Nous publions cet important appel reçu hier en anglais, dont la version française est parue aujourd’hui. Des membres de la rédaction d’Aplutsoc l’ont signé, il est soumis à la discussion, nécessaire, de toutes et de tous (nous copions ici la traduction Deeple publié par les amis du site Entre les lignes, entre les mots ), et la faisons suivre d’une liste des tout premiers signataires en date du 13/12 dans l’après-midi).
Une contribution au renouveau et à la transformation de la gauche
Cela fait maintenant plusieurs semaines que nous assistons, horrifié·es, jour après jour, à l’augmentation du nombre de victimes civiles à Gaza. Nous sommes consterné·es et indigné·es par la punition collective infligée aux habitants·e de Gaza par les forces de défense israéliennes, par la violence croissante des colons en Cisjordanie et par la répression exercée par l’État et les foules de droite à l’encontre des citoyen·nes palestinien·nes d’Israël. Aux États-Unis, en Europe, en Inde et ailleurs, l’activisme palestinien dans son ensemble est diabolisé par de nombreux politiciens et une grande partie des médias et, dans certains cas, criminalisé par l’État. La plupart des reportages occidentaux sur Israël/Palestine sont imprégnés de racisme civilisationnel, présentant souvent les Israélien·nes comme des personnes modernes, occidentales et civilisées, dont la souffrance est en quelque sorte plus réelle et plus importante que celle des Palestinien·nse. La déshumanisation raciste des musulmans·e et des Arabes contribue à la souffrance des Palestinien·nes.
Dans ce contexte, il est compréhensible que l’on veuille se concentrer uniquement sur l’immédiat. On peut avoir l’impression que ce n’est pas le bon moment pour parler de ce qui ne va pas dans l’activisme de la gauche en Israël/Palestine, et de la gauche en général.
Mais nous pensons que face à la crise, l’auto-réflexion est plus, et non moins, importante. C’est maintenant, et non plus tard, que nous devons réfléchir de manière critique à la question de savoir si les perspectives dominantes dans nos mouvements, au sens large, sont les bonnes pour obtenir des changements.
Beaucoup de ce qui se dit et se croit à gauche sur l’impérialisme et l’anti-impérialisme, le nationalisme et l’internationalisme, le racisme, l’islamisme et bien d’autres sujets, est, à nos yeux, profondément erroné et parfois réactionnaire.
Trop de membres de forces de gauche ont défendu ou même célébré le massacre du 7 octobre perpétré par le Hamas et le Jihad islamique dans le sud d’Israël. Il s’agit là, selon nous, d’une expression de ces analyses erronées et de ces tendances réactionnaires.
Nous sommes des militant·es et des organisateurs et des organisatrices de gauche de longue date. Dans ce texte, nous voulons nous engager dans les débats de la gauche et, par ce biais, faire savoir à celles et ceux qui ressentent la même chose que nous qu’elles et ils ne sont pas seul·es. C’est aussi une invitation aux autres forces de gauche à nous rejoindre pour prendre position contre l’antisémitisme, l’antiracisme tronqué, le campisme, le nationalisme, les accommodements avec l’islamisme et d’autres alliances gauche-droite. Nous écrivons dans l’espoir qu’une meilleure gauche internationaliste est possible.
Le but de notre critique n’est pas de tempérer le soutien de la gauche aux droits et à la liberté des Palestinien·nes, mais de ré-ancrer ce soutien dans un projet démocratique, internationaliste de base, et donc véritablement universaliste. Nous voulons une gauche qui lutte plus efficacement non seulement pour les droits des Palestinien·nes, mais aussi pour la démocratie, l’égalité et la liberté pour tous.
Alors que de nombreuses images provenant des frontières de Gaza le 7 octobre montraient des civil·es franchissant des clôtures, en milieu de matinée, il était clair que le Hamas et ses alliés avaient brutalement assassiné un grand nombre de civil·es non armé·es et en avaient kidnappé d’autres. Les victimes étaient âgées et jeunes, et comprenaient des survivant·es de l’Holocauste, des travailleurs et des travailleuses agricoles migrant·es et des Arabes bédouin·es. Il existe des preuves évidentes de torture et de violence sexuelle extrême. L’ampleur et la brutalité des attaques ont provoqué des vagues de peur et de traumatisme non seulement dans la société israélienne, mais aussi dans toute la diaspora juive mondiale, à une époque où la plupart des Juifs et des Juives – sionistes ou non – ont des liens multiples avec Israël. Le massacre du 7 octobre et les attaques à la roquette contre des civil·es israélien·nes sont des actes d’une cruauté sans nom qui causent une profonde douleur aux Juifs et Juives d’Israël et de la diaspora.
Mais l’apologie par une grande partie de l’extrême gauche de la violence du Hamas contre les civil·es révèle non seulement un manque de compassion humaine élémentaire, mais aussi une évaluation erronée du Hamas en tant que force politique. Le Hamas n’est pas simplement l’expression abstraite d’une « résistance » à Israël. Il mène ses actions dans la poursuite de ses propres objectifs politiques – des objectifs qui sont fondamentalement réactionnaires. Éluder ces objectifs sur la base d’un soutien inconditionnel à la « résistance » (quelle qu’elle soit) revient à nier l’action palestinienne, à réduire les Palestinien·nes à une simple force réactive, incapable de faire des choix politiques. S’opposer au Hamas ne consiste pas à « dire aux Palestinien·nes comment résister », mais à se ranger du côté des Palestinien·nes qui s’opposent également au Hamas et prônent une véritable résistance, sur une base politique différente.
Les actions du Hamas ont été suivies d’une réponse massive de l’État israélien – comme le Hamas savait que ce serait le cas, et comptait d’ailleurs sur cette réponse. Nous le répètons : nous sommes consterné·es et opposé·es aux attaques de l’État israélien contre la vie civile et les infrastructures à Gaza, au déplacement des populations palestiniennes, au langage déshumanisant et aux propositions de nettoyage ethnique des politiciens israéliens, aux plans de colonisation de Gaza et à la violence des colons et des forces de sécurité israéliennes contre les Palestinien·nes en Cisjordanie. Nous soutenons la lutte pour les droits des Palestiniens·ne et nous nous opposons à la violence et à l’occupation de l’État israélien.
Mais pour que nos mouvements soient efficaces dans la poursuite de leurs objectifs démocratiques et émancipateurs, il faut qu’il y ait un espace pour la réflexion et la critique des impulsions au sein de la politique de gauche qui vont à l’encontre de ces objectifs.
Reconnaître et mettre l’accent sur la souffrance actuelle des Palestinien·nes ne signifie pas que nous ne pouvons pas aussi réfléchir sérieusement à ce qui pourrait être erroné dans de nombreuses réactions de la gauche au 7 octobre, et plus largement dans les perspectives de la gauche.
Dans le sillage des attentats, les incidents antisémites – y compris les attaques violentes ainsi que les incidents de harcèlement en ligne et en personne – se sont multipliés dans le monde entier. Le discours antisémite s’est propagé de manière virale sur les médias sociaux et dans les rues. Le racisme antimusulman a également augmenté de façon spectaculaire. L’extrême droite a profité du conflit pour atteindre de nouveaux publics, parmi les partisans et les adversaires d’Israël. La polarisation et la division croissantes ont contribué à déshumaniser non seulement les Israélien·nes et les Palestinien·nes, mais aussi les Juifs/Juives, les Musulman·es et les Arabes du monde entier, et à approfondir une culture de la compétition à somme nulle entre victimes au lieu de la solidarité.
Nous nous opposons aux tentatives de rejeter, de diaboliser ou même de criminaliser tout activisme de solidarité avec la Palestine en raison de la présence d’antisémitisme au sein du mouvement et de la gauche en général – néanmoins, une confrontation avec l’antisémitisme reste nécessaire.
Il ne s’agit pas d’une question de relations publiques ou d’« optique ». La raison pour laquelle il faut affronter l’antisémitisme lorsqu’il apparaît à gauche n’est pas qu’il donne une mauvaise image de la cause de la solidarité avec la Palestine. C’est que la présence de perspectives réactionnaires et conspirationnistes dans nos mouvements, même sous des formes codées ou de manière marginale, risque de rendre toxique notre politique.
Où la gauche s’est-elle trompée ?
Pourquoi est-il si difficile pour une grande partie de la gauche de prendre l’humanité fondamentale et la souffrance traumatique des civil·es – y compris des citoyen·nes israélien·nes – comme point de départ cohérent ? Pourquoi certain·es ont-iels été incapables de condamner un massacre sans le relativiser au point de le rendre insignifiant ou de le contextualiser au point de le rendre insignifiant ? Pourquoi la solidarité des forces de gauche avec les victimes de l’oppression semble-t-elle parfois conditionnée par l’alignement géopolitique de l’État qui les opprime ? Pourquoi une grande partie de la gauche lutte-t-elle pour identifier et résister à l’antisémitisme dans ses rangs ?
Il n’y a pas de réponse simple et unique à ces questions, mais nous pensons que commencer à y répondre est une étape essentielle dans le renouveau de la gauche. Nous proposons ici notre analyse de ce que nous considérons comme certains des problèmes les plus importants.
Fétichisation d’Israël/Palestine
Israël/Palestine est devenu le drame moral central pour une grande partie de la gauche contemporaine, de la même manière que l’Afrique du Sud l’était pour de nombreuses personnes de la génération précédente.
Certains reportages et commentaires grand public utilisent un cadre orientaliste pour décrire l’ensemble de la région, dépeignant les Arabes comme barbares et prémodernes, par opposition à Israël, qui est généralement dépeint comme une démocratie libérale moderne.
Dans le même temps, les médias grand public et de gauche accordent beaucoup plus d’attention à la Palestine et à Israël qu’à la Syrie, au Kurdistan, au Soudan, à l’Éthiopie, à la RDC, au Sri Lanka, au Myanmar ou à tout autre point chaud dans lequel des États militaristes (ou des acteurs non étatiques) oppriment des minorités nationales et ethniques, ou commettent des massacres.
