Si l’on veut gagner, que devrait faire l’intersyndicale CGT/FO/FSU/Solidaires ?

D’abord appeler à protéger les jeunes de la répression en appuyant leur propre mise en mouvement. Dans toute la France et largement plus du tiers des lycées, les «E3C» sont perturbés et les jeunes sont en train de monter en première ligne. A Clermont-Ferrand ils ont bloqué la session de rattrapage des E3C annulés à Blaise Pascal et sont sortis dans la rue à Sidoine. Voilà pourquoi 7 lycéens de Maurice Ravel (Paris 20°) ont été séquestrés en garde-à-vue et sont menacés de poursuites. Voilà pourquoi d’autres ont été embarqués pour une séance d’« éducation civique » façon Xi Jinping à l’Inspection d’académie au lycée Lachenal d’Argonay (Haute-Savoie). Voilà pourquoi des centaines se prennent des coups et des lacrymos.

Voilà pourquoi le pouvoir fait tout pour que, pour les lycéens de maintenant, une manif ne soit pas une fête mais une situation de peur et de danger physique.

La SEULE règle nationale dans les «E3C», prescrite par Blanquer, est de mettre «zéro» aux lycéens ayant refusé de s’y rendre, les proviseurs cherchant les pièces à conviction en espionnant les réseaux sociaux. Bac local « à points » comme la retraite Macron, avec une seule norme nationale : la répression !

Rassemblement unitaire contre la répression au dépot de bus RATP de Vitry-sur-Seine, 03-02-2020.

Si l’on veut gagner, il faut mettre des centaines de milliers dans une montée générale contre la répression, et se porter sur les lycées de manière interprofessionnelle contre les «E3C» : cet affrontement n’est pas périphérique, il est au centre de la bataille engagée depuis le 5 décembre 2019.

Si l’on veut gagner, il faut mettre en discussion et organiser la MONTÉE EN MASSE contre le pouvoir, contre Macron, Philippe, Blanquer, Castaner et l’Assemblée nationale.

Si l’on veut gagner, il faut aussi par conséquent qu’aucune organisation de l’intersyndicale ne continue, comme c’est le cas, à participer ou à demander de participer à la « conférence de financement » qui vise à appliquer (avant même son vote ! ) la loi anti-retraites.

Les discussions s’intensifient.

L’UD CGT 94 pose la question d’une montée sur Paris – un samedi. Plusieurs sections départementales FSU demandent une manifestation centrale. Le CCN (Comité Confédéral National) de la CGT se tient et devrait, on espère, en discuter. Des syndicats FO demandent un CCN extraordinaire.

Des AG ont commencé à en discuter. Dans l’Allier, l’AG enseignement public assemblée devant l’Inspection d’académie va en discuter mercredi.

Solidaires a proposé en intersyndicale une manifestation nationale le samedi 14 mars, veille du premier tour des municipales – où est aussi appelé la « marche sur le climat ». Sur les pages Gilets jaunes, circule la formule d’une manifestation nationale le 14 mars pour un « référendum pour la destitution du gouvernement », ou de Macron. Mais cette date fait discussion, un prof qui anime la mobilisation dans son lycée réagit ainsi : « Les centrales syndicales ont qu’à proposer en septembre pendant qu’elles y sont ! » Les Gilets jaunes de Perpignan, pas seulement contre la loi anti-retraite mais contre Macron et contre tout « le système », discutent d’une montée en masse, ce jour-là ou un autre.

Circule aussi la date plus proche, et supposant la grève, du lundi 17 février, ouverture officielle de la séance publique à l’Assemblée nationale sur la loi anti-retraites. Une assemblée de plusieurs dizaines de représentants de secteurs en grève, ce dimanche à Paris, a envisagé d’organiser une manifestation nationale ce jour là en faisant appel à des délégués d’AG et de comités de grève de toute la France.

Reculer pour mieux sauter alors que le temps presse et que la répression tente de tuer dans l’œuf la montée de la jeunesse qui germe, qui monte, ou faire une première manifestation centrale mais encore un peu «avant-gardiste» ? C’est une discussion à laquelle nous pouvons apporter à ce jour, après en avoir parlé dans la réunion d’Aplutsoc autour de Dan LaBotz (compte-rendu prochainement) de ce 2 février, deux contributions immédiates :

  • 1) Il ne s’agirait pas de faire une manifestation nationale de plus pour laquelle les responsables habitués commencent à recenser les difficultés techniques, trains, cars, etc., encore moins une manifestation de soutien à une quelconque motion de censure ou autre initiative parlementaire impuissante, de la part d’une assemblée illégitime à dissoudre avec Macron. Il s’agit de faire une MONTÉE EN MASSE SUR PARIS avec grève dans le pays, dans la tradition des premiers samedi Gilets jaunes et du 10 août 1792 pour AFFRONTER et BATTRE le pouvoir. Une montée festive, populaire, déterminée, avec la jeunesse en avant !

  • 2) Si l’intersyndicale nationale le voulait, elle pourrait trancher la discussion et fixer une date rapide à laquelle, si la masse sent que c’est pour gagner, elle viendra tout entière. Mais de même que «NOUS» avons eu la capacité d’imposer le 5 décembre, «NOUS» avons la capacité d’imposer et de réaliser la montée en masse, en nous organisant nous-mêmes partout et nos syndicats avec nous !