Mouvements de troupes et partie diplomatique.

Suite à la défaite électorale de Trump, Poutine avait une première fois massé ses troupes à la frontière russo-ukrainienne, ce printemps, puis les avait retirées en expliquant que tout cela n’était que « des exercices ». Nous avions alors formulé l’hypothèse que Xi Jinping, beaucoup plus puissant en réalité, lui avait fait savoir que le moment d’une « diversion ukrainienne » couvrant l’invasion de Taïwan face à un impérialisme nord-américain désarçonné et ne pouvant mener deux guerres majeures de front, n’était pas venu.

Cet automne, Poutine a à nouveau massé ses troupes, de manière plus menaçante encore, et ne les a plus retirées. Cette opération a été, au départ, coordonnée avec celle consistant à utiliser les migrants sur les frontières biélo-polonaise et biélo-lituanienne, dont le message était la remise en cause des frontières. Les États-Unis ont alors annoncé qu’ils riposteraient, en cas d’attaque, de manière « terrible », au plan économique : donc, pas au plan militaire (Taïwan et l’Asie-Pacifique restant la priorité). Sur ces bases, des échanges diplomatiques bilatéraux à haut niveau ont pu officiellement commencer, entre les deux « grands », excluant donc l’Ukraine, ainsi que les puissances européennes et les membres de l’OTAN autres que les États-Unis, leur big Brother certes défaillant mais toujours big Brother. Il s’agissait là de gains diplomatiques pour Poutine.

S’il est clair que l’OTAN est une alliance impérialiste dont la fonction (bien avant toute agressivité réelle ou supposée envers la Russie) est tout simplement de marquer la domination stratégique des États-Unis sur leurs alliés européens (Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie …), il doit être tout aussi clair que l’adhésion d’un État à l’OTAN ne relève pas des diktats d’une autre puissance impérialiste. Si nous étions en Ukraine (ou en Géorgie), nous combattrions cette proposition car, d’une part, les faits ont montré que la puissance états-unienne n’offre aucune garantie pour l’indépendance ukrainienne, d’autre part, le choix d’une vassalisation contre une autre n’est pas la souveraineté. Mais le droit de l’Ukraine à choisir ses alliances relève de celle-ci. Les nationalistes irlandais ont bien recherché l’aide allemande lors de la première guerre mondiale et même lors de la deuxième, et les nationalistes algériens se sont appuyés sur les États-Unis, avant même l’URSS, contre l’impérialisme français durant la révolution algérienne, appelée en France la « guerre d’Algérie ». Ce n’était pas là de bons choix, mais ni Londres ni Paris, ni, à présent, Moscou envers l’Ukraine, n’ont aucun droit moral et politique en la matière. De ce point de vue, on comprend la première ministre sociale-démocrate de Finlande, Sanna Marin, déclarant devant les hurlements russes que son pays aurait parfaitement le droit d’entrer à l’OTAN. De toute façon, ni les États-Unis, ni les puissances européennes, n’ont l’intention d’admettre l’Ukraine, la Géorgie ou la Finlande, ni même la Suède, dans l’OTAN. Ils ne veulent pas se lier les mains par des obligations de défense envers eux, qu’ils ne respecteraient pas forcément envers les pays baltes membres de l’OTAN, et ils préfèrent exercer une tutelle, pour eux non contraignante.

Ajoutons, pour compléter ce triste tableau, qu’à la veille de Noël la Russie a annoncé l’expérimentation des nouveaux missiles Zircon, armes hypersoniques précises susceptibles de détruire des sous-marins nucléaires tout en servant eux-mêmes de vecteurs nucléaires. Ce que les théoriciens militaires voient se dessiner peu à peu est la possibilité de la « guerre nucléaire chirurgicale » dans laquelle serait brisé le « tabou » nucléaire, au motif que ces armes pourraient être employées comme des armes conventionnelles, tout en les dosant ( !?). Ce type de missiles pourrait, à terme, « geler » l’ « étranger proche » russe. Il s’agit d’un moyen de domination par la terreur, ni plus ni moins. Militairement, les enjeux du même type, à plus grande échelle, sont en plein développement dans le Pacifique entre Chine et États-Unis.