Il ne s’agit pas d’établir une hiérarchie politique ou morale des oppressions mondiales, ni de répartir l’attention et l’activité en fonction de celle qui entraîne le plus de souffrance. La solidarité avec les Palestinien·nes devrait plutôt découler d’un engagement en faveur des droits universels, qui devrait également inciter à la solidarité avec toutes les autres luttes contre l’oppression.
En fétichisant Israël/Palestine, en romançant et en idéalisant la lutte des Palestinien·nes, les membres de forces de gauche reflètent la déshumanisation des Palestinien·nes par le courant dominant. L’effet de cette fétichisation gauchiste d’Israël/Palestine est de faire des Palestinien·nes et des Juifs/Juives israélien·nes des avatars transcendants pour des récits politiques, plutôt que des humains en chair et en os, capables d’un éventail de réponses à leurs conditions et à leurs expériences.
L’analphabétisme historique
Malgré le caractère central de la cause palestinienne pour la gauche contemporaine, le niveau de compréhension de l’histoire de la région et du conflit est souvent faible.
Une grande partie de la gauche a transformé des concepts potentiellement utiles tels que le « colonialisme » en outils d’analyse et en substituts d’analyse. L’application simpliste de ces étiquettes permet aux militants d’éviter de se confronter à la complexité. La diversité historique interne du sionisme, sa relation ambivalente avec divers impérialismes et les différentes histoires de déplacements qui ont conduit la migration juive de divers pays vers Israël sont souvent mal comprises.
Le processus de formation de la nation juive israélienne s’est accompagné d’une colonisation qui a entraîné le déplacement d’un grand nombre d’habitant·es, y compris par le biais de crimes de guerre et d’expulsions. Il s’agissait également d’un processus de fuite désespérée de la part de personnes qui avaient elles-mêmes été victimes de violences racistes et de tentatives d’extermination. Les Palestinien·nes sont, selon l’expression d’Edward Saïd, « les victimes des victimes et les réfugié·es des réfugié·es ». Les Juifs et les Juives israélien·nes sont loin d’être les seul·es à s’être consolidé·es en tant que nation et à avoir fondé un État sur une base qui incluait la dépossession violente des habitant·es d’un territoire.
L’intérêt d’affronter cette histoire dans son intégralité, avec toute sa complexité et ses tensions, n’est pas de minimiser les injustices subies par les Palestinien·nes lors de la création d’Israël ou depuis lors. Mais ne pas affronter l’histoire dans son intégralité ne sert ni la compréhension ni les efforts pour développer et soutenir les luttes pour l’égalité.
Une meilleure connaissance de l’histoire, ainsi qu’une prise en compte plus engagée des aspects pratiques de l’État unique, des deux États et des autres « solutions » possibles au conflit, permettraient de renouveler le mouvement de solidarité.
Politique syncrétique
L’une des principales tendances de la politique contemporaine, dans le sillage de l’effondrement des mouvements syndicaux de masse, est la montée de formes syncrétiques de politique, s’appuyant sur des traditions politiques disparates – ce que l’on appelle parfois la politique rouge/brune, le diagonalisme ou le confusionnisme. Certaines parties de la gauche ont conclu des alliances dangereuses avec des forces d’extrême droite. Qu’il s’agisse d’orateurs d’extrême droite lors de rassemblements anti-guerre, d’anciens gauchistes rejoignant les manifestations de blocage de Covid, de vloggers anti-impérialistes accueillant des invités paléoconservateurs ou de chanteurs folkloriques anarchistes promouvant les négationnistes, la période récente a été marquée par des collaborations politiques alarmantes. Ces mouvements naissent ou se développent parfois à partir de l’extrême droite qui tente de se vendre à la gauche. L’antisémitisme liant souvent des éléments disparates au sein de formations syncrétiques, ces tendances peuvent être politiquement toxiques lorsqu’elles se manifestent dans l’activisme de solidarité avec la Palestine.
Le campisme
Partout dans le monde, nous assistons à des luttes pour le changement démocratique et pour obtenir davantage de droits et d’égalité. Mais ces luttes se heurtent de plus en plus à des affirmations selon lesquelles ces principes représentent l’hégémonie d’une « élite libérale occidentale » et de son « ordre mondial unipolaire », plutôt que des aspirations et des droits humains universels.
Les régimes autoritaires et oppressifs prétendent que les efforts visant à les rendre responsables de ces principes ne sont que des tentatives de protéger l’hégémonie unipolaire de l’Occident. Ces régimes se présentent comme les leaders d’un monde « multipolaire » émergent où de multiples régimes autoritaires seront libres de définir la « démocratie » selon leur propre image antidémocratique.
De même, alors que les mouvements racistes, patriarcaux et autoritaires de l’Occident se présentent comme les voix des peuples authentiques et enracinés contre les élites « mondialistes », dans les anciennes colonies occidentales, ils se présentent comme la majorité « décoloniale » contre l’hégémonie des « élites occidentalisées ».
Souvent, la gauche ne reconnaît même pas cette dynamique. Pire, certain·es de ses membres amplifient son (faux) postulat : les forces et les régimes tyranniques, autoritaires et réactionnaires représentent une résistance progressive à l’«impérialisme occidental». Leur préoccupation pour la survie et la force de ces régimes «multipolaires» se fait au détriment d’une solidarité sans entrave, significative et cohérente pour la résistance à ces régimes.
L’impérialisme occidental est confronté à des alternatives réactionnaires : L’impérialisme russe, l’impérialisme chinois et l’impérialisme régional iranien, qui déploient souvent des forces paramilitaires par procuration telles que le Hezbollah et, dans une certaine mesure, le Hamas, et qui jouent un rôle contre-révolutionnaire dans le contexte de la vague de luttes de libération qui s’est levée en 2011. Les pétromonarchies de la péninsule arabique sont de plus en plus des puissances mondiales ; d’autres puissances impériales ou sous-impériales régionales, telles que la Turquie expansionniste et interventionniste, sont également de plus en plus vigoureuses et ne sont certainement pas de simples États clients des États-Unis.
Face à ce moment, une gauche radicale qui a, pendant des années, prêché l’idée que tout ce qui nuit à l’impérialisme hégémonique (celui des États-Unis) et à ses alliés doit nécessairement être progressiste (une perspective connue sous le nom de « campisme » – prendre le parti d’un « camp » géopolitique plutôt que de poursuivre un projet authentiquement internationaliste) risque fort de s’effondrer en faisant l’apologie de ces alternatives réactionnaires. Cet « anti-impérialisme » campiste est aveugle au fait qu’en soutenant l’ « axe de la résistance », il ne s’oppose pas à l’impérialisme mais se range du côté d’un pôle impérial rival dans un monde « multipolaire ».
Au cours d’une période historique antérieure (qui a atteint son apogée pendant la guerre froide), le pôle d’opposition aux États-Unis dans l’imagination de la gauche campiste était l’URSS (qui servait souvent non pas de guide, mais simplement de substitut à la possibilité d’une quelconque alternative). Mais après l’embargo pétrolier de l’OPEP en 1973 et la révolution iranienne de 1979, et surtout après la chute du bloc soviétique, ce rôle a été de plus en plus assumé par diverses configurations de l’ « axe de la résistance », y compris la République islamique d’Iran et, avant longtemps, le Hamas.
La théorie du complot
Notre monde complexe et « multipolaire », la nature apparemment opaque des mécanismes de pouvoir et d’oppression, ainsi que les processus de fragmentation sociale, conduisent des personnes à chercher des réponses et des explications au-delà du « courant dominant ». Les économies de plateforme qui monétisent la désinformation et facilitent le partage des mythes et des mensonges permettent d’accéder facilement aux théories du complot qui semblent offrir de telles réponses et explications.
Les formes numériques fragmentées, rapides et actuelles de partage et d’acquisition des connaissances encouragent à la fois le cynisme face aux autorités « dominantes » et la crédulité envers les sources « alternatives », la joie de « démasquer » des vérités cachées et le désespoir face à la portée omnipotente de l’hégémon, ainsi que la recherche de liens entre des phénomènes disparates sans disposer des outils analytiques nécessaires pour en comprendre la signification. Les théories du complot mènent presque toujours à l’antisémitisme, qui fonctionne généralement comme une sorte de méta-théorie du complot.
L’antisémitisme est également souvent fusionné avec le sectarisme antimusulman dans l’imaginaire conspirationniste contemporain d’extrême droite, par le biais des théories du « Grand Remplacement » qui prétendent qu’il s’agit d’un complot fomenté par les « financiers mondialistes », notamment George Soros, pour parrainer l’immigration principalement musulmane dans les pays à majorité « blanche », afin de « remplacer » les populations « blanches ».
L’antisémitisme comme pseudo-émancipation
Comme d’autres théories du complot, l’antisémitisme offre des réponses et des explications fausses et faciles dans un monde confus. Contrairement à de nombreux autres racismes, l’antisémitisme est souvent apparu comme un « coup de poing » : il peut attribuer à son objet un pouvoir, une richesse et une ruse presque infinis. En raison de son caractère pseudo-émancipateur, l’antisémitisme a souvent semblé radical. Mais il s’agit d’un pseudo-radicalisme : en identifiant les Juifs et les Juives comme l’élite cachée qui contrôle nos sociétés, il sert à rendre invisibles les véritables classes dirigeantes, à protéger les structures de pouvoir de la classe dirigeante et à détourner la colère contre l’injustice vers les Juifs et es Juives.
Comme l’affirme Moishe Postone, il s’agit souvent d’une « forme fétichisée d’anticapitalisme » : « Le pouvoir mystérieux du capital, qui est intangible, global, et qui bouleverse les nations, les régions et la vie des gens, est attribué aux Juifs. La domination abstraite du capitalisme est personnifiée par les Juifs ». Cet antisémitisme pseudo-émancipateur a une longue histoire, qui va des textes fondateurs des principaux courants du socialisme moderne aux congrès de la Deuxième Internationale, en passant par les syndicats et les partis ouvriers à l’époque des migrations massives d’Europe de l’Est et par les formes de fascisme du Nouvel Âge dans le mouvement vert. Il était présent, et contesté, au sein des partis de la révolution russe, et s’est exprimé dans l’idéologie nazie et stalinienne d’après-guerre, et par leurs héritier·es aujourd’hui, avec des financiers « cosmopolites » et «·mondialistes » considérés comme un calamar vampire exploitant les travailleurs et les travaileuses productifs/productives, enraciné·es et autochtones. Mais il est aussi de plus en plus souvent lié à une vision «·anti-impérialiste », dans laquelle il est considéré comme aspirant le sang des misérables de la terre dans le Sud.
