John Barzman dans son commentaire posté sous l’article d’Arguments consacré à notre réunion ouverte du 6 Juillet et à l’orientation dominante qui parait s’en dégager pour le moment, pose cette question :
« Dans l’action immédiate, cette orientation qu’on peut résumer par boycott-présidentielles/législatives-constituante détourne de la campagne pour une candidature unitaire de la gauche combative autour d’un programme de rupture (genre « unis pour 2022″). Faut-il accepter la défaite sur ce terrain ? »
Comme indiqué précédemment par moi depuis quelques semaines déjà, je pense que la question posée ici ne peut être écartée d’un revers de la main, même avec des formules de politesse diplomatique pour ne pas décourager la discussion ni notre interlocuteur. Je formulerais quant à moi la question plus précisément comme suit : sommes-nous DÉJÀ (et le nous ne vise pas d’abord notre petit groupe, mais « notre classe ») dans une situation où on ne peut prétendre à essayer VRAIMENT d’imposer « l’unité contre Macron tout de suite » ?
Car ceci vaut NON SEULEMENT dans la mobilisation et la lutte tout de suite vis à vis des nouvelles attaques et périls (Covid !) … mais AUSSI pour contrer encore la division de déroute pour l’instant assurée tout azimut pour les présidentielles.
Donc, oui, combattre ENCORE, pour le moment, AUSSI, au moins dans « l’agitation », pour une candidature unique de notre camp (sans nous transformer pour autant en petits télégraphistes et messieurs bons offices entre les différents appels, listes, groupes qui en parlent depuis des mois … quand ce n’en était effectivement pas encore le moment ni la priorité).
La position qui paraît dominer parmi nous à Aplutsoc ne revient-elle pas à « enjamber » prématurément les élections présidentielles (même si on dit : oui, « il faut les lier à la question du combat tout de suite contre Macron » et sa politique d’aujourd’hui) ? Ne revient-elle donc pas à accepter de fait la défaite sur ce terrain, comme si notre classe pouvait faire l’économie de TENTER ENCORE de se protéger LÀ AUSSI des mauvais coups qui s’ourdissent de droite comme « de gauche », de faire l’économie D’ESSAYER ENCORE de se saisir de la question d’une candidature d’unité ?
Ne pourrions-nous pas pousser, par exemple, à l’intervention des syndicats avec d’autres composantes du camp de la démocratie « pour un candidat unique des gauches contre Macron-Le Pen -Bertrand & Cie ? »
N’en est-il pas encore temps? « Le paysage » de ces élections proprement dites, c’est une certitude, n’est pas encore fixé, encore moins verrouillé : sans cultiver des illusions, ne serait-ce pas ça aussi, accompagner le mouvement réel, un pas en avant, pas 10.. ni un pas en arrière, dans quelque nouvelle déclinaison du syndicalisme révolutionnaire ?
J’ajoute que je ne partage évidemment pas pour autant la formule de J. Barzman et surtout son contenu, tel que je crois qu’on peut le comprendre : « … pour une candidature unitaire de la gauche combative autour d’un programme de rupture (genre « unis pour 2022 »). » Ceci parce que le « programme » à cette étape d’une candidature de « rupture » ouvrière et démocratique qui s’impose, voire le seul à pouvoir faire l’unité rapidement, c’est évidemment d’abord, surtout, de battre, de chasser Macron « par la gauche »… Et aussi parce qu' »une candidature unitaire de la gauche combative », malgré les bonnes intentions, apparait en fait comme la candidature à une nième candidature à gauche, combative ou non, et que c’est JUSTEMENT AVEC ÇA QU’IL S’AGIRAIT DE ROMPRE avant tout pour notre camp social !
Marc Daniel Lévy, 10/07/21.
