France, 09/01/22, 1h, Brasilia, 08/01/22, 22 h. Putsch bolsonariste à Brasilia, qui semble échouer, mais les évènements sont en cours. 2023 a commencé !
Nous ne revenons pas ici sur les faits, qui se poursuivent. Voici un premier billet de leçons politiques sur ces évènements de première importance, par Alexis Mayet.
L’opération trumpiste au Capitole, et désormais la tentative de coup bolsonariste posent frontalement la question concrète des conditions de la prise de pouvoir, si une rupture progressiste et démocratique devait intervenir, y compris, ou particulièrement, en France.
L’élection de Biden ou de Lula ne constituent pas des changements de régime, mais un recul de l’extrême-droite du pouvoir élu.
Pour autant, même dans ce contexte, la réaction violente de miliciens, assistée ou permise par une partie des forces armées (policières ou militaires) a été rendue possible. Qu’adviendrait-il alors si un mouvement populaire portait, même électoralement, un gouvernement de rupture au pouvoir ?
L’élection ne règlerait rien. Elle aurait pour suite « naturelle » l’affrontement. Dans un tel affrontement, il apparaît évident que la majeure partie des corps constitués de la Ve République agiraient de concert contre la légitimité électorale et populaire, ou s’abstiendraient d’agir contre les fauteurs de trouble, et des officines, telles qu’Alliance, manœuvreraient au service du sabotage du pouvoir légitime et s’y attaqueraient.
Sans aucune naïveté, il faut tirer les leçons du Brésil ou des États-Unis, tout comme il aurait fallu, dans une autre mesure, tirer les leçons du coup d’État chilien, pour intégrer cette donnée : aucune élection n’assurera la mise au pas de la Réaction et des corps armés, d’autant moins lorsqu’une volonté populaire non pas d’alternance, mais de rupture, interviendra.
En France, jamais les forces de l’ordre établi n’accompagneront la rupture avec la Ve République qui garantit leur existence même. Et ce n’est pas l’organisation d’un référendum ou l’octroi par un obscur alinéa de l’actuelle Constitution d’une pseudo-Constituante qui permettra ni la rupture avec le régime en place, ni la protection contre la menace réelle de coup orchestré par les protecteurs de l’Ordre et l’extrême-droite.
Il faut intégrer à la réflexion sur la rupture démocratique pour une république sociale ce paramètre de l’affrontement, qui n’est pas un risque, mais une certitude : quelle devra être l’auto-défense populaire des exploités à organiser ? Les manifestations de syndicats, de Sans-terre, qui s’annoncent au Brésil dans les prochaines heures en donneront certainement une idée.
Dans les médias les périphrases fleurissent pour ne pas nommer la tentative de coup d’ état fasciste de Bolsonaro.
Ainsi on parlera « d’actes terroristes », « d’ébranlement du consentement démocratique », « d’attaque des lieux de pouvoir », d’ « explosions de vandalisme » et autres « tentatives d’insurrection à ciel ouvert » .
« L’insurrection à ciel ouvert » a d’abord reposé sur l’ouverture du périmètre des bâtiments officiels du Congrès, de la présidence et de la justice par le chef de la police et le gouverneur de Brasilia.
Le cri des manifestants, leur banderoles réclamant « l’intervention des militaires » devaient ensuite être la légitimation populaire à la sortie des casernes et à la prise effective du pouvoir par l’armée.
Enfin le retour de Bolsonaro aurait donné une figure de chef au régime de dictature militaire.
Le scénario du coup d’état militaire, tel qu’il est facile à reconstituer après son échec, mérite d’être appelé par son nom et qualifié de fasciste pour que l’on puisse dépasser les interprétations d’improvisation, de chaos et de vandalisme désordonné qui pourraient être inspirées par le visionnage des images de l’actualité continuelle sur les chaines ou les réseaux. L’ impressionnisme n’est pas de mise pour traiter l’ordre du jour : vaincre le coup d’état fasciste, défaire les partisans de la dictature militaire. Mais par quel moyen ?
En s’adressant à la police dont les chefs sont partie prenante du coup d’Etat et dont les flics se mêlaient aux fascistes pour faire des selfies ? En s’adressant aux militaires avec lesquels les fascistes de Bolsonaro fraternisent depuis des semaines en campant devant leurs casernes ?
Il n’y a que les travailleurs du Brésil, avec leurs organisations syndicales et politiques, qui puissent écarter la menace du coup d’état fasciste. Avec les armes des travailleurs : en prenant la rue et en appelant à la grève générale.
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