Le surgissement kazakh.

Les choses en étaient là lorsqu’est survenu l’autre acteur, celui qui n’est attendu ni souhaité par aucun des grands chefs et des adversaires officiels : celles et ceux d’en bas, le peuple, le prolétariat. Car le soulèvement kazakh est bien une poussée révolutionnaire prolétarienne, par sa puissance et par ses revendications économiques (blocage des prix et hausse des salaires) et démocratiques (départ du vrai chef du pays, Nazarbaïev, départ de son successeur Tokaïev, élections libres), que par ses formes d’organisation initiales (grève, assemblées populaires sur les places publiques, élections de délégués) et par la recherche des armes et le ralliement à l’insurrection populaire de larges secteurs de l’armée et de la police. L’explosion, très rapide et généralisée dans ce pays immense qui réunit héritage stalinien et capitalisme financier et minier le plus moderne (44% de l’uranium mondial, des monopoles largement ouverts aux capitaux US, japonais, chinois, allemands, français, russes …, et le minage du bitcoin !), est partie des bastions ouvriers du pétrole et du gaz du grand ouest (Zhanaosen, haut lieu de la répression en 2011, Aktau, Aktioubé, Ouralsk …), une zone proche de la Russie et liée à elle, où se mène depuis 20 ans le combat pour le syndicalisme indépendant. Et elle a gagné le centre d’Almaty, où ce sont les pauvres et la jeunesse qui ont explosé, d’un coup.

Il convient d’être clair sur le caractère prolétarien et démocratique (c’est tout un !), du soulèvement, qui s’inscrit donc dans la série mondiale des soulèvements populaires de ces dernières années. Ce caractère est tout aussi vrai à Almaty qu’à Zhanaosen, dans la jeunesse paupérisée que parmi les ouvriers organisés. Les articles sociologiques sur « la complexité » du mouvement et la présence de factions oligarchiques et de la pègre à Almaty ne peuvent pas ici faire écran de fumée, ni les craintes sur des « pogroms anti-russes » que pourrait susciter l’intervention armée russe, laquelle peut en fait tout aussi bien en inventer pour justifier la répression (on pense ici aux analyses, par ailleurs importantes et devant être prises en compte, de Aïnour Kourmanov, diffusées à l’ouest dans la presse d’extrême-gauche ou encore dans l’Humanité).

Tokaïev, même après avoir officiellement écarté Nazarbaïev, allait tomber. S’ouvrait alors une autre perspective que la guerre contre l’Ukraine ou la guerre impérialiste entre grandes puissances, celle du printemps des peuples en Asie, quelques semaines après la grande victoire des paysans indiens contre Modi. Les talibans s’inquiétaient, qui appelaient « les parties à faire preuve de retenue » (sic !), exactement dans les mêmes termes que Macron ou Biden.

L’intervention russe (18.000 soldats), dans le cadre de l’OTSC (Traité de sécurité collective), entraînant donc aussi 2000 soldats biélorusses du zélé Loukatchenko qui a envoyé des mini-chars ayant servi à la répression contre les manifestants et les ouvriers en 2020, et de 100 à 300 soldats arméniens, tadjiks et finalement kirghizes (à Bichkek, capital de Kirghizie, des manifestants ont entouré le parlement contre l’intervention, la différant), a donc « rétabli l’ordre » à Almaty et dans le secteur environnant. Il est officiellement question de 120 morts et 8000 arrestations.

Ce nombre officiel de morts est invraisemblable. Sans doute faut-il craindre qu’il y en ait des milliers. Tokaïev, ne craignant aucun ridicule sanguinaire, a parlé de « 20.000 bandits » envoyés de « l’étranger ». Il en avait « les preuves » sur leurs cadavres, mais ces cadavres et donc les preuves auraient été « dérobés » dans les morgues et dans les rues : voilà bien une preuve !

La complosphère mondiale poutino-fasciste, d’abord silencieuse, se nourrit maintenant de fantasmes sur le fantastique coup qu’aurait accompli Poutine : il aurait aidé Tokaïev à virer son vieux tuteur, et l’État russe reviendrait en force dans les biens nationaux bradés. Il y avait un labo virologique US à Almaty que « les bandits » ont attaqué, dixit le nullement crédible député poutinien Guennady Onishenko, ce que Tokaïev a préféré démentir, et, voyez-vous, le Covid était parti de là, etc., etc.

