: Que vivent les grèves ! Que l’abstention l’emporte !

En 2022 l’arme ultime se banalise. La grève, naguère présentée par les dirigeants des syndicats et autres professionnels du dialogue social, comme « l’ultime recours », à laquelle on ne saurait appeler qu’en toute dernière extrémité, se répand comme une arme aussi indispensable que banale dans toutes les régions, dans tous les secteurs d’activité. Nombre de réveillons de cette fin 2021 se sont déroulés sur les parkings occupés de la grande distribution décorés des revendications de salaire, dans les fonderies qui continuent la lutte contre la fermeture. Chez les éboueurs, les sage-femmes, les travailleurs des transports, les sans- papiers, les ambulanciers, les personnels de la santé se poursuivent des grèves jusqu’à satisfaction, qui obtiennent de plus en plus souvent des augmentations. Leurs victoires proclament qu’en ce moment ce n’est pas un vœu de saison, la lutte paie.

Ceux qui ne réveillonnent pas entre grévistes, prévoient d’appeler à la grève ou déposent des préavis pour les premiers jours de 2022. Tandis que la grève générale se poursuit en Martinique et en Guadeloupe, avec occupation du Conseil régional pour le réveillon de Noël, la question de la transformation de cette vague de grèves en raz de marée social est surtout la question de leur centralisation contre laquelle les directions syndicales confédèrent tous leurs efforts. Mais tiendront-elles jusqu’en avril ?

L’ombre de l’abstention plane sur avril. Et ce ne sera pas la faute du prochain variant du Covid. Macron sent bien, à l’odeur de brûlé que dégagent, sur les parkings, les braséros, que la « démocratie brûle ». C’est d’ailleurs ce que disent ses élus godillots pour conjurer leur peur que le plébiscite présidentiel ait, en 2022, fait son temps, sous les coups conjugués des Gilets Jaunes, des opposants à la réforme des retraites, des antipasse sanitaire et aujourd’hui des grévistes de la 4e vague. Ces élus macronistes du « pacte de refondation démocratique » ont une obsession : « ramener les Français aux urnes », « les réconcilier avec la légitimité du pouvoir ». Ils cherchent la formule magique qui va nous guérir du « désenchantement démocratique ». Il leur reste cent jours. Pendant ce temps Darmanin assouplit le vote par procuration et Castex réunit une commission pour aménager les aspects techniques de l’élection. Rien n’y fera, l’abstention est déjà donnée à 30% par BVA, le directeur général de l’IFOP déclare « je ne vois pas comment le cycle de l’abstention peut être arrêté, c’est un mouvement de masse ».

Cette abstention durable qui progresse d’élection en élection, loin d’ être l’expression de l’indifférence est celle du rejet des institutions,  une demande de plus de démocratie. Les jeunes, les chômeurs, les travailleurs pauvres, sont les plus nombreux à refuser ces présidentielles puisque « leur vote ne compte pas », « que les jeux sont faits », « que les résultats ne changeront rien ».

Le boycott massif que nous appelons de nos vœux, mais auquel avec les signataires de l’appel au boycott, nous appelons de manière active, s’appuie sur ce mouvement de millions d’abstentionnistes. Mais il cherche à lui donner toute sa dimension politique. En 2022 les présidentielles ne doivent pas « permettre à un candidat de rencontrer un peuple » selon la formule qui aura fait le principal succès de Bayrou. Cette année les postulants Bonapartes doivent rencontrer… le boycott. Un taux d’abstention plus élevé que leur score électoral qui ôte toute apparence de consentement à leurs plans antisociaux. Un désaveu des présidentielles elles-mêmes qui sonnera la fin du règne des présidents et réunira les luttes sociales dans une exigence de démocratie véritable.