Étrange moment ! Qu’on en juge :
– Le président n’est pas officiellement candidat et continue d’ailleurs à évaluer le rapport de force : les candidatures existantes, celles qui à gauche se répartissent la frange non encore abstentionniste de l’ancien électorat de gauche, et celles de Zemmour, Le Pen et Pécresse, lui permettent à présent de sortir du risque de ne pas être au second tour, risque qui était réel l’été dernier. L’appareil d’État, le corps préfectoral, les grands médias, roulent pour lui et font savoir qu’il a ses « 500 signatures d’élus » !
– Parlons-en, justement, de ces 500 signatures. Seuls 5 candidats sont assurés de les avoir : Macron « pas encore candidat », parce que président ; Pécresse, parce que LR ; Hidalgo, si elle se maintient, et Roussel, parce que les réseaux d’élus de leurs partis sont encore capables de cela même s’ils ne sont pas capables de grand-chose d’autre ; et Arthaud, le matelas de « petits maires » signant pour LO pour la 8° fois consécutive étant devenu une sorte d’institution de la V° République acquise.
TOUS les autres ne les auront que si « on » décide -l’État, le président en place, les réseaux des partis cités ci-dessus en fonction de leur marge restante – de les leur accorder, ou pas.
Cela veut dire que les candidatures de Mélenchon, Jadot, Taubira, Poutou, ainsi que de Le Pen et Zemmour, seront présentes ou ne le seront pas en fonction des choix, dictés par leurs intérêts et calculs, de ces forces (en précisant que dans cet intérêt et ces calculs, entre aussi, certes, le danger que pourrait représenter l’indignation que susciterait l’absence de tel ou tel, mais il est pesé comme un ingrédient avec tout le reste).
Voila un constat objectif loin de tout « complotisme ».
Voila un fait qui, une fois qu’on l’envisage, doit peser plus lourd que tel ou tel phénomène électoral certes significatif, mais secondaire à l’échelle des processus dominants. Ainsi le fait que la « Primaire populaire » malgré ses 400.000 votants n’ait suscité aucun décollage de la candidate qu’elle visait à lancer, est significatif, comme l’est aussi, symboliquement, le fait que la candidate du PS est en train de passer derrière le candidat du PCF dont l’objectif historique est d’atteindre les 5%, indifférent à toute autre considération sociale ou démocratique !
Voila un fait qui montre et démontre terriblement le caractère plus antidémocratique que jamais de cette élections présidentielle, y compris en comparaison des élections présidentielles précédentes !
Mi-janvier, un sondage Odoxa/Le Figaro sur les intentions d’abstentions – un sujet tout à fait exceptionnel dans les sondages !- donnait le chiffre sans précédent historique à trois mois d’une présidentielle de 29,5%, plus chez les jeunes, plus chez les femmes, plus chez les ouvriers, et non compris les 10% de citoyens non inscrits sur les listes électorales.
Dans un texte rendu public le 18 janvier et intitulé « L’espérance ne déçoit pas« , la Conférence des évêques de France pointe l’abstention comme le risque principal : en ces « temps rudes et périlleux« , s’il n’y a pas de « vote catholique« , ne pas voter à la présidentielle par contre, serait, à la différence du vote blanc « qui peut avoir un sens« ,« un manquement à la responsabilité qui incombe à chacun à l’égard de tous« . Abstention et boycott ne seraient donc pas en odeur de sainteté.
La bataille pour le boycott heurte toutes les opinions reçues, y compris et principalement l’opinion « militante », mais c’est une tendance réelle, profonde, et plus massive que toute autre recherche impossible d’une issue dans le cadre du vote présidentiel tel qu’il se présente. Tendance réelle qui est révulsée par ce scrutin et les discours continuels, racistes et idiots, des chaînes d’info en continue et autres à son sujet, et qui est engagée de plus en plus dans la lutte sociale directe. Le sens de cette bataille est donc de faire se réunir débouché politique affrontant le régime et l’État, et mouvement social engagé.
08-02-2022.