En fait, l’armée russe a, seule, assuré le pouvoir de Tokaïev dans la capitale et les régions environnantes. Elle ne semble pas s’être risquée dans les bastions ouvriers sauf Oskemen (ancien Oust-Kamenogorsk), de l’ouest et aussi du centre (l’ancien Goulag de Karaganda), que Poutine et Tokaïev semblent pour l’heure préférer entourer et isoler d’un mur de silence, pour les étouffer progressivement. Il est donc important de rompre ce silence et de rechercher les informations. A l’heure même où sont écrites ces lignes, on apprend qu’à Atyrau la répression a commencé, par la détention de 400 manifestants pacifiques et ouvriers dans un stade, à la manière chilienne !

En Russie, cette opération-éclair n’a pas renforcé Poutine, car elle suscite l’opposition de courants qui n’ont pas pris à ce jour la défense de l’Ukraine ou qui sont issus de la sphère « communiste » au sens large (c’est-à-dire des multiples groupes qui ont, un jour ou l’autre, quitté le KPRF ou d’autres rejetons de l’ancien PCUS). La déclaration des groupes de gauche russes que nous avons traduite et diffusée, contre l’intervention, d’ailleurs loin de se limiter à ces courants-là, est un important pas en avant.

Le KPRF lui-même (le PC russe, représenté à la Douma), qui est une pièce du jeu gouvernemental de Poutine, élève des jérémiades et des protestations sans se prononcer clairement pour le retrait des troupes, pour lequel de courageux manifestants ont formé des piquets à Moscou et dans diverses villes. Au total, la base politique de Poutine sort rétrécie de cette intervention, en Russie même.

D’autre part, la KTR (centrale syndicale indépendante russe, 2,5 millions de membres), dans une déclaration datée du 12 janvier, évite de parler de l’intervention militaire, et exige la fin de la répression et la liberté syndicale, en condamnant les pseudo-syndicats d’État.

Tous les chefs d’État ont approuvé la répression de manière ouverte ou hypocrite, États-Unis en tête, sans oublier la Turquie et la Chine, qui aurait aidé à couper Internet et téléphone (rappelons qu’une partie des habitants du Xinjiang actuellement écrasé par la Chine, sont kazakhs ou descendants des fuyards des années 1928-1933). La Chine, toutefois, lorsque l’intervention a été annoncée, a ostensiblement publié un communiqué affirmant que le pouvoir kazakh pouvait et devait réprimer tout seul, comme un grand. Cette réserve chinoise est importante : elle signifie que le déplacement des plaques se poursuit, et que Beijing n’approuve pas une re-russification de sa « nouvelle route de la soie » alors que les investissements de capitaux chinois au Kazakhstan dépassent largement les russes.

Après qu’Anthony Blinken, secrétaire d’État US aux Affaires étrangères, ait, avec un délai voulu de plusieurs jours, émis enfin quelques réserves (à savoir que quand « les Russes » vont quelque part, ils ne partent souvent pas de sitôt : cet humour involontaire résume bien l’expérience de nombreux peuples envers les impérialismes, russe et aussi bien nord-américain !), le pouvoir russe a paru pratiquement soulagé de ces réserves, permettant tout de même de montrer que « l’Occident » n’est pas content, comme il se doit : il est important que les jeux de rôle soient joués. Puis, il a annoncé le retrait de ses troupes « d’ici une dizaine de jours ».

Cette annonce ne veut évidemment pas dire que la nouvelle emprise russe sur le Kazakhstan va se desserrer, mais elle a un sens immédiat très clair : on revient à la menace sur l’Ukraine, tout de suite. Qu’il ne soit pas dit que les « 20.000 bandits », les ouvriers et la jeunesse du Kazakhstan, empêcheraient le Kremlin de poursuivre son grand jeu européen.

En Ukraine.

Finalement, l’insurrection kazakh, après avoir perturbé les plans anti-ukrainiens du Kremlin, en a accentué la nervosité et le caractère menaçant.

