C’est sur fond d’éclatement de la direction historique de la France Insoumise que se déroulent les préparatifs du congrès du Parti Socialiste. Le score ridicule d’Anne Hidalgo à la présidentielle (1,7%) exprime bien le niveau de rejet dans la population ouvrière, les chômeurs et la jeunesse d’un parti qui a depuis maintenant plus de 40 ans appliqué les contre-réformes exigées par le Capital, donc aussi prolongé les institutions du « coup d’Etat permanent ».
En termes de manœuvre d’appareil pour essayer de sortir de l’ornière et retrouver les jours heureux des postes bien rétribués, Olivier Faure a été contraint d’accepter la ligne dite « unitaire » du regroupement au sein de la NUPES pour l’élection présidentielle. Côté Mélenchon et France Insoumise, la main tendue signifiait ouvrir une voie royale à un parti largement déconsidéré, sinon vomi. Cela conforte notre point de vue que cette fausse unité impulsée par la FI au sein de la NUPES exprime une nécessité : compte tenu du positionnement de Mélenchon dans le strict respect des institutions réactionnaires de la Vème République, il a besoin que le « vieux serviteur », la social-démocratie, du moins ce qu’il en reste dans le nouveau PS issu de l’auberge espagnole d’Epinay en 1971, continue d’exister.
Ainsi lors d’un débat sur FranceTVinfo, vendredi 6 janvier, Olivier Faure a polémiqué contre Nicolas Mayer-Rossignol, proche des ex-fabusiens et Hélène Geoffroy, maire de Vaulx en Velin et présidente de la métropole de Lyon : un seul sujet, « l’alliance à gauche ». Au moment où Macron vient de faire l’annonce de sa contre-réforme Retraites et où la mobilisation s’engage, Faure, au nom de l’accord avec la NUPES, défend la retraite à 60 ans au bout de 40 annuités. Il a dû sur ce plan renoncer à ses propres positions favorables aux 42 annuités.
Dans les faits, l’accord NUPES est d’une extrême fragilité car il a été monté pour l’élection présidentielle et pour la personne du futur Bonaparte : c’est la logique des institutions. Dès qu’on aborde les scrutins intermédiaires, l’état gazeux de FI se dissout dans l’espace : les groupe FI sont incapables d’avoir une politique cohérente. Notamment dans les élections municipales, cellules de base de la démocratie, si malmenées par ailleurs par les décisions de l’exécutif en matière de financement des collectivités locales.
La réponse d’Olivier Faure à ses opposants est bien fragile : alors qu’ EELV annonce que pour les élections européennes de 2024 ils feront cavalier seul, Pierre Jouvet, lieutenant d’Olivier Faure, annonce : « A partir du moment où les écolos n’y vont pas, la question ne se pose plus ». Autrement dit, ce sera la fin de la NUPES !
De plus, dans son édition du 12 janvier, Médiapart révèle qu’un groupe de députés à la Législative a fait passer un financement de 1 million d’euros au Parti radical de gauche. Rappelons que cette formation a appelé à voter Macron. Le deal est le suivant : si Olivier Faure reste majoritaire, les opposants organiseront une scission en faveur d’un regroupement favorable au PRG et aux contre-réformes de Macron.
Quant au PCF, sous la direction de Fabien Roussel, il attend lui aussi en embuscade.
RD, le 12-01-2023.
Ton billet, Robert, me fait penser à la tirade de Cyrano : «Ah non… C’est un peu court, jeune homme…».
Beaucoup d’approximations. La NUPES n’a pas été faite pour l’élection présidentielle, mais pour les législatives. Et elle a joué son rôle, plutôt positif.
L’idée d’une liste commune pour les européennes était, dès le départ, absurde. Il fallait la niaiserie politique de Manuel Bompard pour y croire.
1) c’est le domaine où les différences d’approche entre LFI, EELV, PS, sont les plus accusées et 2) ce sont des élections à la proportionnelle. Dans ces conditions qui veux disparaître ?
La NUPES ne sera pas tuée par la division à ces élections là.
J’étais hier soir à une réunion, convoquée par le PCF (du 04) et à la Tribune siégeaient des représentants de tous les partis (et « mouvement »-sic) de la NUPES, contre la contre réforme des retraites.
Idem, Mardi, parfaite unité autour de Ruffin de tous les dirigeants « de gauche ». La NUPES existe, contre la réforme Macron.
Tu parles, à propos du PS, de « social-démocratie ». Je déteste l’emploi de ce mot dans un tel contexte. Je n’oublie pas que la social-démocratie de Engels, c’était un autre nom du socialisme, ou du communisme. Dans l’usage devenu courant, la « social-démocratie » c’est ce mouvement qui ne remet pas en cause le Capital mais lutte pour des « avantages sociaux ». De ces deux aspects, le premier a toujours été déterminant, et puis, Hollande, Vals et les autres n’ont même plus fait semblant de croire au second.
Mais le problème c’est que le PS ne peux pas survivre comme simple parti libéral bourgeois dévoué à l’UE. La politique de Hollande mène au score de Hidalgo.
D’où le sursaut d’Olivier Faure et son mouvement vers la NUPES, en deux semaines (et après que Bompard ait expliqué qu’il n’y aurait pas de discussion avec le PS–sacré Bompard, quel visionnaire !).
Or la situation du PS ne se résume pas au score de Hidalgo : voir son poids dans les municipalités (je crois que Hidalgo a eu plus de 2000 (3000 ?) signatures de maires, non ? tandis que Mélenchon a dû pleurer l’aide de Bayrou pour avoir ses 500), comme dans les régions.
