Q : En somme, vous proposez de se détourner de la présidentielle ?
R : Pas du tout. Nous ne sommes pas abstentionnistes, nous sommes interventionnistes. Nous ne sautons pas cette étape en nous bouchant les oreilles, nous la prenons à bras le corps : le boycott est conscient, citoyen, politique. Il a pour but de peser concrètement pour changer la donne. C’est la position la plus réaliste quand on y réfléchit sans œillères !
Q : Mais avec votre position l’extrême-droite a un boulevard !
R : L’extrême-droite, que ce soit dans la forme Marine Le Pen ou Eric Zemmour ou encore Eric Ciotti qui fait pression sur Mme Pécresse, partage avec Emmanuel Macron l’hyper-présidentialisme et le culte du chef, toutes choses qui sont au fondement de la V° République et de cette élection. C’est précisément cela que nous combattons réellement. Une défaite de la présidentielle, avec une abstention majoritaire rendue consciente par le boycott, sera une défaite de l’extrême-droite. L’élu ou l’élue, quel qu’il soit, n’aura pas de légitimité. Ceci nous conduit à une crise ? Bien sûr ! Elle aura lieu de toute façon. Nous proposons d’y aller dans les meilleures conditions.
Q : Que pensez-vous de la primaire populaire et des initiatives pour une candidature unitaire à gauche ?
R : Notre démarche n’a pas pour raison première le triste état de la gauche qui a déjà conduit à l’élection de Macron il y a 5 ans, mais les grands mouvements sociaux comme les Gilets jaunes qui ont montré une aspiration populaire majoritaire à une vraie démocratie, ce qui s’oppose au présidentialisme lui-même. Nous comprenons l’aspiration à l’unité, mais l’unité peut se faire justement sur cette aspiration à la démocratie. Autrement dit, pour nous, c’est le boycott qui peut devenir unitaire.
Q : Mais ce que vous dites, un candidat, Mélenchon, ne le dit-il pas aussi en parlant de VI° République et de Constituante ?
R : Pas sûr qu’il parle tant que cela de constituante, mais quoi qu’il en soit, aucun changement de régime ne s’est fait par la bonne volonté du détenteur du pouvoir. Nous sommes dans le pays qui a renversé la monarchie. Une constituante ne s’octroie pas, elle se conquiert. L’élection présidentielle n’a pas pour fonction de changer de régime, mais de relancer, de légitimer ce régime tous les 5 ans. Mais cette fois-ci, il est possible de la faire échouer et d’ouvrir la crise pour changer de régime.
Q : Bon, mais de toute façon, imaginons l’abstention majoritaire. Et puis après ? Après, rien !
R : C’est bien pour cela que nous ne parlons pas d’abstention mais de boycott. C’est le boycott conscient qui peut rendre l’abstention majoritaire. Et alors, après ? Rien ne sera comme avant car nous sommes dans le pays de 1792, de la Commune de 1871 et des Gilets jaunes ! La question se posera de ne plus avoir de président, de former une constituante, de candidater aux législatives pour cela … Mais pour que ces questions puissent se poser, il faut maintenant former des comités à la base, des assemblées populaires, des assemblées citoyennes, des comités unitaires, des réunions-débats … pour et autour du boycott !
Le 08-01-2022.