Le 3 août dernier, soutenant les manœuvres militaires chinoises menées autour de l’île de Taïwan au prétexte de la visite de la présidente du Congrès US, Jean-Luc Mélenchon écrivait sur son blog :
« Taïwan est un sujet tendu depuis la libération de la Chine. Mais, pour les Français depuis 1965 et le général de Gaulle, il n’y a qu’une seule Chine. Elle siège au Conseil de sécurité. Taïwan est une composante à part entière de la Chine. Le premier gouvernement alors national dictatorial de l’île, celui de Tchang Kaï-chek, prétendait d’ailleurs reprendre le contrôle de la « Chine continentale ».
Depuis, chacun s’en tient à une volonté de coexistence pacifique, en attendant mieux. Quoi ? Les Chinois régleront le problème entre eux. Il n’y a pas d’autre issue raisonnable possible.
Mais on voit bien comment les USA veulent ouvrir un nouveau front. On devine d’avance le lamento anti Chinois qui va bientôt nous être servi sans relâche par les chaînes de propagande en continu. »
Le lendemain, l’ambassade de Chine populaire en France le remerciait :
« Merci à Jean-Luc Mélenchon pour son soutien constant à la politique d’une seule Chine. » (ambassade de Chine en France, 4 août) – deux autres remerciements de l’ambassade suivront les jours suivants : l’un au PCF, le troisième au PRCF (groupuscule stalinien).
Le 11 août, Lucien Gauthier affirmait dans l’éditorial du journal Informations Ouvrières, organe du POI (Parti Ouvrier Indépendant, qui est aujourd’hui la colonne vertébrale de la France Insoumise, investi dans cette fonction par J.L. Mélenchon), après avoir expliqué que l’OTAN encercle la Russie et veut faire pareil avec la Chine (nous laissons nos lecteurs s’amuser à regarder une carte pour repérer où est réellement l’OTAN autour de ces deux États) :
« Oui, Jean-Luc Mélenchon a raison : Il n’y a qu’une seule Chine, qui doit être défendue par les travailleurs du monde entier. »
Le 18 août, Daniel Gluckstein soutenait à son tour J.L. Mélenchon, tout en soulignant une contradiction entre les interventions « insoumises » déplorant l’insuffisance des moyens militaires de l’impérialisme français, et sa position sur, ou plutôt contre, Taïwan, dans l’éditorial de la Tribune des Travailleurs, organe du POID (Parti Ouvrier Indépendant Démocratique) :
« Au même moment, Jean-Luc Mélenchon rappelait que Taïwan est partie intégrante de la Chine et que les conditions du retour à l’unité de la Chine sur tout son territoire national historique sont du seul ressort du peuple chinois. Mélenchon a raison. Mais un même parti peut-il en même temps dénoncer les préparatifs de guerre et s’y associer ? »
Commençons par dissiper une incompréhension : il n’y a nulle contradiction, chez J.L. Mélenchon, entre la défense de la « grandeur de la France » au nom du « non-alignement » de l’impérialisme français, et sa position sur « une seule Chine ». Bien au contraire. Mélenchon se réfère à De Gaulle reconnaissant la République Populaire de Chine comme étant « la Chine », en 1965 (celle-ci n’obtiendra le siège chinois de membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU qu’en 1971, à la place de Taïwan qui jusque-là était censé y représenter, depuis 1949, « la Chine », ce qu’il néglige de préciser dans son billet).
Pour De Gaulle, premier président de la V° République, comme pour Mélenchon, candidat à la formation d’un gouvernement de cohabitation avec son président actuel, le renforcement des capacités dites « de défense » de la France, à commencer par les armes nucléaires d’anéantissement de l’humanité, et les relations avec le pouvoir de Beijing, font bien partie d’une seule et même politique, une politique impérialiste, et, de leur point de vue, ils sont cohérents. La contradiction que croit dénoncer D. Gluckstein entre ces relations et ce budget militaire est donc imaginaire. C’est chez lui qu’il y a contradiction : combattre la politique impérialiste de la France implique d’en combattre toutes les dimensions, la « chinoise » comme la militaire.
Ceci précisé, quel est le rôle politique mondial de la formule « il y a une seule Chine » ?