Accommodement avec l’islamisme
Alors qu’une partie de la gauche (en particulier en Europe et aux Amériques, mais aussi dans d’autres régions du monde) a une longue histoire de racisme anti-musulman (qui est revenu sur le devant de la scène pendant la guerre en Syrie, lorsque des sections de la gauche ont utilisé le langage de la guerre contre le terrorisme pour diaboliser la révolution), dans la période qui a suivi la deuxième Intifada et le 11 septembre, la vision campiste du monde décrite ci-dessus a conduit de nombreuses et nombreux membres de la gauche à considérer l’islamisme comme une force progressiste, voire révolutionnaire, par rapport à l’impérialisme occidental hégémonique.
Il s’agit malheureusement d’un phénomène mondial. La plupart des gauchistes d’Asie du Sud-Ouest et d’Afrique du Nord (SWANA), confrontés plus directement aux politiques réactionnaires de l’islamisme que les forces de gauche d’autres régions du monde, ne se font pas de telles illusions, bien au contraire. Les forces de gauche extérieurs à la SWANA devraient les écouter.
L’islamisme englobe un certain nombre de courants différents. Le Hamas n’est pas EILL, EILL n’est pas les Talibans, les Talibans ne sont pas le régime d’Erdoğan en Turquie. Le Hamas lui-même englobe également différents courants. Il est important de comprendre ces distinctions. Mais elle ne doit pas aveugler la gauche à la réalité matérielle selon laquelle, au niveau du pouvoir social, les mouvements et régimes islamistes ont, à l’instar d’autres formes de religion fondamentaliste politisée, brutalisé les minorités religieuses, ethniques et sexuelles, les femmes, les dissident·es politiques et les mouvements progressistes.
Le racisme anti-juif est un élément persistant de l’idéologie islamiste, qui apparaît clairement dans l’ouvrage fondateur de Sayyid Qutb, «·Notre lutte contre les Juifs » (1950), et dans le pacte du Hamas de 1988 (qui cite le célèbre faux anti-juif, les Protocoles des Sages de Sion). Les positions de l’islamisme sur Israël, le sionisme et les Juifs/Juives ne sont pas purement « politiques », explicables uniquement en termes de confrontation entre les Palestinien·nes et le sionisme/Israël, mais s’inscrivent dans une vision du monde antisémite plus large.
Bien qu’ils aient leurs propres perspectives et agendas, les mouvements islamistes doivent également être compris dans le contexte de la concurrence entre les puissances régionales dans un monde d’impérialismes concurrents : Les islamistes résistent souvent à l’impérialisme hégémonique au nom ou en alliance avec des impérialismes régionaux rivaux, comme celui de l’Iran. Dans le même temps, l’impérialisme américain et les puissances régionales qui lui sont alliées, comme Israël, ont parfois toléré ou encouragé les mouvements islamistes afin de saper d’autres forces.
Le fait de considérer les luttes de libération sur le genre et la sexualité comme étant d’une importance politique secondaire par rapport à d’autres questions, par exemple la lutte contre « l’ennemi principal » de « l’impérialisme américain », explique aussi en partie la volonté de nombreuses forces de gauche de blanchir, de mettre en sourdine leurs critiques ou même de proposer des alliances avec des mouvements qui, comme tous les mouvements fondamentalistes religieux, sont obsédés par une réglementation patriarcale, homophobe et transphobe du genre et de la sexualité.
L’abandon de l’analyse de classe
Le seul moteur possible d’une politique anticapitaliste authentiquement démocratique est la lutte consciente des exploité·es et des opprimé·es pour leur auto-émancipation. Les politiques de classe ont été mises à mal par des décennies de victoires néolibérales et de défaites du mouvement ouvrier. Mais l’abandon de l’accent mis sur l’action de la classe ouvrière et d’autres luttes démocratiques d’en bas a une histoire plus longue. Le siècle dernier est tragiquement rempli de cas où les forces de gauche ont remplacé l’action des exploité·es et des opprimé·es par celle des États staliniens et de diverses autres forces autoritaires.
De nombreuses et nombreux membres de forces de gauche, auto-défini, sont allé·es jusqu’à soutenir, parfois de manière plus « critique·», parfois moins, des forces étatiques et non-étatiques qui ne se réclament même pas de la rhétorique et du symbolisme du socialisme : La Russie de Poutine, la Syrie d’Assad, la République islamique d’Iran et les forces paramilitaires islamistes telles que le Hamas et le Hezbollah.
Nous pensons que la montée des politiques syncrétiques, du campisme et de la théorie du complot, ainsi que l’incorporation croissante d’un antisémitisme pseudo-émancipateur, peuvent en partie être expliqués comme des symptômes de cet abandon par la gauche de la notion de classe et d’une analyse de la dynamique du capitalisme mondial.
Une grande partie de la politique de gauche de ces dernières décennies a été fondée non pas tant sur une lutte contre le capitalisme en tant que relation sociale, mais sur un rejet de « l’hégémonie américaine », de la « mondialisation », de la « finance » – ou parfois du « sionisme », considéré comme l’avant-garde de toutes ces forces. Cela a conduit de nombreuses personnes qui se considèrent comme des membres de forces de gauche à sympathiser avec des alternatives réactionnaires aux arrangements politiques et économiques actuels.
Dans le même temps, les formes tronquées d’anticapitalisme, qui se concentrent sur les maux moraux supposés du capital « financier » ou « improductif » – plutôt que sur l’antagonisme objectif entre le capital et le travail – encouragent les critiques personnalisées des « élites mondialistes » et des « banquiers Rothschild », plutôt qu’un mouvement en faveur de l’abolition du capitalisme lui-même, par le biais d’une organisation collective et d’une lutte par le bas.
Un antiracisme tronqué
L’antiracisme mondial contemporain a été façonné par le contexte du XXe siècle, dominé par les luttes contre le racisme anti-Noir, aux États-Unis et ailleurs, et contre l’impérialisme et le colonialisme occidentaux. Sa conception de la race est souvent simpliste et binaire, mal adaptée à la compréhension des lignes complexes de racialisation qui se croisent au XXIe siècle.
Les perspectives dominantes d’une grande partie de la pensée «·décoloniale » offrent une vision manichéenne qui divise le monde en catégories d’« oppresseurs » et d’« opprimé·es », dans lesquelles s’inscrivent des nations et des ethnies entières.
Cette vision laisse la gauche mal équipée pour comprendre comment les différents racismes s’imbriquent les uns dans les autres – pourquoi les suprémacistes hindous en Inde soutiennent avec enthousiasme le nationalisme israélien, par exemple, ou pourquoi l’État chinois suprémaciste Han se présente comme un défenseur des droits des Palestinien·nes tout en perpétrant une occupation coloniale et une répression de masse au nom d’une « guerre populaire contre la terreur·» contre les musulman·es du Xinjiang/Turkestan oriental.
La gauche est mal équipée pour comprendre le racisme lorsqu’il n’est pas codé par couleur, comme c’est le cas pour le racisme des Européens de l’Ouest envers les Européens de l’Est « blancs mais pas tout à fait », ou le racisme russe envers les Ukrainien·nes, ou encore le racisme anti-arménien.
L’antisémitisme, en particulier, ne s’inscrit pas parfaitement dans la vision du monde de cet antiracisme tronqué, qui considère les Juifs et les Juives comme « blanc·hes » et ne peut donc pas les comprendre comme des cibles du racisme. Cette perspective efface les Juifs et es Juives qui ne se présentent pas comme « blanc·hes » et passe à côté de la contingence et de la construction sociale de la blancheur elle-même. L’intégration de certain·es Juifs/Juives dans la blancheur est réelle, mais elle est également inégale et, dans de nombreux cas, assez récente.
Cet antiracisme tronqué reflète l’anticapitalisme tronqué qui a marqué la gauche.
En bref, le renouveau de la gauche en tant que mouvement de solidarité internationale nécessite un antiracisme cohérent, un féminisme cohérent, un renouveau de la politique de classe, un renouveau de l’analyse du capitalisme mondial et le rejet de la vision campiste qui divise le monde en deux catégories bien distinctes, le bien et le mal.
Comment pouvons-nous transformer et renouveler la gauche ?
Nous proposons cette analyse comme une étape vers le renouveau de la gauche sur la base d’une politique authentiquement internationaliste et constamment démocratique. Il n’est pas toujours facile de s’attaquer aux idées réactionnaires dans nos propres rangs. Mais lorsque nous le faisons, nos mouvements gagnent, à chaque fois, à ce que des compréhensions plus profondes émergent. À quoi cela pourrait-il ressembler pour la gauche de commencer à faire cela ?
Une solidarité cohérente
En tant qu’internationalistes, notre point de départ devrait être la défense du droit universel aux droits démocratiques. Insister sur la solidarité avec les civil·es attaqués des deux côtés n’est pas une forme désinvolte d’équivalence morale ou d’argutie, mais un premier principe éthique. Une véritable solidarité cohérente ne signifie pas que l’on considère tout le monde comme identique et que l’on ignore les différences structurelles entre les victimes, mais que l’on reconnaît et que l’on respecte la différenciation.
La gauche devrait se préoccuper de tous les décès de civil·es, qu’ils soient causés par l’État juif ou par les États arabes, par les États du camp occidental ou par les États qui s’opposent à ce camp, ou encore par des acteurs non étatiques.
Les fins sont substantiellement conditionnées et préfigurées par les moyens ; une politique menée au moyen de massacres aveugles de civil·es ne peut servir des fins émancipatrices.
Particulièrement problématiques sont les courants politiques qui centrent la souffrance palestinienne à Gaza mais qui sont restés silencieux – ou même enthousiastes – lorsque les Syrien·nes (y compris les Palestinien·nes syrien·nes) ont été massacré·es par le gouvernement Assad et ses alliés (souvent justifiés par exactement la même rhétorique de guerre contre le terrorisme qu’Israël utilise parfois pour excuser le fait de cibler des civil·es) ou lorsque les Ouïghours et d’autres minorités ethniques principalement musulmanes sont confrontées à l’incarcération de masse, à la surveillance totale et à l’effacement culturel en Chine.
