Depuis le 19 octobre, le gouvernement Macron-Borne s’est mis à employer le 49-3 à répétition à l’Assemblée nationale, comme la constitution de la V° République le lui permet. Il signifie donc au pays qu’il n’a pas besoin d’un prétendu pouvoir législatif pour légiférer. Les motions de censure à répétition de la NUPES d’une part, du RN d’autre part (ce dernier semblant voter aussi les motions de la NUPES), signifient au fond la même chose. En aucun cas le gouvernement ne peut tomber si le vieux parti de la V° République qu’est LR, ou si les « alliés » de Macron F. Bayrou et E. Philippe, ou si les deux, ne le décident. Ils ne l’ont pour l’heure pas décidé, mais Borne, et surtout Macron, sont en fait leurs otages. Ce qui ne change rien à l’impuissance de toute « opposition parlementaire ».
Suite au 18 octobre, qui, répétons-le, n’a pas été une « journée d’action » classique mais un mouvement imposé par la grève des ouvriers des raffineries, la réaction des militants syndicaux aux réquisitions, et la poussée contre la réforme Macron de destruction du Lycée professionnel public, la CGT appelle à non seulement une, mais deux, « journées de mobilisation », les 27 octobre et 10 novembre. Faire savoir à l’avance que l’on « agira » tel puis tel jour, c’est faire savoir que l’on n’a pas l’intention de gagner, c’est le contraire d’une montée en puissance. FO, FSU et Solidaires ne se sont pas prononcés pour l’heure sur ces appels lancés par avance à plusieurs « journées ».
La direction de Total, au compte de toute la classe capitaliste et en accord avec le gouvernement, a refusé d’aller au-delà (ce dont elle a parfaitement les moyens) de l’accord salarial signé le 14 octobre, contre la grève (mais qui ne l’aurait jamais été sans elle), avec la CFDT et la CGC (hausse de 5% sur 2023). Un accord similaire est signé chez Exxon. Dans les centrales nucléaires, un accord est en voie de ratification avec ici le soutien de la fédération CGT, qui le présente comme « historique » et conduisant à des hausses salariales de 5% à 10% et au moins 200 euros de plus pour tous. Les grèves pour les salaires continuent à augmenter en nombre et en force dans tout le pays, mais il est compréhensible que les grèves qu’avaient engagées les ouvriers opérateurs des raffineries prennent fin, les grévistes, qui ont besoin de la solidarité de tous, ayant déjà tenu plusieurs semaines.
Ni les motions de censure, ni les journées d’action à répétition, ne permettent de gagner, de généraliser et de centraliser la lutte commune de toutes et de tous pour les salaires, alors que la viande a pris une hausse de près de 30% cette année, les pâtes près de 21%, le beurre près de 16%, les œufs près de 15 % …
C’est une revendication claire qui s’impose partout et qu’il est facile de généraliser : échelle mobile des salaires, retraites, pensions et minima sociaux ! complétée par le blocage des loyers et la gratuité des transports collectifs !
Cette revendication commune devrait aller de pair avec l’indépendance envers les pièges gouvernementaux et patronaux du « dialogue social ». Or, la « concertation pour les retraites » a -discrètement – commencé, alors que tout le monde sait que Macron ne veut que porter l’âge du droit à la retraite à 65 ans au plus vite. Sont conviés CGT, FO, FSU, CFDT, UNSA, CFTC et CGC (Solidaires s’est insurgée dans un communiqué de ne pas avoir été invitée et exige de l’être …) ; seule la CGT a « suspendu » sa participation après le 18 octobre, mais elle semble compter y retourner le 4 novembre où le gouvernement prévoit une « concertation » sur la fonction publique.
Par contre, il est important qu’au lendemain de la grève du 18 octobre, le SNETAA-FO ait annoncé qu’il ne se rendrait pas aux « groupes de travail » installés par les ministères de l’Education nationale et du Travail, sous l’égide de ce dernier, pour organiser la réforme Macron contre le Lycée professionnel public, que le SNUEP-FSU ait demandé de vraies négociations à la place de ces « groupes de travail », puis que, lors de leur installation le vendredi 21 octobre, il ait quitté, semble-t-il définitivement, leurs séances, de concert avec la CGT-Educac’tion, au bout de 10 minutes.
Ainsi, CGT, FO et FSU ne participent pas à la « concertation », ce qui, avec l’impact du 18 octobre et les premiers mouvements lycéens, permet une nouvelle journée de grève véritable annoncée dans les lycées professionnels le 17 novembre prochain.
S’unir sur l’exigence d’échelle mobile des salaires et donc de hausses massives des salaires, et ne pas participer aux concertations qui ne sont pas seulement « bidons », comme le disent parfois les organisations syndicales qui y participent, mais qui ont pour fonction d’imposer les contre-réformes du pouvoir, sont deux choses liées.
La hausse massive des salaires, mise ouvertement à l’ordre-du-jour pour tous les travailleurs par ceux des raffineries, est incompatible avec les projets phares de Macron contre l’âge de départ en retraite, le Lycée professionnel public, l’assurance chômage.