Lorsque les puissances impérialistes victorieuses la seconde guerre mondiale s’associent pour créer l’ONU et son « Conseil de Sécurité », elles y font une place à la Chine, représentée par le parti nationaliste bourgeois Guomindang et le dictateur Jiang Jieshi (Tchang Kai Tchek dans l’ancienne translittération du temps de De Gaulle, qu’utilise encore J.L. Mélenchon).
Mais ce régime, corrompu et incapable, qui n’a pas su combattre l’invasion japonaise, s’effondre sous son propre poids, sous celui du rejet populaire et des armées du Parti Communiste Chinois qui prennent le pouvoir dans toute la Chine en 1949, sauf à Taïwan où s’installe Jiang Jieshi sous la protection de la flotte nord-américaine. Il s’y livre, le fait est peu connu, à une véritable guerre de conquête (200.000 morts !), car justement les taïwanais ne se sentent pas si chinois que cela, qu’ils soient de langue chinoise Min comme les habitants du Fujian, sur la côte en face, et comme beaucoup de chinois de la diaspora (73% de la population) ou de langue chinoise Hakka, comme les coolies et prolétaires importés au XIX° siècle par les trafiquants de main-d’œuvre (15% de la population), ou comme les « aborigènes » habitant le centre montagneux (3%), nullement apparentés aux chinois. Les « chinois proprement dit » forment la couche la plus urbaine et la plus riche du pays, renforcée par l’armada de militaires, bureaucrates et commensaux de Jiang – entre le mandarin, le Min et le Hakka, les différences sont comparables à celles du français et de l’italien, l’écriture, non phonologique, servant de moyen d’homogénéisation).
Auparavant, Taïwan a été colonisée par les Japonais, encore auparavant par l’empire chinois de la dynastie mandchoue, et avant le XVII° siècle l’île, sous le nom de Formose, était exploitée par des marchands pirates japonais, chinois, portugais et arabes.
Il n’y a donc nulle évidence à proclamer que Taïwan serait la Chine. En fait, les couches cultivées et une partie des prolétaires de langue chinoise Min ou Hakka ont aspiré à rejoindre une nation chinoise démocratique, citoyenne, et souveraine, durant les guerres de libération anti-japonaise. Mais l’oppression par le Guomindang, puis l’effet repoussoir de l’oppression de la Chine continentale par le PCC, ont fait refluer cette aspiration. La « démocratie nouvelle » de Mao n’a jamais vu le jour, puisque la démocratie a toujours été bannie. C’est la bureaucratie stalino-maoïste qui a bloqué l’achèvement de l’unification de la nation chinoise, ici comme à Hong-Kong et Macao.
En 1971, la « seule Chine » devient la RPC, reconnue comme partenaire par les puissances impérialistes du Conseil de Sécurité. Mais par la suite, les luttes populaires et démocratiques à Taïwan ont mis fin à la dictature du Guomindang. En 1992, des associations ad hoc créées par les grandes familles commerçantes échangeant de part et d’autre du détroit, sous l’égide du PCC d’un côté, du Guomindang de l’autre, ont proclamé qu’il n’y a qu’ « une seule Chine » dont font partie la RPC et Taïwan. En 2005, le chef du Guomindang Lien Chan et le chef du PCC Hu Jintao, se sont rencontrés officiellement à Nanjing pour proclamer ouvertement leur ligne commune sur « la seule Chine », la leur, dirigée aussi bien contre les ouvriers grévistes et la jeunesse de Tian An Men réprimés en RPC que contre la majorité des taïwanais.
Car à Taïwan, ce « consensus » est rejeté par une majorité de la population qui a chassé à nouveau le Guomindang par la voie des urnes : les descendants des « aborigènes » austronésiens, les couches les plus pauvres du prolétariat souvent de langue hakka, la jeunesse qui craint la dictature du PCC et ne veut pas d’un retour à celle du Guomindang, et les couches capitalistes non orientées vers les échanges avec la RPC mais plutôt vers la production mondialisée électronique et informatique, forment cette majorité socialement hétérogène.