Pour info, d’aujourd’hui, Déclaration de GDS:
http://www.gds-ds.org/primaire-populaire-les-raisons-dune-candidature-de-gerard-filoche/
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Excellent . Je partage complètement ce point de vue . » Une candidature unitaire de la gauche combative » ne veut , selon moi , strictement rien dire et cela apparaitra comme une autre prétendue candidature sur le catalogue. Syndicaliste SUD PTT en Seine Saint Denis , j’ai pu mesurer l’efficacité et la satisfaction des travailleurs et des travailleuses de voir des listes uniques à gauche . La gauche existe dans ce département et dans ce pays . Dans ce 93 où la misère , la précarité prospèrent ,le FN / RN a toujours fait des scores faibles . En 2002 lors des tragiques présidentielles , le Front National a fait des scores très bas , et aujourd’hui il n’atteint pas les 10%. Pourtant chacun(e) le sait ce département est celui d’une forte immigration arabo-berbéro musulmane. Mais c’est aussi un département où résident de nombreux fonctionnaires hospitaliers , territoriaux, de l’Education Nationale, de La Poste , de la SNCF , de la RATP . , notamment dans les villes jouxtant Paris . Certes le PC a perdu deux cantons , mais le 93 reste à gauche à cause de réalisations indéniables , réformistes , peut être , mais réelles .
Par ailleurs , je ne partage pas du tout ce qu’écrit Robert Duguet sur les prétendues » illusions électoralistes ». Les faits montrent que ce peuple aime les institutions démocratiques , les assemblées de toute sorte , le respect des procédures et ce depuis 1789, qu’il est toujours très politisé par rapport à d’autres ( J’ai beaucoup voyagé ) . Si une Assemblée Constituante voyait le jour , ce qu’il faut espérer pour abattre cette V ème vermoulue , il est probable qu’elle siègera à l’Assemblée Nationale ou non loin de là . Les salariés les plus conscients n’hésitent pas à utiliser leur droit de vote . Je travaillais encore récemment dans une grande Plate Forme Industrielle Courrier ( nouvelle appellation des centres de tri postaux ). La plupart de mes collègues sont issus de l’immigration ancienne mais surtout récente : immigration sub- saharienne , Sri- Lanka , Bangladesh, Asie du Sud est . Les jeunes citoyens français de ces aires d’émigration ont massivement voté contre Le Pen au deuxième tour des dernières élections présidentielles. J’entends encore le perpétuel souriant Christian du Congo me dire » nous n’avons pas le choix , il faut voter !!Evidemment beaucoup ont été déçus et ne recommenceront pas , c’est une évidence . Pour conclure , j’affirme qu’ il faut une candidature unique de la gauche dés le premier tour et faire ce que l’on peut pour » interdire » les candidatures stupides et mortifères comme celle du NPA dont la première affiche indique vouloir » lutter contre l’exploitation et contre les oppressions » . Pff ! S’agit il d’un mot d’ordre clair et précis et répondant aux exigences de la la période ?
Pauvre NPA !
Salut et fraternité !
Ph CH .
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Plusieurs choses m’étonnent. En particulier l’acharnement de certains à opposer certains modes d’action à d’autres. Alain Duboir fait observer ironiquement que la révolution d’Octobre ne fut pas dûe à des élections « démocratiques ». Bien sûr ! Mais il faut nuancer.
Les militants révolutionnaires russes se sont présentés à toutes les élections et ont combattu pour avoir des députés.
Suite à la révolution de 1905, quand le Tzar « accorde » une représentation démocratique la Douma d’État, composée de députés dont les pouvoirs sont assez limités, la monarchie devient « constitutionnelle ».
Dans la première Douma d’État, en 1906, la « gauche » est assez forte, avec le Parti du Travail (se réclamant d’un socialisme proche des paysans) qui obtient 136 députés (sur 566) tandis que le POSDR, parti de Lénine, en obtient 18. Mais dans la seconde Douma d’état le POSDR obtient 48 députés, le parti du Travail 104, les « SR », 34 et un certain parti progressiste, 28, soit un total de 214 députés, sur 453. Le groupe représentant la bourgeoisie, le Parti « KD », compte, lui, 92 députés dans cette deuxième Douma. Lui aussi, à cette date, conteste la monarchie.
Ce résultat rend le jeu politique législatif incompatible avec le tzarisme, C’est ce qui engage Stolypine à réaliser ce qu’on a appelé « le coup de force du 3 juin 1907, qui dissout cette Douma et modifie les règles électorales en les rendant censitaires.
