Tous les médias, commentateurs et politiciens bruissent d’inquiétude (feinte ?) concernant la possibilité d’un accident nucléaire à Zaporijia, mais AUCUN d’entre eux ne met en avant, ne mentionne même, la seule attitude qui permettrait de réduire considérablement la possibilité de tels accidents : la mise à l’arrêt des réacteurs de quatre centrales nucléaires d’Ukraine (ce qui certes est devenu difficile à Zaporijia mais reste possible pour les trois autres) et la mise en sécurité de leurs combustibles et déchets nucléaires.

Une telle attitude serait incompréhensible si l’on ignorait le fait qu’une telle décision porterait un coup important aux nucléocrates de tous poils pour qui le nucléaire, « énergie décarbonée », serait une solution acceptable, sinon excellente, à la crise énergétique actuelle du système capitaliste.

S’il existait encore un « mouvement ouvrier » digne de ce nom en France, la situation actuelle de Zaporijia serait une occasion en or pour lancer une campagne massive, avec grèves et manifestations dans toute la France, pour mettre fin au programme nucléaire civil en France, renoncer aux nouveaux projets de Macron à cet égard, en prenant en compte le risque qu’un jour ou l’autre la France, pays le plus nucléarisé du monde, se retrouve face à une menace similaire sur ses réacteurs nucléaires.

Si cela n’est pas envisageable aujourd’hui, c’est en raison notamment de l’existence de la NUPES, mariage de la carpe et du lapin, où des anti-nucléaires (en paroles du moins) comme EELV et la FI se retrouvent enchaînés à des staliniens sur le retour, favorables aux nucléaires civil comme militaire. Cette alliance fait peser de sérieux doutes sur la sincérité anti-nucléaire des premiers. La NUPES continuera-t-elle d’être silencieuse sur ce sujet si un accident nucléaire a lieu à Zaporijia, dont les conséquences pourraient se faire sentir très loin de cette centrale ? Doit-on attendre passivement cet accident, comme fascinés par le serpent nucléocrate ?

Alain Dubois

27 août 2022