L’été 2022 a vu une « aggravation, plus qu’ à l’ordinaire, de la misère et de la détresse des classes opprimées », pour reprendre une vieille formule. La pression pour les salaires sur le marché du travail et les grèves sont incontestables, mais sont bien sûr dépassées par la hausse des prix, la fonction principale du gouvernement étant d’éviter la « spirale prix-salaires ». Résultat : selon les chiffres du ministère du Travail du 12 août, le salaire mensuel de base a reculé de 3,1% en un an. La paupérisation gagne de larges couches de la jeunesse.
Mais une énorme aggravation provient pour toutes et tous de la sécheresse et de la chaleur accablante quand ils n’ont pas vu les flammes approcher, le tout interrompu seulement par des orages violents et des inondations. La crise du climat, c’est la crise du mode de production capitaliste qui assèche et pompe le milieu de vie. Et voila qu’on nous fait la morale : « la prise de conscience est là », « cette fois-ci, vous allez devoir vous adapter », « apprenez les petits gestes écoresponsables », et attention Darmanin va créer un corps de « gendarmes climatiques ».
Ceux-là même qui nous insultent ainsi sont ceux qui, alors qu’en effet, l’été 2022 est celui du choc thermique sur l’Europe occidentale, comme l’a déjà connu l’Inde – et au même niveau ! -, ne font strictement rien. Au contraire, ils bloquent l’action qui serait immédiatement nécessaire pour restaurer une forêt diversifiée et un service public de la forêt à nouveau digne de ce nom. Au contraire, ils bloquent toute mesure visant à stopper les émissions massives de gaz à effet de serre, en commençant par exemple par l’interdiction et la séquestration immédiates des navires de « croisière » et des jets privés … de ceux qui nous gouvernent. Et face à la « crise énergétique » qui s’annonce, non seulement à cause de la « guerre en Ukraine » comme ils disent (c’est-à-dire de la guerre impérialiste russe de destruction de l’Ukraine), mais aussi parce que le parc nucléaire français vieillit et finit d’assécher les rivières, ils n’ont qu’un seul programme : serrez-vous la ceinture.
Mais le deuxième trait caractéristique de la situation française est l’insigne faiblesse du pouvoir exécutif. Les propos churchilliens de Macron ne sont pas la marque de la force, mais de la faiblesse : les français « devront faire preuve de force d’âme » et « accepter de payer le prix de la liberté ». Alors que sur le plan diplomatique et militaire, il ne vise pas la victoire ukrainienne et l’effondrement de Poutine qui seuls ouvriraient la voie à l’action des peuples et qu’il craint donc plus que tout, mais un compromis sur le dos des ukrainiens, il utilise la pression de la guerre, et le danger radioactif aiguë créé par la prise d’otage de la centrale de Zaporijjia par l’armée russe, pour annoncer aux français « du sang et des larmes ». La force d’âme à laquelle il appelle n’est pas celle de la défense de la démocratie, mais de l’acceptation de la misère et de la précarité, et le prix à payer n’est pas celui de la liberté, mais du recul massif des salaires, retraites et pensions réels.
Macron, qui devait restaurer une V° République digne du second Empire et qui fut « jupitérien », est devenu le président le plus affaibli de ce régime depuis 1958. L’importance des abstentions et l’absence, parmi les suffrages exprimés, de majorité macronienne, aux législatives de juin, ont, comme il était prévisible, acté et institutionnalisé, en quelque sorte, cette faiblesse, tout en fournissant au gouvernement le terrain d’une cohabitation multiforme avec les « oppositions » – toutes les « oppositions ». Se demander si ce régime est à bout ou s’il est solide est un faux problème. Il est à bout car il a échoué à se renforcer de la manière qu’exigeait le capital financier, il est solide car les « oppositions » ne visent pas à le renverser, mais au mieux à obtenir une dissolution leur permettant ensuite de gouverner avec Macron.
Le vrai problème est : de quoi ont besoin les mouvements sociaux, qui vont se multiplier, pour sortir de cette impasse en se généralisant, en se centralisant et en affrontant l’exécutif et le régime pour gagner ? Ce qui, pour nous, signifierait imposer une assemblée constituante par l’affrontement social.
Les larges masses perçoivent la situation, elles subissent la montée de la misère et le choc climatique, elles réfléchissent sur la guerre et le danger mondial. Tout mouvement d’ensemble prochain soit aura appréhendé ces données, soit les assimilera en avançant. Il faut donc y aider.
Sur notre site, les articles internationaux, notamment sur la guerre de destruction de l’Ukraine, ont été, ces dernières semaines, plus nombreux que les articles « franco-français », mais ils ont cette fonction : aider notre classe, en France, à assimiler cette situation pour agir. Sur le plan dit « géopolitique », il y a consensus entre « les oppositions », particulièrement la NUPES, et le pouvoir exécutif. Sur l’Ukraine : Poutine est méchant mais il ne faut pas d’escalade, il ne doit donc pas être battu. Sur Taïwan : Xi Jinping n’est pas gentil mais il y a « une seule Chine », c’est la position officielle de la France. L’union sacrée « géopolitique » complète la cohabitation parlementaire multiforme pour donner à Macron ce qu’il lui reste d’espace.
