Après l’allocation de 500 millions de Hryvnia aux forces armées hier par la municipalité de Tcherkassy, la population reste mobilisée.
« Aujourd’hui, nous avons un rassemblement. Nous avons obtenu des résultats. Maintenant, notre tâche est de surveiller et de contrôler. À partir de janvier, il est nécessaire de surveiller le processus d’allocation des fonds. Et si nous comprenons, ou si vous comprenez, que quelque chose ne se passe pas comme prévu, alors nous reviendrons ici » a déclaré un manifestant en s’adressant aux 500 personnes présentes ce samedi 23 décembre.
Une manifestante a ensuite pris la parole et a déclaré :
« Je tiens à nous féliciter tous pour cette victoire, car nous l’avons fait. La plupart de nos gens sont assis et attendent que quelqu’un vienne faire quelque chose, mais nous sommes venus et nous l’avons fait. Je voudrais ajouter : nous avons un assez. Il existe un bon cadre législatif en Ukraine et une véritable opportunité de faire quelque chose ici est d’être conscient de la loi. Par exemple, nous avons une loi sur les pétitions des citoyens : toute personne présente ici peut venir au conseil municipal, rédiger sa question et la municipalité est obligée de vous donner une réponse dans les 30 jours. Et plus il y aura de telles déclarations, plus les autorités comprendront que les gens veulent contrôler, au lieu de venir ici pendant 10 semaines – et c’est tout. Nous ne sommes pas en URSS, Dieu merci, et personne ne nous donnera rien tant que nous ne le ferons pas nous-mêmes ».
Anna Malysh de Tcherkassy a ajouté : « Actuellement, l’objectif intermédiaire a été atteint : nous nous sommes battus pour que le programme de soutien aux forces armées soit inclus dans le budget de la ville. Mais la lutte continue, car il est important de garantir que cette aide soit effectivement fournie. »
23 décembre 2023
Patrick Le Tréhondat
Source : correspondance RESU
Pour comprendre cette actualité, retour sur une mobilisation populaire pour ne pas laisser les autorités locales faire n’importe quoi.
Suite à deux mois de mobilisation de la population, le conseil municipal de Tcherkassy a approuvé le 22 décembre le programme de soutien aux forces armées ukrainiennes. 500 millions de hryvnias ont été alloués pour 2024. C’est une avancée importante qui va peut-être encourager ou donner confiance aux habitants dans d’autres villes mobilisés sur la même revendication. Avec la question pendante du contrôle de la gestion des fonds publics municipaux par la population.
Deux mois de mobilisation populaire
Le 21 octobre, la manifestation « De l’argent pour les forces armées, pas des tuiles » a eu lieu pour la première fois à Tcherkassy. Les habitants sont venus au conseil municipal avec des affiches, parce qu’ils étaient indignés par les actions des députés lors de la dernière séance, où ils soutenaient le basket-ball. A cette époque, 1,5 million de hryvnias étaient allouées aux besoins des athlètes, a déclaré Artem Kivak, l’un des organisateurs de l’action depuis Tcherkassy. Les habitants scandaient : « De l’argent pour les forces armées », « Mes enfants ont besoin d’un père vivant », etc.
Le 24 octobre, les citoyens ont organisé un rassemblement au centre régional avant la séance du conseil municipal de Tcherkassy. Ils ont brandi des pancartes et scandé « Honte ».
Le 26 octobre, le maire de Tcherkassy a répondu aux appels des habitants de Tcherkassy pour qu’ils envoient de l’argent aux forces armées. Il a déclaré que le conseil municipal en faisait assez et a promis de rediriger les fonds inutilisés du budget vers les besoins de l’armée.
Le 28 octobre, plus d’une centaine de citoyens se sont rassemblés près des murs de la mairie. Ils ont apporté des affiches avec les mots « Mon père te protège », « De l’argent pour les forces armées », « Nous avons besoin de la victoire ».
Le 28 octobre, un rassemblement a également eu lieu à Smila, dans la région de Tcherkassy, où les habitants ont exigé que les autorités envoient de l’argent aux forces armées.
Le 2 novembre, les habitants sont venus avec des affiches à la réunion du comité exécutif pour rappeler aux autorités qu’il faut en priorité aider les militaires qui protègent le pays.
Le 4 novembre, sous les murs du conseil municipal, les citoyens se réunissaient tous les samedis. Ils ont apporté des affiches sur lesquelles il était écrit : « De l’argent pour les forces armées », « Nos fonds sont pour notre victoire ».
Le 9 novembre, les organisateurs de l’action « De l’argent pour les forces armées » sont venus à la « table ronde » avec le maire Anatoly Bondarenko.
