Plusieurs centaines de manifestantes et de manifestants ont répondu à l’appel à se rassembler ce samedi place de la Fontaine des Innocents à Paris en solidarité avec les Iraniennes et les Iraniens qui affrontent depuis six jours le pouvoir des ayatollahs et la sanglante répression qui a tué à Kermanshah, à Babol dans la province de Mazandaran, à Téhéran, souvent par balles et plus férocement dans les petites villes, plusieurs dizaines de victimes. Un peu partout la jeunesse occupe la rue exigeant la fin d’un régime qui a ordonné de réprimer avec plus de brutalité encore « en ne montrant aucune pitié et en n’épargnant pas les criminels » comme le proclame le quotidien Kayhan, porte voix de l’ayatollah Ali Khamenei.
A Paris, le 24 septembre des associations de femmes kurdes et iraniennes, féministes françaises aux cotés desquelles les hommes manifestaient également sur les mots d’ordre des iraniennes « Femme, vie, Liberté »; « De Kaboul à Téhéran à bas les talibans » Des portraits de Mahsa (Jina) Amini étaient brandis à bout de bras, l’émotion et la détermination étaient à la hauteur de la colère et de l’espoir que suscite le soulèvement général de la jeunesse et du peuple iranien. Il ne manquait que les organisations de la gauche politique et syndicale françaises pour faire échouer la tentative de la République Islamique de mener sa répression à huis clos, téléphone et internet coupés !
Une manifestation unitaire, en urgence, devant l’ambassade d’Iran à Paris, constituerait une expression de solidarité et d’assistance à un peuple et à une jeunesse en danger.
LN



Un compte-rendu du rassemblement appelé par le Mouvement des femmes kurdes de France
L’appel du Mouvement des femmes kurdes de France à manifester en solidarité avec la révolte en Iran et au Rojhilat (Kurdistan oriental) contre le régime à la suite du meurtre de Jina « Mahsa » Amini, ce samedi 24 septembre à Paris à la Fontaine des Innocents, a été un succès numérique et politique. Numérique par le fait de rassembler 500 personnes en un endroit où la visibilité de la manifestation était assurée. Politique par la clarté des positions et l’expression de la signification du mouvement de refus de l’oppression des femmes en Iran et ailleurs.
Les organisatrices ont expliqué pourquoi elles avaient appelé de façon distincte des autres initiatives du jour à Paris, par leur volonté d’assumer une rupture complète avec le régime théocratique des mollahs.
Elles ont aussi expliqué en quoi ce mouvement, même dans l’hypothèse qu’il soit stoppé une fois encore, comme en 2009 ou en 2019, par une répression féroce, exprimait une poussée révolutionnaire universelle pour la libération de toute oppression aussi bien en Iran, en Afghanistan, dans l’ensemble du monde islamique et bien au-delà par le rejet du patriarcat.
Les organisatrices ont rejeté le symbole de la coupe des cheveux des femmes en affirmant que si la nature avait donné une chevelure abondante aux femmes, aucune puissance divine ou masculine ne pouvait prétendre leur imposer de la cacher sous quelque prétexte que ce soit. Au delà de la chevelure, c’est le droit des femmes à disposer librement de leurs corps qui est en jeu. C’est le droit à la liberté des femmes sous tous ses aspects qui se joue. Les oratrices ont invité les hommes solidaires avec la cause des femmes à venir se faire couper les cheveux à la tribune.
Elles ont affiché une volonté internationaliste marquée par l’évocation de toutes les nationalités et communautés au sein de l’Iran, par l’expression de la solidarité avec les femmes afghanes en lutte contre le régime des talibans, et toutes les autres du Proche et Moyen Orient.
On pouvait déplorer l’absence des grosses organisations françaises politiques ou syndicales mais les prises de parole de représentantes de Solidaires, du NPA et du MRAP ont été particulièrement appréciées.
Une féministe algérienne est venue saluée la lutte des femmes d’Iran et du Kurdistan contre la barbarie intégriste, rappelant que le sort des femmes en Iran, en Afghanistan, en Turquie comme en Algérie, passait par la lutte collective et solidaire par delà les frontières contre tous les actes barbares produits par l’intégrisme religieux. Elle a rappelé que le malheur des femmes du monde arabo-musulman avait commencé par le triomphe de Khomeiny en 1979 avec l’établissement de la dictature religieuse. Que le voile avait été l’étendard de cette contre-révolution et qu’aujourd’hui sonnait l’heure de jeter et détruire ce voile.
Une représentante de l’association France Kurdistan a donné un cadre régional à cette lutte contre la répression et la dictature quotidienne exercée par les forces réactionnaires islamiques.
Outre la musique traditionnelle kurde propice aux danses collectives et mixtes, l’hymne du MLF a été diffusé. Les chants et les slogans étaient alternativement en kurde, en farsi ou en français. L’ambiance était chaude avec des couleurs partout à l’opposé de l’obscure noirceur des curés.
Les organisatrices ont souligné que même si la lutte contre une répression et un régime féroces allait signifier du sang et des larmes, le sens de celle-ci était pour la vie, la liberté et la joie. Et qu’en conséquence, par les chants, les danses et les couleurs, il fallait combattre la morbidité de l’obscurantisme religieux.
Les principaux slogans du rassemblement étaient :
A bas la dictature ! A bas la République islamique ! Libération des prisonniers !
Femme, Vie, Liberté ! Solidarité avec les femmes du monde entier !
Jîn ! Jîyan ! Azadî ! La vie! La vie ! Liberté !
Correspondant.









« Cette année est l’année du sang, Seyyed Ali* sera renversé » (slogan de l’insurrection)
A son dixième jour, le mouvement d’insurrection engagé par les femmes qui refusent l’ordre islamique des mollahs embrase aujourd’hui plus de 150 villes dans 30 provinces sur les 31 de l’Iran. Même si celles de Téhéran, du Kurdistan et du Mazandaran sont les provinces les plus actives, le soulèvement s’amplifie encore ce 26 septembre. Les policiers qui commencent à compter des victimes dans leurs rangs, manifestent des signes d’épuisement et sont considérés comme « peu performants » par le pouvoir qui utilise de plus en plus les milices des bassidjis et des « gardiens de la révolution » . Selon l’agence Tasnim, proche de Khamenei, 1200 arrestations auraient été effectuées. A Téhéran plusieurs dizaines d’affrontements avec les forces de l’ordre islamique se déroulent chaque nuit dans différents quartiers de la capitale.
A Paris, dimanche 25 septembre, les manifestantes et les manifestants de la place du Trocadéro qui ont tenté de marcher sur l’ambassade d’ Iran et qui ont été violemment repoussés par les flics de Darmanin ont montré ce qu’il faut réussir en grand : une manif unitaire à l’ambassade d’Iran de tous les syndicats et partis de gauche pour défendre la vie des femmes, la liberté pour le peuple iranien.
* Ali Khamenei
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