La NUPES est, en soi, une stratégie correcte. Après, bien sûr, tout dépend de ce qu’on en fait. J’ai déploré que la FI ne vote pas la motion du PCF dénonçant l’apartheid israélien, pour ne pas froisser le PS… Bien sûr, de la part du PCF, c’était un piège. Mais ne pas voter était également tomber dans le piège, et de manière déshonorante.
Une clef de la présente situation, c’est ce que tu appelles « l’éclatement de la direction historique de la FI ». Mais je n’aurais pas utilisé ces mots. Rien l’éclate, parce que Bompard-Ruffin-Autain-Garrido et les autres, ça n’a jamais été une « direction », historique ou pas. Jusqu’à présent, la FI a été une troupe, active sur le terrain, dont la référence politique était Mélenchon.
Raquel Garrido a bien formulé les choses en expliquant que c’est un dispositif correct pour une campagne présidentielle, mais impraticable le reste du temps, d’autant que Mélenchon, excellent en campagne présidentielle, est comme la plume au vent le reste du temps : pas de principe, pas de stratégie.
JLM a donc ce mouvement à sa main… mais il perd les élections et de plus, se fait vieux.
Il fallait faire quelque chose pour que la FI existe, résiste et se construise. L’inclusion dans la NUPES, constituée de partis traditionnels (avec des votes et des congrès) complique les choses. Mais Mélenchon ne veut pas qu’elle l’entrave, lui échappe. Donc, à aucun prix des votes, des congrès, des débats politiques, des élections de dirigeants. Bompard, spécialiste du deep learning en IA a monté un dispositif compliqué pour tenter de noyer le poisson… dans le gaz… Une directive de Mélenchon (je le suppose) impliquait que toute personne ayant un quelconque poids politique soit tenue à l’écart. D’abord Ruffin, mais aussi les autres.
Cela ne pouvait que susciter des remous.
Bompard s’en fiche, parce qu’il se positionne comme dirigeant (élu par les gens qu’il a désignés pour le faire) d’un « grand mouvement de 300 000 membres » (déclaration sur BFM).
Ce grand mouvement (tout au plus 20 000 militants de terrain, ce qui n’est déjà pas si mal), certaines personnalités écartées ont mis en avant (sans doute par démagogie) que ce serait bien, de temps en temps, de les consulter, ces militants. Danièle Simonet, ancienne co-présidente du PG a dit précisément «Toutes les structures dirigeants doivent être élues par les militants de base»…
Très bien… Et là dessus, parait dans « Le Monde » le texte d’un millier de jeunes de FI soulevant la question de ce qu’il faut faire de Quattenens. En gros, ils veulent qu’il soit exclu. Mais surtout, ils observent et soulignent qu’on ne les a pas consultés !
Par ailleurs (ce n’est pas encore tout à fait public) un texte circule signé par plus de cent cadres de terrain, c’est à dire responsables de groupes d’action, candidats aux législatives, candidats écartés, etc. Ce texte a été rédigé avant le 10 décembre et le show de Bompard. Un certain Nicolas le pilote, à partir du 92 et du 93, il couvre aujourd’hui 27 départements. Ces gens sont en contact, par Garrido, avec des avocats et il n’est pas exclu qu’ils posent la question des fonds (actuellement uniquement gérés par Mélenchon et Bompard). Le texte soulève la question de la démocratie, et elle seule.
Là dessus, mardi dernier dans la salle Olympes de Gouges, à l’initiative de deux petits médias, Reporterre et Fakir, François Ruffin a réuni Fabien Roussel, Marine Tondelier, Boris Vallaud (responsable du groupe parlementaire PS), Mathilde Panot (responsable du groupe parlementaire FI) Léa Filoche, à la tribune, avec les autres « personnalités FI » dans la salle.
Ruffin ne pouvait pas mieux dire à Bompard à quel point il n’a nul besoin de son autorisation pour être un leader politique de tout premier plan.
Pendant ce temps, Mélenchon est en Guyane. S’il a un peu d’intelligence politique, il doit lâcher Bompard et se rabibocher avec Ruffin et les autres, puis s’éloigner dignement… Ou tenter de ressaisir la direction du mouvement ? Ou se taire ?
Un dernier point. Moi, je suis « à la base ». Et que vois-je ? Les militants suivent tout ça avec philosophie. Certains signent le texte de Nicolas, et passent aux affaires courantes : les questions de chauffage, la fermeture des urgences, la qualité des eaux… Ce sont des militants, ils militent. La FI, à sa base, n’est pas si fragile.
Pour en revenir au PS, j’espère que Faure sera réélu, c’est pas moins mauvaise issue. Et que les autres se retrouveront au parti radical … de gauche !
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depuis 21 ans au jour d’aujourd’hui ? Et pourquoi alors, le dénommé Jospin a-t-il été éliminé ???
Par ailleurs, je dis plutôt réformes anti-sociales que contre-réformes.
Cela étant, j’apprécie l’analyse
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@Carola : oui cela a été corrigé en remplaçant 21 par 40. Effet d’une publication pas assez relue posément avant diffusion !
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L’Union de la Gauche, la NUPES, le Front populaire prôné par Mélenchon… sont des alternatives mais à quoi au juste ?? Rappelons plus que jamais la caractérisation faite par Trotsky : » Le Front populaire est la dernière ressource, avec le fascisme, de l’impérialisme contre la révolution prolétarienne » , le Front populaire en France en 1936 ouvre la voie à Pétain, le Front populaire en Espagne à Franco et le Chilien à Pinochet en 1973.
Qui dit révolution prolétarienne, dit « Rupture totale avec la bourgeoisie, ses partis, ses institutions, notamment son armée », dit « Gouvernement ouvrier entraînant derrière lui toutes les couches populaires et la jeunesse » et dit « expropriation du capital » .
La « révolution citoyenne » c’est l’inverse !
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