Centrer les voix et les expériences de la classe ouvrière, des progressistes et des forces de construction de la paix des deux côtés.
Un changement démocratique radical est impossible sans un organisme qui lutte consciemment et activement en sa faveur. Une gauche internationale qui concentre son énergie à encourager les forces réactionnaires ne contribue en rien au développement de cet organisme ; en fait, elle l’inhibe.
En Israël/Palestine, comme dans toute lutte internationale, une gauche véritablement internationaliste et résolument démocratique devrait concentrer son activité sur l’écoute, l’engagement et le soutien pratique des forces qui, sur le terrain, s’organisent pour faire progresser la politique démocratique. Cela signifie qu’elle doit amplifier les voix des acteurs de terrain – féministes, militant·es queer, syndicalistes, militant·es écologistes – dans les sociétés israélienne et palestinienne, qui s’opposent à la violence perpétuelle de l’État et à la division raciste.
Critiquer les États ne signifie pas s’opposer aux droits fondamentaux de leur population
Les groupes nationaux dans leur ensemble bénéficient souvent des politiques de colonialisme et d’oppression des autres peuples menées par leurs États. Mais ces avantages ne sont pas uniformes et ne signifient pas non plus que toutes et tous les membres d’un peuple donné sont également complices des politiques de leur État ou qu’elles et ils ont le même pouvoir sur celles-ci.
La solidarité avec les Palestinien·nes ne doit pas signifier une hostilité radicale à l’égard des Juifs et des Juives israélien·nes en tant que peuple, ni s’opposer à leurs droits. La politique de gauche devrait viser à niveler par le haut et à égaliser les droits démocratiques, et non à les retirer à certain·es pour les « redistribuer » à d’autres.
Les Juifs et les Juives du monde entier – qui sont souvent lié·es de multiples façons à des personnes et à des lieux en Israël – se sentent attaqué·es lorsque les Israéliens·ne en général sont pris pour cible. Pour soutenir les droits des Palestinien·nes, il faut identifier soigneusement l’État israélien – et ses appareils idéologiques – comme les auteurs de l’injustice, et non le peuple israélien dans son ensemble, considéré comme un bloc homogène et politiquement indifférencié.
Comprendre Israël dans le monde
L’antisémitisme attribue traditionnellement le pouvoir absolu aux Juifs/Juives. Lorsque cette attribution est appliquée à Israël, elle reste antisémite. Israël existe dans un monde complexe, liquide et «·multipolaire » ; c’est un État puissant, mais son pouvoir est limité au sein du système mondial. Il n’est certainement pas le moteur de l’impérialisme mondial qu’on décrit parfois dans les récits des forces de gauche.
Beaucoup des choses pour lesquelles il est juste et nécessaire de critiquer Israël sont des choses qu’il a en commun avec beaucoup d’autres États dans le monde, y compris certains des pays où nous vivons nous-mêmes. Refuser de diaboliser Israël ou de le considérer comme totalement exceptionnel ne signifie pas se réconcilier avec ses politiques, mais plutôt situer ces politiques dans des tendances dont elles sont l’une des expressions, plutôt que la quintessence. Même la brutalité de l’ampleur de celle qu’Israël inflige aujourd’hui à la population de Gaza a un précédent direct récent, la guerre du régime Assad contre le peuple syrien.
Les courants de gauche qui critiquent le colonialisme israélien tout en faisant l’apologie du colonialisme russe en Ukraine font deux poids deux mesures. Nous invitons également les camarades à se demander si elleux-mêmes et leurs organisations utilisent le même type de langage et de registres émotionnels à propos, par exemple, de l’oppression des Kurdes par la Turquie ou de l’oppression des Tamouls par le Sri Lanka, qu’à propos de l’oppression des Palestiniens·ne par Israël. Si la réponse est négative, examinez l’impact et les implications politiques de cette exceptionnalisation.
Une approche critique du nationalisme
Les nations sont des constructions sociales qui fonctionnent en partie pour masquer les exploitations et les oppressions au sein de la nation, telles que la classe, le sexe, la race et autres, au nom d’un « intérêt national » unitaire. Notre objectif à long terme est une libre association de tous les êtres humains, c’est-à-dire un monde sans nations, dans lequel les identifications ethniques sont devenues secondaires. Cependant, il est difficile de concevoir le dépassement de la nation dans un monde où les personnes sont opprimées, occupées et parfois massacrées sur la base de leur appartenance nationale.
Les forces de gauche doivent prendre position contre l’oppression de personnes en raison de leur nationalité. Mais nous devons également reconnaître que tous les nationalismes – y compris ceux des groupes actuellement opprimés – sont au moins potentiellement excluants et oppressifs. Soutenir le droit d’un peuple donné à défendre ou à gagner l’autodétermination ne signifie pas adopter son nationalisme par procuration. Une gauche internationaliste ne devrait pas brandir sans esprit critique un drapeau national, ni soutenir sans esprit critique un État ou un mouvement national.
La gauche doit soutenir le droit à l’autodétermination dans le cadre d’un programme d’égalité démocratique. Cela signifie qu’elle doit soutenir le droit de tous les peuples à l’autodétermination sur une base égale et s’opposer à tout programme visant à la domination d’un peuple sur un autre.
L’objectif du Hamas de remplacer la domination nationaliste juive par une domination nationaliste islamique – un État théocratique dans lequel les « usurpateurs » juifs seraient chassés – est réactionnaire. Le fait qu’il soit très improbable qu’ils atteignent cet objectif ne le rend pas plus soutenable du point de vue d’une politique démocratique et internationaliste.
Antiracisme inconditionnel
La raison pour laquelle il faut soutenir les victimes du racisme n’est pas seulement la compassion pour les sentiments blessés des personnes – bien que la compassion soit préférable à l’insouciance insensible parfois affichée par la gauche. C’est aussi parce que les idées qui poussent au sectarisme empoisonnent les efforts pour faire avancer les luttes démocratiques.
Cela signifie que nous devons refuser de conditionner politiquement notre solidarité contre le racisme.
De même qu’il est erroné d’exiger des Palestinien·nes (ou d’autres Arabes ou musulman·es) qu’iels condamnent le Hamas avant d’avoir le droit de soutenir la lutte contre le racisme, il est erroné d’exiger des Israélien·nes ou des Juifs/Juives de la diaspora qu’iels fassent la preuve de leur pureté idéologique – qu’iels soient de « bons » Juifs et de «·bonnes » Juives – avant de prendre au sérieux le sectarisme dont elles et ils sont victimes.
La solidarité contre le racisme n’exige pas l’approbation de la politique dominante de la personne ou du groupe victime. Mais elle exige que l’opposition au racisme et aux autres sectarismes soit inconditionnelle, même si les membres du groupe ciblé peuvent avoir des opinions réactionnaires.
La gauche peut et doit s’opposer inconditionnellement au sectarisme anti-palestinien et anti-musulman sans approuver le Hamas ; elle peut et doit s’opposer inconditionnellement à l’antisémitisme sans approuver le chauvinisme israélien.
Ne pas promouvoir de faux amis.
Une caractéristique particulière de la crise actuelle et de ses répliques mondiales est que les militant·es d’extrême droite (y compris les fascistes purs et durs et les nazis au sens propre) utilisent cyniquement la solidarité avec la Palestine pour promouvoir l’antisémitisme. Un petit nombre de militant·es d’extrême droite se joignent aux marches anti-israéliennes. Un grand nombre d’utilisateurs et d’utilisatrices pro-palestinien·nes des médias sociaux amplifient les désinfluenceurs d’extrême droite qui se sont insérés dans le discours, souvent soutenus par les réseaux d’influence de l’État russe et iranien. Dans les semaines qui ont suivi le 7 octobre, des comptes tels que Jackson Hinkle (défenseur du « communisme MAGA·») et Anastasia Loupis (militante de droite contre la vaccination) ont accumulé des millions de followers parmi les utilisateurs et les utilisatrices hostiles à Israël grâce à leurs posts viraux (dont beaucoup contiennent de fausses histoires) sur le conflit.
D’autre part, l’extrême droite n’est pas homogène et les militant·es islamophobes d’extrême droite, dont beaucoup se révèlent elleux-mêmes antisémites en grattant un peu, utilisent cyniquement la peur des Juifs/Juives et l’indignation générale face au terrorisme du Hamas pour promouvoir l’hostilité antimusulmane et blanchir leur réputation raciste. Nous devons dénoncer et marginaliser ces mauvais acteurs. Nous devons tracer des lignes claires. Nous ne devons pas permettre que la souffrance juive et palestinienne soit instrumentalisée par des entrepreneurs politiques. Tous les groupes qui offrent une plate-forme active aux orateurs nazis, fascistes et apparentés doivent être traités de la même manière que ceux qui soutiennent le séparatisme blanc.
Conclusion
Nous avons rédigé ce texte comme une critique d’un sens commun qui est devenu prédominant dans une grande partie de la gauche. Il s’agit d’une critique de la gauche et pour la gauche.
En tant que militant·es et organisateurs de gauche, nous ne considérons pas les tendances que nous décrivons comme des conséquences inévitables des principes fondamentaux de la gauche. Nous considérons qu’elles résultent de la déformation et de l’abandon de ces principes.
Nous accueillons volontiers d’autres cosignataires, y compris celles et ceux qui souhaitent approuver certaines parties du texte et pas d’autres, ainsi que des réponses critiques. Compte tenu du contexte, nous souhaitons tout particulièrement recevoir des réponses, y compris des réponses critiques, de la part de membres de la gauche palestinien·nes et israélien·nes. Nous espérons que ce texte pourra contribuer à un débat plus large sur la manière de transformer et de renouveler la gauche.
Nous considérons cet effort de renouvellement et de transformation comme une tâche nécessaire pour quiconque ne souhaite pas exclure la possibilité d’un changement systémique. Nous nous réjouissons de l’engagement de toute personne qui souhaite un tel changement et qui comprend que, pour être un instrument efficace pour y parvenir, la gauche doit se changer elle-même.