Sans toujours se sentir « non chinoise », cette majorité ne veut pas d’ « une seule Chine » dont le seul sens aujourd’hui, si le régime de Beijing ne tombe pas, est l’annexion et à nouveau l’écrasement de toutes les libertés démocratiques – comme en 1949, comme à Hong-Kong aujourd’hui !
Donc, en ignorant la démocratie, expression de la volonté de la majorité, Jean-Luc Mélenchon, le POI et le POID, se situent en réalité non sur le plan de la défense du droit des nations à disposer d’elles-mêmes, mais sur celui du Guomindang, qui a asservi Taïwan en 1949 et est aujourd’hui dans l’île la principale force liée au PCC, puisque la même classe dominante, capitaliste et impérialiste, agit à travers eux.
Il est vrai que c’est un certain Joseph Staline qui, en 1926, applaudissait chaudement son camarade Jiang Jieshi, alors « membre honoraire du Bureau exécutif de l’Internationale communiste », le même qui allait, peu après, massacrer les communistes, les ouvriers, les jeunes, les paysans, par centaines et centaines de milliers à Canton et à Shanghai.

.. des partisans surtout de la continuation et de l’extension de la dictature totalitaire du PCC , ce qui est une abomination de plus de la part du POI et du POID, cache-sexes des principaux héritiers décomposés du courant trotskyste- lambertiste après leur soutien à peine masqué à la guerre de Poutine contre l’Ukraine.
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Ce développement historique, intéressant, pertinent, plausible, me fait penser (suis-je le seul ?) à tout ce qui a pu être dit, par Poutine mais aussi par d’autres, avec des nuances dans un sens ou dans un autre, à propos de l’histoire de l’Ukraine, sa capitale, qui fut la capitale de la première Russie, etc.
Est-ce vraiment le sujet ?
Sur l’Ukraine, JLM dit que Poutine est l’agresseur mais qu’il faut rechercher la paix, peut-être par quelque accord comme l’ancien accord de Minsk.
Si j’ai bien suivi, VP pense qu’il faut rechercher la défaite de la Russie, par les armes, il souhaite davantage d’engagement français, plus de livraisons d’armes.
Concernant Taïwan, Mélenchon dit que les choses étant, sur le plan de la légalité internationale, ce qu’elles sont, le gouvernement de la France ne doit pas s’associer à une modification de cette situation par les armes, il soupçonne les USA de vouloir « ouvrir un nouveau front » et y est opposé.
Toutes explications historiques mises à part, que propose VP ? Que le gouvernement français envoie ses cuirassiers en mer de Chine pour défendre les taïwanais indépendantistes ?
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Voila qui s’appelle jouer au c..
Mais reprenons.
1) s’il y a une ressemblance avec Poutine sur les ukrainiens, c’est dans les propos de Xi et ses hommes sur les taiwanais, qu’il va falloir rééduquer parce qu’ils sont chinois même s’ils disent le contraire, etc. Cela c’est le sujet.
2) Quant à savoir ce que pense « VP » non pas de la « défaite de la Russie », son sujet n’est pas celui-là, c’est le fait de « chasser Poutine », qui correspond à la ligne éditoriale suivie ici et se trouve dans quantité d’articles, et ne correspond donc pas à la présentation biaisée que tu en fais là. Je ne demanderai pas « dans quelle intention », quoique …
3) Mélenchon ne dit pas cela (outre que la « légalité internationale » est contestable …) il soutient la position de la RPC, or la RPC prépare ouvertement un débarquement et une occupation de Taiwan. Quand à « VP » il est tout simplement dans une position internationaliste de défense du droit de tous les peuples à disposer d’eux-mêmes, sans faire d’exception. Tenter de faire passer cette position pour un appel à la guerre côté français, tout en ne disant rien de la guerre qui se prépare à Beijing, c’est un procédé qui rappelle, comment dire … mais restons polis.
4) que veux dire « toute explication historique mise à part » ? que l’histoire, c’est-à-dire la réalité, on s’en fout ? Comme ça on peut inventer n’importe quoi ?
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Si j’ai simplifié et déformé ta position, je le regrette , je te demande de m’en excuser.