Le parti KD devient à cette époque ouvertement contre-révolutionnaire (en 1917 il soutiendra Kornilov). On s’en doute, cet écrasement de la fiction démocratique ne décourage pas les bolchéviks, qui participeront aux élections suivantes, troisième (19 députés élus) et quatrième (15) Douma.
Les militants du POSDR, après avoir hésité, ont soutenu en 1905 le mouvement des conseils (soviets) et Trotski en a assuré finalement la présidence. De même, lorsque les soviets ont ressurgi en février 1917, les bolchéviks se sont efforcé d’y conquérir la majorité, ce qu’ils ont finalement fait. La « prise du palais d’hiver » venant en complément.
Il est parfaitement évident que les militants ouvriers ne peuvent se dispenser de se saisir de l’échéance de l’élection présidentielle.
La discussion commence là. S’appuyer sur le fait que, par écœurement et découragement les masses populaires se réfugient dans l’abstention pour encourager cette abstention et l’habiller en rouge me parait une rêverie paresseuse. Selon moi, l’abstention n’a rien de progressiste.
S’imaginer que l’on est capable d’imposer un boycott de l’élection présidentielle, c’est pire. Regardons la situation algérienne. Comme résultat d’un mouvement profond que nous sommes loin d’avoir aujourd’hui en France, il y a eu un boycott avec comme résultat une très faible participation. Mais la camarilla au pouvoir n’en est guère affectée.
Bien des choses ont changé depuis Marx et le manifeste du parti communiste, mais l’essentiel reste « les communistes n’ont pas d’intérêts distincts de ceux d’autres courants du mouvement ouvrier. Il mettent en avant les intérêts du mouvement dans son ensemble » (cité de mémoire).
Donc oui, même si cela semble une rengaine : nous sommes pour l’unité. Incidemment, nous sommes pour un candidat unique « de la gauche » à l’élection présidentielle.
Comme cela pose des problèmes de définition (qu’est-ce que « la gauche » aujourd’hui ?), je renvoie à des faits : le trio Autain, Pulvar, Bayou en ile-de-france. La liste « printemps marseillais » (ou d’autres listes du même type) aux municipales.
Voilà, selon moi, la méthode à suivre. La gauche, aujourd’hui, ce ne sont pas des partis. Mais, au sein des partis, des courants. Le PS n’est pas de gauche. Mais Pulvar, Vallaud, peut-être. Hidalgo, non. EELV est-ce « de gauche » ? Jadot, non. Bayou, Rousseau, oui.
On me dira : seulement, dans la présidentielle, on ne peut pas faire comme aux régionales ou aux municipales, il faut UNE personne, pas une équipe.
C’est en effet une difficulté. Je dis, depuis maintenant plus d’un an, qu’il faut surmonter cette difficulté. C’est bien une EQUIPE de gauche qui doit faire campagne à la présidentielle de 2022, le NOM de celle, ou celui qui ne serait qu’un simple porte-drapeau devant être choisi par consensus au sein de cette équipe.
Tel est, concernant la présidentielle, le combat qu’il faut mener. Ce combat a du sens AVANT, pendant et APRES la présidentielle.
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JP Boudine a raison de faire appel à des faits politiques remontant à plus d’un siècle, mais la caractéristique fondamentale des leçons de cette époque ne peuvent pas être des copier-coller plus ou moins ajustée à aujourd’hui. L’histoire ne se répète pas et la société a aussi évoluée.
Au stade actuel, la discussion se doit d’évacuer la question du nom au plus tôt pour entrer dans le vif de la contestation de la légitimité du gouvernement Macron-Castex à attaquer de front la légalité des vaccinations quasi obligatoires pour tous, l’application plus ou moins partielle de la loi sur les retraites, l’application de la loi sur l’assurance chômage, ect… Ce n’est pas possible qu’un gouvernement aussi peu représentatif des couches de la population puisse imposer ces lois alors que dans le même temps il puise dans les caisses de la Sécurité Sociale les fonds de sa politique de l’éternel « redressement de la France » annoncé depuis 1945 et toujours, et encore relancé à chaque discours.
Le groupe de discussion peut avoir un rôle dans l’apparition d’un candidat, mais se bloquer sur un nom ou une organisation quelconque retardera son audience. Le mouvement des masses saura fournir la réponse à ce besoin, mais pas maintenant.
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