Travaillant depuis plusieurs années sur Victor Hugo et son rapport au prolétariat, je ne pouvais pas laisser passer le 150ème anniversaire de la Commune de Paris, commencée le 18 mars 2021, sans revenir dans le détail sur la position du grand poète vis-à-vis de celle-ci. Nous sommes à quelques jours de la commémoration de la Semaine Sanglante (21-28 mai 1871), où la majorité monarchiste issue du scrutin de février 1871 repliée à Versailles, conduite par « le nabot monstrueux » (1) Thiers, l’écrase dans le sang.
Pourquoi cet épisode de 72 jours de notre histoire peut-il après 150 ans susciter encore tant de reconnaissance passionnée dans le salariat et tant de haine ou de mépris dans les forces qui défendent aujourd’hui l’ordre économique et politique du monde.

Triste époque !

Macron et les siens l’ignorent et célèbrent Napoléon 1er. La Commune elle, abattait la colonne Vendôme, symbole des guerres meurtrières du bonapartisme. Si peu de réactions dans les représentations classiques du mouvement ouvrier aujourd’hui. Madame Hidalgo, maire de Paris et « socialiste » de son état, fait consacrer le Sacré Cœur monument historique, cette horreur architecturale. Autrefois c’était une tradition de voir, à l’approche des dates du 21 au 28 mai, l’unité se réaliser pour marcher massivement au mur des fédérés. Ainsi les retrouvailles au mur jouent un rôle de centralisation politique dans la montée en puissance de la grève générale de juin 1936. En 1945, les forces attachées à préserver et reconstruire le capitalisme, regroupées autour de Charles de Gaulle, scelleront avec angoisse un accord avec les sommets du mouvement ouvrier, craignant par-dessus tout qu’après l’écrasement du fascisme n’émerge une nouvelle Commune.(2)

L’assemblée élue lors du scrutin de février 1871 comptait une petite minorité républicaine, dont Victor Hugo. Le gouvernement s’était replié à Bordeaux, abandonnant Paris et son prolétariat turbulent sous la mitraille prussienne. Face à une majorité réactionnaire, le député Victor Hugo, en défense de Garibaldi, et contre le repli du gouvernement Thiers à Versailles, démissionne dans une épouvantable ambiance de haine sociale. Drame dans la vie du grand tribun : son fils Charles, inlassable militant abolitionniste, meurt brutalement alors qu’il rejoignait son père. Le 18 mars au matin, alors que Paris vient de s’insurger contre la tentative de récupérer les canons de la butte Montmartre, le cortège funèbre de Charles Hugo remonte la rue de la Roquette vers le cimetière du Père Lachaise. Douleur de l’homme qui marche derrière le cercueil de son fils : à proximité de la prison de la Roquette, où se déroulait souvent des exécutions capitales, une femme a crié : « A bas la peine de mort ! » 200 fédérés lui font une haie d’honneur et ouvrent la barricade.

Ainsi commença pour Victor Hugo son rapport à la Commune…

Le texte que j’ai écrit sur le thème « Victor Hugo et la Commune » est disponible à l’adresse suivante :

http://hugo-et-le-proletariat.fr/

Notes :

1) le mot est de Karl Marx.

2) De Gaulle le soulignera à la fin de sa vie dans les propos tenus et publiés dans un dialogue avec Alain Peyrefitte.