10 décembre 2023
Ben Gidley, Daniel Mang, Daniel Randall
https://leftrenewal.net
Signataires : https://leftrenewal.net/signatories/
Contact : https://leftrenewal.net/contact/
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)
traduction profane en attendant mieux
Signataires connus le 13/12/23 après-midi :
Abe Silberstein, Aditya Sarkar, Alma Itzhaky, Andy Blunden, Arash Azizi, Ari Garnick, Phạm Binh, Blair Taylor, Bradley Olson, Charlotte Rubin, Cona Avramidis, Dan La Botz, Daniel Nichols, Daniel York Loh, Daphnée Azoulay, David MacKenzie, David Seymour, Didier Epsztajn, Eva Illouz, Gabrielle Amato-Bailey, Gavin Gatenby, Gilad Nir, Gili Bar Hillel, Greg Dubamix, Haggai Matar, Harsh Kapoor, Henry Kaplan, Javier Sethness, Jeffrey Gleisner, Jim Davis, Jonas Pardo, Jonathan Kabiri, Jonathan Portes, Juives et Juifs Révolutionnaires, Kavita Krishnan, Kerrie Thornhill, Luc Bernard, Marieme Helie Lucas, Marina Strinkovsky, Mark Wyatt, Mauricio Lapchik, Memphis Krickeberg, Michal Frenkel, Mitchell Abidor, Nedjib Sidi Moussa, Nimrod Flaschenberg, Nissim Mannathukkaren, Oded Erez, Pragna Patel, Ralph Leonard, Rikard Friberg, Riley Gombis, Roane Carey, Sender Vitz, Sibylle Heilbrunn, Sivan Balslev, Slavoj Žižek, Steff Brenner, Stéphane Julien, Stephen Soldz, Steve Cooke, Steven Reisner, Sylvaine Bulle, Tae Phoenix, Talia Ringer, Tamar Glezerman, Tara Bianca Rado, Thierry Hommel, Thomas Harrison, Tobias Sauer, Wayne Knights, Yosi Sergant, Yuval Kremnitzer, Yves Coleman, Zackary Sholem Berger, Zef Egan, Vincent Présumey, Olivier Delbeke, Pierre Madelin, Patrick le Tréhondat …
Texte également signé par moi ce jeudi 14 Décembre 2023.
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L’internationalisme, c’est à dire « inter nations », part du principe que la base des droits et des conquêtes pour les travailleurs reste justement les nations, base à partir de laquelle Lénine puis Trotsky ont défendu un système de revendications transitoires dans la marche à la révolution mondiale ( « révolution en permanence » disait Marx). D’où la revendication » Palestine laïque et démocratique, souveraine sur tout le territoire de la Palestine historique ( Gaza, Cisjordanie, Jordanie et Israël), à égalité de droits pour toutes les composantes, notamment juive et arabe, et avec le retour de tous les réfugiés et exilés palestiniens ! »
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Première réflexion (peut-être secondaire) que m’inspire ce long texte (que je n’ai pas encore lu en entier) : l’emploi du terme « gauchiste » sans définition, avec des connotations pas très claires. Si on en revenait au « gauchistes » sauce Lénine, ou bien si on utilisait des termes plus précis, moins fourre-tout? (Ce que semble par ailleurs faire l’article avec les autres catégories qu’il convoque.)
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Le terme « gauchiste » dans ce texte en français renvoie au « leftist » de la version originale en langue anglaise du texte. Donc nul gauchiste, façon brochure de Lénine 1920 ou ultra-gauchiste de nos jours, mais l’individu issu du milieu de la gauche comprise comme gauche de gauche, gauche radicale, extrême gauche…
La traduction de ce texte serait à améliorer car elle comporte beaucoup d’importation de termes anglo-saxons mal traduits ou mal rendus…
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depuis la première parution, cette traduction a été améliorée
le terme « gauchiste » a été remplacé par des forums plus adéquates
cordialement
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Merci à vous, et en effet la conversion de « leftists » en « gauchistes » par les logiciels de traduction est une source de confusion … mais le lien que tu donnes pointe toujours vers l’ancienne version. Si tu peux nous envoyer la version « policée », merci, sinon, on la cherche !
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le lien est bon
j’avais oublié deux occurrences de « gauchistes »
c’est corrigé
merci de me signaleur d’éventuelles autres erreurs
cordialement didier
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le lien est bon mais j’avais encore oublié de corriger deux occurrences de « gauchistes »
merci de me signaler d’éventuelles autres erreurs
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Je viens de regarder les « vendredis marxistes » du PT (ex-POID, pour éviter toute confusion avec le POI mélenchoniste), sur You Tube , avec la « Tribune des travailleurs », vendredi marxiste sur la question palestinienne et les positions des différentes organisations de « gauche » et « d’extrême gauche ».
D.Gluckstein s’est adressé en particulier à LO qu’il a présenté comme une organisation sérieuse mais qui a relevé une erreur lourde de conséquences dans la revue « Lutte de Classe », à savoir qu’elle fait dire à Lénine qu’il parle des « nations juive er polonaise » ! Or Lénine ne parle que de la nation polonaise et son droit inconditionnel, tout comme l’Ukraine, à la séparation et à l’indépendance (revendication démocratique du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes). Parler de « nation juive » (ni Marx, ni Lénine, ni Trotsky ne l’ont fait), c’est légitimer l’existence d’Israël et donc nier qu’Israël est en l’occurrence l’Etat oppresseur; il n’y a pas un peuple juif en tant que tel mais des minorités juives opprimées dans différents pays à qui on a donné le droit, au nom de la Shoah, de construire un Etat en CHASSANT la population palestinienne et en faisant donc du peuple palestinien un peuple opprimé.
Donc la revendication démocratique inconditionnelle (inconditionnelle en ce sens qu’elle n’exige pas du paysan palestinien ou du jeune palestinien qu’ils soient forcément d’accord avec l’expropriation capitaliste ou avec une perspective socialiste (même si bien sûr ce serait préférable !) du RETOUR de tous les réfugiés et de tous les exilés palestiniens sur LEUR TERRE d’où ils ont été chassés en 1947-48 par l’alliance contre-révolutionnaire de l’impérialisme américain et de la bureaucratie du Kremlin , pour forger UNE PALESTINE libre, indépendante et laïque, à égalité de droits de TOUTES ses composantes (notamment juive et arabe- et pas seulement musulmane comme le dit le groupe Révolution Permanente, il y a des arabes chrétiens, athées et même juifs !) ), la Palestine historique de 1947 (et non pas celle de 1967 ou 1973 qui légitime donc l’existence de l’Etat hébreu) donc la nécessaire unité des travailleurs juifs et arabes CONTRE LE SIONISME.
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Quand Daniel Coquema dit des bêtises…
Un tour sur Wikipedia nous apprend rapidement que :
« Après la révolution d’Octobre (1917), la Déclaration des droits des peuples de Russie proclame « l’égalité et la souveraineté des peuples de Russie ».
Les Juifs sont reconnus comme une nationalité au sein de l’URSS, mais alors que la Constitution fédérale du 31 janvier 1924 garantit un territoire à chaque nationalité soviétique, aucune région ne leur est attribuée. En effet, il n’existe aucun territoire de l’URSS où les Juifs représentent une majorité de la population, contrairement aux autres minorités nationales. Une forte minorité juive existe cependant dans l’ouest de l’Union, sur les anciens territoires de la Pologne, de l’Ukraine et de la Biélorussie. »
Voir Oblast autonome juif
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On peut trouver chez Lénine des désignations des juifs comme nation (« Aux ouvriers juifs », 1905, « Notes critiques sur la question nationale », 1905, où il les qualifie de « nation la plus opprimée et la plus persécutée » de l’empire tsariste), et l’on peut aussi trouver chez lui des dénégations de ce caractère national, surtout quand il polémique contre le Bund. De sorte que sur le terrain des citations de Lénine, ça risque vite d’être « un à un, balle au centre » entre Gluckstein et LO.
Plus important me semble être le fait que Glucsktein entreprend de faire la leçon « léniniste » à LO pour dénier l’existence d’une fait culturel-national juif qui ne saurait se réduire à la religion, et d’une nation judéo-israélienne, aujourd’hui, affirmant ainsi une position encore plus campiste contre-révolutionnaire que les positions campistes contre-révolutionnaires de LO. Belle course à l’échalote …
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La position générale de Lénine est la suivante :
« La question juive ne se pose pas [c’est lui qui souligne] autrement : assimilation ou particularisme ? Et ****l’idée d’une « nationalité » juive porte un caractère nettement réactionnaire**** non seulement chez ses adeptes conséquents (les sionistes), mais aussi chez ceux qui s’attachent à la concilier avec les idées de la social-démocratie (les bundistes). ****L’idée d’une nationalité juive contredit les intérêts du prolétariat juif**** en créant chez lui, ouvertement ou implicitement, un état d’esprit hostile à l’assimilation, l’état d’esprit du « ghetto ». » (1903)
Toute une discussion sur ces questions se trouve dans l’ouvrage de E. Traverso, « les marxistes et la question juive » (dont je ne partage pourtant pas l’orientation).
Personne n’a jamais défendu à ma connaissance l’existence du moindre tournant de Lénine sur la question. Mais si VP produit des citations, on verra bien.
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La position de Lénine relativement à la question juive a été formulée en toute clarté dès 1903 :
« La question juive ne se pose pas autrement : assimilation ou particularisme ? Et ****l’idée d’une « nationalité » juive porte un caractère nettement réactionnaire**** non seulement chez ses adeptes conséquents (les sionistes), mais aussi chez ceux qui s’attachent à la concilier avec les idées de la social-démocratie (les bundistes). ****L’idée d’une nationalité juive contredit les intérêts du prolétariat juif**** en créant chez lui, ouvertement ou implicitement, un état d’esprit hostile à l’assimilation, l’état d’esprit du « ghetto ». » (1903)
A ma connaissance, et j’ai un peu lu Lénine, il n’y a jamais eu de changement de position (ce que le livre « Les marxistes et la question juive » de E. Traverso confirme). Si VP a des éléments démontrant le contraire, il est bienvenu.
