins de la fiction doivent être abordées, sans nervosité particulière au demeurant. Pour prendre un tout autre exemple (encore qu’il y a des rapports entre les deux exemples, lol), beaucoup croient qu’il y a en ce moment une intervention militaire de l’OTAN en Ukraine !
VP.
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@ Aplutsoc 2
😄
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Le boycott n’a et ne peut avoir aucune audience, aucune. C’est pourquoi les insoumis de Commentry avaient tort : ce n’est pas un coup monté !
Le boycott n’intéresse personne parce qu’il n’a aucune réalité politique dans le moment présent. Il peut intéresser un petit cercle politique estimable. Ce petit cercle fait erreur et l’argument qui devrait littéralement assommer l’idée-boycott est très simple : il y a eu un remarquable boycott de l’élection présidentielle algérienne, un boycott très réussi faisant suite à un mouvement révolutionnaire très large. Or la kleptocratie au pouvoir à Alger n’en souffre pas. N’en souffre aucunement. La répression, comme les affaires, vont leur train. Un Macron réélu avec 60% d’abstention serait, pour les classes dominantes, un Macron parfaitement opérationnel.
Ce choix d’orientation est à côté du réel.
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Et donc, le Hirak algérien, à l’origine du boycott majoritaire, n’a servi à rien ? En fait il pose la principale question : détruire l’État en place pour réaliser la constituante. Mais il faut des forces politiques pour le dire – pas seulement causer de constituante en général, mais avancer la voie pour la réaliser. Idem en France : le boycott n’est pas une idée dans l’éther, mais le combat pour l’expression politique d’un mouvement réel. En outre, ton argument sur le « Macron opérationnel » est tout à faire réversible : un Macron élu avec une forte participation assurée par l’ensemble des candidats ne serait-il pas tout autant sinon plus « opérationnel » ?
La réalité est que le boycott est la concrétisation politique du mouvement social majoritaire, mais n’a pas d’audience parmi les couches militantes, précisément de plus en plus coupées de notre classe – ou plutôt suscite immédiatement l’expression de tous leurs préjugés. Au moment présent, la croyance dans « Mélenchon au second tour » (qui n’est même pas la croyance dans Macron battu !) a inévitablement bonne presse dans ces couches. Mais sept semaines nous séparent encore du premier tour avec de grandes questions comme la guerre en Europe (excusez du peu), avec la vague de grève que la perspective proche de la présidentielle ne ralentit pas et qui ne ressentent aucune possibilité de débouché par le vote, et aussi de plus petits mais forts symptomatiques sujets comme : qui lui donnera les signatures de maires dont il a besoin et dans quelle intention ? Être dans le réel, ce n’est pas épouser les engouements et les faux espoirs qui vont aller et venir, mais avoir le cap sur le changement de régime comme débouché de l’affrontement social. Ce à quoi la candidature Mélenchon s’oppose frontalement.
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moi je suis pour l’abstentionnisme et je suis sur de faire un score supérieur a tout les candidats !
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Un débat très intéressant ; mais un peu virtuel tout de même :
Car il s’appuie sur des données, pour certaines, les plus importantes semble t’il, qui n’en sont pas : je veux parler des sondages
Il faut être bien naïf pour imaginer que ce ne sont pas des instrument de propagande parfaitement manipulés par le pouvoir et la classe dominante, non ?
A mon avis la seule donnée clairement établie par les faits et non les sondages-propagande, c’est l’abstention, la colère , le rejet de toute la classe politique, par les travailleurs en grande majorité (observée aux dernières élections)
Qu’est-ce que cela donnera le jour du vote au premier tour ? je pense que beaucoup des travailleurs ne le savent même pas encore eux mêmes
. J’ajoute une donnée , une indication très mince certes, mais réelle c’est celles des parrainages obtenus ; j’ai noté avec amusement et interrogation que LO avait obtenu les sien avant le PC !
. Je suis d’accord avec le fait que l’abstention (qui ne peut jamais atteindre des sommets compte tenu que tout ce qui est de droite ou simplement pour la stabilité votera ; ils sont organisés pour ça , et que ça représente bon an mal an 50 %) au final ne gênera pas le pouvoir pour peu qu’il ait un élu ; l’appel au boycott ne peut avoir de sens que que si c’est une organisation qui le fait, et surtout pour regrouper dans ses rangs
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Il faudrait des pages et des pages pour la réponse aux arguments des défenseurs de Mélenchon. L’abstention est et sera majoritaire et les abstentionnistes ne prendront pas leur décision dans la nuit du 9 avril au 10 avril 2022. C’est le résultat de plusieurs dizaines d’années d’alternance entre la vraie droite ou extrême droite et la fausse gauche. Les défenseurs de Mélenchon ignorent ou, à l’inverse, ils connaissent très bien et ils cachent volontairement les véritables relations entre Mélenchon, le Parti Socialiste et le POI. Il y a une totale continuité politique entre Mitterrand et Mélenchon. C’est totalement de la politique à cent pour cent et ce n’est pas du tout de la psychanalyse. D’autre part, la seule relation entre la France et l’Algérie est la suivante, les gouvernements de Macron et de Tebboune sont tous les deux des gouvernements faibles, avant et après le mois d’avril 2022. La seule force de Macron, c’est la politique d’union nationale des partis et des syndicats de droite et de gauche et la seule force de Tebboune, c’est l’absence de soutien international à l’opposition algérienne.
Enfin, il y a un problème technique par rapport à WordPress, je ne reçois jamais les commentaires dans ma boîte mail, même quand je mets les bonnes croix dans les bonnes cases, et ce problème technique entraîne forcément une augmentation considérable des délais de réponse.
Bernard Fischer
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