Il s’agit d’étirer le front au maximum pour mettre en difficulté la capacité de l’armée ukrainienne à répondre partout, donc pour l’obliger à disperser ses forces et à subir l’infériorité numérique inévitable de la part d’une armée russe sacrifiant un nombre incroyable de ses hommes.
Car c’est cela la clé du moment militaire en Ukraine : la tactique russe fait le calcul cynique d’assumer un désastre humain inouï en comptant sur le différentiel démographique (140 millions d’habitants pour la Russie contre une quarantaine, et probablement moins à cause de l’exil massif de population provoqué par la guerre pour l’Ukraine).
Cela confirme la dimension politique qui est au cœur de la guerre déclenchée par la Russie : celle d’un impérialisme impitoyable pour le peuple ukrainien mais aussi pour le « sien » propre qu’il accepte de décimer sans état d’âme. Le tout au profit de la petite caste capitaliste mafieuse, celle d’un État corrompu dont l’affairisme exponentiel est structurellement imbriqué dans celui des oligarques issus de la décomposition du bureaucratisme stalinien et reconvertis dans la plus sauvage assomption des logiques de profitabilité individualistes.
On notera que c’est ce système mortifère que cautionnent les partisans internationaux de refuser d’armer, sans rire, au nom de la paix, à la hauteur des besoins d’autodéfense les Ukrainien.ne.s. Comme ils cautionnent les horreurs que cette monstruosité systémique néofasciste impose, et imposerait hyperboliquement au peuple ukrainien, si elle n’était pas arrêtée militairement.
A ce propos, actuellement c’est une course de vitesse qui doit s’engager, après tant d’atermoiements stupéfiants des États occidentaux, pour que les Ukrainien.ne.s reçoivent le maximum d’armements de toute nature et immédiatement opérationnels pour leur permettre de continuer à contrer l’actuelle offensive russe. Laquelle, en l’état, n’obtient que des résultats dérisoires, bien que provoquant aussi de grandes pertes humaines de leur côté et risquant, c’est le but de Poutine, de susciter une usure morale des combattant.e.s.
C’est à se demander si l’état major ukrainien ne va pas devoir avancer la grande offensive qu’il prépare, sans plus attendre d’être fin prêt pour l’assaut final. Le choix serait risqué mais peut-être nécessaire pour non seulement bloquer l’hémorragie humaine sur le front mais aussi tester si, avec l’armement déjà disponible en réserve de cette grande offensive, il ne pourrait pas se vérifier que le choix cyniquement inhumain russe de mener à la mort tant de soldats n’est en réalité pas en capacité de résister à la mobilisation des nouveaux armements. Au constat que finalement c’est maintenant ou jamais de faire jouer cette supériorité logistique contre la supériorité numérique par laquelle l’ennemi cherche à compenser ses faiblesses logistiques.
Tout ceci confirme que, face à ce que représente l’impérialisme totalitaire russe tel qu’il se donne à voir dans la plénitude de sa criminalité absolue, le chemin de la paix, pour peu qu’on assume que celle-ci passe par la défense intransigeante d’un peuple en lutte pour sa souveraineté et ses libertés, ne peut s’ouvrir que par la défaite militaire la plus radicale dudit impérialisme.
N’en déplaise à une gauche en train de s’autodétruire, elle, dans un irénisme prépolitique, négateur incroyable des souffrances du peuple ukrainien et de celles qui l’attendraient s’il était vaincu, et signant par là l’abandon définitif de son traditionnel internationalisme.
AR, le 11-02-2023.
Ce qu’il y a de plus sûr, il me semble, ce sont que les « derniers acquis d’octobre », comme on parle ici des « acquis sociaux », vont finir d’être pulvérisés dans ce conflit, quel que soit le « vainqueur » ou « vaincu », dans ce jeu non coopératif à somme négative. Où bien alors il faut « oublier les acquis » et appréhender les legs et continuités. Je ne crois pas que nous soyons encore à l’époque des révolutions nationales romantiques. Thomas van der Halen proche du « groupe de recherches matérialistes », a récemment exhauré la longue histoire du « conflit inter-impérialiste » eurasia contre oceania, soit la longue rivalité anglo-russe, puis americano-russe (sous manteau idéologique de la cold war- du pseudo-socialisme capitalisme terroriste d’état russo-chinois), cycle qui se métamorphose mais reprend à l’occasion du « traitement de choc » de la Russie, de sa lumpenisation étatique, à la veille d’un possible « effritement » final. Il est clair que l’aventurisme déviant des mafieux du Kremlin, fait les affaires d’un capitalisme américain et « océanien » languissant. Est-il tout de même permis de le dire ? La défaite militaire ne pourra provenir que d’un effondrement interne du régime. Cà ne se provoque pas à coup de missiles.
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Les « acquis d’octobre » sont à mon avis morts depuis 1929 au moins, c’est dire qu’il y a eu depuis d’autres acquis, d’autres pertes, etc.
Ceci étant, il y a une certaine naïveté à croire se départir des « révolutions nationales romantiques » au profit de la géo-mytho-politique sur Océana et Eurasia chère à Douguine, entre autres.
Il est bien entendu « permis » de dire ici tout ce que l’on veut sur les services que Poutine rend et peut rendre au capital en général et donc aussi au capital US au passage. Mais il est également « permis » de penser et de dire que la lutte des classes est la clef explicative de cette guerre et du poutinisme en général, et pas le complot de méchante et mercantile Océana.
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Cher A.R,
d’accord avec vos propos,sauf
paragraphe 3 : petite caste mafieuse se suffit.
et la bureaucratie stalinienne est déja une décomposition en soi ( dès 1917 ? ) .
C’est la fin des mythes , les jours heureux,le « c.n.r. » est tout
ces contes pour enfants pour lustrer un passé pour un présent
qui ne passe pas .
En France :
Que veut dire ces marches aux flambeaux nocturnes organisées par les syndicats
a propos de la réforme des retraites,nous savons tous quelle est une symbolique
fasciste ( du puy du fou en direct ) .
Du mythe en veut tu en voila,de la mystique en veut tu en voila,
du » kistch » en veut tu en voila,du festif dans les cortèges en veut tu en
voila
Et pourquoi pas du » debout les morts » cri de ralliement de l’extreme-droite
durant l’entre-guerre et jusqu’a nos jours .
L’irénisme n’est pas encore a son comble .
En un mot ,comme en deux,il faut tout refaire « du sol au plafond » .
Relisons et conseillons la lecture en autre de H.Arends (sur le totalitarisme )
et l’ouvrage indepassable de W.Reich (la psychologie de masse du fascisme ).
Bon ! Mais dans ce monde de brute ,cela serait bien que les troupes russes soient
hors d’Ukraine, et pour nous dans l’hexagone un retrait de cette réforme punitive
sur les retraites .
Comme nous vivons dans un monde global ,alors j’ai une pensée pour les milliers de
morts et de blessés des récents tremblements de terre .
Amicalement votre !
C.B.
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