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Pascal, tu as manifestement lu Lénine « un peu », comme tu le dis si bien. Ses positions ont fortement varié, sur ce sujet comme sur bien d’autres, de sorte que c’est, excuse-moi, procéder comme les staliniens que de prétendre donner une fois pour toute sa « position générale ». Et c’est dans mon message précédent que j’ai « produit une citation », relis-le. Surtout, relis le chapitre du bouquin de Traverso que tu mentionne, il te donne les éléments textuels.
Par ailleurs, faut-il préciser que le fait que Lénine ait dit ou pas ceci ou cela ne vaut pas démonstration sur le contenu du sujet discuté ?
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Les positions de Lénine n’ont pas varié sur le point central qui nous importe : la solution de la question juive, c’est l’assimilation dans le respect des acquis culturels.
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Excuses (erreur de clavier). Merci d’ignorer le commentaire précédent.
Les positions de Lénine n’ont pas varié sur le point central qui nous importe : la solution de la question juive, c’est l’assimilation dans le respect des acquis culturels.
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Pascal, tenter de synthétiser les positions de Lénine en une formule aussi ambigüe et susceptible d’interprétations contradictoires que celle que tu nous donne ici : « la solution de la question juive, c’est l’assimilation dans le respect des acquis culturels », constitue en soi une bonne démonstration de la variation des positions de Lénine à ce sujet.
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il ya effectivement un Etat oppresseur, Israël , et un peuple opprimé, le peuple palestinien, qui a été chassé de ses terres et qui, légitimement, doit pouvoir les récupérer. Le retour de tous les réfugiés et exilés palestiniens exige la fin du sionisme, donc l’unité sur ce point entre travailleurs palestiniens et israéliens POUR une Palestine laïque, à égalité de droits pour toutes ses composantes, notamment juive et arabe et ça n’a rien à voir avec une solution étapiste nationale, c’est n’est que l’application ni plus ni moins des principes de la « Révolution permanente » de Trotsky, à savoir qu’à l’époque de l’impérialisme, seul le prolétariat dans son mouvement révolutionnaire peut accomplir les revendications démocratiques (sans pour autant mettre en condition préalable l’expropriation capitaliste, telle que la séparation de l’église et de l’Etat. Le paysan palestinien veut récupérer ses terres et pouvoir les cultiver, SANS CONDITIONS, tant mieux si en plus il veut combattre le capitalisme ! « La terre aux paysans » fut l’un des moteurs essentiels de la Révolution russe.
D’autre part, ni Marx, ni Lénine, ni Trotsky ne parlent à aucun moment de « nation juive » en tant que nation constituée comme les Kurdes (réel peuple sans terre ) par exemple éclatés entre L’Irak, l’Iran, la Turquie, la Syrie , c’est à dire sur une proximité territoriale ; quels rapports entre juifs polonais ou ukrainiens et juifs marocains ou israéliens , SINON LA RELIGION!! Un Etat religieux serait-il donc un progrès de l’Humanité ?
Quant à la dénonciation du campisme contre-révolutionnaire fait par VP, il est particulièrement bien placé , lui qui court de façon éperdue derrière les armes de l’impérialisme !
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Outre l’ignorance affligeante de la complexité réelle de ce qu’ont écrit Marx, Lénine, Trotsky, nous avons dans ce dernier message l’expression d’une autre ignorance affligeante : les juifs ne seraient qu’une religion. Et donc, un État juif ne serait que le résultat d’un complot impérialiste. C’est là une position qui comporte son gros noyau d’antisémitisme, en toute bonne conscience. Elle n’est pas propre à D. Coquema qui, sur ce point comme sur bien d’autres, vient nous offrir ici sur un plateau l’exhibition crue des préjugés et des croyances des couches militantes formatées par le stalinisme et le XX° siècle.
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C’est le stalinisme qui a été le fer de lance conjointement à l’impérialisme US de la première Nakba, c’est à dire à l’expulsion de centaines de milliers de paysans palestiniens de LEUR terre pour permettre au sionisme de dicter sa loi.
VP nous dit crûment qu’il défend donc le sionisme ( et conjointement là encore ave les pires ennemis, de nous expliquer que derrière l’anti- sionisme se cacherait l’antisémitisme !) , la rupture avec le Trotskysme est consommée si elle ne l’était pas déjà dans sa couse éperdue aux armements , c’est à dire le campisme contre-révolutionnaire derrière les impérialismes américain et européens !
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Le sionisme est-il un antisémitisme ?
Cela fait des années que la propagande israélienne – avec le concours des grandes associations juives – cherche à intoxiquer l’opinion internationale en assimilant « antisionisme » et « antisémitisme ». Avec un certain succès d’autant plus surréaliste aujourd’hui qu’en ce moment-même, le gouvernement d’Israël laisse libre cours à une violence coloniale à l’égard de la population palestinienne qui dépasse tout ce que celle-ci a enduré depuis 1967.
Et pourtant, en Europe, les grands donneurs de leçon démocratique persistent et signent : quels que soient les crimes commis – dont celui d’apartheid est désormais établi –, Israël reste notre principal partenaire dans la région et les quelques remontrances rhétoriques qu’on lui adresse de temps en temps n’entament d’aucune façon cette relation privilégiée.
À cet égard, les vœux adressés le 28 avril 2023 par Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, à l’État d’Israël pour les 75 ans de sa naissance ont atteint des sommets d’inconscience ou d’ignominie. La comparaison avec son attitude ferme face à la Russie, qui bafoue en Ukraine exactement les même principes qu’Israël, laisse pour le moins perplexe.
En 2019, on m’avait demandé mon point de vue sur cette assimilation entre antisionisme et antisémitisme. J’avais répondu, à la juive, par une autre question, qui se retrouve dans le titre.
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Si l’on s’en tient à ce qui vient d’être écrit, sur ce forum, en 2023, et pas en 2019, je crois que c’est assez démonstratif. Pourquoi M. Coquema écrit-il : « VP nous dit crûment qu’il défend donc le sionisme » alors qu’il n’y a pas écrit une seule fois le mot « ‘sionisme » dans le message de ma part auquel il répond, pas plus que le mot « antisionisme » ? Tout simplement parce que j’ai écrit que les juifs ne sont pas assimilables à une religion (il y a une relation historique, mais l’histoire ce sont des faits), parce qu’il y a un fait national juif. D. Coquema considère que le simple fait de saisir l’existence de ce fait national, c’est « dire crûment qu’on défend donc le sionisme » : pour lui fait national juif = sionisme = ennemi.. Il aurait traité les bundistes de sionistes. Nous avons là un bel exemple de transitivité entre antisionisme et antisémitisme. CQFD : et pour saisir la démonstration, nul besoin d’ailleurs d’être ou non prosioniste, La propagande israélienne a d’ailleurs là du pain béni …
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Mais VP, c’est bien vous qui parlez ainsi ?
« un État juif ne serait que le résultat d’un complot impérialiste »
Un Etat juif au prix de centaines de milliers d’ouvriers et paysans palestiniens chassés, expulsés de LEUR PROPRE TERRE pour laisser place à un Etat effectivement juif, qu’est-ce donc sinon la concrétisation du sionisme, avec en plus une politique constante de discrimination, de racisme, de massacres et de répression contre le peuple palestinien, politique soutenue par l’impérialisme américain et les impérialismes européens (qui, bien sûr, n’ont pas pensé, pas plus que la bureaucratie stalinienne , à céder une partie de leur territoire au nom de l’horreur de la shoah !).
Seule une Palestine souveraine, démocratique et laïque, sur tout le territoire de la Palestine historique de 1947 (Gaza, Cisjordanie, Jordanie, Israël), à égalité de droits pour toutes ses composantes, notamment juive et arabe et avec le retour de tous les réfugiés, de tous les exilés, pourrait apporter une solution durable.
En quoi cette position, défendue notamment par les trotskystes, aurait à voir avec un quelconque antisémitisme ? Elles est d’ailleurs défendue par des dizaines de milliers de travailleurs et jeunes, aussi bien juifs qu’arabes !
VP calomnie pour mieux masquer, sur l’Ukraine comme sur la Palestine, son alignement sur les positions impérialistes .
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Personnellement, ce qui me fait le plus tiquer dans ce qu’écrit Daniel Coquema, que je remercie cependant de prendre part aux discussions de ce forum, car les anciens camarades du POID-PT-TCI que je connais personnellement ont reçu de leurs responsables de cellule (ou de l’exécutif, je ne sais pas) la consigne de parler politique avec moi (sans doute parce que même en dehors du parti, je reste « un danger pour le parti », par mon attrait pour la discussion réellement libre et sans tabou), c’est qu’en reconnaissant aux Kurdes d’être « un réel peuple sans terre », il nie à la fois le fait national hébreu ou les faits nationaux hébreux dans les diasporas et le fait national israélien (j’écris « hébreu » et « israélien » pour mettre de côté la religion : tous les Juifs, loin de là, ne se reconnaissent pas dans la religion juive, tous les Israéliens ne sont pas juifs ni hébreux, etc.). La perspective juste, pour moi, et là je suis en accord avec Daniel Coquema, c’est un Etat qu’on pourra appeler Israël ou Palestine ou Israël-Palestine où les moyens de production et les terres auront été socialisés après expropriation du capital, seule solution qui permette à tous les êtres humains qui vivent ces guerres abominables au proche Orient de vivre en paix et dignement.
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Pardon, coquille, je corrige : les militants POID-PT-TCI que je cotoie toujours ont reçu pour consigne, soit de leurs responsables de cellule, soit des dirigeants de la TCI, de ne plus parler politique avec moi. Ce genre de consigne, que j’avais moi-même reçu de la part de l’exécutif de la TCI peu avant ma radiation (on m’avait enjoint de ne plus communiquer avec Pierre Salvaing), est pour moi la preuve que la TCI est une organisation proprement sectaire.
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Non, tu te trompes, la TCI n’est pas sectaire puisqu’elle s’adresse en tant que telle à LO !
