Chronique sur les enjeux politiques du moment en France, 22-26 mai – épisode 1

Mardi 22 mai tous les syndicats de fonctionnaires (1) étaient dans l’unité en grève contre les attaques portées contre le statut, les missions et les salaires. A 18h tombaient les premières réponses de « Parcoursup » à l’encontre de centaines de milliers de jeunes et de leurs familles.

A Paris, le lycée Arago était proche de la fin du parcours d’une manifestations de dizaines de milliers de participants. Le projet d’y tenir une assemblée générale pour organiser la lutte contre Parcoursup a conduit plusieurs centaines de lycéens, d’étudiants et de syndicalistes à s’y rendre. Ce sont les AG qui font peur au pouvoir, ce sont les AG que les proviseurs de lycées ont ordre d’éviter, ce sont les AG que les présidents d’université veulent interdire.

Pourquoi ? Parce que cette jeunesse peut y discuter, apprendre, s’organiser, grandir en prenant ses affaires en mains, et aussi rencontrer des grévistes cheminots et d’autres secteurs et entreprises. Ordre est donné par Macron et l’exécutif de la V° République d’éviter à tout prix les AG de jeunes. Pour cela, une tactique : présenter ces opérations comme visant seulement les « blocages » et se servir des éventuelles dégradations, dont l’importance est en vérité inversement proportionnelle à la tenue de véritables AG.

C’est pour cela qu’à Arago, la police a à son tour envahi le lycée. 102 arrestations, dont un tiers de mineurs, dont les parents n’avaient toujours pas été informés le lendemain. En bon franglais, n’appelle-t-on pas ça du kidnapping ?

Certes, les fonctionnaires de police n’en sont pas responsables. Selon un témoignage diffusé par l’organisation de parents d’élèves FCPE, ils furent les premiers sidérés lorsque leur parvint l’ordre de prolonger pendant deux jours la garde à vue des ados. « Désolés … un ordre d’en haut … de très haut même on dirait … »

Pour Macron en visite chez son ami Poutine après son ami Trump, il faut visser la jeunesse. Parcoursup doit passer : des centaines et des centaines de milliers doivent être privés du droit aux études, à la formation, à la culture. Il faut insulter les jeunes, les faire passer pour analphabètes, les réduire à l’inculture et s’en servir contre eux, et si ils risquent de tenir des AG pour s’organiser, élire leurs délégués, se fédérer, il faut frapper, car s’ils y parvenaient la vague se propagerait, vite, très vite.

Cela finira par arriver, mais pour Macron et l’exécutif, pour le sinistre néo-socialiste de l’Intérieur Collomb, il faut à tout prix que Parcoursup et le plan ferroviaire passent.

Tel fut l’évènement révélateur, mais occulté, de la semaine : le kidnapping et la séquestration préventive de dizaines de jeunes qui sont, par leurs aspirations, par la revendication de leurs droits, un danger pour Macron.

(1) Sauf un : le SNALC, vieille organisation hostile du mouvement ouvrier, minoritaire chez les professeurs, aujourd’hui officine gouvernementale macronienne directe dans les lycées.