Un camarade nous demande : « Où en est le mouvement, je n’ai pas tout suivi de son étiolement visiblement, une répression trop puissante, une difficulté de transcroître ? «
La répression est très violente, mais le mouvement est toujours là, fier, ancré, majoritaire. Son problème, comme à nous tous partout dans le monde, c’est comment « transcroître », comment surmonter le blocage apparemment causé par le maintien en place de Loukatchenko et de l’ordre répressif.
Nous disons « apparemment » car un facteur essentiel et actif est la solidarité internationale. Amis et camarades, c’est MAINTENANT, plus qu’en septembre, qu’il est urgent de faire prendre position concrètement nos syndicats en défense des bélarusses.
Le BKDP et les syndicats indépendants qu’il fédère continuent à se développer, voila une donnée incontestable et importante.
D’autre part, la situation en Bélarus est connectée à la situation en Russie. Aujourd’hui même, une manifestation de masse à Moscou affronte la répression. Quoi que l’on pense de Navalny – un rejeton de l’oligarchie passé par le nationalisme grand-russe, etc.- son combat anticorruption a infligé à Poutine une défaite morale et politique dont celui-ci n’avait pas besoin : survire à une tentative d’empoisonnement, et revenir se faire arrêter, affaiblit Poutine et Poutine tient Loukatchenko en place. Nous approchons sans doute d’un nouveau moment important dans les luttes sociales et démocratiques dans les États de l’ancienne URSS.
Nous publions ci-dessous une déclaration de l’IndustriaLL Global Union, fédération internationale des syndicats des mines, de l’énergie, et de nombreux secteurs industriels sur la Bélarus. Un internationalisme syndical réel existe dans certaines fédérations internationales, et entre syndicats indépendants de l’ancienne zone soviétique :
Le 20 janvier, la Cour suprême du Bélarus a rejeté l’appel du comité de grève Belaruskali et a jugé la grève de l’année dernière illégale.
Après avoir protesté contre le résultat des élections présidentielles d’août 2020, de nombreux travailleurs et membres de syndicats indépendants ont fait l’objet de représailles disproportionnées.
Le 19 janvier, Daria Polyakova, coordinatrice du réseau des jeunes du Syndicat bélarussien des travailleurs de la radio et de l’électronique REP, affilié à IndustriALL, a été condamnée à deux ans de liberté restreinte (assignation à résidence) pour «violence ou menace de violence contre un employé de la agence des affaires internes ». Daria a endommagé la manche de la veste d’un policier en tentant d’empêcher qu’un collègue ne soit détenu. Daria est veuve et mère de deux enfants.
Des membres du syndicat indépendant bélarussien BITU [syndicat de la métallurgie affilié au BKDP, ndr], Vladimir Berdnikovich et Andrey Prilutsky, ont également été accusés de violences contre la police. Vladimir a été condamné à quatre ans après s’être enfui après une manifestation en octobre. Andrey Prilutsky est intervenu lorsqu’un homme âgé était battu en août, et en réponse il a été battu, détenu et condamné à 15 jours. Prilutsky est actuellement détenu en Russie, dans l’attente d’être extradé vers la Biélorussie.
Le membre du BITU, Igor Povarov, fait l’objet de poursuites pénales pour sa participation à la manifestation du 17 août, lorsque lui, avec d’autres travailleurs de l’usine métallurgique bélarussienne, a bloqué la route. Il est accusé d’avoir organisé, préparé ou participé activement à des actions qui violent gravement l’ordre public.
Et il y a beaucoup plus de cas similaires en Biélorussie. «Des poursuites peuvent être engagées contre toute personne ayant exprimé son désaccord et opposé une résistance. S’il existe des informations pour engager non pas une affaire administrative, mais une affaire pénale, les autorités les utiliseront ». dit Elizaveta Merlyak, secrétaire internationale du BITU, également victime du régime.
Le 18 janvier, l’avocat du REP [syndicat de l’informatique affilié au BKDP, ndr] et militant des droits de l’homme Leonid Sudalenko a été arrêté à Gomel pour «organisation et préparation d’actions qui violent gravement l’ordre public». Le syndicat suppose que Sudalenko est accusé d’avoir financé les émeutes, car il a aidé les victimes de la répression à payer des amendes. REP considère l’arrestation de Leonid Sudalenko et d’autres militants syndicaux comme une continuation des répressions du régime à l’encontre des militants de syndicats indépendants et des personnes qui n’ont pas peur d’exprimer leur position civile, qui sont prêtes à aider ceux dont les droits ont été violés.
Kemal Õzkan, Secrétaire général adjoint d’IndustriALL Global Union, déclare:
« Le verdict de la Cour suprême sur la grève au Belaruskali est un dangereux précédent et un signe clair que les autorités bélarussiennes ne sont pas prêtes pour un véritable dialogue avec les travailleurs et la population du pays. IndustriALL dénonce une fois de plus fermement la répression en Biélorussie et exige la fin des poursuites contre tous les syndicalistes et militants, ainsi que la libération de tous les prisonniers politiques. Nous nous engageons à soutenir nos affiliés et travailleurs biélorusses dans leur lutte pour les droits fondamentaux de l’homme et des travailleurs. »
Photographie : Igor Povarov, Daria Polyakova, Vladimir Berdnikovich, Andrey Prilutsky,
merci des nouvelles pas toutes réjouissantes mais il semble que le fleuve en crue ne soit pas encore rentré dans son lit
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