CGT et Solidaires appellent à une journée d’action portant notamment sur les salaires le 29 septembre. J.L. Mélenchon a lancé le thème d’une « marche de la vie chère » à laquelle pourrait appeler la NUPES, un samedi, peut-être le 3 ou le 9 octobre. Nous n’avons aucun a priori sur la façon dont les larges masses se saisiront, ou non, de ces initiatives, ce qui nous intéresse c’est l’aide à leur mouvement réel. Pour cela, le plus utile tout de suite serait que l’ensemble des organisations syndicales et l’ensemble des partis se présentant comme d’opposition de gauche annoncent nettement qu’ils boycotteront le « conseil national de la refondation », ce « machin » (dixit Frédéric Souillot de FO) que Macron vient d’annoncer vouloir « installer » le 8 septembre prochain, afin d’engager un « dialogue » pour « partager les diagnostics » sur à peu près tous les sujets du monde, à commencer par « le chantier de l’école, de la santé et des grands services publics ».
Pas de dialogue social, pas de diagnostic partagé !
Unité contre Macron, la misère et la vie chère !
Il me semble que quelque chose manque dans le relevé que nous faisons de la situation en France, ressort sans doute de « la latence » que nous pensons caractériser l’état de la lutte de classes appréhendé du côté des exploités et opprimés : l’analyse et un constat beaucoup plus net de la défaite politique partielle mais d’envergure subie par notre camp social » après les montées depuis Novembre 2018 vers l’affrontement centralisé et possiblement victorieux contre Macron et l’ensemble de son dispositif politique : les appareils et en premier lieu Mélenchon et la FI ont RÉUSSI en 2 ans , chacun à sa place, à disloquer l’expression politique qui aurait pu se réaliser sur le plan électoral de cette montée, avec l’isolement extraordinaire et la position ultra-minoritaire du pouvoir macroniste tels qu’ils étaient archi-patents à la veille de l’entrée dans le cycle électoral .. et la pandémie, c’est à dire au sommet du mouvement contre la réforme des retraites. Et ce n’est pas la toute relative limitation des dégâts avec l’arrivée MALGRÉ TOUT de 150 députés de la NUPES au Parlement, en dépit donc de l’extraordinaire combat de division contre-révolutionnaire mené AVEC SUCCÈS pendant 2 ans en premier lieu par Mélenchon et la FI, pour cadenasser d’abord avec la présidentielle le mouvement de classe tout en s’assurant en plus contre l’émergence d’une candidature unique, ce n’est pas donc ce petit débordement partiel qui change le paradigme de l’état des choses : Macron et les siens sont toujours là, flanqués en plus de 90 députés FN-RN et de 70 députés LR pour l’appoint…
Comment même la résistance à tous les coups qui vont pleuvoir ne serait-elle déjà affectée par l’absence d’issue politique encore plus patente qu’il y a quelques mois ?
Il faut parler beaucoup plus je crois à notre camp du bilan des 2 années écoulées et de la fermeture à double tour de toute perspective politique sérieuse de victoire qui a été opérée dans le cycle électoral et que les appareils prétendent continuer aujourd’hui. NOMMER LES CHOSES… Les exploités et les opprimés sentent confusément qu’ils n’ont pas encore réussi à dégager, même un peu, les obstacles QU’ILS N’IDENTIFIENT PAS BIEN à l’ouverture de cette perspective politique qui leur serait nécessaire, ce n’est pas à mon sens en « en formulant » une ou plusieurs comme nous savons le faire ( Constituante etc..) qu’on peut faire qu’elle soit ouverte, que notre camp social « sente » pour le moment qu’il y en a une…
J’aimeJ’aime
La force des travailleurs c’est leur nombre et leur exaspération actuelle ! Sur la route de leur unité pour chasser Macron et mettre en place un Gouvernement ouvrier rassemblant autour de lui la jeunesse et les couches petites bourgeoises, c’est à dire l’immense majorité du peuple, PLUSIEURS OBSTACLES :
Premièrement, la politique de Mélenchon et de la NUPES revendiquant ouvertement la cohabitation avec Macron dans le cadre des institutions de la Cinquième république !
Deuxièmement, en cas de crise ouverte, la mise en avant à « gauche » d’une politique de Front populaire, « dernière ressource de l’impérialisme contre la révolution prolétarienne » pour Trotsky, dernière ressource avec le fascisme précise-t-il ! (Le Front populaire en France vote majoritairement pour les pleins pouvoirs à Pétain, celui en Espagne se termine par Franco et au Chili par Pinochet ! Dans les trois cas, une politique d’alliance avec la bourgeoisie et ses institutions).
Troisièmement, les journées d’action bidon mises en place par les appareils syndicaux pour protéger le système et épuiser la combativité des travailleurs.
Quatrièmement, le passage avec armes et bagages de partis se réclamant de la révolution dans les filets de Mélenchon, c’est à dire du POI et de la majorité du NPA pendant que LO se fait le rabatteur en chef des « fameuses » journées d’action à répétition organisées par les directions syndicales.
Seul comme parti au niveau national le POID combat pour la grève générale chassant Macron, pour le Front unique à la base ( AG souveraines, comités, collectifs…) aux niveau local et départemental pour imposer ce Front unique au sommet en débordant les appareils et pour construire dans ce pays un parti révolutionnaire capable d’impulser une politique de réelle rupture, de double pouvoir ( cf « tout le pouvoir aux soviets », aux comités comme en Russie de février17 à octobre 17, brisant le premier Front populaire mis en place par Kerensky, et donnant la majorité aux bolcheviks, permettant la constitution d’un Gouvernement tripartite Bolcheviks-Mencheviks de gauche et Socialistes Révolutionnaires de gauche mais très vite l’intervention de 14 armées étrangères sans parler des Blancs à l’intérieur, combinée à l’arriération économique du pays et son isolement ainsi que l’épuisement après 4 ans de guerre mondiale et 3 ans de Révolution , créeront les conditions du passage d’une dictature du prolétariat à une dictature SUR le prolétariat avec Staline.
J’aimeJ’aime