Le 11 novembre, malgré la pluie, les habitants se sont rassemblés près des murs de la mairie. Ils ont apporté des affiches sur lesquelles ils appelaient le maire Anatoliy Bondarenko « Les forces armées nous protègent. Nous sommes obligés de les aider ici », « Pour vivre, il faut se battre et non pas construire ! ». L’action au centre régional est devenue régulière : ceux qui s’en soucient se réunissent sous les fenêtres du conseil municipal tous les samedis.
Lors de la session du conseil municipal de Tcherkassy du 23 novembre 2023, les députés ont alloué des fonds supplémentaires pour soutenir les Forces de défense ukrainiennes. Des militaires et des militants du mouvement « De l’argent pour les forces armées » sont venus à la réunion.
Le 25 novembre, malgré le temps glacial, les habitants se sont rassemblés près des murs de la mairie. Ils ont apporté des affiches s’adressant au maire. La manifestation a débuté par une minute de silence en hommage aux victimes de la famine.
Le 2 décembre, les habitants se sont à nouveau réunis pour la campagne « De l’argent pour les forces armées ». Plus de 500 personnes se sont rassemblées sur la place et ont exigé de montrer à la communauté le projet de budget pour 2024.
Le 8 décembre, le maire de Tcherkassy Anatolii Bondarenko a invité les habitants de la ville à se joindre à la discussion en ligne sur le projet de budget du gouvernement régional de la ville de Tcherkassy pour 2024. «Tcherkassy veut contrôler le budget municipal» titre un quotidien ukrainien.
Le 9 décembre, les habitants se sont rassemblés chaque samedi pour la campagne « De l’argent pour les forces armées ». Le maire Anatoly Bondarenko est également venu sur la place et a expliqué pourquoi il n’était pas venu au rassemblement auparavant.
Le 16 décembre, à l’abri [du froid ] dans l’un des centres commerciaux, les habitants de Tcherkassy organisent un débat public sur le budget de la ville pour 2024. Le soir même, le maire insulte publiquement les manifestants. Une pétition contre le maire recueille plus de 2 000 signatures.
Patrick Le Tréhondat
Echos du 4 janvier 2024 du microclimat politique régnant sur la localité de Tcherkassy
Tcherkassy : la population reçoit une formation militaire
À Tcherkassy, un centre enseigne comment utiliser les armes correctement et en toute sécurité. « Dans le programme de formation, nous avons inclus les principaux sujets dont la population a besoin aujourd’hui : la capacité d’utiliser les armes, leurs règles de manipulation, ainsi que la sécurité incendie et civile en cas d’urgence » précise le militaire Viatcheslav Gura.
Kyrylo de Tcherkassy a assisté à divers cours de formation militaire. « Je suis sûr que de telles connaissances sont aujourd’hui nécessaires à tout le monde, explique-t-il, j’ai assisté à la conférence « La résistance civile dans les territoires occupés », j’assisterai à celui sur la médecine tactique. » Aujourd’hui, pendant une heure et demie, les participants à la formation ont pratiqué l’entraînement tactique avec les armes.
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Echos du 14 janvier 2024 du climat politique et social sur la localité de Tcherkassy
Etat de droit et abri.
Comme évoqué vendredi soir un autre exemple de procès contre employeur qui obtient gain de cause et en dépit de nombreuses limites du fonctionnement d’un Etat de droit en Ukraine. Il ne semble pas que l’employé ait été soutenu par un syndicat dans sa démarche.
Dans la région de Tcherkassy, le tribunal a infligé à l’employeur une amende de 160 000 hryvnias [3 800 euros] pour licenciement illégal d’un employé
Le tribunal a réintégré un employé de l’une des institutions communales en raison de son licenciement illégal, a déclaré le porte-parole du bureau du procureur régional de Tcherkassy.
14 janvier 2024
Par ailleurs
À partir du 15 janvier 2024, 200 étudiants du lycée de Starovyzhiv suivront des études à temps plein. Un abri a été installé dans l’établissement .
Depuis le début de l’invasion à grande échelle, les enfants du lycée étudiaient à distance. Selon la cheffe du département humanitaire du conseil du village, Valentina Yarynich, l’abri a été construit avec l’argent de la communauté locale. Environ cent mille hryvnias [2500 euros] ont été dépensées pour cela. Les travaux ont débuté à l’été 2023.
« Les travaux de construction ont été réalisés par les habitants du quartier, les parents d’élèves et les enseignants. Ils ont tout fait eux-mêmes« , explique la cheffe du service humanitaire du conseil du village.
Il reviendrait donc normalement au collectif des habitants du quartier, parents d’élèves et enseignants de gérer eux-mêmes l’abri et d’éviter que ses portes soient closes en cas de bombardement russe, comme cela arrive trop souvent.
14 janvier 2024
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