D’autre part, il n’y a pas pas à mettre le préalable de l’expropriation des capitalistes pour mettre en avant la seule revendication correcte :
« Seule une Palestine souveraine, démocratique et laïque, sur tout le territoire de la Palestine historique de 1947 (Gaza, Cisjordanie, Jordanie, Israël), à égalité de droits pour toutes ses composantes, notamment juive et arabe et avec le retour de tous les réfugiés, de tous les exilés, pourrait apporter une solution durable ».
Et Rémy Victor n’a pas du tout assimilé LE SENS des revendications transitoires.
Le paysan palestinien chassé de SA terre veut son retour et pouvoir la cultiver SANS CONDITION PREALABLE !
Le moujik russe combattait pour LA TERRE, sans préalable de la part des Bolcheviks !
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« la TCI n’est pas sectaire puisqu’elle s’adresse en tant que telle à LO ! » – Formidable, les sectes sont prêtes à se serrer les coudes, ce ne sont donc plus des sectes. Plus sérieusement : il n’y a de libre discussion au sein de la TCI qu’à partir du moment où tu ne questionnes pas, de près ou de loin, la ligne de l’exécutif.
Sur l’aspect pratique Israël-Palestine : je ne vois pas comment tu veux redonner leurs terres aux paysans chassés lors de la nakba et des processus de colonisation ultérieurs sans exproprier quelqu’un. En l’occurrence, Israël était une économie capitaliste, exproprier des bourgeois. Si ma mémoire est bonne, la Russie était tsariste et féodale au moment de la révolution bolchévique. D’où la possibilité de faire conjoncturellement converger programme communiste et revendications petites-bourgeoises / paysannes traditionnelles (un lopin de terre pour chacun).
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Peut-on donc parler de « nation juive », alors que sous ce vocable on met à la fois le juif ukrainien et le juif marocain qui ne sont unis que par la seule croyance religieuse, sinon, au nom de massacres insupportables, on pourrait ainsi créer des nations à foison en chassant les peuples autochtones de leur terre !
Lénine par exemple ne cautionne aucun fait national juif !
RAPPEL:
La position générale de Lénine est la suivante :
« La question juive ne se pose pas [c’est lui qui souligne] autrement : assimilation ou particularisme ? Et l’idée d’une « nationalité » juive porte un caractère nettement réactionnaire, non seulement chez ses adeptes conséquents (les sionistes), mais aussi chez ceux qui s’attachent à la concilier avec les idées de la social-démocratie (les bundistes). L’idée d’une nationalité juive contredit les intérêts du prolétariat juif en créant chez lui, ouvertement ou implicitement, un état d’esprit hostile à l’assimilation, l’état d’esprit du « ghetto ». » (1903)
Les héritiers des Palestiniens chassés de LEUR terre ont-ils le DROIT de revenir chez eux pour y vivre, y travailler, y cultiver leurs terres ? Si oui, il faut l’unité des travailleurs juifs et arabes contre le sionisme, pour le retour de tous les réfugiés et exilés palestiniens ; il ne s’agit pas de chasser les juifs mais d’en faire une composante, à égalité de droits avec les autres composantes, dans le cadre d’une Palestine unie, souveraine, laïque et démocratique, sans faire de l’expropriation des capitalistes un préalable ( les fameuses revendications transitoires!)
Quant à la TCI, elle reconnaît le Droit de tendance et le Droit de fraction. Entre deux congrès, la loi de la majorité s’impose et les bulletins intérieurs ne sont pas faits pour les chiens !
Si je comprends bien, pour Rémy Victor, ne pas être sectaire, c’est réclamer « des armes pour l’Ukraine » et participer, à son niveau , à l’explosion planétaire des dépenses d’armement, explosion préparatoire à une troisième guerre mondiale !
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Pour répondre à ton dernier paragraphe, sur la TCI, Daniel :
– j’ai contribué au BI (Rantanplan) ;
– j’ai voulu déposer une plateforme de tendance (c’est pour ça qu’on m’a radié) ;
– mon crime était à l’époque (en 2020, il n’y avait pas encore eu l’invasion de l’Ukraine à grande échelle) a été de m’opposer à une résolution climatosceptique du Plenum ; mon souci était d’éviter au parti de se décrédibiliser et de passer à côté d’un problème majeur. J’étais à l’époque en accord avec toutes les autres positions de la TCI (et du POID).
Lis aussi Pierre Salvaing, et tu comprendras (si tu le souhaites) toutes les dérives sectaires d’une grosse partie de la direction lambertiste depuis, au moins, les années 60-70. J’ai été victime de méthodes douteuses (parfaitement contraires au « centralisme démocratique ») lors de mon éviction, mais ce n’est rien par rapport à ce qu’ont connu Just, Broué et des centaines d’autres. Je suis désolé de te le redire, à mon grand dam, tu es bien membre d’une secte.
Concernant ce que tu appeles votre « revendication transitoire » (mais à mon avis, la TCI a une position un peu plus fine que ce que tu prônes, je vais lire la brochure que vous avez éditée sur la Palestine), si on cherche à rendre à toutes les personnes qui ont été expulsées il y a 70 ans (ou à leurs « héritiers »?) « leur » terre, on se lance dans un processus incroyablement complexe. Si on se base sur le principe antériorité = droit de propriété, on peut remonter à Mathusalem et c’est justement ce que font les Juifs orthodoxo-fascistes. S’il s’agit de prendre des terres à quelqu’un pour que tous ceux qui sont dans le besoin – quelle que soit leur nationalité, origine, confession éventuelle, etc. – puissent en vivre, il est bien plus simple et juste à mon sens de cibler directement les grands propriétaires terriens, comme en Amérique du Sud.
Sur la question de la ou des nations juives : la diaspora juive a un lien identitaire très fort avec Israël, il me semble (mais je ne suis pas spécialiste de la question, que quelqu’un de mieux renseigné me corrige donc si je me trompe), et c’est aussi ce qui fait que les réactionnaires antisémites partout dans le monde se sentent autorisés à persécuter les Juifs des diasporas lorsque l’Etat israélien bombarde. Lénine constitue par ailleurs pour moi, comme Marx, Engels, Luxemburg, Trotsky, non une Bible, mais une référence utile. Je ne trouve rien plus ridicule que des combats de coqs entre marxistes (là où Marx lui-même écrivait qu’il n’était pas marxiste) à coups de citations de Lénine et de Trotsky. Je préfère penser en me demandant quelle position je défendrais si j’étais israélien ou palestinien.
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À Daniel, j’en ajoute une dernière pour te faire une réponse complète : tu sais à quel propos une camarade du syndicat (qui a des responsabilités à la TCI) m’a dit, lors d’une conversation privée, qu’elle ne parlait plus politique avec moi? C’était quelques jours avant la manif du 18 décembre pour le retrait de la loi immigration. Je lui exprimais mon incompréhension vis-à-vis du fait qu’aucune centrale syndicale (et la nôtre, FO, était en plus vraiment la dernière roue de ce carrosse embourbé) n’appelait à une mobilisation minimale pour cette manifestation. Comme j’avais lu dans la TT des pages très justes sur cette loi, je le lui ai dit, et lui ai demandé si le POID organisait quelque chose à ce sujet. C’est là qu’elle m’a signifié qu’elle ne voulait plus parler politique avec moi. La meilleure, c’est que « retrait de la loi immigration » figure en première page de la dernière TT (numéro du 27 décembre, soit presque 10 jours après l’ouverture de la bataille ; ça, c’est de l’avant-garde). Le 18 décembre, j’étais le seul militant FO avec un drapeau dans la manifestation parisienne.
Dernière question : si tu es trop gêné par l’expression du soutien à la résistance ukrainienne qui se manifeste ici et/ou que tu te solidarises avec le sectarisme de tes camarades de la TCI, pourquoi continuer à discuter avec nous sur ce forum? Tu risques peut-être l’excommunication. À moins que tu ne sois mandaté pour faire du prosélytisme auprès des brebis galeuses, auquel cas, vu la proportion de naufragés du lambertisme ici, bon courage. Mais si tu es ici pour échanger des arguments, c’est le bon endroit, et ce n’est effectivement pas au sein de la TCI que tu jouiras d’une telle liberté de discussion.
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Je ne suis pas à la TCI mais je discute avec nombre de camarades qui me disent l’inverse de tes affirmations….ALORS ?
Tu parle de sectes à propos d’organisations qui restent fidèles à leurs principes malgré toutes les pressions !! Je ne connais pas ton cas personnel mais comme tu sembles courir derrière aplutsoc alors que par ailleurs tu te dis d’accord avec presque tout le programme de l’ex POID et de la TCI, je te confirme qu’effectivement, comme girouette, tu sembles plus proche de VP que de Lénine !
Plus de 7000 abonnement à la TT et un recrutement en continu au PT, vive le sectarisme !!
La position des Trotskystes depuis toujours a été pour une Palestine démocratique et laïque, dans le respect à égalité de TOUTES ses composantes, notamment juive et arabe, avec le RETOUR de TOUS les exilés et réfugiés palestiniens, pour l’unité des travailleurs juifs et arabes contre le sionisme, contre TOUT Etat religieux.
Aucun fait national juif en dehors du critère religieux entre un juif ukrainien et un juif marocain pour reprendre cet exemple( cf Lénine, je sais, ça ne semble plus gênant pour un ex-trotskyste (en transition vers l’anti-trotskysme ?)
Ne confonds pas par ailleurs le soutien au peuple ukrainien dans son combat contre Poutine et la recherche éperdue d’une explosion des dépenses d’armement riche d’une éventuelle troisième guerre mondiale , un pur campisme contre l’internationalisme des Lénine, Trotsky, Luxemburg, Liebknecht et leur refus de voter les crédits de guerre ! je comprends mieux pourquoi VP te gêne moins que Lénine ou Trotsky !!
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Alors, j’attends que tu évoques un peu plus précisément les camarades de la TCI qui te disent le contraire de ce que je dis. Qu’ils essaient de développer un positionnement qui ne serait pas en tout point conforme à la position de l’exécutif, et ils comprendront de quoi je parle.
