Le test du Xinjiang, avec la Bélarus, est un cruel révélateur qui distingue intervenants et courants qui s’efforcent de défendre les intérêts de l’humanité et du prolétariat, et ceux qui sous une phraséologie et des grigris « rouge » sont passés ou sont en train de passer dans le camp de classe des exploiteurs et des dominants.

Nous avons connu la propagande sur l’action civilisatrice de la France en Algérie, ou des EU au Sud-Vietnam. Nous avons aujourd’hui … cela :

« De 2014 à 2019, le nombre total de personnes employées au Xinjiang est passé de 11,35 millions à 13,3 millions, soit une augmentation de 17,2 %. L’augmentation annuelle moyenne de l’emploi urbain a été de plus de 471 200 personnes (148 000 dans le sud du Xinjiang, soit 31,4 %); et la relocalisation annuelle moyenne de la main-d’œuvre rurale excédentaire était de plus de 2,76 millions de personnes, dont près de 1,68 million, soit plus de 60 %, se trouvaient dans le sud du Xinjiang. »

Ces chiffres reconnaissent en filigrane la politique de déportation de population et d’internements, rebaptisé « formation professionnelle », menée par le Parti Capitaliste Chinois (PCC) au Xinjiang.

Séance de « formation professionnelle » de masse, selon les hiérarques du Parti Capitaliste Chinois

Et si vous avez un doute, soyez rassurés :

« Le Xinjiang observe strictement les lois et règlements pertinents de l’État, fournissant des informations sur la loi par le biais de campagnes d’éducation, renforçant la conscience juridique des employeurs et des employés, et effectuant des inspections de routine pour s’assurer que les lois du travail sont appliquées. L’objectif est de mettre l’établissement, la gestion, la supervision et l’arbitrage des relations de travail sous contrôle juridique, et de prendre des mesures résolues pour prévenir ou punir tout incident de travail forcé. »

La « formation professionnelle » est imposée à des millions de gens mais il ne saurait y avoir d’« incident », sic, de travail forcé – est reconnu ici entre les lignes que de tels « incidents » se produisent nécessairement, puisqu’il s’agit à la base … de travail forcé : mais il en cuira de le dire à quiconque met en doute les « mesures résolues » à ce sujet.

Et puis :

« Le travail aide à faire une différence et à créer le bonheur. Pour l’avenir, le Xinjiang poursuivra son engagement envers la philosophie de développement centrée sur les personnes, adhérera au principe selon lequel l’emploi est d’une importance primordiale pour le bien-être des personnes, mettra en œuvre la stratégie consistant à donner la priorité à l’emploi et mettra en place des politiques plus proactives pour stimuler l’emploi. ».

« Stimuler l’emploi », comme disent les patrons ! N’est- pas merveilleux ? Ne sommes-nous pas là dans le meilleur des mondes possibles ? …

Ces sordides perles sont extraites du « Livre blanc Emploi et Droit du travail au Xinjiang », diffusé depuis quelques jours dans de nombreuses langues, pour donner leurs éléments de langage aux défenseurs du capitalisme chinois : en résumé, la persécution des Ouïghours n’est que propagande, il s’agit de formation professionnelle de masse organisée par le parti et l’État !

Le seul fond de vérité ici est que la mise au travail forcé des Ouïghours permet de contrer la tendance à la hausse des salaires imposée en Chine par la résistance ouvrière. Ainsi, l’oppression impérialiste et coloniale permet de faire pression contre toute la classe ouvrière.

Admirons ainsi la présentation du rapport des exploiteurs capitalistes par Mme D. Bleitrach sur son blog « communiste » « Histoire et Société« , emblématique des fantasmes de supposés « communistes » pour qui la prétendue « géopolitique » a, depuis toujours, supplanté la lutte des classe, et plus que jamais fasciné par les hiérarques de Beijing :

« Dans ce dossier à travers lequel la Chine présente sa politique réelle dans le Xinjiang, le lecteur occidental découvrira d’une part que nous sommes loin des fantasmes occidentaux mais aussi que cette volonté de modernité et de développement accéléré peut à la fois produire des résultats d’intégration mais aussi renforcer les résistances sur lesquelles comme en Afghanistan et au Moyen Orient, les USA peuvent intervenir pour entretenir le terrorisme, la violence et après s’indigner de la répression. »

On remarquera le caractère particulièrement crapuleux de la « démonstration » : Mme Bleitrach reconnaît que la politique de « formation professionnelle » peut « renforcer les résistances », elle n’est donc pas si libre et indolore que cela n’est-ce pas, mais alors là-dessus « les USA » « peuvent intervenir afin de susciter « le terrorisme » et ensuite s’indigner (tu parles : Trump a félicité en juin 2019 Xi pour son action contre « les terroristes » au Xinjiang !).

Remarquons aussi que cette dénonciation du « terrorisme » reprend mot pour mot les termes et l’imagerie de Bush junior et des néocons déchaînés … mais il est vrai que sur le même blog stalinien on peut lire que les États Unis de Trump sont victimes d’une série de … « Maïdan » (autant dire ici Satan) !!!

Cette vision parfaitement complotiste de la résistance nationale désespérée d’un peuple opprimé, se retrouve dans la diffusion de dénonciations du « complot ouïghour mondial » qui sont, de fait, et ceci n’est en rien une exagération polémique mais bien un constat, un décalque du Protocole des sages de Sion : une conspiration mondiale contre ce modèle d’équilibre et de santé que serait le capitalisme chinois …

Soyons clairs : le niveau intellectuel, politique et moral de ceux qui, éventuellement sous le nom de « communistes », diffusent ce type de mensonges d’État meurtrier, en arrive au même stade que celui des nervis coloniaux et des hérauts de la torture de tous les moments du pire colonialisme. Sur le Xinjiang comme sur la Bélarus, la cavalcade des néo-staliniens vers l’extrême-droite est en marche, au sens de l’adoption de positions similaires comme au sens d’alliances effectives, que les hurlements prétendument « antifascistes » ne servent qu’à embrouiller, et encore pas beaucoup. Leur naufrage accentue cette dérive, car ils doivent de plus en plus s’adosser aux « organes » de deux grandes puissances impérialistes, celles de Beijing et de Moscou (tout en ayant une tendresse manifeste pour la Maison blanche au moment présent !), et deviennent les représentants d’appareils policiers, sans aucune assise dans la classe ouvrière.

VP, le 19-09-2020.