Voici l’interview d’un militant de la Ligue socialiste ukrainienne, organisation se réclamant du trotskysme, affiliée à la LIS (Ligue Internationale Socialiste), l’une des organisations internationales issues du courant « moréniste ». Il s’agit d’une petite organisation distincte du Sotsialnyi Rukh dont les bases sont beaucoup plus larges. Tous ces militants auraient bien entendu intérêt à tous se regrouper, car à présent, la sélection faite lors du Maidan puis le 24 février est claire, ce sont eux, avec beaucoup de syndicalistes, d’anarchistes et de féministes, qui sont « la gauche » ukrainienne. Mais laissons-les s’auto-déterminer.

Cette interview présente un grand intérêt et nous signalons trois points en particulier :

– le « camarade Serhiy » était dispensé du service militaire et pacifiste quand il était jeune (avant 2014), les évènements ont fait de lui un combattant armé, spécialisé dans l’artillerie. Ce qu’il dit est sans doute typique de l’efficacité technique, de la volonté de vaincre, de l’inventivité, des artilleurs ukrainiens, comme lui-même, qui a développé des techniques de combat et surtout de formation rapide des artilleurs. C’est tout à fait remarquable.

– son optimisme sur ce qu’il appelle « les idées de gauche » – droits sociaux, besoins sociaux, un État pour eux pas pour les oligarques – qui selon lui sont spontanément celles des soldats qu’il côtoie. Le dernier obstacle semble être le vocabulaire car « gauche » veut dire ici « Russie », à cause du passé et à cause des prétendus partis de gauche ukrainiens aujourd’hui bannis … à juste titre, d’autant qu’ils n’ont rien de « gauche » au sens réel, social, employé ici !

– sa vision du monde de demain matin : il est passionné par les mouvements montants des nationalités en Russie et il se voit continuer comme artilleur dans une sorte de guerre sociale de libération globale.

La « politique militaire du prolétariat« , véritable position de Trotsky en 1940, ignorée et tue par ses propres partisans, est de retour. Nécessairement, car le XXI° siècle en a besoin.

En français, ci-dessous. Et aussi bien sûr ukrainien ainsi qu’en espagnol.

Le camarade Serhiy :

Voici une version française – grand merci à Catherine Godard de Liège qui nous en a communiqué la traduction.