Il me semble que toi aussi, tu caricatures et tu simplifies. Mélenchon ne soutient pas « la position de la RPC » –qui prépare un débarquement et une occupation de Taiwan– il défend le statu quo, au nom du maintien de la paix et de la « légalité internationale » telle qu’elle est aujourd’hui –si critiquable qu’elle puisse être, qui dit jusqu’à présent que Taiwan c’est la Chine.
Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes n’est pas une chose aussi simple que ce ne l’est à énoncer, pour une raison : qu’est-ce que « le peuple » en question ?
L’histoire justifie cent fois le droit du peuple catalan à disposer de lui-même. Mais certains catalans n’y trouvent pas leur compte, et de nombreux castillans vivent en catalogne. Mélenchon, à l’époque s’est clairement déclaré neutre pour ce qui concerne l’indépendance de la Catalogne.
Il peut aussi y avoir débat pour l’Écosse.
Et je ne sais pas si les travailleurs et les paysans Taiwanais sont tellement enthousiasmés par une indépendance qui signifierait fatalement une entrée dans la sphère américano-australienne. Je ne le sais pas.
De même je ne sais pas si les tibétains d’origine auraient préféré l’indépendance. Je sais, par contre, que les indépendantistes en Martinique et en Guadeloupe sont minoritaires pour la bonne raison que l’indépendance gagnée par les habitants d’îles voisines (anciennement britanniques) comme Sainte Lucie.. n’a pas été une bonne opération pour leur niveau de vie.
Tout cela pour dire que proclamer « je suis pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » n’est pas suffisant.
Je ne me sens pas obligé d’avoir une opinion sur tous les sujets politiques. Pire : je ne pense même pas qu’un parti révolutionnaire soit obligé d’avoir une position sur tous les sujets politiques. Je ne crois pas que le marxisme soit un couteau suisse capable de répondre à tous les usages.
Quand on n’a pas de « bonne réponse », on reste coi. C’est ce que je fais, et c’est ainsi que je comprend la position de Mélenchon.
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D’abord, merci pour tes précisions.
Il est exact que Mélenchon soutient le statu quo officiel, mais le statu quo officiel est ce sur quoi s’appuie la RPC car il dit « une seule Chine ».
Il ne reste pas coi du tout : d’ailleurs l’ambassade de Chine l’a bien compris qui le félicite …
Certes, on n’est pas obligé d’avoir une position sur tous les sujets, mais quand il s’agit de rien de moins qu’une guerre imminente à risque mondial …
Quels sont les « peuples » ou les nations dont il convient de défendre le droit à disposer d’eux-mêmes ? le seul critère possible est ce que disent les populations, à savoir leurs majorités, elles-mêmes aujourd’hui. La seule difficulté ici, réelle, est de discerner cette expression quand elle est brimée. Mais dans les cas taïwanais ou catalans la réponse aujourd’hui s’impose (il est d’ailleurs significatif que sur la Catalogne aussi, la position de Mélenchon soit le statu quo, comme nos gouvernants, c’est-à-dire la défense de la monarchie espagnole).
Taïwan est de fait indépendante avec des libertés démocratiques inexistantes sur le continent. Acter cette indépendance ne changera rien aux rapports réels avec la sphère « américano-australienne », l’exclure signifie la porte ouverte à l’annexion avec écrasement total des libertés démocratiques et syndicales.
Comprendre cela ne signifie pas utiliser « le marxisme » comme un couteau suisse, mais simplement utiliser sa cervelle et se positionner du point de vue des intérêts du plus grand nombre, et c’est à la portée même de ceux qui n’ont à leur disposition ni couteau suisse, ni les trois tomes du Capital, même si ces derniers peuvent y aider plus que le couteau suisse. La docte ignorance neutre que tu prête à Mélenchon n’est rien d’autre que la défense de l’ordre existant.
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Je suis assez d’accord avec ce que tu écris. Tu exprimes le point de vue d’un analyste marxiste.
Mélenchon, et ses amis du POI (tout comme moi qui suis ami de certains de ces derniers) se placent, avec JLM du point de vue de quelqu’un qui veut diriger un grand pays. D’où la question : une fois qu’on a dit que, si la majorité de la population le décide, Taiwan peut se dire officiellement indépendante, que fait la France ? Et d’ailleurs, que font les européens, que font les USA ?
