Ajout du lundi 23 mars : finalement à l’Assemblée, les groupes PCF et LFI ainsi que 3 députés PS ont voté contre la « loi d’urgence », le reste du groupe PS s’abstenant.
Dimanche 22 mars, au 5° jour du « grand confinement », le bilan peut être fait clairement.
Tout d’abord : pas de tests, pas de masques, pas de lits, pas de respirateurs, pas de moyens massifs débloqués pour l’Hôpital public. Sans appel.
Le gouvernement fait le forcing pour contraindre au travail les salariés angoissés. Il est plus patronal que les patrons qui, dans le BTP, rechignent à mettre « leurs » travailleurs en péril. Il coupe l’aide au chômage partiel. Il laisse Amazon confiner des centaines de salariés dans des hangars, avec des cas déjà signalés de contamination.
Par contre, inflexibilité affichée contre les « mauvais citoyens » qui vont marcher ou faire du vélo. Le pass’ Castaner, propiska ou Ausweis, est censé repousser le virus ! Le préfet Lallement frétille de sadisme : des drones parlant, équipés de haut-parleurs pour engueuler les gens, survoleront bientôt les marchés (toujours autorisés : ils n’en sont pas à une injonction contradictoire près). Et pendant ce temps M.M. les recteurs de Blanquer demandent aux profs d’école de se donner rendez-vous avec les parents dans des « points relais » pour ramasser des copies d’élèves : motif d’amende pour Castaner, pourtant !
Le corps social se défend tout seul, l’État ne l’aide pas, au contraire il l’entrave. Des femmes de ménage deviennent la providence des personnes âges isolées de tout un immeuble ou de tout un village. Dans les cités les gens se mettent au balcon à 20 h pour acclamer les personnels de santé, et le slogan « Du fric, du fric, pour l’hôpital public » commence à monter. Les mesures élémentaires qui auraient dû aller avec le confinement ne sont pas prises par l’État : loger les SDF, fermer les centres de rétention, recenser les personnes isolées et/ou fragiles, libérer les libérables et organiser un droit de visite circonscrit et sécurisé dans les prisons, centraliser le ravitaillement à l’échelle des unités d’habitation et des quartiers. Certaines de ces mesures sont assumées, tant bien que mal, spontanément ou par des associations et municipalités. D’autres ne peuvent l’être car l’État est là pour empêcher la lutte contre l’épidémie : l’aide médicale aux primo-arrivants, cette mesure phare de Macron, reste supprimée pendant leurs trois premiers mois !
La transparence sur la pandémie n’existe absolument pas. Le gouvernement a été totalement incapable, et pour cause, de justifier le refus de tests massifs. De vifs débats traversent le monde médical, certains spécialistes affirmant que face à une maladie hyper-contagieuse, mais bénigne pour le plus grand nombre, il aurait été rationnel de tester en masse, ce qui ne présente pas de difficultés techniques majeures, afin de repérer les foyers d’infection, de protéger les personnes à risques et d’évaluer à l’avance les cas graves possibles. Au lieu de quoi, le gouvernement serait en train d’organiser la mise à mort de centaines, voire de milliers de patients à risque qui seront testés trop tard et admis en réanimation trop tard aussi. Et, pour couronner le tout, d’organiser la seconde vague de l’épidémie lorsque surviendra le « déconfinement » … pour lequel le ministre de la Santé a annoncé qu’il y aurait cette fois-ci des tests ! Autre polémique sur les médicaments possibles. Le choix du pouvoir d’infantiliser et de pratiquer la politique du secret et des petits coups d’État liberticides au dernier moment tout en tentant de culpabiliser la population, empêche ce qui serait le BA-ba : réunir tous ces spécialistes ensemble, leur intimer l’ordre d’arrêter de se tirer dans les pattes et de travailler à la lutte contre l’épidémie en rendant tout PUBLIC au fur et à mesure.
Mais est-ce qu’un gouvernement qui, comme l’a bien montré Mme Buzyn, ment sciemment depuis des mois le peut ? Il ne le peut ni ne le veut. Pour combattre l’épidémie efficacement, il nous faut la démocratie !
Les lois d’exception qui sont en train de passer à l’Assemblée nationale et au Sénat réunis en formations restreintes instaurent un régime pire que l’article 16 de la constitution de la V° République, par sa durée et l’absence de contrôle institutionnel.
La loi de Finance rectificative qui les inaugure a été adoptée à l’unanimité. Les groupes PS, PCF et LFI ont donc voté Pour. Soyons clairs : la lutte contre l’épidémie n’implique en aucun cas la confiance et le soutien politique à Macron et au gouvernement que signifie politiquement ce vote, au contraire.
La loi d’urgence proprement dite renforce les pouvoirs de l’exécutif au-delà de l’article 16 et permet aux patrons de déroger aux conventions collectives, d’imposer un temps partiel encore plus partiellement payé, de bricoler à leur avantage avec les congés, RTT et comptes épargne temps, ainsi que le travail le dimanche. La définition du « télétravail » est 100% à la main de l’employeur.
