Cette année encore, l’anniversaire de la révolution sandiniste, qui fut longtemps une grande fête populaire, sera suivi avec angoisse par la plupart des Nicaraguayen.nes.

La dérive dictatoriale du régime de Daniel Ortega, à laquelle on assiste depuis son retour au pouvoir en 2007, s’est accélérée en avril 2018, à la suite de la violente répression d’une manifestation de retraités et d’étudiants, qui a déclenché un puissant mouvement de protestation populaire.

Pris de court par cette véritable insurrection civique, Ortega a répondu par un déchaînement de brutalité, qui a fait près de 300 morts et 2 000 blessés. Depuis quatre ans, la répression n’a jamais cessé, recourant aux méthodes les plus terribles des dictatures : recrutement de groupes paramilitaires de choc, de snipers, assassinats, arrestations, intimidations, tortures.

Le bilan de ces quatre années est effrayant : plus de 130.000 exilé.e.s, en majorité au Costa Rica voisin, plus de 1 600 personnes incarcérées depuis 2018, pour la plupart libéré.e.s grâce aux pressions internationales, mais mises sous surveillance, tandis que de nouvelles arrestations intervenaient périodiquement.

Fin 2020, en vue des élections de novembre 2021, une série de lois liberticides ont été adoptées dont celle de « Défense des droits du peuple à l’indépendance, à la souveraineté et à l’autodétermination pour la paix », dont le seul intitulé signifie qu’elle autorise des poursuites envers quiconque oserait critiquer ouvertement le régime. En vertu de cette loi scélérate, en mai et juin 2021, de nombreuses personnalités d’opposition (dirigeant.e.s politiques, leaders sociaux, responsables économiques, journalistes, etc.) qui pouvaient présenter un risque pour Ortega et son épouse et vice-présidente, Rosario Murillo ont été arrêtées.

En janvier 2022 se sont ouverts des procès politiques, en violation flagrante et systématique des droits des détenu.e.s et des règles de procédure. De lourdes peines – de 8 à 15 ans – ont été prononcées, par exemple, contre Dora María Téllez, figure emblématique de la révolution sandiniste ; contre le leader étudiant Lesther Alemán ; contre les activistes sociaux Muhamar Vado et Yader Parajón, Donald Alvarenga, Douglas Cerros, Alexis Peralta ; contre la militante des droits humains Ana Margarita Vijil, ou encore contre l’ex-députée du Parti libéral María Fernanda Flores.

Plus de 190 prisonnier.e.s politiques croupissent aujourd’hui en prison, dans des conditions indignes, parmi lesquels 51 sont depuis un an à l’isolement, dans des cellules disciplinaires. La nourriture est infecte et insuffisante, les visites sont distillées au compte-goutte, les produits d’hygiène et les médicaments sont fournis par les familles, quand l’implacable machine pénitentiaire les y autorise. En janvier, le général à la retraite Hugo Torres, autre figure de la révolution sandiniste, est mort en prison.

En s’appuyant sur les même lois scélérates, le régime a dissous plus de 500 ONG ainsi qu’une douzaine d’universités privées. Plus aucun journal d’opposition n’est imprimé au Nicaragua. Tous les médias indépendants sont diffusés sur Internet, et depuis l’extérieur. Les défenseurs des droits humains sont soit en prison, soit en exil.

Nous exigeons :

  • l’arrêt des farces judiciaires ;
  • la libération immédiate et sans conditions de tou.te.s les prisonnier.e.s politiques ;
  • l’abrogation des lois iniques qui autorisent les poursuites et les condamnations.

Rassemblement mardi 19 juillet 2022 à 18h
Paris – Place Edmond-Michelet (à côté de Beaubourg, métro Halles ou Rambuteau)

Le Collectif de Solidarité avec le Peuple du Nicaragua (CSPN)