Je ne sais (évidement) pas si la Chine envisage un débarquement à Taiwan, une sorte d’opération de « la baie des cochons ».
Si la Chine envahit Taiwan, elle sera condamnée (y compris par Mélenchon) comme Poutine a été condamné.
Mais y aura-t-il intervention militaire ? Validée par l’ONU ? Je dirais que c’est peu probable. Il y aura sans doute de grosses perturbations dans la production de semi-conducteurs.
La Chine est en passe de devenir la puissance politique et économique dominante dans le monde, ceci avec des conséquences incalculables.
L’impérialisme US peut-il « vivre » comme puissance secondaire (rôle du dollar, etc) ?
C’est relativement à cette question que je comprend en effet comme une provocation la visite de Nancy Pelosi à Taipeh. Et aussi d’ailleurs les sanctions brouillonnes prises par « la communauté » contre les oligarques et Poutine.
Dans la lignée géopolitique de de Gaulle, Mélenchon se pose en « neutre ». C’est aussi ce que fait Macron, en dépit de telles ou telles déclarations. Un gros argument en faveur de cette « neutralité », c’est que la France n’y peut, clairement, rien.
Je me souviens que Aplutsoc a fait campagne pour le boycott des élections présidentielles. Pour moi, c’était un combat « hors sol ». Critiquer Mélenchon, ou le POI, à propos de Taiwan, à mes yeux c’est du même tabac : cela ne sert à rien.
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« Donc, en ignorant la démocratie, expression de la volonté de la majorité, Jean-Luc Mélenchon, le POI et le POID, se situent en réalité non sur le plan de la défense du droit des nations à disposer d’elles-mêmes, mais sur celui du Guomindang, qui a asservi Taïwan en 1949 et est aujourd’hui dans l’île la principale force liée au PCC, puisque la même classe dominante, capitaliste et impérialiste, agit à travers eux. »
Ce malheureux VP a la particularité dans ses analyses d’ignorer l’essentiel à savoir la lutte de classe, excusez du peu !
Le POID ne défend pas la Chine (sauf bien sûr en cas d’agression par l’impérialisme US) mais la classe ouvrière chinoise contre la bureaucratie d’état !
Assez des confusions avec le POI qui se drape dans l’étendard versaillais et la politique front populiste de Mélenchon, apôtre de la cohabitation avec Macron après avoir voté les centaines de milliards d’euros versés pour l’essentiel aux grands groupes capitalistes alimentant ainsi la spéculation à tout crin et l’envol de la bourse
Je l’ai déjà dit, la Chine n’est pas ( encore!) un pays capitaliste, encore moins impérialiste ! le 1991 chinois n’a pas encore eu lieu même si la bureaucratie chinoise reste le meilleur agent de la restauration capitaliste, simplement qu’aujourd’hui, confronté à la crise mortelle de son système , l’impérialisme US n’a plus le temps d’attendre mais tous les deux, impérialisme comme bureaucratie, doivent faire face à des centaines de millions de travailleurs attachés à la propriété d’état encore largement majoritaire ( tout comme la propriété publique aux niveau régional et local), à la planification impérative et au yuan inconvertible …et dont la restauration capitaliste en mettrait immédiatement des dizaines et dizaines de millions au chômage.
C’est d’ailleurs pour cette raison que contrairement à Poutine et sa dénonciation de Lénine (père d’une Ukraine souveraine et indépendante, quelle horreur pour lui !), les bureaucrates chinois mettent toujours en avant leur attachement à Marx, à l’Internationale et à Lénine même si bien sûr leur idole reste Staline et sa dictature SUR le prolétariat !
Quant à Taïwan, quand on voit les résultats à Hong Kong, on ne peut que défendre le droit de la population de l’ile à se déterminer librement, démocratiquement, pour le rattachement au continent ou pour l’indépendance pure et simple.
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Daniel Coquema qui confond le projet éditorial d’Arguments pour la lutte sociale avec un quelconque réseau social, croit bon de commencer ses assertions répétitives ( il se souvient parfois lui-même qu’il se répète) par quelque épithète dépréciative à l’encontre des rédacteurs.