Un sentiment semble être massif en Ukraine actuellement : le président Zelensky est au-dessous de tout et, en plus, il s’en met plein les poches. Oleg Sentsov, le plus célèbre prisonnier politique de Poutine finalement libéré, avec Alexandre Koltchenko, a publié la déclaration suivante, le 8 janvier :

« Un soulèvement populaire se déroule au Kazakhstan depuis une semaine maintenant, qui est réprimé par le dictateur Tokaïev avec le soutien des forces d’occupation russes. Depuis une semaine, les dirigeants ukrainiens n’ont pas exprimé un mot de soutien au peuple kazakh insurgé. Pour moi, c’est très étrange et incompréhensible. Le Kazakhstan a été placé dans les mêmes conditions que l’Ukraine en 2013-14, lorsque nous nous sommes rebellés contre le régime de Ianoukovitch, qu’une partie du pays était occupée par les Russes, et que l’Occident n’a exprimé que des inquiétudes. Après huit ans de guerre, nous cherchons des appuis, du moins politiques, et nous nous étonnons qu’ils ne nous soient pas accordés. C’est pourquoi l’Ukraine a désespérément besoin de soutenir ceux qui, comme nous, se battent pour leur liberté contre Poutine et ses sbires. Et nous ne serions même pas en mesure d’exprimer notre inquiétude ? »

D’où l’importance de l’appel des socialistes ukrainiens du groupe Mouvement social, lié au syndicalisme indépendant dans le pays, que nous avons traduit en français et diffusé.

Une vidéo est virale en ce moment en Ukraine : c’est une parodie, diraient les Français, de Fort Boyard, dans le genre des émissions de télé plus ou moins comiques, plus ou moins vulgaires, que produisaient Zelensky, avec le financement de l’oligarque Kolomoisky, avant d’être élu président en 2019. On y voit des acteurs se ruer sur une cage pleine d’or, s’en mettre plein les poches, en manger, et s’enfuir. Cette vidéo symbolise ce que beaucoup d’Ukrainiens pensent de ce que ferait Zelensky en cas d’invasion russe.

Cette absence de confiance dans le pouvoir en place ne signifie pas qu’il n’y a pas de volonté de combat contre cette invasion, mais que, si elle se produisait, la réaction populaire ukrainienne, au moins dans le centre et l’ouest du pays, serait l’autodéfense sans attendre l’État, sans lui, contre lui et malgré lui.

L’échec du nouveau round diplomatique.

Sur fond d’insurrection kazakhe et d’intervention militaire russe, un nouveau ballet diplomatique s’est à nouveau déroulé en cette première moitié du mois de janvier 2022. Il n’est pas nécessaire d’en parcourir tous les épisodes : les deux traits clefs en sont que Russie et États-Unis aboutissent à un constat de désaccord, tout en ayant un point d’accord et un seul, qui est d’exclure les autres puissances impérialistes et, a fortiori, les petits pays et bien entendu l’Ukraine elle-même, des négociations sur leur sort. A cet égard, les demandes de Zelensky de rencontre avec Biden et Poutine, que Biden (c’est dans son rôle) soutient officiellement, ne changent strictement rien.

L’essentiel est que les entretiens EU/Russie des 10 et 11 janvier n’ont rien donné, Moscou demandant un engagement écrit des États-Unis et de l’OTAN à ne jamais associer l’Ukraine, tout en développant dans ses médias la thèse d’une agression ukrainienne voire d’un « génocide » des habitants du Donbass, qui seraient donc décidément bien mal protégés par leurs occupants !

Le refus américain de s’engager à ne « jamais » faire rentrer d’autres États dans l’OTAN, inévitable car il s’agit là d’un point d’honneur impérialiste de part et d’autre, n’est pas à ce stade véritablement compensé par la proposition de déplacements simultanés de missiles, en Pologne et Roumanie d’une part, en Russie d’autre part, susceptibles, d’après les commentateurs les plus « optimistes », de relancer le traité sur les forces nucléaires intermédiaires que Trump avait dénoncé.