En résumé : la hausse des salaires est incompatible avec Macron. Battre Macron c’est gagner sur les salaires, et réciproquement !
C’est clair, le cadre des journées d’actions et des motions de censures ne mobilise pas parce qu’il ne permet aucunement de gagner et n’est pas fait pour cela. La vraie mobilisation pour gagner monte et se cherche dans des centaines de grèves, dans les raffineries, dans les lycées professionnels. Elle ne se paye pas de mots et ne se fait pas croire que la grève générale déferle, ni qu’il y aurait eu « 140 000 manifestants » à Paris le 16 octobre dernier. Par contre, elle est capable d’imposer un début d’unité réelle comme le 18 octobre, et la non-participation de nos organisations aux « concertations » avec le gouvernement comme dans les Lycées professionnels.
La question que nous posons est celle-ci : comment créer les conditions politiques pour que ce mouvement qui se cherche parvienne à réaliser la montée, parfaitement possible, non de 140 000 manifestants imaginaires un dimanche, mais de 500 000 manifestants réels en semaine par la grève, et vers l’Élysée, pour battre Macron en gagnant sur les salaires, pour gagner sur les salaires en battant Macron ?
Proposition : en réunissant dans UNE organisation tous les petits groupes d’ex-OCI/PCI/CCI (La Commune, Combattre pour le socialisme, Aplutsoc) qui sont d’accord pour créer ou renforcer des tendances dans les syndicats qui s’opposent ouvertement aux concertations/journées d’action, et s’engagent pour la préparation d’une grève unitaire reconductible jusqu’à satisfaction des revendications (retrait des réformes des retraites, de l’assurance chômage, du lycée pro ; augmentation immédiate des salaires à hauteur de 25% pour tous ; réindexation des salaires sur l’inflation)?
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Bonjour, 29 septembre : manifestions Saint Etienne 1300 participants, 18 octobre : 2000 participants, 27 octobre : 350 participants, avec en plus un carré de tête uniquement CGT, alors que l’appel était CGT, FO, Solidaire et FSU…probablement un beug dans la préparation…
Voilà les faits ont tranché, il n’y a pas de mobilisation populaire à cette rentrée, sur un fond de 49 3 dégaines par Borne pour faire passer les décisions gouvernementales qui met clairement en évidence que l’opposition parlementaire dans ce régime, dans cette constitution ne sert à rien. Peut être pourrions nous le dire avec force, et demander aux depute-e-s NUPES de verser une partie de leur indemnité mensuelle à un fond de solidarité gréviste. Mais aussi le fond social n’est pas meilleur : le patron de Totalenergie est en train de finaliser un accord salarial et les grèves se terminent doucement et dans les centrales nucléaires c’est à peu près le même cheminement en cours, non ?
Alors en première conclusion, je demande à quoi sert d’insister pour dire que les grèves salariales qui viennent d’avoir lieu étaient une question politique importante voire majeure… Pour avoir une importance politique majeure un phénomène social doit, me semble t’il poser la question du pouvoir ? Non ? Est ce le cas, bien évidemment non, la bourgeoisie dans cette séquence de la rentrée sociale a gagné, elle a marqué des points face à un mouvement ouvrier bien mal en point, lui aussi incapable d’apporter des réponses satisfaisantes, paralysé qu’il est par la rupture d’avec les masses populaires. En deuxième conclusion, je dirai que le tract distribué par L O Saint Etienne ( je ne sais pas s’il était national ) m’a paru judicieux, bien fait, bien tourné, il concluait en appelant les salariés à construire des structures auto organisées pour conduire eux même leurs grèves, à s’autonomiser des directions syndicales qui avec les journées d’action demobilisent, désarment les salariés quand ils ont la volonté exprimée de se battre.
Prochain épisode, le 10 novembre …, 40 années de politiques, contre réformes néo libérales, ça se paie ! Plus on voit de belles BMW rouler dans les rues, moins il y a de manifestants ! Claude Ganne
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« Salaires : la CGT échoue à mobiliser lors de sa nouvelle journée d’action
https://www.lefigaro.fr/social/salaires-une-nouvelle-journee-d-action-a-l-appel-de-la-cgt-ce-jeudi-27-octobre-20221026?utm_source=app&utm_medium=sms&utm_campaign=fr.playsoft.lefigarov3
C’est tellement un bide que la CGT ne donne aucun chiffre ! 1 300 manifestants à Paris selon la police.
Est-ce pour autant un échec ? Pour Martinez non car il s’agissait de démontrer à son aile « gauche » qui le juge trop mou que justement les travailleurs ne sont pas prêts à se battre. Alors en complément les gros bras CGT dans les raffineries et à EDF signent des accords pourris en compagnie du duo infernal CFDT et FO. Le syndicalisme d’appareil dans toute sa splendeur … décadente. » (Message reçu d’un camarade avec lequel je suis en accord total. Une perspective possible : constituer un groupe politique pour lutter de manière organisée dans les syndicats contre les journées d’action démobilisatrices : qui est prêt à perdre du salaire pour une journée de grève dont on sait qu’elle n’aidera en rien à faire plier patronat et gouvernement?)
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