Ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie, c’est-à-dire en Kanaky, ce ne sont pas « des émeutes » : c’est l’explosion nationale d’un peuple colonisé auquel Macron et la France dénient le droit à l’autodétermination. Si la France veut se grandir dans le monde, qu’elle reconnaisse son exercice immédiat et inconditionnel aux Kanaks. Quand Macron dit : « ordre républicain », cela veut dire ordre colonial, cela veut dire violence.

La défense d’un empire en crise et en lambeaux participe d’une politique d’ensemble dont les autres composantes principales sont : la casse des droits sociaux et l’utilisation de l’opération dispendieuse et polluante des « Jeux Olympiques » pour cela ; la casse du code du travail, de la Sécu, des retraites et de la fonction publique ; la volonté claire de trier la jeunesse scolarisée en organisant l’absence d’avenir du plus grand nombre (« choc des savoirs », réforme du lycée professionnel …), et en promouvant l’encadrement répressif (« Service National Universel ») ; la désignation, avec la jeunesse, des immigrés comme groupe à corseter, surveiller et réprimer … le tout alors que la catastrophe climatique s’amplifie et que le pouvoir exécutif ne veut rien y faire, si ce n’est nous y « adapter » de force !

Cette politique va très largement dans le sens de celle que souhaite le Rassemblement National de Marine Le Pen et Jordan Bardella. Celui-ci, qui compte être en tête aux élections européennes du fait de l’absence de toute perspective politique de la part de la « gauche » et parce que les directions syndicales nationales ont évité pour l’instant que l’affrontement social avec Macron se centralise et se généralise, Bardella peut demander une sorte de cohabitation avec Macron. Et Macron compte prétexter de son score pour tenter de faire taire toute poussée visant à l’affronter : Bardella, par la bénédiction de la gauche invoquant la « montée de l’extrême-droite », c’est le bail renouvelé pour Macron de 2024 à 2027.

Comment combattre efficacement l’extrême-droite quand le vote Bardella favorise Macron et que le vote Macron favorise Bardella ? en combattant contre leur politique et contre leur régime : la V° République. La meilleure chose qui puisse arriver, c’est l’affrontement social central et général contre Macron, avant 2027. Il ne fera pas le jeu du RN, tout au contraire : en battant et en chassant le président, il ouvrira la voie à l’action d’en bas pour réaliser la démocratie.

C’est parfaitement possible, voila ce qui est tu, occulté ou écarté par la quasi-totalité des appareils politiques à gauche. On l’a vu lors du mouvement de défense des retraites, et, actuellement, la mobilisation des personnels de l’enseignement public, des parents et des jeunes, la plus significative et massive du moment présent bien qu’occultée par partis et médias, se cherche pour battre et défaire Macron à propos de l’attaque frontale contre la jeunesse que forment son « choc des savoirs », sa réforme de l’enseignement professionnel, et son « Service National Universel ». La lutte contre l’extrême-droite efficace doit reposer sur les besoins sociaux et démocratiques de la majorité, donc sur la lutte pour battre et chasser Macron qui compte sur le RN autant que le RN compte sur lui.

De même, au plan international, parler de « résistance à la montée de l’extrême-droite » sans relier celle-ci à ses leaders mondiaux centraux que sont Vladimir Poutine et Donald Trump, c’est parler dans le vide. La lutte efficace contre les fascismes du XXI° siècle doit reposer sur le soutien des combats nationaux et démocratiques des peuples ukrainien, palestinien ou kanak, et elle doit faire sienne la nécessité d’en découdre par la force avec les chefs fascistes et fascisants dont Poutine et Trump sont les deux figures de proue. Les opprimé.e.s et les exploité.e.s ont une guerre à mener, leur guerre, qui se développera en guerre contre le capital pour préserver ou restaurer un monde vivant vivable pour l’humanité.

Réunion publique Aplutsoc le dimanche 16 juin à 14H

Une semaine après les élections européennes et alors que les nuées orageuses des impérialismes multipolaires s’accumulent, mais aussi le combat des opprimés, des exploités et des peuples, Aplutsoc vous invite à parler bilan et perspective lors d’une rencontre à Paris, dimanche 16 juin, au Maltais rouge à 14 h.