La séance publique à l’Assemblée nationale est cet après-midi : il est nécessaire au monde du travail que les groupes PS, PCF et LFI votent CONTRE la totalité de cette loi qui n’a pas pour finalité la lutte contre l’épidémie, mais qui met en œuvre la stratégie du choc du pouvoir contre la société à la faveur de l’épidémie !
L’enjeu de ce vote se retrouve plus encore dans les enjeux portés par les prises de positions des organisations syndicales. OU EST PASSÉE L’INTERSYNDICALE NATIONALE CGT / FO / FSU / Solidaires / UNEF constituée contre le projet anti-retraites ? Elle serait aujourd’hui plus que jamais nécessaire !
Au niveau départemental, de nombreux communiqués ont été pris par ces 4 organisations maintenant leur unité sur le plan du refus de l’union nationale et de l’autodéfense sociale contre l’épidémie. Huit organisations de retraités dont CGT, FO, CGC, FSU, Solidaires, FGR-FP, ont déclaré refuser « l’union sacrée ».
Elles exigent :
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des crédits supplémentaires en masse pour l’Hôpital public,
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les fonds immédiats pour les personnels de santé en masques et matériel,
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la réquisition des cliniques privées,
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la levée de l’Objectif National de Dépenses d’Assurance Maladie.
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la « transparence totale sur la pandémie ».
Ces exigences élémentaires sont incompatibles avec la « loi d’urgence » de Macron, qui n’est ni amendable, ni votable, et qui doit être rejetée.
La déclaration commune voulue et organisée par la CFDT, que CGT et FO ont signée avec le MEDEF, vaut par son existence : elle voudrait sceller le dépassement de l’intersyndicale formée contre la casse antisociale de Macron et saisie par des millions et des millions comme point d’appui les trois mois ayant précédé l’état d’urgence. C’est aussi le sens politique d’une déclaration signée par la Fédé Métallurgie de FO avec la CFDT, la CGC et le patronat (Union des Industries Métallurgiques et Minières).
Ces actes d’union sacrée vont à l’encontre, il faut l’expliquer, de la lutte contre l’épidémie. Car une lutte efficace exige des mesures démocratiques radicales, de réquisition de moyens, de publicité totale, qui vont totalement à l’encontre de l’ordre social en place et du régime macronien de la V° République.
En France, depuis 5 jours maintenant, et pour une durée indéfinie, comme dans bien des pays, la Taupe en est réduite à creuser. Mais dites-vous bien qu’elle creuse intensément !
22-03-2020.
Un groupe communiste, comme il en existe 100 dans le monde :
https://www.marxiste.org/international/perspectives-mondiales/2661-covid-19-la-catastrophe-imminente-et-les-moyens-de-la-combattre
Au moins ce groupe va lui à l’essentiel, il est le seul à poser la question de faire payer la bourgeoisie :
« ..;Où trouver l’argent nécessaire ?
(…) il existe une autre source d’immenses richesses. Aux Etats-Unis, par exemple, 1 % des ménages les plus riches – environ 1,2 million de familles – possédait une fortune totale nette de 35 000 milliards de dollars, en 2019.
(…) le niveau des dépôts et de réserves d’argent des entreprises du Royaume-Uni a augmenté ! Les dépôts ont augmenté de 8 % en 2018, soit un bond de 51 % en 5 ans. Selon le Crédit Suisse, les 1 % les plus riches du globe possèdent environ 50 % de la richesse mondiale, alors qu’en bas de l’échelle, la moitié des adultes possède moins que 1 % de la richesse mondiale.
(…) Il ne serait pas déraisonnable d’imposer une taxe d’urgence de 10 % ou 20 % sur ces fortunes. Toute compagnie ou capitaliste individuel qui refuserait de collaborer serait exproprié, verrait ses biens confisqués et ses ressources mises à disposition de l’Etat…. »
Bien moins déraisonnable en effet que de chercher à couvrir les besoins de l’humanité en continuant de gonfler la bulle du capital fictif, en laissant le monde s’endetter encore et encore, et finalement en faisant en sorte que le remède à la maladie sera pire encore que cette maladie !
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Cher Eninel,
la TMI est un courant international, l’un des courants issus de la tradition de Ted Grant, que nous connaissons de longue date.
Le fait de préconiser de faire payer les riches n’est certainement pas un trait qui le distingue.
Notre préoccupation politique n°1, celle autour de laquelle le reste s’articule, c’est de partir « des conditions actuelles et de la conscience actuelle de larges couches de la classe ouvrière » pour conduire « invariablement à une seule et même conclusion : la conquête du pouvoir par le prolétariat. » Dit plus vite : poser la question du pouvoir.
Amitiés militantes,
VP
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Cher VP
Je ne conteste pas que la question du pouvoir ouvrier est la quintessence du trotskisme historique.
« …Partir « des conditions actuelles et de la conscience actuelle de larges couches de la classe ouvrière » pour conduire « invariablement à une seule et même conclusion : la conquête du pouvoir par le prolétariat. ».
