Invitation à la réunion du samedi 2 octobre (PDF)
La réunion publique d’Aplutsoc, ce samedi 2 octobre à 14h à la Brèche (27 rue Taine Paris), va se tenir dans une situation politique très particulière : Macron a tenté une offensive violente le 12 juillet dernier pour se rendre à nouveau crédible pour les capitalistes et ainsi pouvoir se présenter à la présidentielle avec un minimum de chances de la gagner, mais cette offensive en réalité ne parvient pas à prendre toute sa dimension. En particulier, la volonté de suspendre sans doute 300.000 soignants piétine.
Toutes les conditions sont réunies pour que les mouvements sociaux cherchant à affronter Macron, dans le prolongement des Gilets jaunes, des grèves en défense des retraites, et des mobilisations anti-passe, se poursuivent sans tenir compte de la grande échéance électorale de ce régime, les présidentielles des 10 et 24 avril 2022.
Ceci est une situation inédite sous la V° République. Toutes les élections présidentielles depuis 1965 ont réussi à occuper tout le terrain politique et social lorsqu’elles avaient lieu, pour donner sa légitimité à un nouveau roitelet, et recharger les batteries du régime.
Au moment présent, le fait que les plus larges masses ne manifestent aucune espèce d’intérêt pour ce scrutin ne signifie pas qu’il leur soit indifférent. En fait elles en tiennent compte – en cherchant une issue par elles-mêmes, comme l’ont fait les Gilets jaunes fin 2018-début 2019.
Ce n’est pas seulement le fait qu’aucune candidature, réactionnaire, se drapant dans l’héritage de « la gauche », ou faisant dans le témoignage, n’a strictement aucune chance en l’état actuel de susciter un courant de masse voyant en elle une issue démocratique possible ou au moins un pas en avant. Toute l’histoire de « la gauche » sous la V° République, et particulièrement le précédent scrutin de 2017, a abouti à cela. Mais le fait le plus important n’est pas celui-là. Il est que, sans le formuler de manière « théorique », les plus larges masses du prolétariat de ce pays ont déjà, dans la pratique, commencé à tenter d’agir par elles-mêmes. Et que c’est sous cet angle que doivent être abordées ces présidentielles, tout aussi antidémocratiques que les précédentes, mais particulières dans l’histoire de ce régime.
Que faire pour que ce scrutin ne soit pas une défaite légitimant un ou une petit Bonaparte mandaté par les capitalistes ? Ne faut-il pas à présent sortir de la vision, qui a eu son heure, consistant à rechercher la « bonne » candidature, la « bonne » unité ou le « bon » programme, et comprendre que l’unité sur laquelle les larges masses peuvent se regrouper … est ailleurs ?
L’abstention, à savoir non l’indifférence, mais le rejet, a gagné les Régionales de juin dernier, et c’est aussi pour conjurer cela que Macron a attaqué le 12 juillet. Ce dont nous souhaitons discuter samedi, c’est un appel apportant une perspective politique aux luttes actuelles et à leur poursuite en pleines présidentielles : une abstention plus forte que Macron, une abstention majoritaire, une abstention délégitimant le scrutin clef de la V° République, n’est-elle pas une vraie perspective politique, un acte permettant d’aller plus loin dans l’affrontement social, vers la vraie démocratie ?
Les directions syndicales, qui ont protégé et sauvé Macron au nom du « 5 octobre », et les organisations politiques de gauche, ont, elles, une perspective politique : des présidentielles « normales » qui, quoi qu’elles nous racontent, ne visent à rien d’autre qu’à réélire Macron ou tel autre candidat(e) capitaliste. Ceci n’est pas une perspective politique, ceci est la perpétuation de l’ordre existant, qui ruine l’avenir, détruit la biosphère, casse les droits sociaux.
Affronter Macron tout de suite, battre le régime en délégitimant ses présidentielles : ces deux axes vont de pair, ils se renforcent mutuellement, et plus avril 2022 va approcher, plus les mouvements sociaux auront besoin de la formulation explicite de qu’ils portent en eux : l’affrontement social et pas la présidentielle, l’abstention majoritaire, pour aller vers la démocratie !
28-09-2021.
Pour « rendre le pouvoir au peuple », la stratégie politique de JLM après son éventuelle élection à présidentielle 2017 avait de quoi séduire. Sitôt élu, il convoquerait une Constituante pour que les citoyennes et citoyens décident ensemble de leur destin commun par l’avènement de la VIème République. Mais voilà, les résultats du scrutin étant ce qu’ils étaient, nul ne saura jamais quand ni comment une telle « transmission » aurait bien pu se dérouler. Et c’est peut-être tant mieux. Sans vouloir faire de procès d’intention à JLM, le dernier président de la Vème République, magnanime, offrant le pouvoir au peuple, au delà d’une signification symbolique majeure, aurait exigé que l’engrenage eusse été bien huilé … Bref, la VIème République à venir se passera de son ancien initiateur manqué, au demeurant à nouveau candidat à la Vème ; forcément puisque c’est les citoyennes et citoyens sans mandats politiques qui la construiront.
Sans autre transition, il importe dès aujourd’hui que les manifestants anti passe s’emparent du slogan suivant : « Pour le boycott de l’élection présidentielle 2022 ». Quand bien même on peut s’attendre, sur tous les registres, à l’effet d’une bombe, c’est un moyen d’une part de cristalliser les revendications populaires et d’autre part de provoquer une interrogation généralisée sur l’institution de la Vème République dont la dérive dictatoriale est unanimement conspuée par toutes celles et ceux qui se réclament du peuple. Une vraie question de politique viendrait ainsi inonder l’ensemble de la société française, et peut-être bien submerger certains parmi ceux qui en vivent plus ou moins directement.
Samedi 2 octobre je viendrai à la manif avec ma pancarte « Boycott des présidentielles 2022 »
Bernard Rosset
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