Présentation par Robert Duguet
Vous trouverez ci-après un article tiré du quotidien numérique Britské Listy qui porte sur le développement de l’opposition russe au régime de Poutine. Selon Wikipedia, il est publié par une ONG financée par une « Association civique Britské listy » (en tchèque : « Občanské sdružení Britské listy ») qui a son siège à Prague.
Pour les militants de ma génération la référence à Listy a une résonance particulière. Après l’invasion de la Tchécoslovaquie par les armées du pacte de Varsovie en Août 1968, s’organisera dans les années qui suivront une opposition pour « le socialisme à visage humain » éditant le journal Listy, organe de l’opposition socialiste tchécoslovaque. On se souviendra de Jiri Pelikan qui incarna un moment cette aspiration pour ouvrir une voie démocratique et socialiste. Les militants trotskystes que nous étions en diffuseront en France la version traduite dont, je crois, Jean Jacques Marie était le responsable de publication. Il est intéressant de noter, si bien sûr la génération qui a porté ce message des années 1970, a disparu, qu’il y ait une volonté aujourd’hui de penser les problèmes culturels et économiques à l’échelle du monde. L’article de Wikipedia souligne par exemple qu’en 2001, un journaliste de britské listy , Tomas Pecina, a été arrêté et inculpé pour avoir critiqué une nouvelle loi adoptée en République tchèque interdisant la sympathie pour les attentats du 11 septembre à New York.
C’est une aspiration à la démocratie, et donc à faire connaître aujourd’hui la voix de l’opposition russe, dont la diaspora russe est présente en Tchéquie aujourd’hui. On se souviendra, au début de l’offensive contre l’Ukraine, d’une manifestation d’opposants russes à la guerre meurtrière de Poutine à Prague même. Elle mobilisait les couches sociales qualifiées, techniciens et ingénieurs russes, travaillant sur le sol de la République tchèque. Le site Web a été fondé en juillet 1996 par Jan Čulík , maître de conférences en études tchèques à l’ Université de Glasgow , en Écosse.
Ci-joint l’article transmis par un ami tchèque, tiré de l’édition du 4 mai 2023
« Les premiers signes de guerre civile sont évidents en Russie »
La menace de Yevgeny Prigozhin, le chef de la société militaire privée Wagner, de quitter le front de Bakhmut en Ukraine est qualifiée de rébellion. Et s’il reste impuni, ce qui paraît probable, il représente « le premier signe d’une guerre civile en Russie », estime Igor Ejdman pour le journal ukrainien Gordonua.com .
« Si cela s’était produit dans n’importe quelle armée pendant la Première ou la Seconde Guerre mondiale, cela aurait été qualifié d’urgence et un tel rebelle dans la direction militaire aurait été immédiatement arrêté et très probablement abattu ».
Mais dans les guerres civiles, dit Ejdman en tant que Russe qui a étudié la guerre civile dans les premières années après la révolution bolchevique, un tel comportement est « assez courant ». Aujourd’hui comme alors, de nombreux commandants sont prêts à agir de cette manière et à lancer ainsi une nouvelle « atamanshchyna » en Russie.
Ce terme fait référence au règne des atamans et à la domination de formations armées incontrôlées en l’absence ou lors d’un affaiblissement significatif du pouvoir de l’État. A cela, Ejdman ajoute que c’est « la forme la plus dangereuse de guerre civile. Lénine voulait transformer une guerre impérialiste en guerre civile ; Poutine est sur le point de le refaire ».
Selon le sociologue, la prochaine étape de ce processus sera « des affrontements entre des unités de l’armée régulière et le PMC [Personnel Militaire Contractuel?] de Wagner. De tels combats pourraient commencer après que l’armée russe ait subi de nouvelles défaites et lorsque chaque camp essaiera de blâmer l’autre pour ce résultat – et saisir autant que possible les ressources militaires en diminution qui restent ».
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