Ainsi les camarades d’Aplutsoc qui ont eu droit à de nombreuses marques de commisération coquemalséantes, seraient, de notre point de vue, largement autorisés à ignorer définitivement les redondances de ce prolixe contradicteur, prompt à exiger la publication immédiate de ses mantras au nom de la démocratie.
Au nom de la démocratie, Coquema serait bien avisé de s’offusquer que son journal la « TT » ne publie aucune des pétitions réclamant la libération du militant du mouvement social ukrainien Maksym Butkevitch ou autres communiqués soutenant la résistance ukrainienne et le droit du peuple d’Ukraine à sa souveraineté. Le POI non démocratique ne fait pas pire. Que la prétention démocratique du POID ne résiste pas à l’épreuve du feu de Poutine, cela ne dérange pas Daniel Coquema.
Sur le sujet du jour, la nature de l’État chinois, Coquema nous l’a déjà dit (nous dit-il) « La Chine n’est pas (encore !) un pays capitaliste, encore moins impérialiste ! » (c’est à chaque fois lui qui se rassure en s’exclamant). Son chapelet préféré tourne de l’invocation du « Yuan inconvertible », à celle de « la planification impérative » et d’habitude, pour finir, un beau verset sur l’absence de parti de classe des capitalistes chinois, que notre prêcheur a oublié de réciter ce coup-ci.
« Le Yuan inconvertible »
Depuis 2011, la Chine a libéralisé les investissements directs étrangers (IDE) par le biais de yuan offshore (CNH) obtenus légalement.
Une mise à jour de la loi sur les investissements étrangers en 2020 a encore assoupli les procédures, notamment en raccourcissant la « liste négative » des industries considérées comme restreintes ou interdites.
Les transferts de fonds transfrontaliers effectués par les « entreprises à investissements étrangers » ont également été assouplis, les investisseurs étrangers pouvant effectuer à leur guise des transferts de fonds en dehors de la Chine en Yuan ou en devises étrangères.
En commençant par Shanghai en 2013, la Chine a donné la priorité à la création de zones de libre-échange. Les provinces de Guangdong, Tianjin et Fujian ont été choisies pour accueillir le projet pilote de zones franches.
Conçues pour attirer les investissements étrangers, notamment grâce à un assouplissement des réglementations au sein de cette juridiction spécifique, les zones économiques spéciales chinoises permettent l’importation et l’exportation en franchise de droits.
Au-delà de la stimulation du commerce extérieur, les ces zones servent de terrain d’essai pour des réformes plus larges dans des domaines tels que le dédouanement et le règlement des opérations de change.
Des résultats allaient suivre :
En septembre 2014, Paris avait déjà émis 2 milliards de yuan d’obligations (240 millions d’euros).
En 2017 le Yuan, était classé en 13ème position par les opérateurs de marché et considérée alors comme « devise de paiement émergente ».
En 2019 le capitalisme chinois avait réussi à hisser le Yuan au 5ème rang des devises les plus utilisées pour les paiements internationaux. Selon les responsables des marchés bancaires chez SWIFT, le Yuan est aujourd’hui une devise couramment employée. Les capitalistes chinois se sont lancés dans une opération de marketing sur toutes les grandes places financières mondiales pour créer un marché international permettant de réaliser toutes les opérations en Yuan. Les places sélectionnées pour en faire des centres offshores permettant l’utilisation du Yuan hors de Chine sont : Londres, 60% des échanges, Paris Francfort et le Luxembourg se disputant les opérations sur le Yuan dans la zone euro en multipliant les services : chambres de compensation pour les règlements en devise chinoise, quotas d’investissements, émissions d’obligations « dim sum bonds », etc.
C’est le FMI qui nous apprend, en mai 2022, que la pondération du yuan a été relevée de 10,92 % à12,28 % (soit plus que la part des monnaies japonaises ou britanniques) dans la composition du panier des Droits de Tirage Spéciaux (DTS) qui sert de réserve internationale. Cette augmentation de la part du Yuan dans la réserve du FMI est intervenue à la mi-mai quand le cours de la devise « contrôlée par l’Etat chinois » subissait sa plus forte baisse depuis deux ans de ralentissement de l’économie chinoise due à la pandémie.
