Carte : la moitié des stations services à sec lundi soir 10 octobre.

Toute la situation française est donc polarisée autour de la grève des raffineurs. Débloquer le pays serait très simple : 10% de hausse de leur salaire, tout de suite. Cela ne poserait pas problème à Total et à Exxon quelles que soient leurs jérémiades. Mais comme cela serait un encouragement aux luttes pour les salaires de toutes et tous les travailleurs de ce pays, Macron n’en veut pas.

Cette grève est bien sûr la cible d’une campagne de haine qui a échoué, et qui échouera, soyons confiants sur ce point, à changer le sentiment réel de la majorité. Total a fait savoir que ses ouvriers toucheraient 5000 euros par mois ! Et ce fake d’être repris sur les chaines d’info en continu !

En fait, il s’agit de la moyenne de toutes les catégories jusqu’au cadre très, très supérieur, en salaire brut incluant tout ce qui n’est pas salaire, mais intéressement, etc. La vérité est que la majorité des ouvriers raffineurs, et en particulier les opérateurs qui sont le cœur des grévistes, touche en net moins de 2300 euros. En fait, leurs salaires sont aussi scandaleusement bas, eu égard à leur qualification, à leur place dans la production et au profit considérable produit par la mise en œuvre de leur force de travail, que ceux, par exemple, des enseignants dans ce pays. Mais soyons clairs : quand bien même il serait vrai qu’ils touchent 5000 euros, ceci correspondrait à la valeur de leur force de travail, qui dégagerait une plus-value supérieure encore. On reste exploité même à 5000 euros. Les profits, eux, se chiffrent à des niveaux des milliers de fois supérieurs !

La première ministre Mme Borne a lancé lundi soir l’opération « réquisition ». Elle menace tous les travailleurs des raffineries mais pour commencer, elle s’en prend à ceux d’Exxon-Mobil, en profitant du fait que CGC puis CFDT ont signé un accord censé accorder une hausse de 6,5%, couvrant juste l’inflation réelle, et comportant les primes d’ancienneté et les promotions fort inégalement réparties. Les vilains grévistes ne comprenant pas ce « dialogue social » devraient donc être réquisitionnés, sur ordre des préfets.

La conséquence de cette menace a d’abord été d’indigner les travailleurs d’Exxon-Mobil non grévistes compris, et d’étendre la grève aux raffineries qui n’étaient pas encore entrées dans le mouvement, à commencer par celle de Donges. En outre, elle a produit un élan de solidarité parmi les structures syndicales et nous avons enfin un communiqué confédéral CGT appelant à soutenir les piquets de grève des raffineries, et à manifester en défense du droit de grève devant les préfectures, et un communiqué de FO condamnant les réquisitions.

L’heure est donc à l’action en soutien aux travailleurs des raffineries, en sachant que la meilleure action, c’est la grève pour les hausses de salaires partout, effective dans de nombreux secteurs (« crèches, transports publics, nucléaire, sécurité sociale, banque-assurances, services informatiques, maintenance industrielle, etc. », selon le communiqué de FO, ou encore Pôle Emploi, Hutchinson – filiale de Total-, les éboueurs de Paris, etc.).

Les organisations syndicales doivent retrouver leur indépendance. Le communiqué faussement « unitaire » sur les retraites comporte les éléments de langage de la CFDT, qui a dénoncé la pratique de la soi-disant « grève préventive » : se mettre en grève pour une revendication peut toujours être qualifié de « grève préventive » ! La place des syndicats n’est pas dans la concertation fictive avec Macron contre nos retraites, elle est avec les travailleurs, dans la vraie unité comme celle réalisée dans l’enseignement professionnel public pour le 18 octobre prochain, contre les réquisitions, pour la hausse généralisée des salaires !

Soutien total aux travailleurs des raffineries !

Empêchons les réquisitions !

10% sur tous les salaires pour toutes et pour tous !

Dans la rue le 16 octobre !