D’autre part, France et Allemagne tentent de se remettre dans « le jeu » … en faisant pression sur l’Ukraine. En effet, leurs gouvernements proposent de relancer maintenant les négociations sur les accords de Minsk, déjà nettement défavorables à l’Ukraine et dont la poursuite signifierait discuter sur l’incorporation des « Républiques » de Donetsk et de Louhansk telles qu’elles sont actuellement, avec leurs troupes d’occupation officieuses. Que l’on imagine un « État libre d’Irlande » qui aurait été non seulement, comme c’est le cas, séparé de l’Irlande du Nord, mais qui se la verrait réincorporer, troupes britanniques comprises : c’est bien en fait la nature nationale de la totalité de l’État qui est ainsi mise en cause – et c’est le type de jeu auquel veut depuis son élection se prêter Zelensky, ce qui est l’une des causes de son échec et de son impopularité.

Simultanément, les services de renseignement français choisissent précisément ce moment pour communiquer une « évaluation » sur les scenarii possibles, qui sont au nombre de trois : annexion de tout le Donbass, invasion du Sud (la « Novorossia »), et invasion complète, tous les trois jugés potentiellement très meurtriers mais tous victorieux pour la Russie, en moins d’une seule semaine dans le cas de l’invasion complète. Le « renseignement » français n’a apparemment rien à dire sur la résistance nationale de longue durée qui se produirait, les guérillas, la crise à l’arrière et en Russie même, etc. Bref, son « évaluation » témoigne d’une certaine incompétence, qui n’est pas contradictoire à sa fonction : un coup de bluff faisant pression sur l’Ukraine. Paris et Berlin aimeraient tant une capitulation, concédant des régions entières à Poutine …

Il est donc encore une fois démontré que l’unité d’une Ukraine démocratique n’a aucun soutien parmi les pays capitalistes existants. Toutes les représentations héritées du XX° siècle stalinien selon lesquelles « l’Occident », « l’Amérique » ou « l’OTAN » seraient en train d’attaquer la Russie pourraient s’effondrer en cas d’invasion (mais, n’en doutons pas, ces représentations perdureront, tant elles ont une fonction sociale de reproduction de l’ordre existant). Sauf qu’à moyen terme, c’est la Russie qui s’effondrera : les révolutions dites « oranges » ou dites « à la kazakhe » se rejoindront dans cet épicentre dans lequel cet officier de police qu’est en fait Poutine est en train de concentrer toutes les contradictions.

Au jour d’aujourd’hui.

Ce qui se passe depuis 24 heures correspond exactement à ce que craignent les Ukrainiens, au point d’être blasés et de trouver que vraiment, Poutine est prévisible, si prévisible …

On a donc les hackings massifs des sites gouvernementaux, et des messages écrits dans une langue incorrecte, menaçants. La Maison blanche déclare que des agents sous false flag sont prépositionnés pour s’infiltrer aux frontières. Si cela est vrai, on est dans la guerre hybride qui n’est plus une nouveauté, mais une répétition, quelque peu sénile même si elle est dangereuse.

Nous écrivions en décembre que même si Poutine, en encore moins en l’occurrence Biden, n’ont pas intérêt à la guerre, le fait de reculer après s’être très avancé finit par devenir tellement contre-productif qu’il faut continuer à avancer. Qu’il s’en rende compte ou non, Poutine ne peut pas avaler l’Ukraine, ni la Novorossia, ni même le Donbass qui s’est avéré très indigeste depuis 7 ans, et même la Crimée ne peut qu’aller vers son autonomie et son auto-détermination. La plupart des commentateurs, dont la superficialité provient du fait qu’ils ne saisissent pas les rapports sociaux profonds, le trouvent très fort.

Ces démonstrations de force sont en réalité tout autant des démonstrations de faiblesse qui accroissent l’étroitesse de sa base. Poutine doit être chassé. Biden ne le chassera pas. Zelensky, n’en parlons même pas. Le peuple russe, la classe ouvrière russe, les organisations issues de l’histoire révolutionnaire russe, la plus terrible mais aussi la plus riche du monde, vont arriver à la croisée des chemins. Toute affirmation de force de Moscou renforce la sape du pouvoir à Moscou. Le seuil critique approche, mais il faut agir pour qu’il n’attende pas encore des milliers de morts et de malheurs.

VP, le 15/01/2022.