Pour le premier jour de l’enquête publique sur l’enfouissement de 85000 m3 de déchets radioactifs à haute activité et de longue durée (plusieurs centaines de milliers d’années) qui seraient stockés sous le sol de la commune de Bure à la limite de la Meuse et de la Haute Marne, un appel invitait, à la suite des mobilisations précédentes, à s’opposer au projet. Cette enquête publique s’inscrit dans les consultations factices, singeant la démocratie, qui constituent un passage obligé pour la demande de Déclaration d’utilité publique (DUP) du Centre industriel de stockage géologique (Cigéo).

Ce simulacre d’enquête qui ouvrirait une Déclaration d’utilité publique permettrait à l’ANDRA (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) de réaliser des expropriations pour acquérir les centaines d’hectares (plus de 400 ha) nécessaires pour la construction du Cigéo et de tous les ouvrages qui l’accompagnent. L’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs ne se préoccupe d’aucune des critiques soulevées par son projet.

Selon l’association Sortir du nucléaire : « En janvier 2021, l’Autorité environnementale, instance indépendante, a rendu un avis extrêmement négatif sur le dossier d’étude d’impact présenté par l’Andra, faisant écho aux critiques exprimées par les opposant.es depuis des années. Insuffisante prise en compte des enjeux environnementaux, menace sur les eaux de surface, récupérabilité des déchets devenant rapidement irréalisable, impossibilité d’intervenir en cas d’accident, importants rejets de surface… »

De nombreuses associations ont décidé de boycotter l’enquête publique tout en exprimant leur refus par tous les moyens et actions qui leur paraissent pertinents. Leur mobilisation contre la DUP de Bure pose une question de fond : celle de stopper la production de ces substances radioactives ingérables, qui restent dangereuses pour une durée dépassant celle des civilisations humaines.

Pour l’industrie nucléaire, débordée par ses déchets radioactifs, il est essentiel de faire croire au projet Cigéo.

Le 27 juillet, Macron, commis voyageur du lobby nucléaire, en remet une louche dans la provocation. Il choisit la Polynésie où les victimes des retombées des 193 essais nucléaires de la France demandent des réparations, pour réaffirmer son soutien à la filière nucléaire qualifiée de « chance pour la France ». Dans son style Champion de la planète, il a insisté : « Nous sommes le pays d’Europe qui a le moins de tonnes de CO2 émises par habitant. Pourquoi ? Parce qu’on a le nucléaire historique». Il a aussi appelé à ne pas « tomber dans des débats trop exclusifs sur l’énergie nucléaire ».

On a pu aussi à cette occasion entendre les promesses présidentielles de « transparence et de vérité » sur les essais nucléaires français du pacifique. Elles ont la valeur des enquêtes publiques sur le projet de gestion des déchets radioactifs.

Mais, de Bure à Papeete, cela ne dissuadera personne d’exiger la fin du nucléaire et le départ de Macron, sans attendre 2022. Et même dès aujourd’hui, avant qu’il ne lance la construction d’un nouveau réacteur.

Glossaire :

  • DUP : Déclaration d’Utilité Publique
  • DAC : Déclaration d’Autorisation de Création
  • ANDRA : Agence nationale de gestion des déchets radioactifs