Présentation
Nous reproduisons à titre de document la motion de soutien aux syndicalistes iraniens adoptée le 26 mai par le congrès de la FERC-CGT, fédération englobant les secteurs de l’enseignement, de la recherche et de la culture.
Cette motion fait suite aux événements du 53ème congrès confédéral de la CGT durant lequel les partisans de la FSM (Fédération Syndicale Mondiale à laquelle la CGT participa de 1945 à 1995 ) subirent une défaite importante face à l’exposition de la complicité active de l’organisation iranienne affiliée à la FSM, la Chambre islamique du travail, qui est une structure dépendant du ministère du Travail du régime iranien, à la répression.
Non seulement, cette « Chambre islamique » est intégrée à l’appareil d’État de la très réactionnaire République islamique d’Iran, mais en plus ses dirigeants n’hésitent pas à mettre la main à la pâte quand il s’agit de protéger physiquement ce régime honni, en participant aux tabassages ou à la torture des manifestants, des grévistes et opposants à la sanglante théocratie.
A la suite de ce revers, des responsables fédéraux ou départementaux pro-FSM ont écrit une lettre, mélange d’hypocrisie et de naïveté consentante, adressée au nouveau secrétaire général de la FSM pour le prier de bien vouloir leur fournir des éléments de langage pour rehausser le prestige de cette maison.
Malheureusement pour eux, cette maison est un musée des horreurs des restes du stalinisme. Créée en 1945, dans le cadre de l’entente des Alliés (USA, GB, France, Russie ) contre les forces de l’Axe, la direction de la FSM compta alors des dirigeants réformistes comme Louis Saillant, Léon Jouhaux ou Walter Citrine. Puis la Guerre Froide fit son effet sur le mouvement syndical mondial, les réformistes pro-occidentaux fondant la CISL. Dès lors, la FSM ne compta plus essentiellement à l’Ouest que la CGT française et la CGIL italienne, toutes deux sous influence des PC respectifs de leur pays, et les « syndicats » des « pays socialistes ». Syndicats et socialistes entre guillemets car, dans le cadre des États staliniens, le régime totalitaire d’exploitation ne pouvait offrir une authentique liberté syndicale aux travailleurs mais des Arbeitfront destinés à leur encasernement loin de toute revendication et de toute action syndicale constitutives d’un véritable syndicalisme indépendant.
Après la Chute du Mur en 1989 et l’effondrement de l’URSS en 1991, la FSM faillit disparaître. Mais elle subsista par le gardiennage idéologique de partis staliniens comme le KKE grec et surtout par l’intendance fournie par les « syndicats » du monde arabe liés aux régimes nasserien (EFTU) ou syrien. Ainsi la FSM trouva honteusement le logis et le couvert dans la Syrie du clan Assad, ce paradis bien connu de la démocratie et de la liberté des travailleurs, jusqu’à l’éclatement des Printemps arabes, moment où elle alla installer son siège à Athènes, lui assurant ainsi une devanture plus présentable.
Aujourd’hui, alors que les travailleurs iraniens aux côtés de la jeunesse rebelle, des femmes en lutte contre l’odieux régime des mollahs (Femmes Vie Liberté!) et des minorités nationales opprimées (Kurdes, Arabes, Baloutches, …) ont besoin du soutien des travailleurs du monde entier, certains voudraient enchaîner le syndicalisme, la CGT en l’occurrence, au funeste attelage du char de la contre-révolution prétendument « anti-impérialiste », celle qui trône de Téhéran à Damas, de Pyong-Yang à Minsk, et dont le centre de gravité oscille entre Moscou et Pékin.
