Au bout de 5 jours (cela devait durer 2 jours) un accord a été trouvé au Sommet européen. Le caractère dithyrambique de certains commentaires était prévisible : ce serait historique, une nouvelle Europe viendrait de naître, « plus fédérale, plus solidaire », dixit Le Monde, etc. Des économistes fort compétents par ailleurs accréditent la fable d’un bras de fer entre Angela et Manu, d’un côté, et les terribles « frugaux » menés par cette grande puissance impérialiste et souverainiste que seraient … les Pays-Bas !
Notre analyse, dans le billet d’hier, était autre. Nous n’avons pas cru à la fable selon laquelle les méchants « frugaux » étaient prêts à risquer la fin de l’UE, et de l’eurozone, ni plus ni moins. On savait depuis le début qu’ils ne feraient pas une « question de principe » de la création d’une dette européenne supposée commune, ce qui est censé être du « fédéralisme » par opposition au « souverainisme ».
En fait, ils ont officiellement obtenu que les subventions baissent de 500 milliards à 390 (ce sont ces « subventions » qui devront être remboursées au capital financier par les 27, le restant 360 milliards, relevant des « dettes publiques » nationales !), qu’eux-mêmes aient un rabais significatif qui se traduit par une hausse non moins significative de la contribution française, mais pas allemande, et que les mesures d’austérité (retraites, droit du travail, rien que ça …) liées au « plan de relance » soient évaluées par la Commission européenne avec contrôle à la majorité qualifiée. Ces évolutions majeures par rapport à la proposition initiale vont dans le sens du capital financier allemand, pour lequel ont ramé, en dernière analyse, les « frugaux », leurs ministres sociaux-démocrates, Verts voire « rouges-verts » y compris (pendant que Merkel jouait le « couple » en laissant Macron « monter sur la table »), capital financier allemand auquel les deux principaux « frugaux », Pays-Bas et Autriche, sont structurellement liés. Rappelons que cet épisode a été précédé de la réaffirmation de principe de la souveraineté allemande par rapport tant à l’UE qu’à l’eurozone, par la Cour constitutionnelle de Karlsruhe.
Il est donc rationnellement impossible de s’imaginer que l’innovation institutionnelle et financière que constitue la reconnaissance d’une dette commune soit un pas vers les États-Unis d’Europe. Ce sont bien les intérêts capitalistes et les rapports de force entre États les seuls déterminants des affaires dites « européennes ». La vraie Europe, réellement unie, passera par la lutte démocratique commune affrontant tous les pouvoirs exécutifs de ces États !
21-07-2020.
L’accord trouvé par les 27 n’est pas parfait, loin de là, mais c’est une victoire du Capital sur le Travail.
il donne provisoirement un répit aux bourgeoisies européennes et évite le pire pour elles.
Macron peut souffler, il revient de loin.
On nous dit que les « frugaux », amis de Berlin, n’auraient pas été jusqu’au clash, affirmation bien hasardeuse !
Eux, comme les pays de l’Est de l’Europe ( ceux qui sont en délicatesse avec les droits de l’homme ), quelle aurait été leur positionnement politique si ils n’avaient pas obtenu satisfaction ? personne ne peut le dire !
La question que nous devons nous poser nous, parce que à un moment où un autre cela va arriver, c’est quels phénomènes se seraient immédiatement développés si ce sommet avait été un échec, ou pire si quelques pays avaient claqués la porte ?
D’un coup d’un seul, nous serions passé à un monde d’après, et certainement pas un monde d’après comme les gauchistes et les démocrates se l’imaginent.
Les bavardages de toutes sortes selon lesquels les conditions historiques ne seraient pas encore « mûres » pour le socialisme ne sont que le produit de l’ignorance ou d’une tromperie consciente. Les prémisses objectives de la révolution prolétarienne ne sont pas seulement mûres ; elles ont même commencé à pourrir. Sans révolution socialiste, et cela dans la prochaine période historique, la civilisation humaine tout entière est menacée d’être emportée dans une catastrophe.
J’aimeJ’aime