« Plus de 7000 abonnement à la TT et un recrutement en continu au PT, vive le sectarisme !! »
En quoi est-ce un argument? Nombre de sectes religieuses, par exemple, connaissent une croissance beaucoup plus importante que celle du POID-PT, et tu conviendras que ça ne change rien à leur nature de secte. Le POID-PT stagne depuis des années – et si on compare le nombre des adhérents de l’ancien PT à ceux du nouveau, c’est encore plus la douche froide (il y a au moins 3 fois moins d’adhérents – 2500 aujourd’hui – qu’au temps où ce stalinien de Lambert était encore en vie).
Sur l’Ukraine : tu n’as pas lu ce que j’ai écrit dans ce forum. Pour le reste, je suis maintenant membre d’APLS.
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Les termes mêmes de « stalinien de Lambert » te disqualifie complètement, quoi qu’on puisse lui reprocher !
Une secte, on y entre facilement et on a du mal à en sortir, c’est l’inverse pour la TCI, tu en es un exemple flagrant si tu as dû faire un GER !! Et comparativement à toutes les organisations se réclamant du Trotskysme, le PT et la TCI en son sein sont pour le moins très bien placés sur l’échiquier politique malgré le boycott médiatique.
Quant aux effectifs, tu dis n’importe quoi, le PCI n’avait pas 5000 membres en 1981 (cf P.Salvaing).
Effectivement, pas plus le POI aux basques de Mélenchon que aplutsoc et ses positions sur l’Ukraine, les Gilets jaunes, les impérialismes qui naissent ainsi au gré du vent…, n’ont à voir avec Lénine ou Trotsky et sont dans un campisme effréné !
Tu illustres parfaitement ton évolution en comparant Lénine et Trotsky à une Bible, c’est ce que disent tous les contre-révolutionnaires ( contre la révolution prolétarienne, pas contre la révolution citoyenne bien sûr) et pour cause ! ( VP m’a sorti la même quand je lui ai parlé de « l’impérialisme stade suprême ». Tu sembles avoir trouvé ton nouveau maître bien qu’en accord ou presque avec la TCI et le PT, dis-tu !!
Peut-être peux-tu revenir au PT, il n’est pas besoin d’être trotskyste !
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« Quant aux effectifs, tu dis n’importe quoi, le PCI n’avait pas 5000 membres en 1981 (cf P.Salvaing). »
Je parlais des effectifs du PT à son apogée, non de ceux du PCI ou du CCI au sein du PT des années 90. Il me semble me souvenir que le PT compte dans les 7000-8000 membres dans ces années-là.
Mais si tu veux comparer ce qui est comparable, à savoir effectifs du PCI et effectifs de la TCI, on est dans un rapport de 5 à 1 (environ 5000-6000 pour le PCI en 81 contre à peine plus de 1000 pour la TCI aujourd’hui).
Je pense qu’APLS a montré qu’il faisait une lecture très attentive de Marx et de Trotsky : voir les articles de Robert Duguet et de Vincent notamment sur plusieurs oeuvres peu ou mal comprises de ces auteurs. Ce faisant, et en en faisant une lecture critique au sens premier du terme, ils sont plus fidèles à l’esprit de ces communistes que ne l’est un Abel ou que ne l’était un Lambert qui tordent des citations pour les faire aller dans leur sens, révisent quand ça les arrange. Pour moi, rien ni personne n’est sacré ni intouchable. Ta réaction est symptomatique du caractère dogmatique du militantisme TCI-PT, le PT n’étant qu’une succursale bon marché du PT. Et je ne reviendrai pas au PT non plus dans la mesure où GJ et Ukraine n’y feront pas plus l’objet de discussions et de débats contradictoires argumentés que la TCI. On ne touche pas à la sainte ligne de l’exécutif de la TCI et du bureau du POID après que le pape Gluckstein a dit la messe.
Détrompe-toi, pour entrer dans une secte, il faut toujours une initiation très costaud pour te faire croire que tu vas faire partie d’une élite incomprise à laquelle le reste du monde est hostile.
Personnellement je m’arrête là dans cette discussion avec toi sur ce sujet, ça commence à tourner en rond. Je ne peux que t’inviter à bien te renseigner sur les faits, à raisonner en t’appuyant sur ceux-ci, en inhibant dans un premier temps les réflexes de défense inconditionnelle de la ligne PT-PCI. Tu remarqueras, si tu m’as bien lu dans les différentes discussions que j’ai pu avoir avec toi et d’autres membres de APLS sur ce forum depuis quelques années maintenant, que je ne considère ni Vincent comme un gourou à la parole inattaquable (je maintiens que la caractérisation de « stalinien » pour Lambert n’est pas exagérée, encore une fois lis Salvaing), ni APLS comme une évangile. Pose-toi la question de ton rapport à la TT et éventuellement à « L’Internationale », si tu la lis aussi.
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Juste quelques petits mots sans revenir sur tout vos échanges.
Je ne qualifierai pas pour ma part Lambert de stal, bien que je comprenne qu’on puisse le ressentir ainsi étant donné ses méthodes et l’univers qu’il a, pas tout seul mais le premier, contribué à forger et à figer. J’ai écrit pas mal de choses sur lui, qui ont servi à un livre à paraître (dont j’ignore le contenu, je précise) de Laurent Mauduit et Denis Sieffert, en janvier -on en reparlera.
Sur les effectifs de l’ancienne OCI, je ne sais plus ce qu’a précisé Salvaing, mais ce dont je me rappelle pour en avoir été, c’est qu’après la « rectification des fausses phalanges de Berg » (on comptait comme adhérent un type qui t’avait donné 10 francs sur un marché et après les militants devenaient fou car ils se faisaient cravacher pour lui courir après) qui a du annuler dans les 1000-2000 « membres » imaginaires, l’OCI est, d’aprés les chiffres donnés en interne, montée à 6400 fin 1981. Puis s’est mise à stagner à la baisse. Le lancement du « Mouvement pour un Parti des Travailleurs », qui consistait à placer des cartes d’adhérents, a vu le placement de 14 000 cartes courant 1984. Je pense que ces deux étiages n’ont jamais été rapprochés depuis par leurs héritiers.
Au delà de ces chiffres plus ou moins biaisés sans aucun doute, on a une réalité, c’est que c’était en fait une grande passoire où des dizaines de milliers, peut-être plus de 100 000 jeunes, sont passés dans la seconde partie des années 1970. La plupart y faisaient 6 mois à un an d’activisme échevelé puis passaient à autre chose dans leur vie, ceux qui restaient devenant soit des « cadres », soit des zombies, soit des dissidents, soit un mélange de ces trois types humains.
Mais au total, c’est le phénomène organisationnel se définissant comme politique (hors mouvements de masse larges ou syndicats) le plus massif que, pour ma part, j’ai connu, si l’on prend en considération le fait que les adhésions par clic sur son portable, façon LFI, aujourd’hui, peuvent être bien plus nombreuses sans impliquer du tout le même engagement qu’un simple passage de quelques semaines dans la passoire OCI, qui pouvait te marquer pour la vie. C’est aussi pour cela que des « vieux » comme moi ont maintenant un certain recul pour évaluer les succès organisationnels revendiqués aujourd’hui par le POI ou par le POID.
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Quel intérêt y-a-t-il de publier de tels commentaires ?
le monde de ces personnes est figé dans des lettres imprimés de livres comme hors du temps
des repoussoirs pour la pensée
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Cher lecteur, on est bien obligé de se coltiner ce genre de scories qui, malheureusement, encombrent trop l’esprit de bien des couches militantes déformées….
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Je suis bien d’accord avec toi et sache, comme nous le lui avons déjà dit, que nous sommes loin de publier tous les messages, répétitifs et compulsifs, de D. Coquema, en nous interrogeant à chaque fois sur le caractère contre-productif de telles productions. Mais en même temps, le monde des sectes (on ne peut pas dire que les sectes ne pèsent pas dans le mouvement ouvrier …) fait aussi partie de ce dont nous héritons et avec quoi il nous faut, pour les jeunes, régler des comptes, donc c’est pas si simple …
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Jean Catalogne
Je cite le texte : « Nous nous opposons aux tentatives de rejeter, de diaboliser ou même de criminaliser tout activisme de solidarité avec la Palestine en raison de la présence d’antisémitisme au sein du mouvement et de la gauche en général »
===> Cette «présence d’antisémitisme au sein … de la gauche en général » me laisse perplexe : depuis l’affaire Dreyfus la gauche a été la tendance politique qui a le plus lutté contre l’antisémitisme traditionnel des droites, et j’aimerais bien qu’on me cite un seul parti de gauche ayant pris à propos du conflit israélo-palestinien des positions antisémites. Par contre j’ai vu de très nombreux partis et médias de droite voire de centre-gauche (Le Monde) lancer à tort et à travers cette accusation à travers l’amalgame inacceptable entre antisionisme et antisémitisme, ceci dans le but évident d’interdire toute critique des crimes du gouvernement israélien. Dans Le Monde du 5 janvier 2004 on a eu droit à un article fielleux intitulé « Antisémitisme : comment Mélenchon cultive l’ambigüité » que j’avais critiqué dans le courrier des lecteurs : « Cet article est d’une mauvaise foi stupéfiante : il ne rapporte aucune déclaration clairement antisémite du genre des juifs omniprésents dans les médias ou dans la finance. On ne trouve que des insinuations et des exégèses malveillantes selon lesquelles les déclarations de JLM «évoquent», «ont des relents», «empruntent aux stréréotypes», «jouent avec les limites», «font référence au vieux trope antisémite», «reprend l’idée de», «donne le sentiment de» et qu’il se rend coupable «d’ambigüités». On est dans une démarche de procès en sorcellerie ou stalinien où le procureur part de la certitude de la faute et cherche ensuite ce qui pourrait la démontrer, et bien sûr dans ce cas le moindre indice fait office de preuve.«
L’origine raciste anti-arabe de cette étrange indifférence aux souffrances extrêmes de la population palestinienne me semble avoir, en France du moins, son origine dans le souvenir jamais digéré par les droites de la défaite dans la guerre d’Algérie. Ce qui a permis à l’extrême droite de remplacer un racisme par un autre. J’ajouterai même une chose, c’est qu’en fait l’agent le plus actif et redoutable de l’antisémitisme dans le monde ce sont les gouvernements israéliens eux-mêmes dont la violence et le cynisme choquent tout citoyen normalement constitué y compris en Israël même.
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