Personne ici ne contestera d’ailleurs ici, que si ce mouvement trotskyste est aujourd’hui explosé en cent morceaux, c’est que chaque groupe, presque chaque trotskyste, se réclamant du communisme, voit à mettre ce qu’il veut dans la formule : « … à partir des conditions actuelles et de la conscience actuelle de larges couches de la classe ouvrière … ».
J’ai croisé beaucoup de révolutionnaires dans ma vie, qui m’ont dit que vue le niveau politique de ces larges couches prolétariennes, il était plus prudent de ne pas essayer de sauter par dessus sa tète, qu’il ne fallait pas trop se la jouer « matamore » !
Le pouvoir ouvrier, le socialisme, surtout si on attend qu’il arrive à travers le suffrage universel, comme tout bon démocrate se doit de le faire, n’étant pas à l’ordre du jour ( exemple les toutes dernières élections organisées dans le pays ), il nous faut bien jusqu’à un certain point, mettre en avant des revendications transitoires restant dans le cadre du capitalisme, dans le but de contraindre un gouvernement bourgeois.
C’est ce que je fais, en saluant le texte de ce groupe communiste anglais, qui lui met en avant la revendication de faire payer la crise du moment aux gros bourgeois, sous peine de les exproprier.
Contrairement à ce que tu affirmes, cette position politique n’est pas si commune que cela : » Le fait de préconiser de faire payer les riches n’est certainement pas un trait qui le distingue… ».
Laisser filer les déficits publics ? Oui ! Faire fonctionner la planche à billet de la BCE ? Oui ! Mais exiger un impôt extraordinaire à la bourgeoisie ? Les menacer d’expropriation en cas de refus, ça non, aucun groupe communiste en France ne s’aventure sur ce terrain.
A titre d’exemple je lis régulièrement vos billets ici, je n’en vois pas trace.
Peut être peux tu orienter mes recherches et me mettre sous les yeux un texte qui m’aurait échappé ?
Amitiés militantes.
PR
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Donc tu trouves que nous sommes des matamores à vouloir organiser ce que nous racontons autour d’un axe : la question du pouvoir ? Cela parce que l’état réel de notre classe n’en serait pas à parler de « pouvoir ouvrier » … mais bien d’expropriation des bourgeois ?
Nous sommes évidemment d’accord pour exiger un « impôt extraordinaire sur la bourgeoisie » et tout ce que nous avons pu écrire mille et une fois sur les plans d’urgence nécessaire, les choix à faire en faveur de la population, etc., correspond à cela. Mais cette revendication s’adresse à quel gouvernement ?
Le texte de la TMI préconise d’ailleurs lui, des « gouvernements des travailleurs dans tous les pays ». et ne se contente pas de vouloir faire payer les riches (cela, Bernie Sanders par exemple le réclame hautement). Nous ne sommes pas en opposition, mais il nous semble qu’il faut essayer d’être précis et relier les questions politiques centrales aux conditions de vie immédiates. C’est pour cela que nous essayons de « taper » systématiquement contre Macron sous l’angle de la lutte contre l »épidémie.
Amitiés militantes,
VP
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Bonjour camarade Vincent.
Tu m’écris: »…Nous ne sommes pas en opposition, mais il nous semble qu’il faut essayer d’être précis et relier les questions politiques centrales aux conditions de vie immédiates. .. ».
Je veux confirmer ici que je ne suis pas en opposition avec ce que vous faites ou ce que vous dites, parce ce que ce n’est pas être en opposition – d’un point de vue stricte – à alimenter un débat entres justes, entres militants ouvriers trotskystes et apparentés.
Je milite pour que ces militants communistes et centristes ( apparentés ), révolutionnaires, tendent vers la fondation d’un parti politique de type bolchevique. Cette réalisation indispensable si nous prenons au sérieux l’alternative : « socialisme ou barbarie » ne pourra être que le produit d’une large et libre discussion entres nous.
Pour ce qui concerne la précision de ce que nous pourrons nous dire, personnellement je m’en tiendrai strictement à ce qui est mis en avant dans le programme de transition des bolchevique-léninistes, camarades de lutte de l’indépassable Trotsky, principalement vis à vis de cette nécessite de la mobilisation des masses autour des revendications transitoires comme préparation à la prise du pouvoir,
Dans ce cadre, je me contente de dire, qu’à mon avis les groupes centristes et communistes doivent dans leur agitation, presser les directions ouvrières réformistes toujours en place, bien sûr de ne pas accepter une moindre union sacrée avec les gouvernements bourgeois et les syndicats patronaux, mais bien au contraire de dénoncer chez eux, une forte proportion qu’ils ont à faire perdurer l’agonie du capitalisme en ayant recours au laxisme budgétaire et à la planche à billet.
Nous militons pour la préparation de la prise du pouvoir de notre classe sociale, entre temps ne nous gênons pas, d’exiger des gouvernements bourgeois du sérieux dans la gestion des comptes publics, des lois visant à discipliner et faire payer la bourgeoisie.
Paradoxalement c’est parce que les gouvernements bourgeois vont se montrer de piètres gestionnaires et des faiseurs de krachs monétaires, que les uns après les autres ils vont perdre le pouvoir à l’avantage du prolétariat.
Amitiés militantes,
PR
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