Pointe-à-Pitre, jeudi 7 avril : le dirigeant syndical et national guadéloupéen Elie Domota comparait devant le tribunal pour « violence sur une personne dépositaire de l’autorité publique sans incapacité ». A la surprise générale, le procureur commence par demander d’écarter le traitement de l’affaire ce jour : imbroglio complet attestant de l’inquiétude et du désordre dans l’appareil judiciaire au vu du vide du « dossier » et de la situation sociale explosive. Après diverses péripéties, durant lesquelles Elie Domota, défini par son avocat comme le « nègre marron national », et ses témoins, ont pu s’exprimer, et alors que les manifestants se rassemblaient autour du tribunal, l’examen de l’affaire est reporté au 19 mai prochain …

Brétigny-sur-Orge, Bove, Châlons-sur-Saône, Montélimar : depuis plusieurs jours dans tous les dépôts d’Amazon en France, la grève s’étend et s’affirme, montée d’en bas et unissant tous les syndicats. Une grève qui fait écho à la victoire enfin arrachée aux États-Unis, imposant l’existence d’un syndicat. Une grève montée d’en bas parmi des salariés précaires, exploités, chez lesquels la période « Covid », d’ailleurs pas terminée, a été terrible. Une grève pour les salaires, bien entendu, la revendication centrale, et en même temps une grève politique – car quoi de plus politique que l’union grandissante des travailleurs ? – qui va chevaucher le premier tour des présidentielles et se poursuivre au moins jusqu’au jeudi 14 avril, date de la prochaine réunion direction/syndicats, que la direction a dû avancer, pas pressés qu’ils étaient !

Quelle république, quel État, quel gouvernement, imposera la hausse des salaires chez Amazon et ailleurs et le respect du droit, et des droits nationaux des peuples, dans les ci-devant colonies françaises ?

« La réalité est le seul maître qui vaille », nous a dans un courrier des lecteurs suggéré un camarade penseur. En effet : ces deux faits, et beaucoup d’autres, indiquent que la courbe des grèves comme la recherche d’une issue démocratique à la situation se développent indépendamment d’un certain évènement qui est censé se dérouler demain dimanche, parce que l’immense majorité sent et sait que cet évènement ne répondra pas aux questions urgentes et pressantes, et ceci est la réalité, qui surplombe la situation.