Bonjour Julien, peux-tu nous résumer les raisons que te conduisent aujourd’hui à être candidat sur ton canton ?
Je suis candidat d’un rassemblement des forces sociales, citoyennes et écologiques avec Bénédicte Monville, conseillère régionale sortante d’Île de France. Nous avons conduit tous les deux une liste municipale l’an dernier sur les deux communes les plus importantes du canton (Melun et Vaux-le-Pénil où je suis moi même conseiller municipal) et sommes en lien depuis des années pour impulser, appuyer et soutenir toutes les mobilisations populaires dans notre canton : préservation des terres agricoles et des bois grignotées par les promoteurs immobiliers et les plateformes logistiques où règnent précarité et toute puissance patronale, contre l’hôpital public-privé de Melun, contre les fermetures de lits, de classes dans les écoles, contre le racisme et les violences policières…
Nous voulons incarner un rassemblement qui allie notre représentation institutionnelle d’élus et notre engagement plein et entier dans le mouvement social. On ne peut séparer les deux. Nous portons aussi avec force l’idée que « la politique » n’est pas un métier mais un engagement. Je suis professeur d’histoire au lycée Jacques Amyot de Melun, syndicaliste, défenseur de l’école publique, engagé pour l’éducation populaire et militant politique et n’aspire pas à devenir un de ces barons interchangeable qui fleurissent avec la décentralisation libérale que nous connaissons depuis plus de 30 ans.
Quels sont les principaux points concrets que votre équipe met en avant, au plan local notamment ?
Nous refusons d’abord que le département se fasse le relais servile des politiques de casse des services publics mises en place par le pouvoir macroniste. Nous incarnons une volonté démocratique de résistance à Macron et son monde, cette élection intervient après un an et demi de pandémie et doit permettre au peuple d’infliger une claque électorale à celles et ceux qui perpétuent et accentuent le règne de l’argent roi et veulent d’abord rembourser la prétendue dette publique.
Sur le plan programmatique nous voulons mettre en avant le thème de la santé dans un territoire, la Seine et Marne, sous doté en terme d’équipements de santé et de médecins, où les dépassements d’honoraires sont désormais la norme. Nous portons, par exemple, l’exigence de centres de santé avec des médecins et des spécialistes salariés et sans dépassement d’honoraires.
Sur le plan social, nous soutenons les mobilisations des habitants du parc social géré par le département et demandons l’annulation pure et simple des dettes locatives issues de la crise sanitaire ainsi que la fin des expulsions locatives.
Concernant les collèges, nous défendons la construction de petites et moyennes structures ainsi qu’un véritable plan de recrutements, de titularisation et de revalorisation matérielle des agents du département dans les établissements.
Nous portons aussi le refus que la Seine et Marne soit la poubelle de la région Île de France : entre 50 et 80% des déchets mis en décharge dans la région, selon leur nature, sont stockés sur notre territoire. C’est inacceptable tout comme l’étalement urbain qui grignote nos terres agricoles et éloigne toujours plus les salariés de leur lieu de travail. Département périphérique de la région parisienne, la transition agricole de la Seine et Marne pourrait créer des milliers d’emplois « verts » et fournir une alimentation locale de qualité.
Comment envisages-tu la relation entre les mouvements sociaux, avec un abstentionnisme actuellement massif, et cette élection ?
L’abstention sera très importante et arrange bien évidement le pouvoir en place. Nous tentons de parler à cette fraction d’électeurs résignés, écœurés, révoltés. Porte à porte dans les cités HLM, intervention à la sortie des terrains de sports, des lieux de travail, présence dans la rue: nous tentons partout d’expliquer aux nôtres qu’il n’est jamais trop tard pour prendre nos affaires en main et que les élections sont aussi un moyen de faire reculer les logiques capitalistes.
Nous tentons d’impulser quelque chose de l’ordre de la démocratie directe, loin des logiques délégataires et paternalistes. Les mouvements sociaux dont nous sommes partie prenante quotidiennement, et non de simples soutiens le temps d’une élection, nous nourrissent et permettent d’élever le niveau de conscience et de combativité. La tache est immense mais enthousiasmante.
Comment envisages-tu la relation entre ce scrutin local et la suite politique au niveau national, à savoir bien sûr des présidentielles qui s’annoncent comme les pires de l’histoire de la V° République ?
Trop de candidats voient ces élections départementales et régionales comme un simple marche-pied pour préparer 2022. Ce n’est pas notre cas à Melun. Nous voulons lutter ici et maintenant et participer du rapport de force social et politique dès aujourd’hui, sans attendre comme un miracle, une hypothétique victoire l’an prochain. Un bon score de notre liste le 20 juin sera une signe positif et encourageant pour notre camp. La question de 2022 viendra en son temps.
Quelle relation entre ta candidature et les appareils et partis de gauche existants ?
Nous sommes soutenus par la Gauche républicaine et socialiste (force à laquelle j’appartiens), le PCF (auquel appartient mon suppléant), EELV (où milite Bénédicte Monville qui appartient à l’aile gauche de ce mouvement ), la GDS de Gérard Filoche et le mouvement PEPS qui rassemble des écolos antilibéraux. La FI n’a pas souhaité nous permettre l’utilisation de son logo (pour d’obscures raisons bureaucratiques) mais son groupe local nous appuie via Fatya, figure très connue et fer de lance des mobilisations de parents d’élèves, qui figure sur notre ticket comme deuxième suppléante.
A gauche, il y a aussi une candidature PS qui fait office de candidature de témoignage et un ticket du POID dont l’un des candidats, Patrick Delvert, est un camarade syndicaliste cheminot avec qui nous partageons beaucoup mais qui a souhaité incarner une voie qu’il juge plus radicale que la nôtre. Nous ne sommes pas ennemis et saurons nous retrouver.
Merci Julien d’avoir répondu à nos questions.