Cela permet notamment au FMI d’octroyer à un état en difficulté des prêts en Yuan plus importants et constitue un levier pour développer l’utilisation de la monnaie chinoise au niveau international.
En outre, la Chine a poursuivi l’internationalisation du Yuan en créant son système de paiement interbancaire transfrontalier (CIPS), lancé en 2015 comme alternative au réseau SWIFT. CIPS a connu une augmentation de près de 80 % des volumes entre 2017 et 2019, avec environ 26 000 milliards de Yuan traités. Son utilisation a explosé dans les pays directement impliqués dans la programme majeur de politique étrangère et d’investissements, de la Route de la soie. Son utilisation sera encore gonflée des flux russes qui ne sont plus traités sur SWIFT.
Le Partenariat économique global régional ( RCEP) est un accord formant un nouveau bloc commercial entre la Chine et quatorze autres capitalismes, dont les pays de l’ ASEAN (Association des nations du sud-est asiatique), ainsi que l’Australie et la Nouvelle-Zélande. C’est une nouvelle occasion pour la Chine de promouvoir le règlement en yuan dans le commerce international, étant donné les grands projets d’investissement générés par l’accord.
Pour accélérer son ouverture et étendre son influence économique, la Chine a aussi développé une bourse du pétrole avec des contrats à terme cotés en yuan.
Les Banques centrales de chaque impérialisme sont de plus en plus nombreuses à détenir des yuans. C’est le cas notamment de la Banque de France.
« La planification impérative »
C’est bien évidemment dans le cadre de la « planification impérative » chère à Daniel Coquema que s’est développée pendant la dernière décennie, l’intégration de la « monnaie du peuple » au marchés financiers internationaux. Dans le cadre du 13e plan quinquennal chinois, adopté par l’Assemblée nationale populaire pour 2016-2020, le Comité permanent du Politburo du Parti Capitaliste Chinois a explicitement fait part de ses ambitions en matière de monnaie en s’engageant à « promouvoir régulièrement l’internationalisation du RMB (Renminbi ou Monnaie du peuple dont le Yuan est l’unité de compte) et à voir les capitaux en RMB devenir mondiaux ».
Pas plus que d’autres gris-gris, la planification ne peut, en elle-même, constituer un critère déterminant la nature d’un Etat. Quelle classe sociale planifie quoi, pour quels objectifs et avec quels moyens, sont quelques questions qui peuvent aider à savoir si nous avons à faire ou non à une politique planifiée de satisfaction des besoins sociaux des peuples.
Ainsi le second plan quinquennal (1958–1962) avait déterminé que la production de produits agricoles devrait augmenter de 270 % . Mais le « Grand Bond en avant », qui a déplacé des millions de travailleurs agricoles dans l’industrie et la « Campagne des quatre nuisibles » (ou campagne « Tuez les moineaux »), qui a entraîné une prolifération des criquets, ont causé une énorme baisse de la production alimentaire. Les responsables locaux ruraux, harcelés sur leurs objectifs, ont largement exagéré la quantité de céréales disponible. De plus, la plus grande part de la production réelle a été servie aux villes ou exportée. Plus de 30 millions de Chinois sont morts de faim, « la grande famine de Mao » ayant sévi le plus violemment dans les campagnes.
Les propositions de la direction du Parti Capitaliste Chinois pour le 14e plan quinquennal ont été adoptées le 29 octobre 2020 . Ont été définis les objectifs du développement économique et social pour la période 2021-2025, ainsi que des objectifs de long terme à l’horizon 2035. L’intégration au marché mondial et la suprématie du Yuan sur les places financières seront, si l’humanité survit jusque-là, les résultats de l’orientation de la production industrielle vers des marchandises des secteurs technologiques à plus forte valeur ajoutée y compris les armements, vers la couverture de l’immense marché domestique et le développement de l’export par les routes nouvelles du commerce chinois. Le Yuan comme monnaie de référence pour les places financières et comme troisième composante des Droits de Tirage Spéciaux du FMI sont des éléments propres à caractériser l’extension du capital financier telle que Lénine l’a définie dans l’ « Impérialisme stade suprême du capitalisme ».
