Notre camarade Karel Kostal nous offre cette traduction d’un article du site tchèque Britské listy.

« Ceux qui sont emprisonnés aujourd’hui en Biélorussie participent au changement. »

Le 11 mars, 4 mois se sont écoulés depuis le jour où Mikola Diedok, blogueur, analyste politique et anarchiste biélorusse, a été arrêté. Aujourd’hui il est de fait un prisonnier de guerre du régime dictatorial de Loukatchenko. Nous savons que la prison en Biélorussie est un endroit dur, dans lequel les prisonniers politiques subissent  pressions et brutalités. C’est pourquoi nous devons faire entendre sa voix. Mikola a réussi depuis sa prison à répondre aux questions de ses amis et camarades de combat.

– Mikola, tu es l’un des rares blogueurs qui ont décidé malgré les poursuites pénales de rester en Biélorussie. Pourquoi n’es-tu pas allé à l’étranger ?

Mikola : Dés le début des événements révolutionnaire j’ai hésité : partir ou ne pas partir ? D’un côté, je ne peux pas inviter les gens à des actions sérieuses si je suis à l’étranger, où j’ai forcément une vue réduite, et pas beaucoup d’occasion d’influencer la situation. Et en Biélorussie, je pouvais être arrêté à tout moment. J’ai dû choisir entre la liberté relative, et le sens du devoir. J’ai tranché, et j’ai suivi l’exemple de Maria Kolesnikova, qui entre l’émigration et la prison, a choisi la prison.

– Avant ton arrestation tu étais plutôt optimiste quant aux chances de succès des manifestations. As-tu changé d’avis maintenant ?

J’ai évolué. Mais mon optimisme n’a pas disparu. Tout le monde attendait la victoire en août. Mais je sais aujourd’hui que si nous avions gagné déjà à cette époque-là, nous n’aurions pas la solidarité d’aujourd’hui, nous n’aurions pas mis en place notre auto-organisation, nous n’aurions pas libéré la créativité des rues pour la suite. Au cours de ces mois, la conscience des gens s’est considérablement développée. C’est pourquoi je pense que tout se passe comme il se doit, et que la victoire des manifestants doit être envisagée dans l’avenir.

– Ce n’est pas la première fois que tu es dans les griffes de la machine répressive de l’État biélorusse, tu a déjà fait 5 ans de prison. Quelle est la différence entre ton expérience dans le passé et celle d’aujourd’hui ?

M : Maintenant ils ont voulu m’écraser tout de suite, et pas progressivement comme la première fois. Je suis dans un régime dit plus strict aujourd’hui.

– Certains prisonniers racontent qu’ils ont rencontré un soutien presque miraculeux de la part des surveillants. Quelle est ton expérience ?

M : Oui, j’ai été aidé plus d’une fois, mais vous comprendrez que je ne peux pas en dire plus.

(…)

– Tu a connu d’autres actions de solidarité, avec toi et d’autres anarchistes ? La solidarité vient, dit-on, principalement de tes camarades de lutte, pendant ta détention ?

M : Oui, je les connais. Cela fait chaud au cœur, et c’est pourquoi les gestapistes hésitent à torturer.

– La solidarité aide beaucoup les détenus à maintenir un esprit combatif. Peux-tu donner quelques exemples de soutiens que tu a reçus pendant ton séjour en prison ?

M : Chaque fois que j’apprends une action de solidarité quelque part je me sens aidé. Je prends conscience que l’emprisonnement fait également partie du processus de l’évolution, et que même celui qui est emprisonné participe au changement. C’est pourquoi les flics essayent d’isoler l’homme autant que possible, ils retiennent les lettres, les journaux, empêchent les contacts avec un avocat.

– Certains prisonniers ont le statut de prisonnier de conscience, et pas d’autres. Nous avons trouvé dans une liste 260 prisonniers politiques, et dans la liste de la Croix noire anarchiste nous trouvons 410 prisonniers. Est-ce que cela signifie que certains prisonniers ont du soutien et pas d’autres ?

M : Ceux que je rencontre sont en général de bonne humeur et d’esprit positif, qu’ils figurent ou pas dans la liste des prisonniers de conscience établis par Vesna 96.

(…)

-Les manifestations reprendront-elles au printemps ?

M : C’est ce que je souhaite vivement.

Comment pouvons-nous t’aider ?

M : Que chacun selon ses possibilités participe au mouvement de libération, pour que les changements arrivent le plus rapidement possible.

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-Comment se passe ton incarcération aujourd’hui ?

M : Je suis dans une cellule de 15 places, qui sont occupées. Cela c’est une prison normale …

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Comment soutenir Mikola : Ecrire à l’adresse : СИЗО-1, г. Минск, ул. Володарского 2, 220 030, Дедок Николай Александрович. Anarchist Black Cross – Belarus , Дедок

Soutien financier :

L’argent servira à payer les colis, les médicaments, etc.