Le Parti capitaliste chinois
Parmi les croyances en vogue chez Coquema et ses camarades, il faudrait s’arrêter sur celle-ci : Il existe des capitalistes chinois mais pas de classe capitaliste chinoise. Le bourgeois chinois tout riche à milliards qu’il soit, serait au bout du compte sous la menace du Parti qui gère l’Etat et il n’appartiendrait pas à une classe revendiquant consciemment le pouvoir pour elle-même.
La meilleure des sources ( pour Coquema, la revue du CORQI n°10, mai 2018) le reconnait, la réalité c’est que « des milliardaires siègent au Comité central du PCC, d’autres parmi ces riches patrons siègent à l’Assemblée Nationale Populaire ». Les patrons des grandes entreprises privées siègent dans les organismes d’état comme conseillers, sont promus par le PCC à des postes parlementaires dans les Assemblées provinciales ou locales . « Hurun, une revue spécialisée estime qu’ils étaient 153 à figurer dans les assemblées qui se sont tenues début mars 2018 et que leur richesse cumulée s’élevait à 650 milliards de dollars soit 30% de plus qu’en 2017 ». Le plus riche parlementaire est le patron de Tencent (applications et services internet), avec une fortune de 47 milliards de dollars.
Les 523 députés de la province de Liaoning ont reçu des millions du patronat pour qu’ils choisissent des patrons pour l’Assemblée Nationale « Populaire », les 45 représentants de la région ont tous été des patrons. Que la corruption, trop massive, ait finalement été démasquée nous permet de nous rendre compte de l’ampleur des manœuvres d’appropriation des institutions de l’Etat chinois par la bourgeoisie chinoise qui agit bien en classe « pour soi » en investissant le CC du PCC et l’ANP et les organismes officiels.
Défendre l’impérialisme chinois ou défendre le marxisme ?
La méthode du marxisme permet de saisir la nature de classe des organisations sociales à partir d’un questionnement sur leur réalité concrète. D’où viennent-elles, quels changements ont-elles connus, le nombre et/ou l’ampleur de ces changements ont-ils modifié leur nature ?
Les lois et la méthode du matérialisme dialectique sont plus exigeantes que le ressassement de formules toutes faites, mais elles sont la condition de tout combat émancipateur.
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Personnellement, je suis pour le droit des populations de Taïwan à décider librement et démocratiquement, soit de leur indépendance, soit de leur rattachement à la Chine continentale, solution périlleuse dans les deux cas, dans le second quand on voit la situation de Hong-Kong et l’attitude contre-révolutionnaire de la bureaucratie crypto stalinienne et dans le premier face à la volonté de l’impérialisme américain à restaurer le plus rapidement possible le système capitaliste en Chine et à presser la bureaucratie à accélérer le mouvement vers son 1991, malgré les centaines de millions de travailleurs attachés à leurs conquêtes .
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A l’attention notamment de Milo,
Je l’ai dit et répété, la bureaucratie chinoise est effectivement le meilleur agent de la restauration capitaliste, tout comme la bureaucratie stalinienne avec l’URSS en 1991, comme l’avait prédit Trotsky dans le programme de transition !
Les nombreux pas en avant dans cette direction pro capitaliste ne me surprennent donc pas, mais toujours pas de 1991 en Chine (!) et l’impatience de l’impérialisme américain, face à la crise mortelle de son système, tout comme la bureaucratie crypto stalinienne, doivent tenir compte des centaines de millions de travailleurs chinois attachés à leurs conquêtes.
Dans la réponse de Milo, pas de lutte de classe, et pour le POID, défense des travailleurs chinois contre la bureaucratie et défense de la Chine contre toute agression impérialiste ( cf Trotsky pour l’URSS dans les années 30).
Par ailleurs, pourquoi donc, contrairement à Poutine (à la tête d’un pays capitaliste semi-mafieux et semi-compradore pour nombre d’oligarques), aucune dénonciation de Marx, Lénine, l’Internationale ??
Eh non, Milo, le parti au pouvoir ne s’appelle pas « parti capitaliste » mais parti « communiste »… mais pourquoi donc ces pudeurs de gazelle si le Chine avait fait son 1991, a fortiori si elle était devenue un pays impérialiste ( par le mystère du saint-esprit ?)
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